No 014 - avril / mai 2006
par Nicole de Sève
Le 14 avril 2003, le Parti libéral du Québec raflait 76 circonscriptions même s’il n’avait obtenu que 45 % du vote populaire. Fait occulté à l’époque, ou presque, le taux de participation n’atteignait que 70 %, soit le plus faible taux enregistré depuis 1927. Malgré ce déficit démocratique, lié au mode de scrutin actuel, le nouveau premier ministre se targuait d’une légitimité incontestable pour mener à bien son projet politique tel qu’énoncé à l’époque : « l’avenir économique du Québec, ce n’est pas l’interventionnisme, c’est l’entrepreneurship. La détérioration de la capacité de l’État québécois à bien servir les citoyens et la préservation de la position économique concurrentielle du Québec nous imposent donc une révision du fonctionnement de l’État. »
Le ton était donné. Fidèle à ce programme, l’État deviendrait un instrument au service de la réussite des citoyens, un gestionnaire des biens publics, un « réingénieur », ses missions essentielles se rapetissant comme peau de chagrin : santé, savoir, prospérité, sécurité. Exit la solidarité, l’égalité, la justice sociale, la distribution de la richesse. Bienvenue la thérapie de choc : déréglementation, privatisation, sous-traitance, érosion des budgets alloués aux services publics et aux programmes sociaux et restrictions des libertés fondamentales. Trois ans plus tard, où en sommes-nous ?