Les patrons ont toujours aimé l’État-nation
Entretien avec Antonio Negri
Philosophe et militant de gauche, Antonio Negri développe depuis plusieurs années une pensée politique qui ouvre de nouvelles perspectives sur le travail, les classes sociales, les formes d’oppression biopolitique et les nouveaux lieux de résistance. En travaillant à partir du concept de « multitude » plutôt qu’avec celui de « peuple », Negri déplace le paradigme de l’État-nation vers un réseau de singularités, de sujets engagés, qui propose un vivre en commun, une communauté dans l’action. Antonio Negri a écrit, en collaboration avec Michael Hardt, Empire (2000) et Multitude (2004). Il a aussi publié récemment Job, la force de l’esclave (2002), Fabrique de porcelaine : pour une nouvelle grammaire du politique (2006) et Lent Genêt : essai sur l’ontologie de Giacomo Leopardi (2006). Dans le présent entretien accordé à À bâbord ! lors de son passage à Montréal en avril 2006, Negri revient sur les dernières élections italiennes, sur le Contrat de première embauche (CPE) en France et sur sa prise de position en faveur de l’Union européenne.