Survivre à la prostitution

No 088 - été 2021

Francine Sporenda

Survivre à la prostitution

Valentin Tardi

Francine Sporenda, Survivre à la prostitution, M Éditeur, 2020, 320 pages.

L’essai de Sporenda entend bien faire table rase des mythes et des fantasmes faisant écran depuis des siècles quant à la réalité de la prostitution. Le parti pris de ce livre coup-de-poing consiste à donner la parole aux survivantes de la prostitution avant tout et à des militantes, qui sont parfois les mêmes femmes. Outre la violence prostitutionnelle en elle-même (les milliers de pénétrations non désirées de la part d’hommes méprisants et profondément sexistes), on va d’horreur en horreur. Par exemple, on aborde l’échec de la légalisation de la prostitution qui sert bien le capitalisme au détriment d’une « marchandise vivante », le recrutement en très bas âge par les proxénètes, et les inévitables séquelles physiques et psychologiques d’une telle aberration. Impossible, donc, de ne pas aborder les agressions, les viols et les féminicides !

L’autrice franco-étasunienne qui a évolué dans les milieux militants et journalistiques gravite actuellement dans le milieu universitaire et de l’enseignement. Son boulot d’enquête, aussi large que diversifié, a le mérite de démantibuler l’arsenal idéologique du libre choix et du « travail comme un autre » défendu par un néo-féminisme concédant que « certaines femmes mériteraient un tel sort pour sauver les autres ». Assurément, un tel discours, à la lecture de la vingtaine d’entrevues, reste, méchamment, coincé dans la gorge.

Thèmes de recherche Livres, Féminisme
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