Libérer la culotte

No 091 - Printemps 2022

Geneviève Morand et Nathalie-Ann Roy (dir.)

Libérer la culotte

Isabelle Bouchard

Geneviève Morand et Nathalie-Ann Roy (dir.), Libérer la culotte, Remue-ménage, 2021, 238 pages.

Après Libérer la colère en 2018, voilà que le duo récidive ! Cette fois, les deux codirectrices s’attaquent au péché capital qu’est la luxure. En tout, une trentaine d’auteur·ices proposent des textes personnels à propos de sexualité, textes regroupés en six parties : performer, survivre, s’appartenir, déconstruire, jouer et jouir.

À la lecture de ces textes, on apprécie à quel point les auteur·ices traitent de sexualité sans tabous. Elles semblent libres ou, à tout le moins, elles savent de quoi elles doivent se libérer. L’éventail de postures sur la sexualité est intéressant : la sexualité en état de dépression, la co-masturbation, la porno, la pression sociale à avoir une sexualité épanouie, les orgasmes simulés, les violences sexuelles, les douleurs sexuelles, les contradictions du désir, le spectre des genres, les relations toxiques, la pression sociale à la maternité, l’asexualité, le polyamour, le consentement, etc.

D’un point de vue plus politique, c’est la longue postface qui est la plus riche. En effet, les codirectrices exposent une correspondance qu’elles ont entretenue entre elles. Elles présentent alors les jalons d’une nouvelle révolution sexuelle, inspirée des contributions des auteur·ices.

Ainsi se dégagent les constats suivants. Les femmes vivent un orgasmicide et ne peuvent en parler librement au risque de blesser les conjointes ou conjoints. Elles ne peuvent parler de jouissance sans référer à la violence tellement cette dernière est systémique. Sexuellement, elles ne peuvent connaître l’épanouissement sans être obligées de déconstruire une quantité impressionnante de clichés. De la même manière, elles ne peuvent parler de sexualité de manière totalement autonome sans se libérer de la contrainte de la société de performance dans laquelle on les a enfermées. Sans s’attaquer à la charge mentale, elles ne peuvent réellement se préoccuper de leur désir. Elles disent : « Nous avons besoin d’une nouvelle révolution sexuelle.  » C’est clair !

Thèmes de recherche Livres, Diversité sexuelle, Féminisme
Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème