Hétéro, l’école ?

No 088 - été 2021

Gabrielle Richard

Hétéro, l’école ?

Isabelle Bouchard

Gabrielle Richard, Hétéro, l’école ?, Éditions du remue-ménage, 2019, 168 pages.

Nombreuses ont été et sont encore les personnes qui sont désarçonnées quant aux retraits sporadiques des cours d’éducation sexuelle du curriculum scolaire québécois. J’en suis d’ailleurs. À tel point que j’ai oublié de me questionner sur les contenus et les orientations d’un tel programme d’enseignement. Voilà que ce plaidoyer saura (re)mettre au jeu les questions fondamentales pour une éducation sexuelle antioppressive, en illustrant à merveille les malheureuses « reconductions des normes de genre et de sexualité dans la culture scolaire » avec ou sans cours de sexualité. Est-ce que l’école est porteuse malgré elle d’une norme hétérosexuelle exclusive ?

Le premier chapitre trace le portrait conceptuel des terminologies généralement utilisées. Puis, l’autrice, sociologue spécialisée dans l’examen des normes scolaires de genre et d’orientation sexuelle, brosse un portrait historique de ce qui s’est fait en matière d’éducation à la sexualité en France et au Québec.

C’est cependant le troisième chapitre, réservé à l’éducation au genre et à l’hétérosexualité, qui m’a semblé le plus important, notamment parce qu’il rend évident ce que la sociologue nomme la pression « de mise en genre et en orientation sexuelle » à l’école. En effet, on y expose une série d’exemples qui illustrent de quelle manière l’école « façonne » le genre et l’orientation sexuelle, toujours du même bord… Les exemples sont tirés de manuels, de programmes, d’exercices pédagogiques, etc. « D’après les résultats des études, la majorité des jeunes LGBTQI ne voient pas leurs réalités, leurs expériences et leurs questionnements évoqués dans les contenus… ».

Ces constats conduisent la sociologue à privilégier une éducation à la sexualité « véritablement démocratique » au sens où elle donnerait la possibilité aux jeunes d’être actifs dans la définition de leurs identités et pratiques sexuelles au lieu de se faire imposer une vision des bons et/ou des mauvais comportements à adopter. La proposition, véritable renversement de ce qui a été fait jusqu’à maintenant, mérite notre attention.

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