Contre l’alternumérisme

No 088 - été 2021

Julia Laïnae et Nicolas Alep

Contre l’alternumérisme

Valentin Tardi

Julia Laïnae et Nicolas Alep, Contre l’alternumérisme, La lenteur, 2020, 144 pages.

Ce tout petit livre a l’air de rien. Il ne faut pas se fier aux apparences puisqu’il a bel et bien le punch de David envers les Goliath de l’informatisation galopante de la société. Mordant et toutes griffes dehors, en étayant toutefois leurs assertions le plus simplement possible, le tandem d’auteur·e·s n’y va pas par quatre chemins : ils pointent le Roi nu que sont les « alternuméristes » drapés dans des conventions alternatives (open data, logiciels libres, civic tech, et tutti quanti) et des conseils sibyllins sur, par exemple, comment parvenir à contrôler son temps d’écran ou sa présence sur les réseaux sociaux… Très au fait de leur propos, moi qui suis ignorant en la matière en n’ayant toujours pas un téléphone (plus) intelligent, trouve enfin des auteur·e·s capables d’étayer pourquoi, même si on persiste à nous faire croire qu’apprendre à coder nous donnerait le contrôle de la machine. Nenni. S’appuyant entre autres sur les travaux de Jacques Ellul, ils dénoncent une autonomisation qui s’avère, au final, un accroissement de la dépendance informatique. Mais pas que, puisque les technologies numériques reposent sur une série d’abstractions : « L’enfant faisant glisser ses doigts sur l’écran pour ouvrir, fermer des applications ou zoomer sur une photo, aussi agile soit-il, n’est que l’utilisateur d’une interface que d’autres ont pensée pour être simple. » À ce stade de numérisation, dont le développement se démultiplie sans cesse, Laïnae et Alep sont déterminés : « Défendre la vie sur Terre et la liberté humaine implique nécessairement de désinformatiser le monde » ! À bas la supercherie technomachin !!!

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