La ville analogique

No 093 - Automne 2022

Guillaume Éthier

La ville analogique

Yannick Delbecque

Guillaume Éthier, La ville analogique. Repenser l’urbanité à l’ère numérique, Atelier 10, 2022, 96 pages.

Dans ce bref ouvrage, Guillaume Ethier propose une réflexion au sujet de l’organisation de la ville dans un futur rapproché. La réflexion se veut utopiste tout en s’assurant d’avoir le potentiel de se concrétiser éventuellement. Pour ce faire, il présente différents éléments d’une ville idéale en la comparant à la ville numérique dite « intelligente », composée de lieux virtuels où la société passe maintenant beaucoup de temps, une ville hyperconnectée où diverses données sur les habitudes de ses habitant·es, accumulées par de multiples consultations et « capteurs d’informations » sur les déplacements ou la consommation d’eau et d’électricité servent à « optimiser » tous les aspects du fonctionnement de la ville. La ville analogique, à l’inverse, est une cité utopique qui permettrait de combler les lacunes de la cité numérique. Cette ville analogique a quatre caractéristiques principales : elle doit être lente, tangible, intime et imparfaite. L’ouvrage invite ainsi à découvrir des projets, nombreux et passionnants, qui reprennent ces quatre caractéristiques et qui rendent concrète l’utopie proposée. Il est même probable que certains de ces projets soient familiers aux lecteurs et lectrices d’À bâbord !

La brièveté volontaire de l’ouvrage limite tout de même le développement de certaines propositions et de certaines critiques, notamment celles qui portent sur les inégalités sociales. L’auteur fait aussi observer que les projets de villes intelligentes s’adressent à des personnes de la classe moyenne supérieure : il suffit d’un coup d’œil aux images faisant la promotion de projets de ville intelligente pour comprendre qu’on n’a pas en tête un quartier défavorisé de Montréal. Ceci révèle à quel point ces projets peuvent devenir des outils de contrôle social si on les transpose dans des quartiers défavorisés : l’utilisation de capteur pour l’optimisation des déplacements des habitantes et habitants d’un quartier défavorisé ne correspondant pas à l’image idéalisée voulue par les promoteurs de ces projets ressemble dangereusement à de la surveillance et du contrôle social. Face aux projets de villes intelligentes qui se multiplient au Québec, comme c’est le cas notamment à Trois-Rivières, La ville analogique propose une réflexion et une vision appréciables de la ville du futur, et permet de mieux réfléchir au phénomène de la ville numérique et d’en entrevoir les limites.

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