Regards féministes
Pour une relance féministe, verte et juste
On sait déjà depuis longtemps : les changements climatiques pourraient entrainer la pire crise migratoire de l’histoire de l’humanité. Les femmes du Sud global sont au front de cette lutte.
Comme dans toute chose, nous ne sommes pas tous·tes égaux·ales face à la crise climatique. C’est ici que le concept de justice climatique prend tout son sens. Selon l’organisation Greenpeace, la justice climatique réfère à un mouvement qui consiste à « demander des comptes aux industries et aux entreprises climaticides pour les dommages irréversibles qu’elles provoquent, c’est-à-dire à les tenir légalement responsables des dégâts humains et environnementaux dont elles sont la cause ». Qui plus est, le concept de justice climatique comprend des dimensions morale, éthique, politique ainsi que de justice sociale. Elle surpasse donc la simple responsabilité individuelle pour s’étendre à la responsabilité des corporations.
Selon la jeune militante écologiste ougandaise Vanessa Nakate, il ne peut y avoir justice climatique sans égalité entre les genres. Les pays où les jeunes filles sont les moins susceptibles d’être scolarisées sont également ceux où la crise climatique frappera le plus fort. Dans une perspective de justice climatique, il faut s’atteler à scolariser ces jeunes filles afin qu’elles soient outillées devant ce qui nous attend collectivement. De plus, les premier·ères concerné·es doivent être à la table des décisions, là où se font les choix qui affecteront notre planète. On n’a qu’à penser aux différents sommets sur le climat.
En effet, les pays occidentaux sont les plus grands responsables de la crise climatique actuelle, notamment en raison de la pollution qu’ils génèrent. Paradoxalement, ce sont les pays du Sud global, et en particulier les femmes qui y habitent, qui subissent les pires conséquences du réchauffement climatique. L’Afrique est responsable de moins de 4 % des émissions globales de gaz à effet de serre [1]. Pourtant, ce continent subit déjà les contrecoups très importants du réchauffement climatique même si ce fait ne figure pas sur les pages couverture des médias du monde occidental.
Ainsi, il est fallacieux de parler de la crise environnementale comme quelque chose qui affectera uniquement les prochaines générations. La crise climatique est déjà commencée et bouleverse actuellement de nombreux pays, au présent. Prétendre le contraire trahit un certain biais et privilège. Notamment, un rapport de 2016 du gouvernement du Canada estimait déjà que d’ici 2050, le nombre de réfugié·es climatiques avoisinerait les 25 millions à un milliard de personnes. Ces mouvements migratoires de masse sont déjà en cours en raison du fait que certaines régions deviennent inhabitables. Les images spectaculaires des inondations monstres au Pakistan à l’été 2022 en sont un triste exemple.
Bien qu’elle ait été éprouvante, qu’elle ait fauché la vie et endeuillé des millions de personnes dans son sillage, la pandémie de COVID-19 nous offre une fenêtre d’opportunité pour repenser notre monde de fond en comble, voire retourner à certaines sources. Or, cette fenêtre d’opportunité est en train de se refermer petit à petit.
En effet, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des sommités en matière d’environnement, le monde n’a que quelques années – trois ans selon son dernier rapport – pour faire un virage vert. Il est plus qu’important de prendre la balle au bond pour une relance féministe, intersectionnelle, verte et juste. Nous le devons aux générations actuelles et aux prochaines. C’est maintenant ou jamais.
[1] Selon un communiqué de ONU Changements Climatiques qui cite l’Agence internationale de l’énergie, disponible à l’adresse suivante : https://unfccc.int/fr/news/la-semaine-africaine-du-climat-2022-vise-a-exploiter-les-possibilites-d-action-en-faveur-du-climat