Présentation du dossier du numéro 94
Financiarisation du logement : champ libre au privé
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Nous vivons depuis longtemps une importante crise du logement dont les conséquences ont été maintes fois déplorées. De la pénurie de logements en région à la flambée des prix dans les grandes villes, les possibilités de se loger adéquatement se font de plus en plus minces. Pour les plus vulnérables d’entre nous, le risque de se retrouver à la rue est réel. La crise que nous traversons est régulièrement minimisée lorsque comparée aux conditions de logement encore pires à Toronto et Vancouver. Cette comparaison nous enseigne surtout que nous devons agir promptement pour éviter un sort semblable.
Les mailles du filet social s’élargissent sous la pression du désinvestissement du gouvernement dans le développement de logements publics et du refus des autorités publiques de réellement contrôler les loyers. Profitant de ces deux formes de désengagement de l’État en matière de logement, différents acteurs privés et financiers investissent dans le développement et la gestion immobilière. Ces sociétés s’approprient nos milieux de vie pour accroître leur capital, transformant du même coup notre droit au logement en opportunité d’investissement. Cette marchandisation de nos habitats s’opère à travers un processus que nous nommons la financiarisation immobilière. Ajoutons à ce laisser-aller une pression démographique incitant à la construction effrénée de nouvelles unités d’habitation, et nous nous retrouvons face à une grande flambée spéculative. Année après année, l’investissement dans le développement immobilier résidentiel, qu’il soit locatif ou en condominium, affiche de meilleurs rendements, aux dépens de l’accès au logement.
Dans ce dossier, nous cherchons à mieux comprendre la situation actuelle du logement dans son ensemble au Québec. Le logement est un enjeu social transversal, un véritable déterminant pour la santé des personnes et pour la qualité de vie. Alors que les coûts locatifs représentent plus de la moitié du budget mensuel d’une part grandissante de nos voisin·es et de nos collègues, la situation est particulièrement préoccupante pour les familles monoparentales dirigées par une femme. La pénurie de grands logements à prix raisonnable et les différentes discriminations pressent ces familles à s’éloigner des zones desservies par les services publics et communautaires, à habiter dans des logements insalubres et à vivre dans un climat propice à la violence.
Nous prenons clairement parti en faveur d’un grand chantier de logements sociaux et communautaires, en ville comme en région. En plus de permettre de loger convenablement et sécuritairement des milliers de familles et de personnes seules, ce chantier permettrait de ralentir la financiarisation immobilière résidentielle qui profite du laisser-aller de l’État, tout en répondant mieux aux pressions démographiques exercées dans la majorité des régions du Québec. De plus, nous soutenons les revendications visant à un meilleur contrôle des loyers pour faire barrage aux hausses abusives de loyers et à la spéculation immobilière. Nous espérons, en sommes, que ce dossier contribuera à faire mieux comprendre des transformations majeures qui affectent à la fois nos demeures, nos quartiers, nos villes et nos régions.
Dossier coordonné par Francis Dolan et Claude Vaillancourt
Photos par Rémi Leroux
Avec des contributions de Marcos Ancelovici, Martin Blanchard, Comité d’action de Parc-Extension, Marie-Ève Desroches, Francis Dolan, Cédric Dussault, Louis Gaudreau, Marc-André Houle, Véronique Laflamme, Margot Silvestro et Karine Triollet.
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