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- Empire sur l’édition
À l’heure où l’empire Quebecor met la main sur Sogides, le plus gros groupe d’édition et de distribution de livres au Québec, les puissants continuent d’opérer une véritable révolution conservatrice dans ce secteur. En effet, avec l’achat successif de la plupart des maisons d’édition bien établies depuis dix ans, des entreprises comme Bertelsman, Editis, Vivendi, Privat et désormais Quebecor contrôlent, dans une très large mesure, le processus de publication, c’est-à-dire l’ensemble des étapes permettant au texte d’un auteur d’accéder, de la meilleure façon possible, à une existence publique.
- Que faire pour contrer la montée de la droite ?
Françoise David est connue de nous tous. Depuis la marche des femmes de 1995 jusqu’à celle du 12 octobre de l’an 2000, en passant par son rôle à la tête de la FFQ ou au sein de l’organisme Au bas de l’Échelle, elle n’a cessé d’apparaître comme l’une des figures de proue de la gauche féministe et sociale du Québec. Sa décision de fonder D’abord Solidaires et de ne pas opter de participer à la construction de l’UFP en a étonné et fait réfléchir plus d’un-e. Nous l’avons rencontrée. Voici quelques-uns des moments les plus forts de cet échange mutuellement fructueux.
- Atmosphères de fin du monde
Parvenues à la maturité littéraire et comptant à leur crédit une œuvre consistante, Catherine Mavrikakis et Ying Chen, évoquent, dans leurs romans récents, la fin d’un monde, le nôtre, qui court à sa perte, victime paradoxale de ses conquêtes et de ses exploits apparents qui masquent une vision du monde profondément mortifère.
- Mini-maisons. Petits formats, grands défis
Le mouvement des mini-maisons prend rapidement de l’ampleur au Québec. Or, pour tout écologiques qu’elles soient, si elles sont construites sur de nouveaux développements, elles contribueront au problème de l’étalement urbain. Il est donc nécessaire de penser à la manière dont ces habitations s’inséreront dans le tissu urbain.
- La pensée politique de gauche
François Cyr, est avocat et professeur de politique. Militant syndical et de la gauche politique québécoise depuis nombre d’années, il fut l’un des fondateurs et animateurs du Rassemblement pour l’alternative progressiste puis de l’Union des forces progressistes. Il est mainteant membre du Comité de coordination national de Québec solidaire à titre de responsable aux orientations. À bâbord ! s’est entretenu avec lui sur la vision et la pensée politique du nouveau parti de gauche sur la scène politique québécoise. Il s’exprime ici à titre personnel.
- Déclaration de souveraineté atikamekw
Dites-leur que nous n’avons jamais cédé notre territoire, que nous ne l’avons jamais vendu, que nous ne l’avons jamais échangé, de même que nous n’avons jamais statué autrement en ce qui concerne notre territoire [1]. - César Newashish
Les Atikamekw Nehirowisiw ont proclamé le 8 septembre dernier leur Déclaration de souveraineté sur Nitaskinan, un vaste territoire de 80 000 km2 situé au nord de Trois-Rivières et englobant les communautés de Manawan, Opitciwan et Wemotaci. L’objectif de la nation atikamekw est de « maintenir et exercer sa gouvernance territoriale sur l’ensemble de Nitaskinan. Pour ce faire, Atikamekw Nehirowisiw a la volonté de faire de son peuple une instance politique et économique incontournable [2] ». Le grand chef de la nation atikamekw, Constant Awashish, a bien voulu partager avec nous ses réflexions sur cette Déclaration de souveraineté.
Propos recueillis par Julie Depelteau
- Cul, corps, cash
Le dernier livre de la sexologue Jocelyne Robert, Sexe en mal d’amour, de la révolution sexuelle à la régression érotique, est présenté comme un ouvrage qui vise à « susciter et à intensifier la réflexion et les initiatives de ceux et celles qui auraient envie de purifier l’air de la puanteur pseudo-érotique ambiante, axée sur le cul obligé, performant, instrumental, mécanique, utilitariste et triste comme un jour de corvée ». À bâbord ! l’a interviewée sur sa vision du contexte social dans lequel s’inscrit la sexualité au Québec et en Occident.
- L’avenir du Moyen-Orient
Journaliste britannique vivant à Beyrouth, Robert Fisk est correspondant pour le journal londonien The Independent. Depuis trente ans, ses reportages sur le Moyen-Orient ont apporté un contraste nécessaire aux doctrines officielles en présentant une réalité nuancée, complexe et d’une grande érudition historique. Rachad Antonius l’a interviewé sur plusieurs aspects de la situation socio-politique actuelle au Moyen-Orient après l’élection du Hamas en Palestine et la crise des caricatures.
- Le pragmatisme radical d’un « matérialiste historique »
Quelques jours après le congrès de Québec solidaire et l’élection de Gabriel Nadeau-Dubois comme député de Gouin, À bâbord ! rencontrait le nouveau co-porte-parole de QS pour l’interroger sur une série d’enjeux entourant l’avenir du parti.
Dans cette seconde partie de l’entretien, le nouveau représentant de QS à l’Assemblée nationale détaille une stratégie pour faire des percées dans les différentes régions du Québec et souligne l’importance pour le parti de gauche de formuler des propositions économiques concrètes pour le développement régional. L’ancien leader étudiant se prononce également sur des questions d’éducation, de politique municipale et de communication politique.
Pour (re)lire la première partie, cliquez ici.
- La disparition : deux variations sur un thème
On saurait difficilement trouver deux romans aussi dissemblables que ceux publiés cet automne par André Hamel et Jean-Simon Desrochers. Dans Le désarroi du vieil Hubert (Leméac, 2019), Hamel nous propose un récit intimiste centré sur la quête de sens d’un héros vieillissant face à une mort inéluctable. Dans Les limbes (Les herbes rouges, 2019), Desrochers évoque sur le mode descriptif la disparition du célèbre « Red Light » de Montréal, démoli pour faire place nette à la modernité conquérante des années 1960.
- « Nous sommes prêts ! »
Le 9 mars dernier, Gabriel Nadeau-Dubois annonçait qu’il faisait le saut en politique au sein de Québec solidaire. Moins de trois mois plus tard, l’ancien leader étudiant était élu co-porte-parole du parti et député de Gouin. Dans son sillage, plus de 6 000 personnes ont manifesté leur enthousiasme en joignant les rangs de la formation de gauche. Au-delà d’un indéniable « effet GND », comment l’arrivée de cette icône du Printemps érable affectera-t-elle les stratégies et le fonctionnement de QS ?
- J’abats mon jeu
Le 29 février 2008, à l’ouverture du congrès de Québec solidaire, Normand Baillargeon a été invité à présenter sa réflexion sur l’état de la gauche et son avenir au Québec. Le texte qui suit reprend de larges extraits de cette conférence très appréciée des congressistes.
- Le Café de la Maison ronde. Un carrefour social pour les Autochtones
Situé au square Cabot, à quelques minutes à pieds du métro Atwater, le Café de la Maison ronde cherche à favoriser la mixité sociale et l’autonomisation des Autochtones. Le projet d’économie sociale est porté par le Groupe communautaire L’Itinéraire (qui publie le magazine du même nom), avec la collaboration de l’arrondissement Ville-Marie.
- Femmes invisibles - Leurs mots contre la violence
Pour le sociologue Smaïn Laacher du Centre d’étude des mouvements sociaux de l’École des Hautes Études en Sciences sociales (CEMS-EHESS) de Paris, la réalité des violences domestiques faites aux femmes issues de l’immigration est escamotée par les débats polémiques sur l’islam et la laïcité. Dans un livre innovant qui fera date, Smaïn Laacher se penche sur ces « femmes invisibles » qui ont osé exposer publiquement des affaires privées et tues. Le sociologue a finement analysé les courriers que des femmes en souffrance ont adressés à deux associations : Voix de femmes (spécialiste des mariages forcés) et la très médiatique Ni putes ni soumises. On en dégage, dans cet entretien, quelques intuitions que le regard intellectuel et les pouvoirs publics devront méditer avec sérieux.
- Quelles perspectives pour la solidarité avec le Moyen-Orient ?
Rachad Antonius est sociologue et mathématicien. Solidaire de la cause palestinienne, il est membre de l’organisme Parole arabe. À bâbord ! lui a demandé de partager avec nous ses réflexions sur les enjeux de la solidarité avec le peuple palestinien, mais aussi avec celui d’Irak, dans le contexte des « deux occupations ».
- Des trous, mais pas que dans les murs
En 2007, un physicien indien devenu chercheur en technologie éducationnelle, Sugata Mitra, a prononcé une de ces fameuses conférences TED (TED talks) que vous connaissez peut-être [3]. Son projet Hole-in-the-Wall suscite l’engouement, mais soulève de nombreux doutes quant à sa réelle efficacité.
- Au sujet de certaines formes de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États
Voici une liste provisoire et non exhaustive de certains types de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États qui ont pris forme au sein de divers modes de production qui se sont succédé dans l’histoire (la commune primitive, le mode de production esclavagiste, le mode de production féodal, le mode de production capitaliste, le mode de production « socialiste » et le mode de production « communiste »). Les concepts énumérés ici sont définis, par ordre alphabétique, dans un lexique qui apparaît dans la deuxième partie du texte.
- Irréductibles traces
Il y a des moments dans l’Histoire qui ouvrent des champs (chants ?) de possibles en rupture avec l’ordre établi et qui, par-delà la répression et la censure, laissent de multiples traces. De la Révolution française aux collectivités espagnoles de 1936, en passant par l’aventure du Che et de la Révolution russe, ces événements (au sens fort du terme) semblent tisser une trame dont il s’agit d’extraire les joyaux cachés. De tous ces moments, mai 68 brille encore d’un éclat qui en gêne plus d’un, y compris un certain président d’une certaine république. « Je veux tourner la page de mai 68 une bonne fois pour toutes », clame-t-il. Face à l’arrogance des puissants, le dessin et la chanson peuvent alors sembler des armes bien fragiles. Ce sont pourtant celles-là que Dominique Grange et Tardi ont empoignées en produisant un magnifique album BD-CD, 1968-2008… N’effacez pas nos traces !
- Expériences limites
« En fin de compte, tout ce que je puis dire de véridique d’Alfa (…),
c’est qu’elle m’a rendu fou : mais je plains ceux qui méprisent ce genre de folie. »Olivier Rolin, Méroé
- Musicienne du Monde
Lhasa de Sela, la superbe Llorona, vient de nous offrir un deuxième album en espagnol, français et anglais, nous livrant ainsi une autre partie de son univers magique. Après des années passées à faire de la chanson, du jazz et de la musique du monde dans les bars et cabarets de Montréal, Lhasa a sorti un premier album en 1997. Depuis, des tournées au Québec, aux États-Unis et en Europe ont porté sa voix et sa musique envoûtantes qui ont séduit le public. Cette citoyenne et musicienne du monde, née d’une mère étasunienne et d’un père mexicain, a partagé avec nous quelques réflexions et expériences à l’aube de sa nouvelle tournée.
- Nouvelles mouvances africaines
L’histoire récente de l’Afrique australe est teintée des luttes de libération, de la fin de l’apartheid et du passé colonial. L’Afrique du Sud conserve toujours une position d’empire régional, dominant ses voisins et particulièrement le Mozambique, un pays détruit qui peine à se relever des années de guerre. Le Zimbabwe quant à lui sombre dans la crise et survit grâce à l’aide alimentaire alors qu’il y a tout juste trois ans ce pays exportait sa production agricole dans toute la région.
Il y a vingt ou trente ans, les anciens marxistes sont devenus les « libérateurs », mais sans réussir le pari d’amener les pays vers de réelles victoires au plan social. C’est plutôt une nouvelle colonisation capitaliste qui a commencé et qui affecte la grande majorité de la population dont la moyenne d’âge est moins de 25 ans. Dans cette Afrique lusophone et anglophone, des mouvements relativement récents s’élèvent contre les dirigeants actuels. Partout, il y a le risque de passer pour rétrograde et de vivre le rejet de ses anciens « camarades ».
- « Vous, les pétrolières, n’êtes pas les bienvenues au Québec »
Fin novembre 2014, l’ancien leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois annonce sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle qu’il reverse à la campagne « Coule pas chez nous » le montant de la bourse de 25 000 $ qu’il a reçu avec le Prix littéraire du Gouverneur général pour son essai Tenir tête. Il va même plus loin en lançant le site « Doublons la mise », par lequel il invite la population québécoise à faire un don pour doubler le montant de 25 000 $.
- Grèce. Syriza à l’heure des choix
La victoire de Syriza en Grèce a suscité beaucoup d’espoir : pour la première fois, en Europe, on élisait un gouvernement nettement opposé aux politiques d’austérité. Mais les premières semaines au pouvoir ont montré à quel point le parti fait face à une opposition impitoyable des institutions européennes. Nous avons demandé à Stathis Kouvelakis, professeur au King’s College de Londres et membre du comité central de Syriza, de faire « le point sur la situation.
- La France sur le fil
Une atmosphère de fin de règne, voilà la France en cet automne. Les gouvernants sont dénigrés, rejetés, parfois avec dépit, parfois avec haine. Eux-mêmes apparaissent désemparés, mais bien décidés tout de même à approfondir la politique qui a produit ce climat. Drôle de situation, mais qui n’a rien de drôle en fait avec une extrême droite en pleine ascension.
- Le stade du coin de la rue
Il est gros. Il a coûté cher. On aimerait bien collectivement mettre le pic dedans, tout en sachant bien qu’on ne peut pas : ce serait plus cher encore, et puis que mettrait-on à la place ? De toute façon, n’est-ce pas délicieusement gros ? La seule construction qui atteigne ce niveau de démesure dans la province entière. On en parle comme d’un équipement métropolitain. Les rapports d’enquête, d’étude, de faisabilité vous le diront tous : le plus gros stationnement intérieur de l’Est du Canada. Peut-être même du Nord-Est de l’Amérique. BIG !
- Statut de l’artiste et financement de la culture
Le dernier budget des Libéraux a montré une fois de plus quelle était l’attitude de nos gouvernements face à la culture : on s’en enorgueillit, mais on ne la finance plus adéquatement. Depuis des années, et malgré des demandes fermes du milieu culturel, le budget de la culture stagne. Ce qui revient en réalité à une baisse marquée du financement, puisque le milieu doit faire face à une croissance régulière des coûts. Le MAL (Mouvement pour les arts et les lettres) se bat depuis six ans pour améliorer les conditions de vie des artistes. Ses campagnes ont donné leurs fruits, mais leurs résultats demeurent encore insuffisants. Nous avons demandé à Stanley Péan, porte-parole du MAL, de réfléchir avec nous sur le combat pour un meilleur financement de la culture.
- Le mirage du discours
Le 12 août dernier, Martine Delvaux proposait une réflexion sur le film Le Mirage de Ricardo Trogi dans La Presse+. Dès le lendemain, un chroniqueur du Journal de Montréal réagissait de façon outrancière en personnalisant indûment l’enjeu social qui était soulevé. Dans ce nouvel article, l’auteure revient sur Le Mirage et aborde ce à quoi s’exposent les femmes lorsqu’elles prennent la parole dans l’espace public.
- Anticosti, sauvage et menacée
Une nouvelle campagne d’exploration doit être menée cet été par la société Hydrocarbures Anticosti afin de déterminer si, oui ou non, le sous-sol de l’île d’Anticosti renferme du pétrole de schiste. Depuis trois ans, les compagnies pétrolières font miroiter un potentiel de plusieurs dizaines de milliards de barils. Un chiffre que de nombreux scientifiques ont dénoncé, rappelant qu’il n’existe pour l’heure aucune preuve tangible de la présence de pétrole dans le sous-sol de la perle du Saint-Laurent.
- Montréal. Ville autochtone
Aujourd’hui, la majorité des Autochtones du Canada devient urbaine. Alors que cela risque de bouleverser définitivement la vision passéiste que l’on a trop souvent d’eux, j’ai souhaité rencontrer dans le cadre d’un projet photographique une dizaine de jeunes habitant à Montréal. Celles et ceux y ayant presque toujours vécu ont bien voulu m’expliquer ce qui les a retenus en ville ; celles et ceux arrivé·e·s il y a peu m’ont évoqué les raisons de leur venue et les conséquences que cela a eues sur leur vie et leur identité. Voici une partie de ce qu’il m’a été permis d’apprendre.
- Fonderie Horne : la ville au coeur de cuivre
Le verdict est tombé à Rouyn-Noranda le 15 août dernier : les émissions d’arsenic dans l’air de notre ville seront tolérées jusqu’à cinq fois au-dessus de la norme prévue par la Santé publique. L’échéancier de cinq ans ne prévoit aucune cible intermédiaire précise pour contraindre Glencore à abaisser ses rejets toxiques dans l’air d’ici là. Les Rouynorandien·nes, décidément, devront boire la coupe jusqu’à la lie.
- Dissocier indépendance et nationalisme
La question de l’indépendance représente une contradiction irrésolue dans l’histoire de la communauté politique du Québec. Elle est intimement mêlée aux autres formes de domination, dont l’oppression capitaliste. Si elle a, jusqu’ici, fait partie de l’arsenal idéologique des classes dominantes et des élites nationalistes, cela ne veut pas pour autant dire que la gauche peut se permettre de l’escamoter. Peut-être faudrait-il en revenir à dissocier indépendance et nationalisme. Cela ne veut pas dire nier la réalité nationale, mais plutôt penser l’appartenance à une communauté politique concrète comme condition nécessaire de tout projet d’émancipation et d’autonomie politique [4].
- Pourquoi la bosse des affaires pousse désormais dès six ans
Un document absolument capital du renouveau pédagogique en cours dans nos écoles s’intitule Programme de formation de l’école québécoise pour l’éducation préscolaire et l’enseignement primaire [5]. On y précise les grandes orientations de ce qui se déroulera dans nos écoles, du curriculum qu’on transmettra et de sa justification. Qui a déterminé tout cela ? On nous le répète sans cesse : ces décisions vitales sont supposées avoir été prises après de vastes consultations, de sorte que ce qu’on y trouve est présumé faire l’objet d’un large consensus. Il y a sans doute un peu de vrai là-dedans, puisque des personnes sont bien consultées. Mais il y a aussi autre chose.
- La rhétorique comme méthodologie
L’Institut économique de Montréal propose régulièrement des opinions et des « notes économiques » destinées au commun des lecteurs. On cherche en vain une méthodologie dans ces documents qui affirment leur scientificité sans jamais en faire la démonstration. On peut alors dire que la rhétorique remplace la rigueur et que les résultats sont des pamphlets politiques destinés à promouvoir une certaine vision de la société. L’analyse de la méthodologie que je me proposais de faire doit donc se transformer en analyse du discours.
- Les chiens
Deux ans après #MoiAussi, trente ans après la tuerie de Polytechnique, quelques lignes sous forme d’allégorie. Pour ne jamais baisser les bras, et pour ne jamais oublier.
- Maisons de naissance. Une initiative citoyenne riche de ses pratiques
L’accès aux services des sages-femmes dans les maisons de naissance demeure un enjeu politique et social au Québec.
- « Personne ne veut devenir esclave »
En novembre dernier, le gouvernement canadien a mis en place une réforme du Programme des aides familiaux qui introduit en particulier la fin de l’obligation pour une travailleuse d’habiter chez son employeur ; une situation dénoncée depuis de nombreuses années par les employées pour les abus qu’elle entraîne. Mais ce volet de la réforme ne masque pas une importante restriction de l’accès à la résidence permanente pour les travailleuses et leurs familles, ce que déplorent les femmes de Pinay, une organisation de travailleuses philippines dédiée à la défense et à l’amélioration des droits des femmes migrantes, en particulier les aides familiales. Nous les avons rencontrées au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants de Montréal, rue Van Horne. Elles nous ont raconté leurs combats, leurs parcours et leurs espoirs.
- L’univers de Chomsky
Pourquoi Noam Chomsky est-il aujourd’hui une figure aussi imposante dans le monde de la linguistique ? Au début des années 1950, il a posé une question très simple qui n’avait jamais été posée auparavant et a découvert que la réponse était fort complexe et tout sauf évidente : Quelle capacité le locuteur d’une langue doit-il posséder pour apprendre à s’exprimer adéquatement sur le plan grammatical dans celle-ci ou dans toute autre langue ?
- Vers un alter-altermondialisme ?
Voyage presque au centre de la Terre, puisque Belém est aux portes de l’Amazonie, poumon vert de la planète, mais surtout au centre de l’alter, car la ville a accueilli récemment le Forum social mondial. Plongée dans le désordre haut en couleur d’un altermondialisme introspectif en quête d’identité consensuelle.
- Les sept péchés capitaux
Il est en effet courant, depuis une quinzaine d’années au moins, de se faire rebattre les oreilles par des leitmotive apocalyptiques tels péril, érosion, naufrage de l’université. Assurément, plusieurs problèmes affligent aujourd’hui cette institution séculaire ; et, puisque j’évoque l’apocalypse, pourquoi ne pas puiser dans « notre » fonds religieux une lecture de la situation actuelle ?
- Intégration révolutionnaire ou désintégration ?
Après une période d’innovation généralisée, le Venezuela d’aujourd’hui semble vouloir revenir à un ordre du jour socialiste finalement moins du XXIe siècle que des années 1950. Sur le plan de l’urbanisme, la mise en chantier des « villes socialistes » est un désastre pour l’environnement, spatial et social, car elle découle d’une planification urbaine dont les principes, sinon l’action, sont révolus. Or, pour être véritablement révolutionnaire, le Venezuela doit poursuivre sa « bolivarisation ». L’urbanisme du XXIe siècle sera créole et populaire ou ne sera pas !
- Le fond de l’air est rouge
« Il faut penser l’impossible pour saisir tout le champ du possible »
Henri Lefebvre - Plan de communication 2.0
C’est avec une assurance tranquille que le Parti libéral a pris le pouvoir le printemps dernier. Notre premier ministre serait un bon docteur, qui nous éloignerait des éclats causés par la charte des valeurs et un éventuel référendum sur l’indépendance du Québec. Profitant d’une belle majorité au Parlement, il gouvernerait en appliquant ses principes très chers de démantèlement progressif de l’État auquel il n’a jamais cessé de croire. Mais il apprendrait des erreurs du passé. Avec un bon plan de communication, la population ne pourrait pas s’empêcher de le suivre.
- Vers un point de bascule ?
L’automne 2014 fut riche en mobilisations sur le front de la lutte à l’austérité, et le mouvement syndical fut l’un des principaux acteurs de cette lutte, sinon le principal. Batailles contre la réforme des régimes de retraite des employés municipaux, contre la réforme des Centres à la Petite Enfance (CPE), contre les coupures à Radio-Canada, contre le projet de loi 10 en santé, bref, contre le projet général de liquidation du volet social de l’État. Semaine après semaine, l’opposition syndicale et populaire s’est fait entendre. Les centrales syndicales l’ont bien souligné lors de leurs sorties publiques de début d’année [6] : l’année 2015 sera elle aussi chargée, d’autant plus que les négociations du secteur public viendront s’ajouter à cette campagne plus générale.
Sur le plan de la mobilisation, le mouvement syndical semble prêt à être à nouveau de la partie en 2015. Qu’en est-il de l’analyse politique de la situation ? C’est sur ce terrain que j’aimerais m’interroger dans ce billet. Le mouvement syndical a-t-il pris la mesure de la radicalité des attaques que nous vivons, et de la radicalité nécessaire pour leur répondre ?
- Le monde digital et l’éducation
On trouve désormais, dans la littérature scientifique et philosophique, de nombreux arguments qui sont de nature à tempérer l’enthousiasme technophile que peut provoquer le monde numérique chez certains pédagogues. Ils méritent d’être médités et il revient à chacun – lourde tâche, dans un domaine fort complexe et bougeant à une aussi fantastique vitesse – de décider ce qu’ils impliquent exactement.
- Un regard sociologique sur la révolte des banlieues françaises
Smaïn Laacher est chercheur au Centre d’études des mouvements sociaux de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, Paris.
- Misère du journalisme
Au milieu des années 1990, Alain Accardo faisait paraître en France les résultats d’une enquête approfondie sur le journalisme. Ces travaux font actuellement l’objet d’une réédition dans un même volume intitulé Journalistes précaires, journalisme au quotidien, à paraître chez Agone (Marseille). Ce livre suit plusieurs journalistes chevronnés dans leurs pratiques quotidiennes, à l’intérieur des rédactions comme sur le terrain, pour expliquer la nature de la crise profonde à la fois d’identité, du sens et des valeurs, qui affecte aujourd’hui l’ensemble du journalisme et qui compromet la qualité d’une information plus que jamais nécessaire à la vie démocratique.
L’enquête centre l’observation et l’analyse sur le processus de précarisation croissante qui touche désormais l’emploi dans les entreprises de presse, de plus en plus soumises à la loi du marché, avec des effets le plus souvent désastreux tant au plan de l’activité professionnelle – et donc de la qualité de l’information – qu’au plan de l’existence personnelle des précaires (piges, contrats à durée déterminée, etc.). Comme le soulignent le sociologue Alain Accardo et ses amis journalistes du groupe de recherche, « on perçoit actuellement dans le journalisme les conséquences d’une évolution qui affecte plus largement une grande partie du tertiaire et tout particulièrement le secteur de la production et de la diffusion des biens symboliques, évolution caractérisée par l’émergence et le développement au sein des classes moyennes d’un “prolétariat” de type nouveau, comparable à bien des égards à l’ancien prolétariat industriel, et en même temps très différent parce que les nouveaux manœuvres, ouvriers spécialisés et autres “nouveaux pauvres” de la production symbolique sont porteurs de propriétés (origines sociales, capital culturel, dispositions, etc.) grâce auxquelles ils peuvent faire illusion, aux yeux des autres et à leurs propres yeux, et continuer à tourner indéfiniment en rond dans les contradictions inhérentes à leur position de dominants (très) dominés, à la fois victimes malheureuses, souffre-douleur révoltés et complices consentants de l’exploitation qu’ils subissent. »
Le texte qui suit est tiré de la préface de Journalistes précaires, journalisme au quotidien, écrit en collaboration avec Georges Abou, Gilles Balbastre, Christophe Dabitch et Annick Puerto.
- L’appropriation collective du temps et de l’espace de la création
Le droit de propriété intellectuelle est l’un des principaux enjeux des accords commerciaux négociés un peu partout sur la planète et notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). On nous dit qu’en l’absence de droits d’exclusivité sur les brevets, il n’y aurait plus d’incitatif pour la création de nouvelles connaissances. Les compagnies spécialisées dans la recherche et le développement exigent d’étendre ces droits dans le temps et dans l’espace. Quel intérêt, nous dit-on, aurait un laboratoire à engager des sommes faramineuses dans la recherche et la création s’il ne peut jouir du privilège d’exploiter de manière exclusive les retombées de ces idées ? Comme si l’humanité n’avait pas été en mesure de créer quoi que ce soit jusqu’ici. Comme si la création de connaissances ne pouvait se faire qu’en fonction des profits escomptés. Comme si le fait d’interdire à la communauté des chercheurs l’accès à une connaissance cruciale pour l’avancement de nouvelles recherches pouvait augmenter le potentiel créateur de l’humanité. Sans en avoir l’air, cette question concerne le fondement de toute politique d’émancipation.
- Topo politique sur le témoignage de Paul Dumais, professeur au Cégep de Rosemont
Voici, dans ses grandes lignes, la transcription de mon intervention à l’émission de radio Simplement humain (CIBL). L’émission a été diffusée mercredi le 2 décembre dernier.
- Déclin du « centre journalistique » ?
Il y a un mois, suite aux dernières élections européennes, Simon Tremblay-Pepin s’interrogeait sur la « fin du centre » en Europe mais aussi au Québec. Les partis traditionnels, de centre-gauche comme de centre-droite, qui partagent grosso modo le même programme économique d’austérité budgétaire, se sont vus rabroués par l’électorat : des partis de droite dure (France, Danemark, Royaume-Uni, Autriche), mais aussi de gauche (Syriza en Grèce) ont raflé la mise. Or, tout porte à croire qu’un phénomène semblable se produit sur la scène journalistique.
- La valeur du temps humain
Les gens travaillent aujourd’hui plus que jamais. Au Canada, en 1991, un travailleur sur dix trimait plus de cinquante heures par semaine. En 2001, leur nombre avait augmenté à un sur quatre. Pourtant, dans notre société, la production de la valeur et de richesse dépend de moins en moins du travail humain. Étonnant paradoxe des sociétés capitalistes avancées : le travail est devenu superflu, mais on ne s’y est jamais accroché avec autant de force.
- Peut-on encore vivre de son art ?
Il devient de plus en plus difficile aujourd’hui de gagner sa vie par un travail d’artiste. Nos sociétés archi fonctionnelles arrivent difficilement à intégrer une matière aussi insaisissable et imprévisible que l’art à ses structures économiques. L’archivage illimité et l’accès gratuit à d’innombrables oeuvres sur Internet permettent au public de cueillir des chefs-d’oeuvre en série, sans penser aux intérêts de ceux et celles qui les ont conçus. Dans cette abondance, il y aura toujours des artistes prêts à travailler pour moins, dans le but de se faire connaître.
- Mémoire de Jeanne Lapointe
Je rencontrai Jeanne Lapointe pour la première fois au cours de l’automne 1978. Elle m’invitait à donner une conférence sur « l’écriture et la féminité » dans le cadre des activités qu’elle dirigeait alors au sein du RFUL de l’Université Laval. J’avais peu publié, mais ce peu suffisait à Jeanne pour me situer « du bon côté des choses », comme elle me dit au téléphone en me priant de venir parler à ses étudiants, nombreux. Pas seulement à ceux et celles qui se tenaient avec nous dans le (…)
- Vers la liberté animale
Certaines discriminations sont-elles légitimes ? Oui, mais à condition d’être moralement justifiées. Depuis Aristote, en effet, nous croyons que la justice exige que les cas similaires soient traités de manière similaire et que les cas différents soient traités de manière différente. Discriminer entre deux êtres sur la seule base de leur race ou de leur sexe serait raciste ou sexiste. Le faire sur la seule base de leur espèce serait spéciste.
- Quelle stratégie pour la gauche ?
Pierre Mouterde vient de faire paraître un ouvrage consacré à La gauche en temps de crise. Nous lui avons demandé de préciser ses analyses et ses propositions face aux défis qui confrontent la gauche québécoise dans une conjoncture marquée par une nouvelle crise – ultime ? – du capitalisme.
- Mourir dans la dignité...
La commission sur le droit de mourir dans la dignité, après s’être attardée aux recommandations d’experts, en est aux audiences publiques. Les citoyens et organismes défilent massivement devant les commissaires et présentent leurs témoignages, leurs points de vue et opinions, dans les cadres fixés par l’institution sans déroger aux règles établies. Grand soin est pris de ne pas confondre suicide assisté, euthanasie et sédation... le mandat en cas d’inaptitude ou le testament biologique. Mais qu’en est-il de la dignité ?
- Les mondes de l’esclavage
Paulin Ismard, Les mondes de l’esclavage. Une histoire comparée, Seuil, 2021, 1168 pages.
- Voir les sciences comme un fruit de la nature
Comment l’épistémologie des sciences a-t-elle évolué à travers le temps ? À bâbord ! s’est entretenu avec Serge Robert, qui nous propose une lecture « naturaliste » du travail scientifique pour éclairer nos discussions sur l’engagement et l’objectivité des scientifiques. Propos recueillis par Élisabeth Doyon.
- Reprendre parole. Entrevue avec la maison d’édition Diverses Syllabes
Nouvelle maison d’édition fondée à l’été 2020, Diverses Syllabes a soulevé un grand intérêt dans le milieu littéraire et au-delà. À bâbord ! a rencontré trois des co-fondatrices.
Version intégrale de l’entrevue parue dans le numéro 86 de la revue.
Avec Sayaka Araniva-Yanez, Brintha Koneshachandra et Paola Ouedraogo
Propos recueillis par Alexis Ross
- Le monde magique d’Heather O’Neill
La littérature québécoise en anglais traverse actuellement une période particulièrement florissante. C’est du moins ce que prétend la revue Lettres québécoises qui lui consacre un dossier dans son dernier numéro, et qui tient Heather O’Neill comme une représentante flamboyante de ce renouveau.
- Le réseau capitaliste qui mène le monde
Occupy Wall Street s’est répandu comme une traînée de poudre dans les villes d’Amérique du Nord et au-delà. Deux symboles magnétiques : New York, ville phare du monde capitaliste au XXe siècle, et Wall Street, le cœur même des magouilles financières. Les Indignées des villes d’Occident ont même eu la sympathie, ou la « compréhension », de politiciens au pouvoir, notamment d’Obama et d’un ministre du gouvernement Harper.
- Le Réseau Liberté-Québec
Le 23 octobre dernier, plus de 450 personnes se réclamant de la « droite citoyenne » se sont réunies à Québec (encore une fois…) pour créer un mouvement de masse en faveur d’une réforme en profondeur du modèle québécois. Cette réforme reposerait sur les valeurs de liberté de choix et de responsabilité individuelle. Alors que les journalistes experts en politique-spectacle se demandent si ce mouvement réussira à ressusciter l’ADQ ou s’il mènera à la création d’un nouveau parti de droite, il convient de se pencher sur la nature profonde du discours idéologique tenu par le Réseau Liberté-Québec, afin de comprendre sa prégnance dans l’espace public depuis plus d’une trentaine d’années.
- Quelques réflexions stratégiques
L’action en faveur de la justice et de la paix au Proche-Orient fait face à des défis importants dans le contexte actuel. Le texte qui suit se veut une réflexion sur l’approche stratégique qu’on pourrait adopter dans les milieux militants. Il ne prétend aucunement être une réponse définitive aux questions posées, mais plutôt une invitation à une réflexion et à un dialogue sur ces questions.
- Un mouvement de résistances
Jean-Yves Joannette travaille et milite dans les milieux populaires et communautaires autonomes depuis une trentaine d’années. Il a débuté au Comité Logement Centre-Sud, et il a été le premier coordonnateur du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ) au début des années 80. Depuis une douzaine d’années, il est permanent à la Table des regroupements d’organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP) de Montréal. Il a contribué à la mise sur pied de plusieurs coalitions dont J’ai jamais voté pour ça ! Il est aussi reconnu pour son travail d’animateur ou de monologuiste lors de manifestations ou de colloques.
- La domination masculine
À l’âge de 19 ans, la Kabyle Nadia Zouaoui a été arrachée de force à son village de Tazmalt et mariée à un compatriote émigré au Québec. Des années plus tard, elle revient en Kabylie afin de comprendre ce qui, dans sa contrée, freine l’émancipation des femmes. C’est cette quête de sens que met en scène le documentaire Le voyage de Nadiaqu’elle vient tout juste de réaliser avec Carmen Garcia (Argus Films et ONF, 2006).
- Pour une politique participaliste
Je voudrais présenter ici des idées ayant été avancées par Stephen R. Shalom et qui me semblent ouvrir des avenues prometteuses sur la question du politique et la prise de décision collective.
Je précise d’emblée qu’à un exposé précis et exhaustif de mon sujet – au demeurant impossible à réaliser en quelques pages – j’ai préféré offrir un traitement quelque peu impressionniste, sans doute, mais qui donne au moins une idée relativement juste des problèmes, réels et importants, que Shalom (…) - Convergence, quelle convergence ?
La convergence entre partis souverainistes, on en parle beaucoup ces jours-ci. Dans le rang des solidaires, le débat est en cours, mais l’idée rencontre de la résistance. On se demande : est-elle possible avec le PQ ?
- Des conseils pédagogiques du professeur Feynman
Connaissez-vous Richard Feynman (1918-1988) ? Cet attachant et iconoclaste personnage est un des plus grands physiciens du 20e siècle, mais aussi, et c’est à ce titre que je veux en parler ici, un des plus éminents professeurs de physique. Mais d’abord un (très bref) mot sur l’homme et son œuvre.
- Les errances du cas Bedford c. Canada
Au Canada, la prostitution n’est pas illégale. Cependant, la plupart des activités qui entourent « son exercice » le sont : vivre des fruits de la prostitution d’autrui ou amener une tierce personne à se prostituer (article ss. 212), posséder, exploiter, occuper ou transporter quelqu’un vers une maison de débauche (articles ss. 210 et 211) ainsi que communiquer dans des lieux publics à des fins de prostitution (article ss. 213). Cet état de fait est actuellement remis en question par différentes personnes et organisations, dont certaines ont décidé de porter leur cause devant les tribunaux. C’est le cas de Terri-Jean Bedford.
- L’exigence éthique
Hermann Broch est considéré comme un écrivain et un intellectuel majeur du XXe siècle. C’est ce que pensent aussi Jacques Pelletier et Yvon Rivard, qui ont fréquenté son œuvre chacun à leur manière : le premier en écrivant des études d’une rare perspicacité sur cet auteur réputé difficile, par passion intellectuelle et pédagogique, mais aussi comme militant infatigable ; le second, professeur aussi, essayiste et romancier, en recevant Hermann Broch comme un ébranlement qui allait modifier en profondeur sa vision et sa pratique de l’écriture, du langage et de son rapport au monde, bref de son rôle d’écrivain et d’intellectuel.
Nous leur avons demandé de nous livrer leur réflexion sur cet écrivain atypique né à Vienne en 1886 et décédé à Yale en 1954, qui se détourna des affaires familiales florissantes pour se consacrer entièrement à la littérature, qui milita contre le nazisme, produisit une œuvre d’essayiste et de romancier d’une telle force qu’on a pu le comparer aux plus grands, notamment à James Joyce (Georges Steiner). En fait, nous leur avons demandé comment ils voyaient la littérature ou la pratique de l’écriture aujourd’hui. Est-il possible aujourd’hui que la littérature soit autre chose que divertissement, voire de belles machines fictionnelles, poétiques théoriques, agrémentées de rectitude morale ou politique ? Comment concilier littérature et action – ou souci du monde ? Comment Broch les a-t-il inspirés ?
- Ce que je dois à Bruno Latour
Bruno Latour, sociologue, anthropologue, théologien et philosophe des sciences français, est décédé le 9 octobre dernier. Né en 1947, il était parmi les chercheur·euses les plus cité·es dans la grande famille des sciences humaines.
- Fin du leadership américain ? L’État du monde 2020
Bertrand Badie et Dominique Vidal (dir.), Fin du leadership américain ? L’État du monde 2020, Paris, La Découverte, 2019, 224 pages.
- Cinéma de science-fiction : un regard critique sur notre monde
Lorsqu’il est question d’œuvres cinématographiques de science-fiction, l’un des thèmes les plus populaires et les plus fréquemment représentés est sans conteste l’effondrement de la civilisation telle qu’on la connait. De tous les scénarios proposés, c’est régulièrement celui de la catastrophe environnementale qui vient mettre les bases de l’œuvre de science-fiction.
- L’enseignement et le piège de la vocation
« L’éducation est le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité. […] C’est également avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les rejeter de notre monde, ni les abandonner à eux-mêmes, ni leur enlever leur chance d’entreprendre quelque chose de neuf, quelque chose que nous n’avions pas prévu, mais les préparer d’avance à la tâche de renouveler un monde commun. »
Hannah Arendt, « La crise de l’éducation »
- De l’autonomie de l’art
La rencontre entre l’art et le politique n’a cessé de se reconfigurer au fil des traditions et des démarches esthético-politiques de toutes sortes, allant des expériences subversives des dadaïstes aux œuvres surréalistes en passant par les critiques du Refus global à l’art public de l’ATSA.
- Chroniques de la morosité
Bernard Émond, Camarade, ferme ton poste, Montréal, Lux, 2017.
Serge Bouchard, Les yeux tristes de mon camion, Montréal, Boréal, 2016.
L’époque est sombre, pour ne pas dire lugubre. Elle n’inspire plus guère que des passions tristes. Un philosophe à la mode en annonce même en termes apocalyptiques la décadence fatale, ce qui est peut-être exagéré mais révélateur de l’air du temps. Des recueils de chroniques publiés récemment en sont des échos, sur le mode nostalgique et mélancolique d’une quête du paradis perdu pour certains, sur celui davantage optimiste d’un pari sur l’avenir pour d’autres.
- Paroles vagabondes
Eduardo Galeano, Paroles vagabondes, Montréal, Lux Éditeur, 2010, 331 p.
- La littérature sert-elle à quelque chose ?
Deux ouvrages récents, La littérature est inutile de Gilles Marcotte (2009) et Une idée simple d’Yvon Rivard (2010), semblent écrits en contrepoint, à commencer par les titres qui sont tous les deux péremptoires et provocateurs. L’air de rien, involontairement même, voici deux auteurs aguerris qui ferraillent dans leur champ, la littérature. Sert-elle à quelque chose ?
- Les arts et le curriculum
On trouve ces jours-ci sur Internet une pétition, présumée émaner des Cowboys Fringants, qui demande au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec (MELS) de surseoir à son projet de « bannir les options [artistiques] des horaires de cours du secondaire ».
- Un Forum social mondial tourné vers l’action
La crise économique et financière a donné une nouvelle pertinence au Forum social mondial, tenu cette année à Belém, au Brésil, du 27 janvier au 1er février. Certains reprochaient à cet événement de reprendre les mêmes analyses et de répéter les mêmes critiques impuissantes du néolibéralisme. Mais la chute de la finance internationale, jointe aux crises climatique, alimentaire et énergétique, a fait la preuve que les politiques adoptées par les gouvernements depuis les 30 dernières années ont mené à une série de catastrophes. Plus que jamais, les participants au Forum ont été invités à formuler des alternatives, à proposer des solutions concrètes et efficaces pour améliorer la marche du monde.
- Que le théâtre ne meure...
Le théâtre québécois est-il accessible à tous ? Ou s’agit-il d’un art élitiste, destiné à une population privilégiée, sensible à un type de spectacle audacieux et sophistiqué et, surtout, capable de se payer des billets de plus en plus chers ? Une longue tradition, allant de Brecht et son Berliner Ensemble au Théâtre national populaire en France ou au Théâtre populaire du Québec, cherchait à rapprocher le théâtre des gens, quitte parfois à aller au-devant du public. Que reste-t-il de ces ambitions aujourd’hui alors qu’on demande aux troupes théâtrales de se tourner vers le secteur privé pour compenser un financement public insuffisant ? Marchandisation et démocratisation peuvent-ils aller de pair ? À bâbord ! a rencontré Martin Faucher, metteur en scène et président du Conseil québécois du théâtre, pour discuter de ces sujets.
- Un mur n’est pas une frontière
Célèbre militant et intellectuel de la gauche israélienne, Michel Warschawski est membre du Groupe de solidarité pour les droits humains en Palestine. Citoyen israélien, engagé depuis plus de 30 ans dans la lutte pour la reconnaissance des droits des Palestiniens, il était invité aux Journées d’études d’Alternatives au mois d’août 2004. À bâbord ! l’a rencontré.
- « Elle est chez qui la violence ? »
Motivés, Motivés ! Les Toulousains de Zebda le sont toujours. En studio, où ils ont réalisé un disque (Utopie d’occase) d’une grande intimité alliée à une rage – mais de celle qui fait danser – inépuisable. Sur scène, où on les a vus, à Montréal début août, rivaliser d’énergie avec une foule gonflée à bloc. Et en politique, bien sûr, où ils donnent un bel exemple de radicalité ouverte, militante et enthousiaste. À l’occasion de leur passage au Québec cet été, Mouloud Idir a rencontré Mustapha Amokrane et Magyd Cherfi.
- Justice et éducation
Pressés de dire ce qui les motive à se battre, beaucoup de militantes et de militants répondront : l’injustice ; c’est elle qui nous paraît insupportable, elle qui nous fait bondir et combattre. En voici la forme peut-être la plus élémentaire : deux enfants affamés, une tarte à partager. Le premier la mange tout entière. Le deuxième, qui pleure ou hurle, vient de découvrir l’injustice.
- Les 150 premiers jours du gouvernement libéral
L’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral a suscité bien des angoisses. Pour en discuter, À bâbord ! a réuni les représentants de quatre groupes importants dans notre société : Lorraine Guay, du collectif D’Abord solidaires, Molly Alexander, de l’Union des forces progressistes, Arthur Sandborn, du Conseil central du Montréal métropolitain (CSN) et François Saillant du FRAPRU. Nous résumons ici – sur la base de deux grandes questions de fond – l’essentiel de leurs propos.
- Divertir et le reste...
En apparence et sous sa forme la plus spectaculaire, la culture, au Québec, n’a jamais été aussi présente. Le cinéma québécois fait salle comble et gagne des prix à l’étranger. Céline Dion et le Cirque du Soleil font fortune à Las Vegas. Robert Lepage est devenu une sommité mondiale du théâtre, sans parler des divers groupes rock québécois qui, nous dit-on, font fureur à New York. De cela tout le monde parle et tout le monde se congratule, comme si ces succès témoignaient de la vitalité de (…)
- Mondialisation, villes et violence
Yves Pedrazzini est chercheur au Laboratoire de sociologie urbaine de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse, où il coordonne des travaux sur la violence et la sécurité urbaine. En 2005, il publié en 2005 le livre La violence des villes aux éditions Écosociété. Il a vécu dans les bidonvilles d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et même d’Amérique du Nord, puisqu’il a côtoyé les gangs de Caracas, Dakar, Bogota, Marseille ou encore Philadelphie. Qui de mieux alors que ce chercheur pour nous parler des formes que prend le contrôle social des populations appauvries dans le cadre du développement urbain mondial ?
- La globalisation du monde et le déclin du réformisme social
Gary Teeple, La globalisation du monde et le déclin du réformisme social, Presses Université Laval, Québec, 2004.
- Les innombrables contradictions de la convergence
Québec solidaire n’a pas fini d’entendre parler de son refus d’une convergence avec le Parti québécois lors des prochaines élections. En plus des reproches de dogmatisme, de fermeture et de favoriser la réélection des libéraux, les solidaires doivent aussi jongler avec le scandale entourant la non-divulgation de la feuille de route de OUI Québec sur une démarche commune d’accession à l’indépendance.
- D comme Delphy
Pour qui ne la connaîtrait pas, Christine Delphy, militante et sociologue française, est une référence du féminisme matérialiste. Si la lecture de ses essais reste incontournable [7], deux films réalisés par Florence Tissot et Sylvie Tissot, Je ne suis pas féministe mais… et L’Abécédaire de Christine Delphy, peuvent assurément faire office d’introduction à son œuvre.
- La langue conquérante du 7e art
Trois de nos plus importants cinéastes s’installent à Hollywood : Denis Villeneuve, Jean-Marc Vallée et Philippe Falardeau. D’autres suivront sans doute. Plusieurs parmi le public québécois en ressentent de la fierté, ils se réjouissent de l’intrusion de compatriotes dans la seule vraie cour des grands. D’autres y voient une grande perte pour notre cinéma national, une atteinte à la diversité culturelle.
- Cher Stephen
Texte lu au Cabaret politique - 2015 : Bye bye Harper, organisé par la coalition Pas de démocratie sans voix.
- Communication assistée : une farce cruelle
La Presse canadienne du 24 novembre 2009 rapportait l’extraordinaire nouvelle suivante : « Rom Houben a vécu la torture pendant 23 ans, incapable de communiquer avec l’extérieur, qui le croyait plongé dans un coma végétatif. “Au début, j’étais en colère, puis j’ai appris à vivre avec”, raconte ce Belge de 46 ans, qui s’exprime aujourd’hui grâce à un appareillage spécial. Quand de nouveaux examens ont finalement révélé qu’il était conscient, ç’a été “une deuxième naissance”, dit-il. Il peut (…)
- La vaine chasse aux signes religieux
À bâbord ! a reçu cette contribution au débat sur le projet de charte du gouvernement québécois. Il nous fait plaisir de la diffuser.
- Lettre à Chantal Guy
Bonjour madame Guy,
Vous permettez que je vous vouvoie ? Je sais que vous employez le « tu » dans votre Lettre à la génération pirate, mais quelque chose me retient de faire de même. Déjà que je trouve un peu étrange d’employer le « tu » quand on s’adresse à une génération au complet ; ça me rappelle les profs du primaire qui disent « Les ami.e.s, tu vas maintenant prendre ton cahier de mathématiques ». Pourquoi cet infantilisant « tu » de groupe ? Je ne comprends pas. Mais je m’égare.
- La gratuité scolaire : bonne même pour ceux qui n’iront jamais à l’université
Ceux qui s’opposent à la gratuité scolaire répètent souvent qu’il est injuste que l’argent de tous les contribuables soit dépensé pour payer la formation universitaire d’une minorité. Investir davantage en éducation, une injustice envers les contribuables qui n’iront jamais à l’université ?
- Le Danemark, un modèle pour le Québec ?
Geneviève Bois est étudiante en médecine à l’Université de Montréal. Elle a effectué un stage en santé mondiale à Copenhague. Elle s’est entretenue avec Benjamin Skov Kaas-Hansen, étudiant en médecine à l’Université d’Aarhus, pour faire connaître davantage le plus petit des pays scandinaves.
- La vieillesse
Le vieillissement, nous le savons bien, est une problématique qui fait de plus en plus couler d’encre au Québec. Entre les échos diffus de maltraitance dans les CHLSD et la constatation d’une solitude morne chez les personnes âgées, un malaise plane : placer un membre de sa famille en institution n’est jamais chose facile. La plupart d’entre nous ne pouvons assumer de garder un proche à la maison par manque de temps, de compétences, de structures physiques ou de soutien ; la nécessité d’institutionnaliser un parent peut ainsi être vécue comme une ingratitude profonde, en plus d’être coûteuse. Entre la honte et le déni, nous avons peu d’options en tant que société pour penser les problèmes de stigmatisation, d’isolement et de marginalisation des personnes âgées, car la question se gère de famille en famille, mais rarement collectivement.
- La peur de l’autre
On discute aujourd’hui plus que jamais des politiques d’immigration. Les enjeux soulevés sont nombreux : démographique, économique, national, politique, culturel. Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, dans leur livre paru récemment [8]., y voient un « remède imaginaire » qui « ne sauvera pas le Québec ». Voyons ça de plus près.
- Quelques impasses actuelles
Une tendance importante chez nos auteurs fait que l’on écrit au Québec des romans russes, américains, anglais, brésiliens, antillais, etc. La critique louange ces livres et les lecteurs suivent. Mais qu’en est-il alors d’une véritable vision de la société québécoise dans notre roman aujourd’hui ?
- Wikileaks et les habits de l’empereur
En novembre dernier, l’organisation Wikileaks a débuté la publication de câbles diplomatiques américains, causant la commotion que l’on connaît. L’hypocrisie des autorités américaines, promptes à condamner les attaques à la liberté d’expression sur Internet provenant d’États rivaux, mais indignées lorsque cette liberté nuit à ses propres intérêts, n’a rien de bien étonnant. Par contre, la réaction d’une bonne part de la communauté journalistique mondiale laisse pour le moins perplexe, au point où on y trouve une raison supplémentaire de s’interroger sur la vitalité de la profession.