Mini-maisons. Petits formats, grands défis

No 73 - février / mars 2018

Environnement

Mini-maisons. Petits formats, grands défis

Guillaume Lessard

Le mouvement des mini-maisons prend rapidement de l’ampleur au Québec. Or, pour tout écologiques qu’elles soient, si elles sont construites sur de nouveaux développements, elles contribueront au problème de l’étalement urbain. Il est donc nécessaire de penser à la manière dont ces habitations s’inséreront dans le tissu urbain.

Avec 200 pieds carrés d’empreinte au sol pour les plus petites et 700 pieds carrés pour les plus grandes, les mini-maisons sont loin de la moyenne canadienne de 2000 pieds carrés pour une maison unifamiliale. Bien qu’elles ne soient pas un phénomène nouveau, elles incitent les ménages à vivre plus simplement et à consommer moins dans le contexte actuel.

Confrontées à plusieurs obstacles, tant en ce qui concerne le code du bâtiment et le zonage que les perceptions négatives sur ces « roulottes », les mini-maisons inspirent des craintes aussi pour leur valeur de revente et pour leur impact sur les propriétés adjacentes. C’est ce qui explique pourquoi elles ont longtemps existé dans la clandestinité.

Le Mouvement québécois des mini-maisons a connu néanmoins un essor rapide. En effet, suivant l’acceptation de plusieurs projets de développement, notamment à Sherbrooke et à Saint-Nazaire, le Premier forum québécois sur l’avenir des mini-maisons a été organisé en juin 2017. Prenant acte d’une suggestion lors de cet évènement, le maire de Dixville, en Estrie, a coordonné la création du Mouvement québécois des mini-maisons, un organisme sans but lucratif visant à promouvoir leur développement au Québec.

Deux tendances dans le mouvement

Pour plusieurs, les mini-maisons sont simplement des habitations plus petites et, de facto, plus abordables et plus écologiques que les maisons unifamiliales traditionnelles. Pour d’autres, le véritable enjeu réside dans la manière dont ces habitations s’inséreront dans le tissu urbain. Selon cette perspective, si les mini-maisons sont construites sur de nouveaux lots, elles contribuent à l’étalement urbain et à tous les problèmes que cela suppose : empiétement sur les espaces verts et les zones agricoles, dépendance à l’automobile, empreinte écologique élevée, construction de quartiers-dortoirs, etc.

Or, si le mouvement désire réellement contribuer à offrir une solution plus abordable et écologique à la traditionnelle maison unifamiliale des banlieues, il serait plus judicieux de faire pression sur les différents paliers de gouvernement pour faire modifier les codes du bâtiment (au niveau national et provincial) ainsi que les zonages en vigueur (au niveau municipal) dans le but de faire autoriser la construction de mini-maisons en tant qu’unités d’habitation accessoire (UHA).

Les UHA sont des maisons construites sur des terrains déjà occupés par une habitation principale. En plus d’éviter de contribuer à l’étalement urbain et de favoriser la densification douce des quartiers existants, cette solution répond aux besoins en logement de la population. En effet, les UHA offrent l’opportunité de créer des logements adaptés au vieillissement de la population et au désir des aînés de rester le plus longtemps possible à la maison, en plus de répondre à la diminution généralisée de la taille des ménages en créant des unités plus petites, voire des habitats intergénérationnels et multifamiliaux.

Quel avenir ?

Au moment d’écrire ces lignes, la première assemblée générale annuelle du Mouvement québécois des mini-maisons, prévue le 27 janvier 2018 à Sherbrooke, n’avait pas encore eu lieu. L’assemblée avait notamment pour but de déterminer si cet organisme favorisera l’étalement urbain ou s’il promouvra une alternative plus écologique qui répond aux besoins des ménages. Cet évènement est important pour l’avenir des mini-maisons au Québec, car c’est seulement en gardant en tête les enjeux plus larges de l’aménagement du territoire que les mini-maisons sauront contribuer à la transition socio- écologique des villes québécoises.

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