Alexa Conradi
Les angles morts. Perspectives sur le Québec actuel
Alexa Conradi, Les angles morts. Perspectives sur le Québec actuel, Montréal, Éditions du Remue-ménage, 2017, 230 pages.
Alexa Conradi vit en Allemagne depuis près de deux ans. Celle-ci a jadis occupé la présidence de la Fédération des femmes du Québec, de 2009 jusqu’à sa démission en 2015. La même année, elle a quitté le Québec, dégoûtée par les débats publics sur les accommodements raisonnables et la Charte des valeurs québécoises. Ces différents enjeux sociaux, mais plusieurs autres également, lui ont fourni matière à réflexion sur la place de la justice sociale, la solidarité et la liberté au Québec. Et l’ont amenée à pondre un essai : Les angles morts.
En ayant été extraite pendant près de deux ans de la province, Alexa Conradi occupe une position privilégiée d’observatrice externe des tensions qui affectent la société québécoise. Ainsi, elle est en mesure d’aborder des sujets que les médias ou les citoyen·ne·s n’osent pas aborder. L’auteure propose, entre autres, des perspectives renouvelées sur les rapports des peuples autochtones avec le Canada et le Québec, sur le féminisme et la culture du viol, sur l’immigration, sur la religion, sur l’austérité, etc. Par exemple, elle affirme que la résistance du gouvernement Couillard à faire la lumière sur les événements de Val-d’Or peut s’expliquer par l’esprit colonial, toujours présent au Québec comme au Canada.
Ironie du sort, son ouvrage est paru l’automne dernier, alors que la société québécoise était animée par des contentieux similaires à ceux ayant précédé son départ, soit l’adoption de la loi 62, le port des signes religieux, la consultation sur le racisme systémique et la culture du viol. Les propos de Conradi sont parfois déstabilisants – d’autant plus que ses réflexions font écho à la conjoncture politique du Québec – et amènent certains inconforts chez le lecteur. Cela dit, ceux-ci sont assurément essentiels pour un réel changement des mentalités, vecteur d’émergence de conduites de vie progressistes, orientées par une « éthique de l’amour », comme l’auteure le souhaite.