Décès d’Abby Lippman. Une vie engagée
Abby Lippman, féministe, experte et activiste en santé des femmes, militante juive anti-sioniste et mentor pour tant de personnes, est décédée en décembre dernier. Le départ d’Abby, qui fut membre du collectif de rédaction d’À bâbord ! de 2012 à 2014, laisse un grand vide à plus d’un titre.
Abby était une femme simple et accessible : voilà comment je l’ai perçue lors de notre première rencontre au sein de notre revue. Au départ, je ne savais pas qu’elle était la Abby Lippman, cette femme « inspirée et inspirante », pour paraphraser le nom d’un dossier dirigé par Normand Baillargeon en 2012 auquel elle avait pris part.
Née en 1939, Abby étudie d’abord la littérature comparée à l’Université Cornell d’Ithaca, puis est pigiste, chercheuse, rédactrice et écrivaine à New York. Dans les années 1970, elle déménage à Montréal, où elle change d’orientation – quoique… pas tant que cela, si l’on considère l’importance qu’elle a toujours accordée aux valeurs féministes tout au long de sa vie. En effet, elle se réoriente en génétique humaine, domaine dans lequel elle obtient un doctorat. Scientifique de premier ordre, elle devient professeure titulaire au Département d’épidémiologie et de biostatistique de l’Universite McGill. Critique féministe engagée, elle s’investira dans l’Institut Simone de Beauvoir à l’Université Concordia en tant que membre chercheuse.
Abby s’est intéressée aux problèmes de « généticisation », une tendance aux termes de laquelle les gènes constitueraient la solution miracle à tous les problèmes [1]. Elle a également suivi le développement des nouvelles technologies de reproduction porteuses de promesses très lucratives, par exemple en matière de marchandisation de la maternité.
Au cours de sa vie, elle est intervenue à maintes reprises à titre d’experte, de militante, de bénévole pour servir la cause des femmes, de leur santé et de leur statut, tant au Canada qu’aux États-Unis.
Activiste passionnée, Abby a aussi été de bon nombre de combats, notamment au sein de plusieurs organisations dont Échec à la guerre, la Ligue des droits et libertés, Voix juives indépendantes ou encore le Conseil du statut de la femme.
C’est qu’Abby était – et demeurera – une femme particulièrement inspirante, et ce, pour plus d’une génération de femmes, et d’hommes aussi.
[1] Il s’agit de son propre néologisme. Elle s’est aussi intéressée de près à la « néo-médicalisation ».