Dossier : Violence et politique
Procès politiques
• Après plus de cinq mois de détention, le procès des 5 se termine par un jugement déclarant invalide l’acte d’accusation de conspiration séditieuse. Trop flou, trop large, impossible de présenter une défense. Le juge évite ainsi d’avoir à répondre aux nombreux arguments sur sa propre partialité.
• En août 1971, on arrête les procédures judiciaires contre 35 personnes. La technicalité juridique utilisée, le nolle prosequi, n’équivaut pas à un retrait des accusations. Elles ne sont pas blanchies et théoriquement, un nouveau procès pourrait reprendre.
• Paul Rose, qui se défend seul après qu’on lui ait interdit d’engager Me Robert Lemieux, se fait expulser à plusieurs reprises durant ses procès, durant la sélection des jurés et durant le prononcé du verdict. Ses dénonciations du caractère colonial et classiste du système judiciaire et son mépris du decorum semblent déplaire aux magistrats qui lui collent une flopée de condamnations pour outrage au tribunal.
• Dans une lettre à Jacques Larue-Langlois, Pierre Vallières, qui lui aussi se représente seul, explique une partie de sa stratégie judiciaire : « Les procès sont pour nous, avant tout, des occasions d’introduire ouvertement dans le “sanctuaire” hypocrite des tribunaux la lutte de classe. En nous défendant nous-mêmes, nous forçons le juge et la poursuite à nous affronter directement, sans l’intermédiaire ou plutôt l’écran d’un avocat bourgeois qui, consciemment ou inconsciemment, recherche toujours un terrain d’entente avec l’arbitraire institutionnalisé qu’on appelle l’administration de la justice. C’est cet arbitraire qu’il faut dévoiler par notre présence et notre intransigeance… Il n’y a qu’une chose à faire : politiser au maximum toute l’affaire, sans cependant se faire d’illusions ; rechercher constamment le profit politique, sans se préoccuper de la “justice”. »