Déclaration de la mission québécoise et canadienne d’observation des droits humains au Chili
La responsabilité du Canada face aux violations des droits humains au Chili
Dans un contexte de célébration de la Journée internationale des droits humains des Nations-Unies, le 10 décembre dernier, et de réalisation pour cette occasion, de campagnes internationales de dénonciation des violations des droits humains au Chili et …
• Alors que gouvernement libéral de Justin Trudeau ne cesse de se présenter comme un ardent défenseur des droits de la personne et qu’il se targue d’en faire la boussole de ses politiques internationales ;
• Alors qu’il persiste à maintenir un silence inacceptable au regard des atteintes généralisées et systématiques aux droits humains qui ont cours au Chili sous le régime du Président Sebastian Piñera, bien que dans le cas d’autres pays (comme le Vénézuela), il se soit précipité à les condamner ;
• Alors qu’il y a moins d’un an de cela, nous avons pu observer, comme Mission québécoise et canadienne d’observation sur les droits humains au Chili, et à l’instar de bien d’autres missions internationales, de très importantes violations des droits humains, faisant par exemple qu’il y a eu dans ce pays entre le 18 octobre 2019 et la fin du mois de janvier 2020, plus de 31 morts, 3600 blessé.e.s (dont 400 victimes de lésions occulaires), des centaines de cas de violence sexuelle et 10 000 arrestations ;
• Alors que quelques 2 000 prisonnières et prisonniers politiques demeurent encore en détention préventive, certains-es depuis octobre 2019, pour avoir pour la plupart d’entre eux simplement exercé leur droit à manifester ;
• Alors que de très graves violations des droits humains se poursuivent même en contexte de pandémie, notamment auprès de communautés autochtones Mapuche et sur leurs territoires ;
• Alors qu’a été dénoncée publiquement l’existence de graves violations des droits humains d’enfants et dont les dernières en date ont provoqué le retrait de son poste du directeur général de la police ;
• Alors qu’il y a au Chili pas moins de 40 entreprises minières canadiennes qui promeuvent plus de 100 projets de développement minier, et cela, bien souvent en bafouant les droits des peuples des Premières Nations, comme le font actuellement 6 compagnies canadiennes dans le cas de la communauté Colla Pai-Ote, dans la région d’Atacama au nord du Chili, où les conflits se poursuivent depuis environ 10 ans. Sachant aussi que pour un État aux prétentions démocratiques comme le Canada, il est de sa responsabilité de veiller à ce que les compagnies qui travaillent sous son drapeau dans un pays étranger, respectent les droits humains ;
• Alors qu’un rapport détaillé de notre Mission a été déposé auprès du gouvernement canadien et qu’une demande de rencontre avec nos membres lui a été adressée pour discuter de cette situation sans que pourtant jamais nous n’ayons reçu une réponse à ce propos ;
• Devant la responsabilité qui pèse sur les épaules d’un État de droit comme le Canada et qu’il est appelé à assumer.
Nous, membres de la Mission quebécoise et canadienne d’observation des droits humains au Chili, demandons que le gouvernement du Canada :
- Assume de manière effective ses obligations extraterritoriales en matière de droits humains et rappelle à l’ordre les compagnies canadiennes responsables d’atteintes répétées aux droits humains au Chili - souvent avec l’appui tacite de l’Ambassade canadienne dans la région - et garantisse la possibilité de réclamation, de justice et de réparation ;
- S’engage à condamner haut et fort les atteintes généralisées et systématiques aux droits humains perpétrées sous la présidence du Président Piñera ;
- Accepte de nous rencontrer pour discuter des graves situations susmentionnées.
Membres de la délégation :
Luc Allaire, responsable des relations internationales à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et président du Centre international de solidarité ouvrière (CISO) ;
Marcos Ancelovici, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Sociologie des conflits sociaux et professeur agrégé au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal ;
Marie-Christine Doran, professeure titulaire à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa et directrice de l’Observatoire violence, criminalisation et démocratie ;
Denise Gagnon, représentante syndicale, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ; présidente Fondation Salvador Allende de Montréal ;
Pierre Mouterde, essayiste et ex-professeur de philosophie du Cégep Limoilou ;
Isabel Orellana, professeure, directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de Université du Québec à Montréal ;
Ricardo Peñafiel, professeur associé au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal, vice-président (relations intersyndicales) du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM), codirecteur du Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL), représentant syndical du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM) de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) ;
10 décembre 2020