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Articles (3510)
- Changements climatiques. Danser au-dessus d’un volcan
La semaine dernière, j’ai marché jusqu’à une petite boutique de vêtements de mon quartier où j’ai acheté deux chandails dont j’avais vraiment besoin. La vendeuse m’a dit qu’ils étaient faits de fibres en provenance de bouteilles de plastique recyclées et de coton biologique (mais ils ont été fabriqués en Chine, rien n’est parfait). Elle a glissé les vêtements dans mon sac à dos, non pas dans un gros sac de plastique, et m’a envoyé la facture par courriel, « parce que c’est mieux pour l’environnement ».
- L’aide sociale et la pauvreté. Une lutte inachevée
La marche « Du pain et des roses » s’ébranle le 26 mai 1995 en trois contingents. De Montréal, de Longueuil et de Rivière-du-Loup, des centaines de femmes marcheront durant 10 jours pour se rendre devant l’Assemblée nationale. Le thème central de cette longue caravane est la lutte à la pauvreté.
- Histoire de Fros
J’ai grandi dans Noranda, près de la Fonderie Horne, dans les années 1980. J’y ai connu des jeunes de mon âge avec des noms comme Simbirski et Wigorski. Je demandais : « D’où ça vient un nom de famille en -ski ? » De Pologne, me répondait-on. Certaines personnes âgées les affublaient de la dénomination de « Fros », une contraction du mot anglais foreigner, qui signifie étranger.
- ZLÉA : Le mouvement étudiant contre la globalisation néolibérale
Au Québec, les grèves pour le climat de 2019 n’étaient pas les premières grèves « internationales ». Le 31 octobre 2002, 10000 personnes prennent d’assaut les rues de Montréal pour s’opposer à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), à l’initiative du mouvement étudiant. Un an après le Sommet des Amériques, le mouvement étudiant québécois se positionne à l’avant-garde de cette lutte internationale.
- 30 ans de résistance à l’homophobie. La descente policière au Sex Garage
En 2020, on soulignera le 30e anniversaire de la descente policière qui a eu lieu lors d’une fête privée surnommée « Sex Garage ». Cette soirée rassemblait des membres de la communauté LGBTQ+ et fut ruinée par une intervention policière musclée et parsemée de propos homophobes. D’autres arrestations eurent lieu lors de manifestations qui suivirent cette intervention policière. Ces événements de l’été 1990 ont été déterminants dans l’obtention de véritables gains juridiques et sociaux pour les membres de la communauté LGBTQ+.
- Le monde magique d’Heather O’Neill
La littérature québécoise en anglais traverse actuellement une période particulièrement florissante. C’est du moins ce que prétend la revue Lettres québécoises qui lui consacre un dossier dans son dernier numéro, et qui tient Heather O’Neill comme une représentante flamboyante de ce renouveau.
- Que peut-on attendre du tramway ?
L’annonce du projet de réseau structurant de transport en commun (RSTC) à Québec a fait couler beaucoup d’encre et nourri de nombreuses tribunes, chacun y allant de son interprétation et de sa lecture. Dans les discussions ayant eu lieu autour du tramway et de ses effets, la science a été mise de côté pour faire place aux opinions. Ce texte propose d’explorer les impacts possibles sur la base de faits, soit d’études reconnues et publiées.
- L’histoire méconnue des grèves d’élèves du secondaire
Les récentes mobilisations des élèves du secondaire pour la défense du climat sont historiques à l’échelle planétaire. À Montréal, la marche pour le climat du 27 septembre 2019 aurait été l’une des plus grandes manifestations de l’histoire du Canada. Des jeunes se mobilisent également dans leur école pour exiger la mise en place d’un service de compost ou pour l’utilisation d’ustensiles biodégradables à la cafétéria. D’autres rejoignent le réseau Extinction Rebellion pour mener des actions de désobéissance civile.
- « Qu’est-ce qui vous amène en Abitibi-Témiscamingue ? »
C’est la question qu’on se fait le plus souvent poser quand on fait partie des vagues récentes de l’immigration. Et bien que l’on se considère, après quelques années, comme faisant partie de la communauté d’accueil, on se fait encore poser cette même question.
- Under Pressure
- Au sujet de certaines formes de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États
Voici une liste provisoire et non exhaustive de certains types de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États qui ont pris forme au sein de divers modes de production qui se sont succédé dans l’histoire (la commune primitive, le mode de production esclavagiste, le mode de production féodal, le mode de production capitaliste, le mode de production « socialiste » et le mode de production « communiste »). Les concepts énumérés ici sont définis, par ordre alphabétique, dans un lexique qui apparaît dans la deuxième partie du texte.
- Luttes communes avec les syndicats du Mexique
En octobre dernier, le mouvement parasyndical québécois Lutte commune et le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) ont organisé une conférence et un atelier avec des militant·e·s œuvrant dans des syndicats mexicains. Quel portrait tracer des luttes syndicales au Mexique ? Comment se vivent au quotidien ces combats ? Que retenir de ces solidarités nouvelles ? Propos recueillis par Isabelle Bouchard.
- Impérialisme culturel à l’ère du capitalisme numérique
Lors d’un événement organisé par l’Association canadienne des producteurs médiatiques qui s’est tenu à Ottawa le 31 janvier dernier, la PDG de la CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, a critiqué la domination de Netflix au Canada en faisant un parallèle entre la plateforme de diffusion numérique américaine et l’Empire britannique.
- Reprendre parole. Entrevue avec la maison d’édition Diverses Syllabes
Nouvelle maison d’édition fondée à l’été 2020, Diverses Syllabes a soulevé un grand intérêt dans le milieu littéraire et au-delà. À bâbord ! a rencontré trois des co-fondatrices.
Version intégrale de l’entrevue parue dans le numéro 86 de la revue.
Avec Sayaka Araniva-Yanez, Brintha Koneshachandra et Paola Ouedraogo
Propos recueillis par Alexis Ross
- Reterritorialisons Québec
Dans le contexte actuel, il est essentiel de comprendre que l’occupation territoriale dont nous héritons est le produit de l’érosion du bien commun par des intérêts privés.
- Le Québec dans le monde
Aujourd’hui, selon le Fonds des Nations Unies, plus de 11 % de la population mondiale a plus de 60 ans, et d’ici 2050, cette proportion passera à environ 22 %.
- GNL Saguenay : protection du climat et de la biodiversité doivent être au centre des décisions
Chaque année, les experts nous alarment sur la situation fragile de notre climat et de la disparition des espèces, sommant l’humanité d’effectuer le virage pour renverser la tendance. Ils rappellent que les « changements transformateurs » de nos sociétés, ne peuvent plus attendre à demain. Or, la réponse mondiale est grandement insuffisante et les projets d’énergies polluantes se poursuivent, dont ceux des énergies fossiles.
- Organiser la résistance, pratiquer la résilience. Entrevue avec Mélanie Busby du Front commun pour la transition énergétique
Le projet de cette vaste coalition qu’est le Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ) est on ne peut plus ambitieux : viser un Québec ZéN (pour zéro émission nette).
Propos recueillis par Pierre Avignon.
- Organisation syndicale. « Bats-toi ou meurs »
Puisque les travailleuses et travailleurs sont de plus en plus isolé·e·s, que le capitalisme sauvage menace les gains syndicaux obtenus par la lutte et que les milieux de travail traditionnels regroupant tous les salarié·e·s au même endroit sont de plus en plus rares, le syndicalisme doit adapter ses tactiques.
- Les 100 ans de l’Organisation internationale du travail (OIT)
L’Organisation internationale du travail (OIT) a toujours joué un rôle important lors des moments clefs de l’histoire du travail, qu’il s’agisse de la Grande Dépression, de la décolonisation, de la création de Solidarność en Pologne, de la victoire sur l’apartheid en Afrique du Sud. Voilà l’occasion de revenir sur le passé d’une institution qui célèbre cette année son centième anniversaire.
- Le progrès fragile de la scolarisation primaire dans le monde
Plusieurs organismes internationaux ont entrepris de promouvoir l’éducation universelle : offrir à tous les enfants une scolarisation de base. Le progrès de l’institution scolaire primaire est indéniable, mais depuis une décennie celui-ci stagne et on craint que les avancées faites de longue haleine ne soient vite effacées dès lors qu’une crise économique ou un conflit militaire survient. Pis encore, le progrès de l’école et le progrès des compétences de base ne sont pas analogues : plusieurs vont à l’école, mais n’y apprennent que trop peu.
- Crise du capitalisme financiarisé
Que le capitalisme soit en crise, et que cette crise soit majeure et affecte le cœur de ce régime économique ne font maintenant aucun doute. Les signes avant-coureurs d’une reprise, d’un quelconque retour à la normale, espérés depuis un an ne se manifestent toujours pas. Au contraire, depuis l’automne la crise financière s’étend à d’autres secteurs et se consolide en crise économique majeure. Ceux qui ne croyaient qu’à un léger, court et nécessaire ajustement après la folie momentanée des subprimes* commencent à réaliser l’importance des déséquilibres ainsi que des contradictions structurelles qui se sont accumulées dans le cadre du capitalisme financiarisé. Celles-ci sont principalement de deux ordres : financier et ordinaire.
- L’étau des privatisations
Quelle technique a-t-elle permis d’imposer la mise en concurrence, voire la privatisation, d’entreprises publiques, de faire accepter la fermeture définitive de nombre de bureaux de poste et de gares, de remettre en cause la gratuité de la santé et de l’éducation, de transformer la fonction publique en un archipel d’agents concurrents et menacés ? Le tout presque sans « débat ». Pour cela, il a suffi de construire un corridor de « réformes » à l’intérieur duquel une porte se verrouille sitôt qu’on en franchit le seuil, pour conduire à une autre qui s’ouvre à mesure qu’on s’en rapproche. Puis, comme le dit la chanson, assez vite « on n’a plus assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens. Alors il faut qu’on avance ».
- Cul, corps, cash
Le dernier livre de la sexologue Jocelyne Robert, Sexe en mal d’amour, de la révolution sexuelle à la régression érotique, est présenté comme un ouvrage qui vise à « susciter et à intensifier la réflexion et les initiatives de ceux et celles qui auraient envie de purifier l’air de la puanteur pseudo-érotique ambiante, axée sur le cul obligé, performant, instrumental, mécanique, utilitariste et triste comme un jour de corvée ». À bâbord ! l’a interviewée sur sa vision du contexte social dans lequel s’inscrit la sexualité au Québec et en Occident.
- La dette comme arme impérialiste
Depuis le 19e siècle, de l’Amérique latine à la Chine en passant par Haïti, la Grèce, la Tunisie, l’Égypte et l’Empire ottoman, la dette publique a été utilisée comme arme de domination et de spoliation
- Négociations du secteur public. Une société à reconstruire, une planète à sauver
C’est avec appréhension que plusieurs salarié·e·s du secteur public envisagent le prochain duel que sera la négociation des conventions collectives. Le gouvernement caquiste demeure foncièrement attaché au même credo néolibéral que son prédécesseur. Face à lui, des organisations syndicales extrêmement prudentes, malmenées par la droite depuis des décennies, se présentent en rangs dispersés.
- Les mouvements pour un salaire étudiant
Nous publions ici la version intégrale d’un article d’Aurélien Casta paru en version abrégée dans le magazine des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE). L’auteur remercie les membres des CUTE et en particulier Annabelle Berthiaume pour leur proposition et leur relecture des différentes versions de ce texte, ainsi que Maud Simonet, Bernard Friot et Laura pour leurs suggestions.
- Les stages rémunérés, c’est CUTE !
D’abord parue en une version courte publiée dans le numéro 73, voici la version plus élaborée de la rencontre avec ces militantes. Nous la publions aujourd’hui puisque les Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) profiteront de la journée des droits des femmes pour appeler à l’action et diffuser les perspectives féministes de cette campagne, intrinsèquement liée à la reconnaissance et la valorisation du travail invisible des femmes.
- Vers un point de bascule ?
L’automne 2014 fut riche en mobilisations sur le front de la lutte à l’austérité, et le mouvement syndical fut l’un des principaux acteurs de cette lutte, sinon le principal. Batailles contre la réforme des régimes de retraite des employés municipaux, contre la réforme des Centres à la Petite Enfance (CPE), contre les coupures à Radio-Canada, contre le projet de loi 10 en santé, bref, contre le projet général de liquidation du volet social de l’État. Semaine après semaine, l’opposition syndicale et populaire s’est fait entendre. Les centrales syndicales l’ont bien souligné lors de leurs sorties publiques de début d’année [1] : l’année 2015 sera elle aussi chargée, d’autant plus que les négociations du secteur public viendront s’ajouter à cette campagne plus générale.
Sur le plan de la mobilisation, le mouvement syndical semble prêt à être à nouveau de la partie en 2015. Qu’en est-il de l’analyse politique de la situation ? C’est sur ce terrain que j’aimerais m’interroger dans ce billet. Le mouvement syndical a-t-il pris la mesure de la radicalité des attaques que nous vivons, et de la radicalité nécessaire pour leur répondre ?
- Le gérontocide, forme extrême de l’âgisme ?
En cette année deux-mille-vingt après Jésus-Christ, serions-nous en train d’assister à une forme inédite de gérontocide, cette pratique d’« élimination des vieillards » aussi vieille que l’Antiquité [2] ? Cette question épineuse, difficile à manipuler, me taraude depuis plusieurs jours, comme citoyen et comme gérontologue social.
- Un programme néolibéral pur et dur
C’est sans doute l’une des grandes ironies de la petite histoire politique du Québec que l’ADQ se présente sous la bannière du changement quand on sait qu’elle veut remplacer ce qu’elle appelle de « vieilles » idées par des idées encore plus désuètes.
- C’était don beau
Comme toutes les commémorations, celle qui est en cours ces jours-ci risque fort de servir une certaine forme d’oubli : de tout ce qu’il y a eu d’exigeant, de conflictuel dans la grève d’il y a dix ans – et qui demeure actuel.
- Pour une politique participaliste
Je voudrais présenter ici des idées ayant été avancées par Stephen R. Shalom et qui me semblent ouvrir des avenues prometteuses sur la question du politique et la prise de décision collective.
Je précise d’emblée qu’à un exposé précis et exhaustif de mon sujet – au demeurant impossible à réaliser en quelques pages – j’ai préféré offrir un traitement quelque peu impressionniste, sans doute, mais qui donne au moins une idée relativement juste des problèmes, réels et importants, que Shalom (…) - Témoignages
Québec solidaire a eu 10 ans en février 2016 et À bâbord ! avait produit un court dossier à ce sujet au même moment. Dans la foulée du 11e congrès du parti qui s’est tenu la fin de semaine dernière, nous mettons en ligne ce dossier. Est réunie ici la dizaine de témoignages de personnalités publiques soulignant le travail parcouru depuis la fondation de QS. Dans cet autre article, vous trouverez le texte critique de Diane Lamoureux.
Dossier coordonné par Philippe Boudreau.
- Penser le journalisme dans un monde en crise
Il faut prendre au sérieux la prétention des journalistes à se voir comme « chiens de garde de la démocratie » pour saisir l’ampleur des dérives actuelles de l’idéal moderne d’autonomie collective, classiquement entendu comme la capacité de la société de prendre en main son histoire. Appréhender le journalisme en le confrontant à sa doxa permet alors de resituer la crise contemporaine du journalisme dans le miroir de la crise du politique. Cela ne fait bien sûr pas disparaître le problème (…)
- L’éternel retour du spectre identitaire
Deux ouvrages récemment publiés coup sur coup nous rappellent qu’on n’en a pas fini au Québec avec le nationalisme identitaire. Dans un essai de facture académique, Mathieu Bock-Côté [3], figure montante de l’intelligentsia conservatrice, se livre à une critique féroce du processus de « dénationalisation tranquille » qui aurait caractérisé la dernière décennie et dont certains historiens, notamment Gérard Bouchard et Jocelyn Létourneau, auraient été les principaux artisans. Dans une intervention davantage politique, Jean-François Lisée [4], éminence grise des gouvernements Parizeau et Bouchard et aujourd’hui conseiller de la nouvelle cheffe du Parti québécois, entend pour sa part réhabiliter le « nous » national, tel que compris par les « incommodés » dont il se fait le porte-parole, à travers la promotion d’une citoyenneté québécoise à inventer, donnant ainsi un prolongement concret à la réflexion plus spéculative de Bock-Côté. Sous une forme savante chez ce dernier, populaire chez Lisée, on assiste donc à la réapparition d’un spectre qu’on croyait pourtant avoir congédié à tout jamais.
- Vers une réédition de 2010 ?
Aussitôt élu, le gouvernement Couillard annonce clairement sa position : contrôle de la masse salariale du secteur public et médecine de cheval dans les ministères, en particulier dans le réseau de la santé et de l’éducation. Réponse des centrales syndicales ? Il faut « donner la chance au coureur », indique Jacques Létourneau, président de la CSN [5] ; pas de branle-bas de combat non plus du côté de la FTQ ou de la CSQ. Cela ne laisse pas présager des lendemains qui chantent pour la prochaine négociation. La pente sera dure à remonter pour les salarié·e·s qui souhaitent améliorer leurs conditions de travail et desserrer l’étau de l’endettement qui les étouffe un peu plus chaque année.
- Politique pour les dépossédés
Connu surtout comme militant politique, à titre de dirigeant et de théoricien de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) française, Daniel Bensaïd est aussi engagé depuis une vingtaine d’années dans l’élaboration d’une entreprise de réflexion sociale et politique d’envergure. Sa production intellectuelle, nombreuse et diversifiée, peut néanmoins être regroupée autour de trois pôles principaux : l’approfondissement et le prolongement de la pensée de Marx ; le développement d’une réflexion stratégique liée à la conjoncture ; l’articulation des rapports entre la politique et l’histoire. Les trois livres qu’il a publiés au cours de la dernière année constituent autant de révélateurs des principales facettes d’un projet d’ensemble par ailleurs unifié par le fil à plomb de la défense des opprimés et des exclus de la globalisation marchande.
- Lutte contre le crime sexuel ou répression des jeunes ?
Parmi les mesures proposées par le gouvernement conservateur afin de lutter contre les « crimes violents », la mesure sur « l’âge de protection » vise à hausser l’âge de consentement à une activité sexuelle non exploitante de 14 à 16 ans. Non seulement cette disposition n’offrira pas davantage de sécurité aux citoyenNEs canadienNEs, mais elle rate sa cible en s’en prenant directement aux jeunes. Au lieu de les protéger, cette mesure risque d’avoir des conséquences néfastes pour eux.
- Misère du journalisme
Au milieu des années 1990, Alain Accardo faisait paraître en France les résultats d’une enquête approfondie sur le journalisme. Ces travaux font actuellement l’objet d’une réédition dans un même volume intitulé Journalistes précaires, journalisme au quotidien, à paraître chez Agone (Marseille). Ce livre suit plusieurs journalistes chevronnés dans leurs pratiques quotidiennes, à l’intérieur des rédactions comme sur le terrain, pour expliquer la nature de la crise profonde à la fois d’identité, du sens et des valeurs, qui affecte aujourd’hui l’ensemble du journalisme et qui compromet la qualité d’une information plus que jamais nécessaire à la vie démocratique.
L’enquête centre l’observation et l’analyse sur le processus de précarisation croissante qui touche désormais l’emploi dans les entreprises de presse, de plus en plus soumises à la loi du marché, avec des effets le plus souvent désastreux tant au plan de l’activité professionnelle – et donc de la qualité de l’information – qu’au plan de l’existence personnelle des précaires (piges, contrats à durée déterminée, etc.). Comme le soulignent le sociologue Alain Accardo et ses amis journalistes du groupe de recherche, « on perçoit actuellement dans le journalisme les conséquences d’une évolution qui affecte plus largement une grande partie du tertiaire et tout particulièrement le secteur de la production et de la diffusion des biens symboliques, évolution caractérisée par l’émergence et le développement au sein des classes moyennes d’un “prolétariat” de type nouveau, comparable à bien des égards à l’ancien prolétariat industriel, et en même temps très différent parce que les nouveaux manœuvres, ouvriers spécialisés et autres “nouveaux pauvres” de la production symbolique sont porteurs de propriétés (origines sociales, capital culturel, dispositions, etc.) grâce auxquelles ils peuvent faire illusion, aux yeux des autres et à leurs propres yeux, et continuer à tourner indéfiniment en rond dans les contradictions inhérentes à leur position de dominants (très) dominés, à la fois victimes malheureuses, souffre-douleur révoltés et complices consentants de l’exploitation qu’ils subissent. »
Le texte qui suit est tiré de la préface de Journalistes précaires, journalisme au quotidien, écrit en collaboration avec Georges Abou, Gilles Balbastre, Christophe Dabitch et Annick Puerto.
- L’intelligence artificielle, cette chimère
Voici un article paru dans la revue Milieu(x) en 2019, reproduit ici avec leur permission.
- Portes ouvertes pour le secteur privé
Notre réseau public de santé et de services sociaux est à la croisée des chemins. Alors que tous les intervenants et intervenantes voient de plus en plus la nécessité de mettre leurs différends de côté afin de se mettre à la recherche de solutions rassembleuses pour améliorer l’accessibilité et mieux contrôler la croissance des coûts, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, nous lance dans des réformes qui vont dans le sens opposé de ce que nous devrions faire, qui paralyseront le réseau et pourraient diviser les différents acteurs à l’heure où il y a urgence de nous rassembler.
- L’islamophobie : fantasme ou réalité ?
Nous diffusons en ligne la version intégrale d’un article de Jacques Pelletier que l’on retrouve dans notre numéro de juin 2014.
- De l’utopie technologique à la société autogérée
Les nouvelles technologies de l’information et des communications offrent d’immenses ressources au processus planétaire de colonisation de l’espace, du temps, des consciences et des cultures que l’on désigne comme la mondialisation. En même temps, ces technologies, desquelles sont issus Internet et le principe de la mise en réseau, constituent l’une des formes privilégiées de résistance à ce nouvel impérialisme décentralisé. Reste à savoir comment cette résistance parviendra à se fédérer de manière relativement unifiée pour instaurer de manière durable les bases d’une société à la mesure de ses valeurs libertaires.
- Le pragmatisme radical d’un « matérialiste historique »
Quelques jours après le congrès de Québec solidaire et l’élection de Gabriel Nadeau-Dubois comme député de Gouin, À bâbord ! rencontrait le nouveau co-porte-parole de QS pour l’interroger sur une série d’enjeux entourant l’avenir du parti.
Dans cette seconde partie de l’entretien, le nouveau représentant de QS à l’Assemblée nationale détaille une stratégie pour faire des percées dans les différentes régions du Québec et souligne l’importance pour le parti de gauche de formuler des propositions économiques concrètes pour le développement régional. L’ancien leader étudiant se prononce également sur des questions d’éducation, de politique municipale et de communication politique.
Pour (re)lire la première partie, cliquez ici.
- Témoignage sur le fonctionnement réel de la CLASSE
Le mépris des milieux institutionnels et la fascination des milieux alternatifs pour la démocratie délégative pratiquée à la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) s’appuient souvent sur son opposition à la démocratie représentative québécoise. La représentation confère, pour les uns, la légitimité et l’efficacité nécessaires à une bonne gouvernance, et aliène, pour les autres, les notions d’égalité, de participation, de transparence et de délibération. Si publiquement la CLASSE s’enorgueillit de ses fondements démocratiques, c’est parce qu’elle a été capable de mobiliser des dizaines de milliers d’étudiantes grâce à une expérience politique participative, délibérative, radicale et originale tant dans les moyens d’action que dans les principes.
- Notre système de santé sous la loupe
M Éditeur et À bâbord ! ont le plaisir de vous inviter au lancement du livre
La santémalade de l’austérite. Sauver le système public... et des vies !
sous la direction de Normand Baillargeon
Mercredi 15 novembre de 17 à 19 heures
au YÏSST (901, rue Saint-Zotique Est, Montréal).Entrée libre. Bienvenue à toutes et à tous !
- Détournement majeur
Au-delà des chiffres exorbitants ayant retenu l’attention médiatique sur l’actuelle crise financière qui secoue l’Université du Québec à Montréal, l’enjeu sous-jacent de cette crise est celui d’une transformation de l’orientation de la vocation de l’enseignement au Québec. Dans la foulée des mesures d’austérité envisagées pour résorber cette crise financière, l’exercice gestionnaire auquel se prête la direction de l’UQAM, au moyen d’un plan de redressement imposé par la ministre de l’Éducation, vient compromettre la mission d’enseignement de cette institution.
- Déconstruire l’accouchement pour retrouver l’enfantement
En retraçant l’historique de l’apparition et de la popularisation des interventions obstétricales et de la sémantique utilisée pour parler d’accouchement, Stéphanie St-Amant met en évidence la construction des conceptions actuelles de l’accouchement en Occident.
- Anges ou démons ?
Le 15 mars 2020, le gouvernement Legault tient son premier point de presse « pandémique ». Rapidement, des arcs-en-ciel apparaissent aux fenêtres et les travailleur.ses (trop souvent précaires) de la santé deviennent des anges, « nos anges ». Puis, le temps passe et la crise perdure. « Nos anges » tombent dans un oubli relatif et l’on est désormais plus préoccupé par les paresseux et les profiteurs de la crise, qui refuseraient de travailler pour recevoir la Prestation canadienne d’urgence (PCU), freinant ainsi la reprise économique et, pourquoi pas, le bien commun. Mais comment en est-on arrivé là ?
- « Nous sommes prêts ! »
Le 9 mars dernier, Gabriel Nadeau-Dubois annonçait qu’il faisait le saut en politique au sein de Québec solidaire. Moins de trois mois plus tard, l’ancien leader étudiant était élu co-porte-parole du parti et député de Gouin. Dans son sillage, plus de 6 000 personnes ont manifesté leur enthousiasme en joignant les rangs de la formation de gauche. Au-delà d’un indéniable « effet GND », comment l’arrivée de cette icône du Printemps érable affectera-t-elle les stratégies et le fonctionnement de QS ?
- La restitution des terres, clé de la vitalité des systèmes alimentaires autochtones
Les peuples autochtones [6] sont à la tête d’un mouvement pour la souveraineté alimentaire qui repose sur la restauration des systèmes agroalimentaires ancestraux. Bien que nous nous efforcions de restaurer ce que le colonialisme a confisqué de nos tables, il demeure que sans réparation ni restitution de nos territoires, aucune justice n’est possible. La souveraineté alimentaire passe par la restitution des terres.
- Deux cultures démocratiques se rencontrent
Dans la première partie de cette réflexion, j’ai commencé une analyse montrant que des regroupements tels que Profs contre la hausse (PCLH) et les organisations syndicales s’étaient développées sur la base de fonctionnements démocratiques différents, en raison notamment de l’évolution du contexte historique dans lequel les mouvements sociaux se sont déployés dans les dernières décennies. J’aimerais maintenant démontrer que les moyens de communication à notre disposition depuis une quinzaine d’années encouragent également un renouveau des pratiques militantes.
- S’affranchir de Facebook
Facebook a réussi l’exploit de s’imposer comme carrefour de communication indispensable, y compris auprès des groupes qui devraient être ses adversaires naturels. Comment en sommes-nous arrivés là et comment penser un militantisme qui aille au-delà des réseaux sociaux ?
- La sexualité : un champ de recherche universitaire
Trois générations de chercheurs proposent une vision commune de la recherche sur la sexualité.
- Plus de 500 femmes toujours rebELLEs !
En octobre avait lieu Toujours RebELLEs : le premier rassemblement pancanadien des jeunes féministes. Nous étions 531 jeunes femmes de 14 à 35 ans, de toutes les régions du Canada. Imaginez l’enthousiasme ! Nous avons réaffirmé la pertinence du féminisme et discuté d’enjeux en lien avec la montée de la droite au Canada : la féminisation de la pauvreté et les conséquences du néolibéralisme, l’hypersexualisation et la marchandisation du corps des femmes ainsi que le racisme et l’hétérosexisme. Le passage à l’action était aussi à l’honneur, avec des ateliers de résistance créative (certaines ont même expérimenté le théâtre de rue et le cheerleading radical !). L’adoption d’un manifeste exprimant le « nous » des jeunes féministes, les situations et systèmes que nous dénonçons ainsi que les perspectives d’action que nous proposons pour continuer à lutter a été le point culminant du rassemblement. Il servira d’outil politique pour galvaniser les luttes, qu’elles soient locales, provinciales ou pancanadiennes.
Avis à ceux et celles qui affirment que le féminisme est mort, les jeunes féministes sont loin d’avoir dit leur dernier mot ! Elles organiseront des journées pancanadiennes d’actions décentralisées, dont la première est prévue pour le 8 mars 2009 !
Ève-Marie Lacasse et Elsa Beaulieu, membres du Comité organisateur
- Amazon ou le capitalisme mégalomane
On critique souvent les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft –, ces grandes entreprises ayant atteint un haut niveau de fortune et d’influence grâce à Internet. Au-delà de la grande diversité de critiques formulées à leur endroit, quel portrait général peut-on se faire de ces géants du Web ? Premier article d’une série exposant les problèmes que pose chacune de ces grandes entreprises.
- Services publics : vers la grève !
La grève est un moyen d’action qui a laissé ses traces dans l’histoire des négociations des secteurs public et parapublic au Québec. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que les conventions collectives sont à renouveler, et ce, en pleine pandémie ?
- Une culture de l’inculture
Les enseignants et leurs élèves évoluent au sein d’un système éducatif qui préconise, en théorie, un accès à la culture pour tous. Le programme de formation de l’école québécoise du ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport (MELS) privilégie le rehaussement culturel des disciplines et des matières à enseigner. Comment expliquer que de jeunes Québécois – de milieux défavorisés, entre autres – n’aient encore jamais mis les pieds dans un musée ? Le chemin pour y arriver semble semé d’embûches. Il est temps d’affirmer un réel plaidoyer pour la culture dans l’éducation.
- Le consentement après #MeToo
Voilà le refrain inévitable qu’on nous sort chaque fois que l’on discute de consentement, de culture du viol et de réforme du droit relatif aux agressions sexuelles. Le « contrat en triple exemplaire » se présente comme l’ultime transgression, la persécution, la folie féministe poussée à son comble.
- De guérillera à sénatrice. Entrevue avec Sandra Ramírez
Notre rendez-vous était fixé au quartier général de la FARC (Force alternative révolutionnaire commune), le nouveau parti politique créé par un accord de paix historique signé en 2016 entre le gouvernement colombien et la plus ancienne guérilla d’Amérique latine, les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple (FARC EP).
- Sur l’enseignement explicite
Steve Bissonnette enseigne au niveau universitaire depuis 2008. Il a commencé sa carrière à l’Université du Québec en Outaouais, au département de psychoéducation. Depuis juin 2012, il est professeur à l’unité d’enseignement et de recherche en éducation de la Télé-Université. Son domaine de spécialisation est l’intervention en milieu scolaire. Pendant plus de 25 ans, il a travaillé auprès des élèves en difficulté et du personnel scolaire dans les écoles des niveaux primaire et secondaire ainsi qu’en centres jeunesse. Il s’intéresse aux travaux sur l’efficacité de l’enseignement et des écoles, à l’enseignement explicite, à la gestion efficace des comportements ainsi qu’aux approches et moyens pédagogiques favorisant la réussite des élèves en difficulté.
- Les 150 premiers jours du gouvernement libéral
L’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral a suscité bien des angoisses. Pour en discuter, À bâbord ! a réuni les représentants de quatre groupes importants dans notre société : Lorraine Guay, du collectif D’Abord solidaires, Molly Alexander, de l’Union des forces progressistes, Arthur Sandborn, du Conseil central du Montréal métropolitain (CSN) et François Saillant du FRAPRU. Nous résumons ici – sur la base de deux grandes questions de fond – l’essentiel de leurs propos.
- Stériliser la vie pour mieux la contrôler
Le 3 mars 1998, le Bureau des brevets et marques de commerce des États-Unis octroie un brevet intitulé « contrôle de l’expression des gènes végétaux ». Promptement rebaptisée « Terminator » (ou encore « semences-suicide ») par ses critiques, cette technologie modifie génétiquement les plantes de façon à rendre leurs semences stériles.
- Que faire pour contrer la montée de la droite ?
Françoise David est connue de nous tous. Depuis la marche des femmes de 1995 jusqu’à celle du 12 octobre de l’an 2000, en passant par son rôle à la tête de la FFQ ou au sein de l’organisme Au bas de l’Échelle, elle n’a cessé d’apparaître comme l’une des figures de proue de la gauche féministe et sociale du Québec. Sa décision de fonder D’abord Solidaires et de ne pas opter de participer à la construction de l’UFP en a étonné et fait réfléchir plus d’un-e. Nous l’avons rencontrée. Voici quelques-uns des moments les plus forts de cet échange mutuellement fructueux.
- Mouvements queers et féministes : l’intersectionnalité est une exigence stratégique
La communauté queer naît d’abord d’une identité politique radicale. Elle entretient l’ambition d’un mouvement de libération qui puise dans l’anti-autoritarisme et qui pose l’intersectionnalité comme une composante essentielle de son discours. Pourtant, il existe peu de réflexions stratégiques pour s’assurer que ces exigences survivent au test de la lutte.
- Maladie ou salut de la démocratie ? Fausse question, mauvaises réponses
Le populisme est d’actualité. Mieux dit : il ne cesse d’être d’actualité. Peu d’enjeux du débat public sont aussi systématiquement actuels. À tel point que le sociologue est interpellé moins par son actualité que par sa récurrence : pourquoi le populisme ne cesse-t-il de faire la une ? Peut-être est-ce l’actualité qui fait la question populiste ; et le populisme, un concept qui sert davantage qu’à l’éclairer, à la renvoyer à la déraison.
- Que signifie la financiarisation du logement ?
Les ténors de l’industrie immobilière nous disent que l’actuelle crise du logement résulterait d’une réglementation trop restrictive qui aurait longtemps découragé l’investissement privé dans le marché résidentiel et créé un problème « d’offre ». Pourtant, il n’y a jamais eu autant d’argent circulant dans ce secteur que depuis vingt ans. Pourquoi sommes-nous donc confronté·es à une aussi importante crise du logement ?
- Commission Viens. Réconciliation et (in)action
À l’automne 2019, le commissaire Jacques Viens déposait le rapport final de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics. Un total de 142 appels à l’action y étaient formulés afin d’améliorer les relations entre les Autochtones et les services de police, de justice, correctionnels, de protection de la jeunesse, ainsi que les services de santé et services sociaux. Le gouvernement du Québec annonçait le 17 septembre 2021 que 68 appels à l’action avaient été réalisés ou étaient en voie de l’être. Qu’en est-il vraiment ? Deux membres du Comité de suivi des appels à l’action de la commission Viens partagent leurs observations. Propos recueillis par Samuel Raymond.
- Le discours sur l’endettement
Nos élites politico-économiques viennent de tirer la sonnette d’alarme : le taux d’endettement des Canadiens risque de replonger le pays dans une crise financière semblable à celle qui a frappé les États-Unis en 2008. Le ratio de la dette des ménages canadiens par rapport à leur revenu a atteint le niveau record de 148,1 %, taux qui dépasse celui des Américains qui se situe maintenant à 147,2 %. Selon Mark Carney, « La turbulence que traverse l’Europe en ce moment nous rappelle que la crise n’est pas terminée, mais qu’elle vient simplement d’entrer dans une nouvelle phase. Dans un monde submergé par les dettes, l’assainissement du bilan des banques, des ménages et des pays exigera des années. Par conséquent, le rythme, le profil et la variabilité de la croissance à l’échelle du globe se modifient, et le Canada doit s’adapter [7].
- Les innombrables contradictions de la convergence
Québec solidaire n’a pas fini d’entendre parler de son refus d’une convergence avec le Parti québécois lors des prochaines élections. En plus des reproches de dogmatisme, de fermeture et de favoriser la réélection des libéraux, les solidaires doivent aussi jongler avec le scandale entourant la non-divulgation de la feuille de route de OUI Québec sur une démarche commune d’accession à l’indépendance.
- Vers une nouvelle gauche municipale au Québec ?
À quelques mois des élections municipales de novembre 2017, la gauche politique s’organise pour prendre d’assaut les gouvernements locaux.
- Militer : l’enseignement de Gramsci
Aujourd’hui, comme hier, militer, œuvrer à partager avec d’autres nos rêves de justice sociale, d’égalité, de solidarité et de liberté n’est pas une tâche facile. Que nous soyons filles ou garçons, d’origine plébéienne ou pas, comment rejoindre les non-militants, voire les apathiques ? Comment unir nos « savoirs » à leurs appréhensions ? Comment, à partir de leurs problèmes quotidiens, esquisser des solutions qui ébrèchent l’exploitation, la domination et la discrimination ? Il n’y a pas de réponses toutes faites à ces questions. Cependant, les réflexions d’Antonio Gramsci peuvent nous aider à mieux les poser et les résoudre.
- Petite intifada d’un soir
Ce titre fait référence à une crise politique majeure, celle de la conscription de 1917-1918, qui a vu la population du Québec s’opposer massivement à la loi du service militaire obligatoire outre-mer (votée en juillet 1917 par le gouvernement conservateur de Robert Borden). Cette lutte a culminé dans ce qu’on a appelé « les émeutes de Québec ». Ces émeutes ont duré quatre soirs (du 28 mars au 1er avril) et se sont terminées dans le sang. Convoquée pour mater les émeutiers, l’armée a ouvert le feu sur ceux-ci. Comment en est-on arrivé là ?
- L’univers de Chomsky
Pourquoi Noam Chomsky est-il aujourd’hui une figure aussi imposante dans le monde de la linguistique ? Au début des années 1950, il a posé une question très simple qui n’avait jamais été posée auparavant et a découvert que la réponse était fort complexe et tout sauf évidente : Quelle capacité le locuteur d’une langue doit-il posséder pour apprendre à s’exprimer adéquatement sur le plan grammatical dans celle-ci ou dans toute autre langue ?
- Du cataclysme à la promesse
L’apocalypse philosophique existe-t-elle encore aujourd’hui ? Depuis le millénarisme médiéval de Joachim de Flore jusqu’aux annonces de Peter Sloterdijk, le discours du cataclysme n’a cessé de se renouveler et il reproduit en le modifiant un dispositif maintenant bien connu : un renversement du temps de l’histoire, en continuité avec l’approche par les catégories, déjà classiques depuis Hegel, d’une structure nécessaire, d’une téléologie. La plupart des philosophies de l’histoire, pensons seulement à Auguste Comte, considèrent le progrès comme le moteur d’une histoire orientée nécessairement vers le bien. Le catastrophisme contemporain, autant scientifique que philosophique, propose de renverser cette structure : s’instaurant prophète d’une fin néfaste, fondée sur la ruine écologique et sur la terreur généralisée, il prophétise un désastre inéluctable, et pour certains déjà manifeste. Du stalinisme aux manipulations génétiques rendant possible la gestion de l’espèce humaine, Peter Sloterdijk, pour ne nommer que lui, appartient à cette catégorie de prophètes du mal nécessaire.
- « Intellectual dark web » version Québec
Aux États-Unis, des intellectuels de mouvance libérale s’adonnent à la chasse ouverte à la « gauche identitaire ». Qu’en est-il ici ? Retour historique et analyse.
- Comment organiser la gauche syndicale ?
Dans le cadre du Forum social mondial 2016, Lutte commune a tenu trois ateliers intimement liés aux enjeux contemporains du syndicalisme québécois. L’un de ces ateliers cherchait à s’inspirer d’expériences enrichissantes, à l’échelle occidentale, en matière de rénovation par le bas de la vie syndicale et d’un épanouissement du courant « syndicalisme de combat » en son sein. Cet atelier, animé par Philippe de Grosbois, donnait la parole à deux invités : Natasha Carlsen (syndicaliste de Chicago) et Bruno-Pierre Guillette (syndicaliste du Québec). La première nous a expliqué l’origine, le fonctionnement et l’effet des Caucus of Rank and File Educators (CORE) dans le monde syndical américain ; le second a offert le même type d’explications à propos du National Shop Stewards Network (NSSN) au Royaume-Uni.
- Quel principe sous-tend l’imposition ?
Le fisc ne se réduit pas à un mécanisme technique de redistribution de la richesse. C’est pour donner corps à un principe civique supérieur qu’il remplit cet office. Pointe d’épine dans le gras du riche, il rappelle à ce dernier que l’enrichissement personnel est tributaire d’une organisation collective. Sans un contexte social structuré, il n’y aurait nul lieu d’engranger des profits à soi seul.
- Peur et pensée politique
La crise du capitalisme n’est plus épisodique et conjoncturelle. À la suite de l’effondrement des mécanismes de l’endettement, qui avaient eux-mêmes remplacé la social-démocratie pour en contenir l’effet désintégrateur, la crise est devenue « structurelle ». Cette fois, c’est plus grave : l’anticapitalisme est aussi entré en crise. Ce que l’action politique de gauche et sa théorie nomment liberté ne serait plus que la condition d’une plus cruelle pénétration des marchés. Toute issue semble ouvrir sur l’accélération des moteurs. À moins que… de nouvelles valeurs soient proclamées, qui aboliraient le capitalisme une bonne fois pour toutes !
- Quelle alternative pour le journalisme ?
Il est assez difficile d’imaginer quelles formes pourrait prendre le retour à une pratique journalistique digne de ce nom, alors que la crise du politique qui sévit actuellement tend au contraire à délégitimer jusqu’à l’idée même qu’une parole puisse venir s’interposer entre le citoyen-consommateur et la « réalité » économique immédiate.
- Pourquoi je suis devenue une pornstar
On imagine souvent que les personnes en situation de handicap sont dans le chemin, qu’elles sont sans importance ou qu’elles ont besoin d’aide. On dit qu’elles sont une « source d’inspiration » quand elles font des choses ordinaires. On les pense moins capables ou pas aussi bonnes que les personnes « normales » (un terme qui est aussi problématique). Ces attitudes renforcent et perpétuent des politiques et des pratiques qui associent handicap et non-désirabilité.
- Flusher tout
Il y a environ une cinquantaine d’années, il était encore possible de se baigner dans le fleuve Saint-Laurent, et cela, même dans la grande région de Montréal. Un temps révolu. Le fleuve se fait encore servir une soupe d’égouts à longueur d’année, souvent sans traitement. Pas de quoi souhaiter y plonger !
- Éthique et culture religieuse II
En 2008, on cessera de dispenser dans nos écoles un enseignement religieux catholique ou protestant. Faut-il mettre quelque chose à la place de ces enseignements ? Quoi, le cas échéant ? Et comment justifier notre réponse — positive ou négative ? Dans le dernier numéro, j’ai rappelé les graves enjeux que soulèvent toutes ces difficiles questions. J’en viens à présent à un examen critique de ce que propose le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et à l’exposé de ce que je préconiserais pour ma part.
- Trois années désastreuses de gouvernement Charest
Le 14 avril 2003, le Parti libéral du Québec raflait 76 circonscriptions même s’il n’avait obtenu que 45 % du vote populaire. Fait occulté à l’époque, ou presque, le taux de participation n’atteignait que 70 %, soit le plus faible taux enregistré depuis 1927. Malgré ce déficit démocratique, lié au mode de scrutin actuel, le nouveau premier ministre se targuait d’une légitimité incontestable pour mener à bien son projet politique tel qu’énoncé à l’époque : « l’avenir économique du Québec, ce n’est pas l’interventionnisme, c’est l’entrepreneurship. La détérioration de la capacité de l’État québécois à bien servir les citoyens et la préservation de la position économique concurrentielle du Québec nous imposent donc une révision du fonctionnement de l’État. »
Le ton était donné. Fidèle à ce programme, l’État deviendrait un instrument au service de la réussite des citoyens, un gestionnaire des biens publics, un « réingénieur », ses missions essentielles se rapetissant comme peau de chagrin : santé, savoir, prospérité, sécurité. Exit la solidarité, l’égalité, la justice sociale, la distribution de la richesse. Bienvenue la thérapie de choc : déréglementation, privatisation, sous-traitance, érosion des budgets alloués aux services publics et aux programmes sociaux et restrictions des libertés fondamentales. Trois ans plus tard, où en sommes-nous ?
- Projet de loi 2 : les corps trans contre l’État
La reconnaissance identitaire est un des points centraux des militances trans et non binaires contemporaines. Rien de surprenant quand on sait le temps que nous mettons chaque jour à négocier nos identités avec les institutions et les personnes cis [8]. Mais la récente lutte contre le projet de loi n°2 nous enseigne les limites d’une approche minoritaire et nous invite à remettre le corps au centre de notre projet politique.
- La Gaspésie face aux enjeux du 21è siècle
Depuis 2014, le Forum régional sur le développement Gaspésie 21e offre un espace de réflexion et d’échanges entre des chercheurs·euses de différents horizons du développement régional au Québec et les intervenant·e·s du milieu gaspésien. La démarche cherche également à initier les étudiant·e·s aux questions du développement des régions du Québec.
- L’asexualité. Redéfinir l’amour et le sexe
Il y en a qui s’intéressent aux hommes, d’autres qui s’intéressent aux femmes, d’autres qui s’intéressent aux deux et… il y a ceux et celles qui ne s’intéressent à personne. L’asexualité est une orientation sexuelle méconnue qui concerne 1 % de la population. Comment vit-on sans sexe dans une société où la sexualité semble être la chose la plus importante ? [9]
- Péril en la demeure
Depuis que les conservateurs sont au pouvoir à Ottawa, nous avons pris l’habitude de voir des députés d’arrière-ban présenter toutes sortes de projets de loi pour criminaliser l’avortement de façon détournée (augmentation des peines encourues pour le meurtre d’une femme enceinte, établissement « scientifique » du début de la vie, dénonciation des avortements sexo-sélectifs, etc.). Nous avons également pu noter le regain d’activité des divers lobbies pro-vie, de même que le nombre croissant de membres des groupes familialistes, pro-vie ou hétérosexistes dans les cabinets ministériels. Nous savons également que ce qui se passe au Canada relève d’une dynamique continentale.
- Vivre en corpocratie
Il est aisé aujourd’hui de constater l’immense pouvoir des grandes entreprises. Leur lobbying intensif dicte les politiques adoptées par les gouvernements. Le financement des partis politiques leur permet de se partager de juteux contrats publics. Les accords commerciaux leur donnent la possibilité de poursuivre les gouvernements (alors que l’inverse est impossible). Et si la démocratie était tout simplement dépassée ? Et si le pouvoir était glissé imperceptiblement aux mains des entreprises, selon un système que nous pourrions nommer « corpocratie » ? Lançons-nous dans le jeu et essayons de déterminer ce que seraient les grandes caractéristiques de ce nouveau régime.
- École à trois vitesses. Vers la fin des élèves « en rien » ?
La concurrence que se livrent les établissements d’enseignement publics et privés, couplée à la stratification des parcours qui s’y exprime, a mis à mal la mixité sociale et scolaire, et en péril l’équité et l’égalité des chances de cette école commune dont la Révolution tranquille avait rêvé. Inéquitable, notre système scolaire est en attente de solutions concrètes et de volonté politique.
- Nos corps de jeunes vieilles, ils en pensent quoi du féminisme ?
Comment se définir comme femmes et féministes vieillissantes dans nos sociétés contemporaines plurielles ? Quels dialogues se forment entre le corps et l’idéation de son contrôle ? Voilà des questions que nous nous proposons d’élucider à travers la socioanalyse d’une discussion entre neuf femmes âgées entre 35 et 45 ans [10].
- Conformer ou émanciper ?
On discute trop rarement de l’école primaire au Québec. Comme si cette institution, à la fois publique, gratuite et universelle, était neutre, lisse et complètement consensuelle. Elle s’impose à nous comme un fait établi. Un enjeu réglé. Un acquis.
- Privatisation de l’amitié et placement de produit
Pourquoi écrire sur Facebook aujourd’hui ? L’entreprise est si solidement implantée qu’elle s’impose comme une évidence, un poids lourd incontournable de la communication, un réseau aimé ou détesté, mais qui dépasse de loin tous ses concurrents. Un tel empire a nécessairement subi sa part de critiques. Pourtant il se maintient et se renforce, obtient un appui systématique même de ceux et celles qui s’y opposent, parce qu’ils n’ont pas le choix d’y adhérer, disent-ils. En ce sens, Facebook ressemble à bien des multinationales qui occupent presque une position de monopole.
- Parler de sexualité à l’école
Avec l’implantation de la réforme, l’éducation à la sexualité, qui était jusqu’alors dispensée dans les cours de formation personnelle et sociale, a été abandonnée. Mais le MELS vient d’annoncer son retour, du préscolaire jusqu’à la fin du secondaire, sous une forme qui reste toutefois à préciser.
Une seule chose semble sûre : il ne s’agira pas d’un nouveau cours, ce qui autorise à penser qu’on ventilera ce qu’on aura décidé d’enseigner dans divers cours existants, comme ceux de sciences (…) - Terre en transe
L’année 1968 devait être, selon les paroles de Fidel Castro prononcées le 2 janvier à La Havane, celle du « guérillero héroïque ». Les échos de la mort du Che allaient se répercuter tout au long de cette année dans le monde, à travers un, deux, trois, mille foyers de révolte. Le Québec n’y échappera pas et cet écho sera modulé selon les caractéristiques propres de la société québécoise : on assiste alors non pas à un « complot international » ou à une transposition tardive de ce qui se fait ailleurs, mais à une convergence de mouvements de lutte qui entrent en résonance avec ce qui se passe au niveau mondial (pouvant, à l’occasion, s’en inspirer) et qui ont des racines dans l’histoire québécoise.
- L’économie verte, un écran de fumée au service des puissants
Depuis quelques années, la notion d’économie verte tente de se frayer un chemin dans le vocabulaire médiatique et politique. Substitut de choix au très galvaudé « développement durable », le terme « économie verte » suggère l’idée de mettre l’économie au service de la protection de l’environnement ou, à tout le moins, de faire en sorte que la protection de l’environnement soit rentable, donc plus attrayante pour les entreprises. Il s’agit d’une idée certes séduisante et rassurante, puisqu’on reste en terrain connu, mais le marché peut-il vraiment régler la crise écologique actuelle ?
- Les réseaux d’échange locaux
L’économie est l’activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services. L’économie ne se résume pas aux opérations commerciales ni aux transactions financières, mais couvre les mécanismes utilisés pour accéder à un bien ou un service, que la monnaie serve à faciliter l’échange ou non. Or, il est plus que temps de redonner un sens éthique à l’économie pour en extraire la cupidité et le droit d’exploiter autrui.
- La pensée politique de gauche
François Cyr, est avocat et professeur de politique. Militant syndical et de la gauche politique québécoise depuis nombre d’années, il fut l’un des fondateurs et animateurs du Rassemblement pour l’alternative progressiste puis de l’Union des forces progressistes. Il est mainteant membre du Comité de coordination national de Québec solidaire à titre de responsable aux orientations. À bâbord ! s’est entretenu avec lui sur la vision et la pensée politique du nouveau parti de gauche sur la scène politique québécoise. Il s’exprime ici à titre personnel.
- Santé et services sociaux. Les surprises à venir et le travail accompli
Lorsqu’À Bâbord ! m’a demandé de faire un court billet sur les angles morts dans le réseau de la santé et des services sociaux en cette période de COVID-19, je me suis dit spontanément que je pouvais en trouver sans problème. Finalement, le problème est plutôt de choisir lesquels exposer en priorité. Allons-y.
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