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Articles (2152)
- Expansion du cellulaire et redéfinition sociale
Depuis quelques années, l’expansion du téléphone cellulaire dépasse les confins du monde occidental. En effet, beaucoup de choses ont changé depuis que Manuel Castells décrivait l’Afrique comme en proie à « l’apartheid technologique [1] ». Divers observateurs estiment même que la diffusion des tech- nologies de la communication promet d’accélérer le développement socioéconomique des régions marginalisées dont l’infrastructure demeure rudimentaire,en facilitant la circulation d’ « information utile [2] ». Dans le cadre d’un projet de doctorat en anthropologie à la School of Oriental and African (Université de Londres), j’ai passé 18 mois au Mozambique – ex-colonie portugaise tristement célèbre pour sa brutale guerre civile (1977- 1992) – à étudier les impacts sociaux de l’usage du cellulaire. Mes conclusions dressent un portrait plus nuancé et, sans doute, moins gai de la révolution des communications.
- L’artiste et le militant
L’artiste, c’est Marcelle Ferron, l’une des plus grandes peintres du Québec moderne. Le militant, c’est Michel Chartrand, le camarade exemplaire, compagnon des luttes d’hier, inspirateur de celles d’aujourd’hui. Ces deux personnages hors normes revivent dans toute leur grandeur et leur splendeur dans des ouvrages récemment parus qui les rappellent à notre souvenir ému.
- La disparition : deux variations sur un thème
On saurait difficilement trouver deux romans aussi dissemblables que ceux publiés cet automne par André Hamel et Jean-Simon Desrochers. Dans Le désarroi du vieil Hubert (Leméac, 2019), Hamel nous propose un récit intimiste centré sur la quête de sens d’un héros vieillissant face à une mort inéluctable. Dans Les limbes (Les herbes rouges, 2019), Desrochers évoque sur le mode descriptif la disparition du célèbre « Red Light » de Montréal, démoli pour faire place nette à la modernité conquérante des années 1960.
- L’arche de Socrate : petit bestiaire philosophique
Normand Baillargeon, L’arche de Socrate : petit bestiaire philosophique, M Éditeur, 2018, 207 pages.
- « Celles qui aiment aussi la culture pop »
J’avais 8 ans, 10 ans, 12 ans, je passais des heures devant la télé et celles que j’aimais plus que tout, c’était les Charlie’s Angels, Wonder Woman, la femme bionique. Je collais des photos des acteurs Scott Baio et Shaun Cassidy sur mon mur recouvert de faux bois par mes parents pour que je n’abîme pas la peinture avec les bouts de scotch tape.
Mais celles que je préférais, c’était elles. Mes « drôles de dames ». Elles m’ont appris beaucoup de choses. Quand on me demande ce qui a fait (…) - Sur les traces de l’anarchisme au Québec (1860-1960)
Mathieu Houle-Courcelles, Sur les traces de l’anarchisme au Québec (1860-1960), Montréal, Lux Éditeur coll. « Instinct de liberté »
2008, 266 p. - La sorcellerie capitaliste : pratiques de désenvoûtement
Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste : pratiques de désenvoûtement, Paris, La Découverte, 2007
- La Grèce et nous
Les évènements qui ont secoué la Grèce sont devenus pour plusieurs observateurs progressistes le grand feuilleton de l’été. L’enjeu était énorme : il s’agissait de la bataille d’un peuple affaibli après cinq années de mesures d’austérité contre des institutions supranationales technocrates, celle d’un petit pays fragilisé de l’Europe du Sud contre de grandes puissances du Nord, celle de la démocratie contre le pouvoir des grands intérêts financiers.
- Irma Levasseur et Lucille Teasdale
Je lève mon chapeau à toutes ces femmes dont l’histoire n’a pas été écrite, mais qui ont changé le monde. À notre tour de livrer bataille, chacune dans nos milieux, et de faire avancer la lutte contre les inégalités, les injustices, l’exploitation et toutes les formes d’oppression et de domination.
- L’étincelle d’un mouvement
« Si nous devons combattre un dragon, il ne faut pas se contenter de lui couper les ongles de temps en temps » – José Saramago, écrivain et journaliste portugais
- Le corps de la lettre
Les narratrices de Karine Rosso, de Catherine Mavrikakis et de Lucille Ryckebusch sont contraintes dans leur corps (par les injonctions à la beauté, par l’enfermement, par la maladie). Elles cherchent cependant à reprendre possession d’elles-mêmes en dialoguant chacune avec des autrices libératrices (Nelly Arcan, Anne Frank, Virginia Woolf). Il en résulte des œuvres capables d’exprimer une vulnérabilité émancipatrice.
- Changements climatiques. Danser au-dessus d’un volcan
La semaine dernière, j’ai marché jusqu’à une petite boutique de vêtements de mon quartier où j’ai acheté deux chandails dont j’avais vraiment besoin. La vendeuse m’a dit qu’ils étaient faits de fibres en provenance de bouteilles de plastique recyclées et de coton biologique (mais ils ont été fabriqués en Chine, rien n’est parfait). Elle a glissé les vêtements dans mon sac à dos, non pas dans un gros sac de plastique, et m’a envoyé la facture par courriel, « parce que c’est mieux pour l’environnement ».
- One Big Union ! L’IWW et le courant syndicaliste révolutionnaire au Québec
Du 2 au 4 septembre dernier, une centaine de délégué·e·s provenant d’un peu partout en Amérique du Nord se sont réuni·e·s à Montréal pour participer au congrès du Syndicat industriel des travailleuses et des travailleurs, mieux connu sous le nom des Industrial Workers of the World (IWW). Loin d’être anecdotique, la tenue de cette rencontre témoigne d’un regain d’intérêt pour les pratiques syndicales combatives et les modes alternatifs d’organisation reposant sur la démocratie directe et l’autogestion. Retour sur un pan méconnu de notre histoire ouvrière.
- Au sujet de certaines formes de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États
Voici une liste provisoire et non exhaustive de certains types de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États qui ont pris forme au sein de divers modes de production qui se sont succédé dans l’histoire (la commune primitive, le mode de production esclavagiste, le mode de production féodal, le mode de production capitaliste, le mode de production « socialiste » et le mode de production « communiste »). Les concepts énumérés ici sont définis, par ordre alphabétique, dans un lexique qui apparaît dans la deuxième partie du texte.
- Blue Jasmine
À la mémoire de ma mère, Éléna
Au cours des dernières années, Woody Allen a fréquemment donné à de nombreux cinéphiles la déplorable impression d’errer intellectuellement en réalisant des films qui, s’ils comportaient d’indéniables qualités formelles, n’étaient pas à la hauteur de son remarquable talent. Peut-être la volonté du cinéaste de tourner des longs métrages à un rythme effréné, alliée à celle de traduire une philosophie de vie bon enfant, lui a-t-elle été préjudiciable compte tenu du temps que tout artiste doit prendre pour renouveler son esthétique et sa thématique, voire pour se remettre en question.
- Montréal. Ville autochtone
Aujourd’hui, la majorité des Autochtones du Canada devient urbaine. Alors que cela risque de bouleverser définitivement la vision passéiste que l’on a trop souvent d’eux, j’ai souhaité rencontrer dans le cadre d’un projet photographique une dizaine de jeunes habitant à Montréal. Celles et ceux y ayant presque toujours vécu ont bien voulu m’expliquer ce qui les a retenus en ville ; celles et ceux arrivé·e·s il y a peu m’ont évoqué les raisons de leur venue et les conséquences que cela a eues sur leur vie et leur identité. Voici une partie de ce qu’il m’a été permis d’apprendre.
- Lynn Conway et Marie-Marcelle Godbout
Comme vous le savez sans doute, je suis une nouvelle femme. Mon parcours a été périlleux (surtout au début) et plein de défis et d’accomplissements. À l’automne 2007, je vivais une très grave dépression que l’on nomme une dysphorie d’identité de genre. Cette dépression était accompagnée entre autres d’idées suicidaires. À l’époque, je savais que la seule issue possible était de changer de sexe. Mais cette prospective s’accompagnait d’un profond désarroi et de la certitude que ma vie était (…)
- Il faut mettre fin à l’état d’urgence au Québec
La Ligue des droits et libertés (LDL)[ demande au gouvernement du Québec de mettre fin à l’état d’urgence qui est en vigueur depuis le 13 mars 2020. L’état d’urgence prolongé et la gouvernance par décrets qui en découle provoquent une rupture démocratique. Il est temps de déconfiner la démocratie.
Déclaration signée par 69 organisations de la société civile [3].
- Ce que nous apprend le cinéma
Au moment où je m’apprête à rédiger cette chronique, l’écrivain français Yann Moix, en pleine promotion de son dernier roman, affirme dans un entretien pour le magazine Marie-Claire ne pas être capable d’aimer les femmes de 50 ans. Ne pas les désirer. Leur préférer celles qui ont la moitié de son âge. Préférer, aussi, des femmes du « genre asiatique ». Le corps des femmes de 25 ans, dit l’écrivain, est extraordinaire, contrairement à celui des femmes de 50 ans avec qui il n’aurait même pas l’idée de coucher puisqu’elles lui sont « invisibles ». Les propos de Yann Moix ont enflammé la toile, suscitant des réactions ulcérées et moqueuses de la part de nombre de femmes connues et moins connues. Et moi, j’ai vu mon âge clignoter sur l’écran toute la journée. Invisible, mais pas complètement…
- La poète et le bum
On rencontre vraiment de tout dans le roman québécois contemporain et pour tous les goûts, des amateurs de littérature classique aux partisans des formes les plus éclatées. Témoignent de cette floraison luxuriante les plus récents livres de Dominique Fortier et de Kevin Lambert, illustrations particulièrement réussies de ces manières de penser et d’écrire.
- Dépolitiser l’éducation pour mieux la rationaliser
Convaincu de l’urgence d’instaurer « les meilleures pratiques, les données probantes et la recherche dans nos écoles », le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, voit dans la création imminente d’un organisme dédié à la promotion de « l’excellence » un moyen de « dépolitiser » l’éducation en faveur d’une plus grande réussite éducative. Pourtant, cela participe de l’instrumentalisation néolibérale de l’école québécoise.
- Du côté des petites librairies
Avec l’ouverture attendue et imminente de la coopérative de solidarité l’Euguélionne, librairie féministe à Montréal, nous avons cru bon de revenir sur les motivations qui ont fait naître le projet et sur celles qui l’habiteront tout au long de son existence.
- Comment sauver le commun du communisme ?
Érik Bordeleau, Comment sauver le commun du communisme ?, Montréal, Le Quartanier, 2014, 200 pages.
- Renouveler l’altermondialisme
Les Forums sociaux mondiaux (FSM) ont été depuis leur tout début parmi les plus importants points de rassemblements du mouvement altermondialiste. Ils offrent à celles et ceux qui croient qu’« un autre monde est possible » un moment et un espace d’échanges et de concertation. Après 15 années d’existence, avec un forum tenu pour la première fois dans un pays du Nord, à Montréal en août dernier, ils gardent toujours leur pertinence.
- L’islamophobie : fantasme ou réalité ?
Nous diffusons en ligne la version intégrale d’un article de Jacques Pelletier que l’on retrouve dans notre numéro de juin 2014.
- Une voix plurielle à la première personne
Dans cette entreprise collective, je suis inspirée par ces femmes tenaces et persévérantes qui défient l’autorité et les savoirs officiels, et quand bien même on chercherait à les dénigrer ou à les discréditer.
- Crise du capitalisme financiarisé
Que le capitalisme soit en crise, et que cette crise soit majeure et affecte le cœur de ce régime économique ne font maintenant aucun doute. Les signes avant-coureurs d’une reprise, d’un quelconque retour à la normale, espérés depuis un an ne se manifestent toujours pas. Au contraire, depuis l’automne la crise financière s’étend à d’autres secteurs et se consolide en crise économique majeure. Ceux qui ne croyaient qu’à un léger, court et nécessaire ajustement après la folie momentanée des subprimes* commencent à réaliser l’importance des déséquilibres ainsi que des contradictions structurelles qui se sont accumulées dans le cadre du capitalisme financiarisé. Celles-ci sont principalement de deux ordres : financier et ordinaire.
- Syndicalisme, solidarité et formation politique
La fonction première d’un syndicat est de défendre les conditions de travail et le salaire de ses membres. Mais s’il réduit ses activités à cette seule défense – ce qui est malheureusement trop fréquent –, il développe un esprit corporatiste qui isole ses membres non seulement de ceux et celles qui ne sont pas syndiquées, mais aussi de ceux et celles qui sont syndiquées ailleurs. Afin de contrer ce corporatisme syndical, de créer des liens avec des organismes communautaires qui combattent l’injustice sociale et de participer au « réseautage » de ressources alternatives au néolibéralisme dominant, la section 574 du Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB, FTQ) met sur pied à l’automne 2003 un comité d’action sociale et politique (CASP).
- Entre le soleil de France et de Bab El Oued
L’art n’est pas un antre où pourraient se réfugier intégristes de tout poil ou amuseurs publics. Il s’agit plutôt d’une navigation, d’un entre-deux où circulent et dialoguent de multiples points d’ancrage. Navigation à haut risque comme celle d’Ulysse mais, malgré ses périls, elle seule peut arracher un peu de sens à ce qui ne serait qu’une « histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie, et qui ne signifie rien ».
L’artiste, donc, comme passeur de signes et de symboles. Rebelle aussi. Rebelle à tout ce qui emprisonne et mutile la vie. Alors qu’un nouveau cycle de luttes contre la mondialisation capitaliste semble s’être enclenché, de nombreux artistes ont repris le flambeau du refus. Qu’on songe, pour la France, au Massilia sound system, aux Fabulous troubadours, à Zebda et, enfin, à Gnawa diffusion. Fondé en 1992 à Grenoble par Amazigh Kateb, ce groupe distille une musique proprement universelle avec de profondes racines africaines et algériennes. Issue de la tradition gnawa, celle des chants des esclaves africains, cette musique fusionne les instruments traditionnels avec l’électricité. Propulsées par cet environnement sonore, les paroles des chansons de Gnawa diffusion sont comme de véritables missiles dirigés contre les crimes et les injustices perpétrés par les dominants à l’encontre de l’ensemble de la planète.
Entre le soleil de France, de Kingston et de Bab El Oued, Gnawa diffusion et Amazigh Kateb arpentent ainsi l’espace d’une liberté à créer, par-delà les frontières de styles ou de territoires. Une entrevue, donc, avec un homme libre [4]. - L’archivage culturel, une responsabilité collective
Même si elle n’a plus la cote depuis l’ère numérique, la télé est toujours parmi nous et demeure très influente. Depuis 70 ans, elle marque notre imaginaire collectif et notre discours politique. Pourtant, on ne l’archive pas de manière systématique. Ce travail dépend en grande partie de passionné·es et de militant·es. Regard sur deux documentaires qui soulignent cette tâche essentielle, ainsi que l’état inquiétant de l’archivage culturel à l’ère numérique.
- La fine frontière entre investigation et complotisme
Quand quitte-t-on le questionnement légitime sur les rouages du pouvoir pour verser dans la recherche disjonctée d’un ordre occulte gouvernant secrètement nos existences ?
- Une chanson au Portugal
Voilà quelques années déjà que les PortugaisEs sortent régulièrement dans la rue (parfois sous le coup d’une grève générale) pour dénoncer les mesures d’austérité prises par leur gouvernement. Déjà, en mars 2011, le Premier Ministre de l’époque, Jose Socrates, démissionnait devant l’incapacité d’aller de l’avant avec de sévères restrictions budgétaires, peu après une grande manifestation initiée par un simple événement Facebook. Plus récemment, j’ai eu la chance d’être à Lisbonne lors de la (…)
- Au coeur de la prison. Le Front de libération des femmes du Québec
En mars et avril 1971, à la prison Tanguay, les militantes du Front de libération des femmes (FLF) ont vécu avec les prisonnières de droit commun une expérience de solidarité féministe unique dans nos annales. En plus de réaliser un travail de conscientisation féministe et de défense des droits des prisonnières, elles ont tissé avec elles de profonds liens de confiance et de sororité sociale et politique. Retour sur une lutte peu ordinaire tombée dans les limbes de l’Histoire.
- Privatisation de l’amitié et placement de produit
Pourquoi écrire sur Facebook aujourd’hui ? L’entreprise est si solidement implantée qu’elle s’impose comme une évidence, un poids lourd incontournable de la communication, un réseau aimé ou détesté, mais qui dépasse de loin tous ses concurrents. Un tel empire a nécessairement subi sa part de critiques. Pourtant il se maintient et se renforce, obtient un appui systématique même de ceux et celles qui s’y opposent, parce qu’ils n’ont pas le choix d’y adhérer, disent-ils. En ce sens, Facebook ressemble à bien des multinationales qui occupent presque une position de monopole.
- Un référendum historique
Le 9 novembre prochain, la Catalogne organisera un référendum sur son indépendance. Vues de l’extérieur et a fortiori pour ceux et celles qui ne se frottent pas à la culture catalane, les marques distinctives de celle-ci paraissent biffées au profit d’une prétendue homogénéité hispanique que Madrid a beau jeu de diffuser. Dans le reste de l’Europe, grands financiers et politiques, toujours friands de statu quo, font circuler un discours de catastrophe imminente et de rejet de l’Union européenne. Au Québec, on connaît ce refrain [5].
- Souvenirs ! Souvenirs !
Le bal au Kremlin, Curzio Malaparte, Paris, Gallimard, Collection L’imaginaire, 2013.
Vladimir Pozner se souvient, Vladimir Pozner, Montréal, Lux éditeur, 2013.
Par-delà leurs différences très évidentes tant sur le plan politique que littéraire, Malaparte et Pozner ont en commun d’avoir emprunté une trajectoire singulière, atypique, originale, qui se distingue de celle suivie par la plupart de leurs contemporains.
- Les 30 glorieuses et la révolution culturelle
Les transformations politiques, économiques et sociales engendrées par la Révolution tranquille ont été bien étudiées. Il n’en est pas de même de la révolution des mœurs et de la culture. Elle a si profondément subverti le Québec que n’importe quel Québécois qui s’était exilé à la fin des années 1950 ne le reconnaissait plus lorsqu’il y revenait une décennie plus tard.
Cette transformation radicale des mentalités affecte, avec une périodicité et une intensité variables, toutes les sociétés (…) - Comment le président Morsi a perdu sa légitimité
Ceux et celles qui ont visité l’Égypte au courant de l’été 2013 ont pu sentir une fébrilité populaire sans précédent et un engagement intense des gens ordinaires dans les affaires politiques. Ce climat a vu aussi s’exprimer une hostilité d’une rare intensité envers l’Association des Frères musulmans, politiquement isolés, dans tous les secteurs de la société. La pétition du mouvement Tamarrod (Rébellion), lancée au courant du printemps 2013, a reçu plus de vingt millions de signatures, et l’étendue de la mobilisation populaire du 30 juin était sans précédent dans l’histoire égyptienne.
- Oubliez Rocky
Du spectacle le plus brutal à la réinsertion scolaire et sociale en passant par la boxe olympique, amateur et récréative, les sports de combat ont de multiples finalités. Pour étayer quelques impressions sur cette pratique sportive, j’ai consulté sociologues et boxeurs. Pourquoi boxer ? Les sports de combat peuvent-ils servir à tisser des liens dans une communauté ? La boxe ne fait-elle que réfléchir la violence de la société où les rapports de force sont inégaux, où tous les coups sont permis, où la règle du jeu est celle du plus fort ?
- Théâtre de combat
Au Québec, de toutes les formes littéraires, le théâtre est sans doute celle qui présente le plus systématiquement des sujets politiques et sociaux. Peut-être est-ce parce que les comédiens devant leur public occupent une position qui ressemble à celle d’un tribun ? Ou parce qu’étant produit collectivement, le théâtre peut aisément répondre à des préoccupations plus globales ? Peut-être n’y a-t-il aucune raison spécifique ? Chose certaine, depuis qu’il existe, notre théâtre de création a toujours su habilement répercuter les préoccupations contemporaines.
- La France qui démissionne
La France de l’ère Sarkozy est particulièrement marquée par une résignation des élites devant une mondialisation menée en anglais par les grandes forces du capitalisme international. Défenderesse de la diversité des cultures, ouverte sur le monde, dans ses meilleurs jours, la France, menée par ses élites complaisantes, rêve désormais de se fondre dans un grand tout où seul compte le langage de l’argent.
- L’enseignement assisté ou réalisé par ordinateur
Au cours des cinq dernières années, Robert Slavin et son équipe de collaborateurs de l’Université John Hopkins, située à Baltimore, ont réalisé plusieurs méta-analyses sur l’enseignement de la lecture et des mathématiques, et ce, tant au niveau élémentaire que secondaire (Best Evidence Encyclopedia, 2010).
- L’autre gauche, celle qui lutte
Pierre Beaudet, On a raison de se révolter, Chronique des années 1970, Montréal, Écosociété, 2008.
- L’autogestion
Le terme « autogestion » est relativement récent dans la langue française, car il n’est apparu qu’à partir de 1960. Il est la traduction littérale d’un mot serbo-croate, samoupravlje, lui donnant ainsi, au départ, une connotation historique précise, celle de l’expérience autogestionnaire yougoslave instaurée à partir des années 50. Par la suite, durant les années 70, il sera largement repris par divers courant de gauche un peu partout dans le monde, pas toujours d`une manière « désintéressée », ni très précise. Si le mot est récent, du moins en français, l’idée et la pratique sont beaucoup plus vieilles, remontant au début du capitalisme avec la formation des premières coopératives ouvrières de production dans le cours du XIXe siècle.
- Monsanto se paie la cour Suprême
Le canola est une jolie plante cultivée massivement au Canada et qui sert à fabriquer de l’huile végétale et des aliments pour bestiaux. Le Roundup est un herbicide à base de glyphosate fabriqué par la société transnationale Monsanto, un géant de l’industrie mondiale de l’agroalimentaire. Le Roundup, disponible dans toutes les bonnes quincailleries, tue toutes les plantes… ou presque.
- Engagement, militance et lobbyisme scientifique
L’activité scientifique et celle du lobby ne relèvent certes pas des mêmes visées ni de la même éthique. Or, l’impératif de la rigueur condamne-t-il à la distance et à l’immobilisme face aux dysfonctions du monde actuel ? Comment interpréter l’engagement des scientifiques dans le jeu des influences politiques ?
- Guerre en Ukraine. La grande régression
Comprendre la guerre en Ukraine ne devrait pas poser de problème : il y a un agresseur et un agressé, une brute et une victime, voilà tout. Malgré cela, on constate qu’il s’agit en vérité d’une histoire très compliquée, entrainant des explications innombrables et contradictoires.
- Catalogne. La rue prend l’initiative
Tous les paris sont ouverts sur les issues possibles de l’affrontement entre la Catalogne et le gouvernement espagnol depuis les résultats électoraux du 10 novembre 2019. La grande et inquiétante nouveauté de cette élection est le renforcement inédit de l’extrême droite qui, depuis les élections précédentes tenues en avril dernier, a plus que doublé sa représentation en recueillant plus de 15 % des voix au niveau national.
- Reprendre parole. Entrevue avec la maison d’édition Diverses Syllabes
Nouvelle maison d’édition fondée à l’été 2020, Diverses Syllabes a soulevé un grand intérêt dans le milieu littéraire et au-delà. À bâbord ! a rencontré trois des co-fondatrices.
Version intégrale de l’entrevue parue dans le numéro 86 de la revue.
Avec Sayaka Araniva-Yanez, Brintha Koneshachandra et Paola Ouedraogo
Propos recueillis par Alexis Ross
- Équateur. La fin de la révolution citoyenne ?
Un référendum de révision constitutionnelle comportant sept questions a eu lieu le 4 février dernier en Équateur. Le camp du Oui a dominé l’ensemble des réponses obtenues (67% contre 33% en moyenne) et obtient notamment gain de cause quant à l’interdiction de la réélection illimitée du chef de l’État.
- À la recherche du téléphone éthique
Pour les militant·e·s de gauche, choisir un téléphone intelligent peut s’avérer une tâche complexe. Une variété de critères éthiques existe, mais il est difficile, voire impossible, de trouver un appareil pouvant les satisfaire tous. Est-il possible de changer les pratiques des grands fabricants et autres emblèmes de l’ère techno-capitaliste ?
- Sexe, handicap et éducation. Les mots qui changent tout
Lorsque j’étais étudiant au cégep, les élèves devaient s’ajuster aux particularités de l’enseignement, alors que le contraire était rarement vrai. Quelques professeurs avaient des idylles, parfois connues, avec des étudiantes, et celles-ci devaient se méfier d’enseignants qui contrôlaient mal certaines pulsions.
- Maternité et médecine. Silence, on accouche !
Longtemps, l’expérience de l’enfantement a appartenu aux femmes : celles qui donnaient naissance et celles qui les accompagnaient. Ce dossier commence avec l’histoire de la dépossession des femmes de leur savoir et de leur puissance d’agir. Dépouillées de leur pouvoir, de leur corps et de l’acte de donner naissance, les femmes deviennent des figures passives de leur accouchement, des objets qu’il est possible de manipuler sans consentement. Des utérus qu’on fait accoucher. La construction de l’accouchement comme évènement médical requérant contrôle et surveillance de la part de l’institution hospitalière s’est échelonnée sur plusieurs siècles.
« Silence, mesdames, on vous accouche ! »
- Quand l’austérité s’en prend aux détenues
Dès l’annonce du transfert des femmes détenues à la Maison Tanguay vers l’Établissement de détention Leclerc de Laval, en septembre 2015, celles-ci ainsi que diverses intervenantes avaient manifesté leurs vives inquiétudes. Avec raison.
- Arendt et Little Rock
La photographie que vous voyez est immensément célèbre dans l’histoire de l’éducation au XXe siècle. Elle est aussi au cœur d’une controverse en philosophie de l’éducation qui n’a rien perdu ni de sa vigueur, ni de son intérêt, ni de son actualité, et qui concerne la réflexion d’une des plus grandes et des plus influentes penseuses de l’éducation, Hannah Arendt (1906-1975).
- Biopolitique de l’enfance
Si le mot paternalisme fait partie de l’artillerie critique du féminisme, évoquant l’infantilisation dont les femmes font l’objet, il paraît encore plus pertinent dans le cadre d’une critique de la condition des enfants. Ces derniers ne sont-ils pas, en régime patriarcal, les enfants du père ?
- L’urgence de réagir
Naomi Klein est sans contredit l’une des figures les plus connues de la gauche altermondialiste occidentale depuis trois lustres. Cette intellectuelle engagée a réussi à attirer l’attention des journalistes et d’un certain public en écrivant des essais percutants tels No Logo (1999), Fences and Windows (2002), The Shock Doctrine (2009) et This Changes Everything (2014). De plus, Klein a donné une forme de prolongement à ses œuvres littéraires en les adaptant pour le septième art.
- La disparition de l’intellectuel : nouvel épisode
Chez nous comme ailleurs dans le monde, il est bien connu que la place occupée par l’intellectuel·le dans la société s’est considérablement réduite, devant celle prise par l’expert. Un point de vue ultra spécialisé sur un sujet l’emporte nécessairement sur un autre plus distant et généraliste. Mais au Québec, où l’on s’est toujours méfié des intellectuels, cette mise au ban devient plus évidente ; elle semble d’ailleurs se faire avec la complicité silencieuse de tous, y compris des intellectuels eux-mêmes.
- Quelle retraite ? Pour qui ? À quel prix ?
Quand j’ai commencé à m’intéresser aux régimes de retraite, lors des négociations du Front commun de 1979, c’était le dossier « marge de manœuvre ». Au moment du crunch de négo, on l’échangeait contre les « vraies affaires » : salaire, sécurité d’emploi, etc. On peut mesurer le chemin parcouru. Maintenant, il est possible de tenir un colloque comme celui qu’a tenu À bâbord ! en avril dernier. Les choses progressent. Même si ce n’est pas aussi rapidement qu’on le voudrait. Qu’avons-nous appris au cours de ce colloque ?
- La consommation responsable
Après la lecture de l’article « Éthique consommée » de François Doyon, paru dans le numéro d’octobre-novembre 2013 d’À bâbord !, nous devions conclure que la consommation « responsable » – biologique, équitable et locale – est un leurre. En effet, elle ne servirait qu’à nous donner bonne conscience, celle-ci ne tenant pas ses promesses. De plus, elle individualiserait les prises de décision face aux dérives du capitalisme alors que cela devrait être une responsabilité de nos institutions et de nos élites dirigeantes. Cependant...
- Tergiversations écologiques
Si l’année 2012 fut marquée par la question étudiante qui provoqua la plus grande crise sociale des 30 dernières années, l’année 2013 aura été sans conteste celle des enjeux énergétiques. Pour comprendre cette transformation du débat public qui a complètement basculé en l’espace d’une année, il faut replacer la trajectoire économique, politique et idéologique du Parti québécois à l’intérieur de ce que nous pourrions appeler une « charnière historique » entre la fin d’une période libérale et la consolidation d’un nouveau régime.
- Masculinité et féminité imposées
Le corps trans, au Québec, est pathologisé, médicalisé, normalisé, stérilisé. Ce dernier ainsi que l’être qui l’habite subissent les impacts extrêmes de la normalisation genrée, sans pour autant être les seul·e·s. C’est pourquoi nous souhaitons ici ouvrir le dialogue et mettre de l’avant l’importance d’aborder l’enjeu de leur stérilisation forcée comme exemple vécu d’une normalisation extrême de nos corps. Cette normalisation et cette légalisation du corps trans passent par l’imposition d’une féminité et d’une masculinité standardisées. De celles dont nous souhaitons nous éloigner ou de celles dont nous souhaitons nous rapprocher.
- À petit feu
Le 22 janvier dernier, la télévision de Radio-Canada diffusait le deuxième épisode de la cinquième saison de la série Trauma. La nouvelle trame « haïtienne » de l’émission est entrecoupée d’un cas de viol : une jeune femme est amenée à l’urgence par son petit ami, inanimée, en hémorragie vaginale, le visage en apparence tuméfié. Les urgentologues soupçonnent un viol, mais la jeune femme ne se souvient de rien. On croit qu’elle a été battue, mais son visage gonfle et dégonfle à quelques (…)
- Avancez en arrière !
Les volte-face du Parti québécois depuis l’élection de l’automne ont été largement commentées. Elles ont rassuré le milieu de la finance, déçu ceux et celles qui avaient cru à un véritable changement, inspiré les caricaturistes, confirmé le point de vue des cyniques et ramené la politique à sa triste routine. Le gouvernement péquiste s’est plié sans résistance à la nécessité de rentrer dans le rang. Il a perdu une occasion de plus de se montrer audacieux.
- La hantise du hijab chez Djemila Benhabib
Les employés de la fonction publique et parapublique devraient s’abstenir du port de signes religieux ostentatoires ; la loi doit être la même pour tous, indépendamment des croyances ou incroyances de chacun ; les accommodements raisonnables qui visent à satisfaire les positions fondamentalistes de chrétiens, musulmans ou juifs me semblent peu recommandables. Je partage donc ces positions avec Djemila Benhabib, y compris son jugement sur la recherche névrotique du consensus au Québec (Les (…)
- L’enseignement de l’anglais au primaire
Vu de l’extérieur, le monde de l’éducation doit parfois sembler bien étrange à ceux et celles qui n’y œuvrent pas, ne serait-ce qu’en raison des incessants et parfois abscons conflits idéologiques qui le caractérisent. Considérez celui qui domine au moment où j’écris.
- Retour sur Octobre
Figure incontournable du Front de libération du Québec, Paul Rose a à la fois pratiqué, sous toutes ses formes, la résistance politique et affronté la violence du système qu’il dénonçait. Docteur en sociologie, il est conseiller syndical depuis plusieurs années. Dans cette entrevue exclusive, il revient sur Octobre 1970, sur les réflexions qu’il en a tirées et sur son parcours de militant.
- Le défi de l’immigration féminine africaine
Partir ou rester ? Tel est le dilemme auquel sont confrontées plusieurs millions de personnes dans les pays où règne l’insécurité. Du coup, la question suivante s’impose : pourquoi les migrants quittent-ils leur environnement ? Bien évidemment on peut se poser d’autres questions et d’abord celle-ci : quelle serait LA solution idéale pour freiner ces départs massifs vers de nouveaux horizons ? L’exil est-il forcément le sésame qui ouvre les portes de la « quiétude » ?
- L’enjeu de la revendication berbère
Il est impossible d’aborder la question des rapports entre langue et nation en Algérie, et plus particulièrement celle de la revendication culturelle et linguistique berbère (ou, comme on le dit maintenant, tamazight), tant celle-ci est l’objet de malentendus et surdéterminée politiquement, si l’on ne commence pas par évacuer un certain nombre de stéréotypes qui ont entouré les problèmes linguistiques en Algérie. Parmi ceux-ci, on trouve – notamment en Occident – l’opposition fréquente entre les « Arabes » et les « Kabyles », ou bien les « Berbères » et les « Arabes », ou encore les « Algériens » et les « Berbères », comme s’il s’agissait de peuples distincts… Aussi, on ne peut traiter de la revendication linguistique berbère si l’on ne restitue pas le contexte historique de l’émergence de ce problème et si l’on n’essaye pas de reconstituer les conditions dans lesquelles cette question a été forgée et dans lesquelles elle a évolué.
- Les victoires des employéEs de l’hôtellerie québécoise
Les employés québécois de l’hôtellerie jouissent actuellement de conditions de salaire et de travail parmi les meilleures en Amérique du Nord. Cela n’a pas été toujours le cas. Ainsi, alors que dans les années 1970, les salaires des préposées aux chambres et des serveurs étaient à peine supérieurs au salaire minimum, ils sont aujourd’hui souvent deux fois plus élevés. Alors que ces travailleurs étaient pauvres, ils gagnent maintenant bien leur vie. Alors qu’ils étaient traités comme des domestiques, ils se perçoivent aujourd’hui comme des professionnels. Comment expliquer cette progression remarquable ?
- {Québec en mouvements} - Un pavé à côté de la mare...
Comme bien d’autres, nous avons d’abord salué la parution du livre Québec en mouvements sous la direction de Francis Dupuis-Déri. Enfin ! En ces temps troubles, nos mobilisations, nos expériences et nos luttes feraient l’objet d’un bouquin en bonne et due forme, qui pourrait servir autant aux activistes d’aujourd’hui qu’à ceux et celles de demain. Hélas… cet enthousiasme fut de courte durée. Ce genre de contribution est rare et nous aurions espéré de la part d’un tel collectif des analyses approfondies et des pistes d’action inspirantes… pour une gauche et une extrême gauche qui en ont grandement besoin ! Sans décortiquer tous les chapitres, par ailleurs très inégaux, composant Québec en mouvements, nous portons un regard général sur l’ouvrage pour mettre de l’avant certaines critiques et réflexions qui nous semblent fondamentales dans les circonstances. Et bien que la rédaction nous mette elle-même en garde face aux limites de ce genre d’ouvrage, nous ne pouvons laisser de côté certains passages qui donnent dans la réécriture historique.
- Petite intifada d’un soir
Ce titre fait référence à une crise politique majeure, celle de la conscription de 1917-1918, qui a vu la population du Québec s’opposer massivement à la loi du service militaire obligatoire outre-mer (votée en juillet 1917 par le gouvernement conservateur de Robert Borden). Cette lutte a culminé dans ce qu’on a appelé « les émeutes de Québec ». Ces émeutes ont duré quatre soirs (du 28 mars au 1er avril) et se sont terminées dans le sang. Convoquée pour mater les émeutiers, l’armée a ouvert le feu sur ceux-ci. Comment en est-on arrivé là ?
- « Nous sommes tous des Oury Diallo »
De façon méthodique, Cornelius Yufanyi arpente la petite place. Il est tendu en ce matin frisquet du 7 janvier 2007. Les forces de police anti-émeute sont positionnées aux quatre coins. De plus en plus de personnes, surtout de jeunes adultes, débarquent des trains et solidarisent sur les quais d’arrivée. Puis, ils gagnent les marches de la gare centrale — celles qui donnent sur la petite place. Nous sommes à Dessau, ville d’un peu moins de 80 000 habitants de la région de Saxe-Anhalt, à quelque 200 kilomètres au sud-ouest de Berlin.
- Vague d’espoir sur fond de crise
Elles ont failli ne pas avoir lieu ces élections, tenues en décembre 2005 alors qu’elles étaient prévues pour juin 2007. Rappelons qu’elles constituaient, à la suite de la paralysie du pays en juin dernier, la seule porte de sortie devant un parlement discrédité, un président démissionnaire et, surtout, en regard d’une polarisation croissante de la société bolivienne.
- Images d’une révolution à venir
« Ce n’est pas une image juste, c’est juste une image. »
– Jean-Luc Godard - Une école qui ne décolle pas
Le système scolaire existant au Québec à la fin des années cinquante du XXe siècle est le produit d’une longue évolution dont les historiens s’accordent en général pour situer le point tournant dans la Rébellion de 1837-1838.
- Ce que vous devez savoir sur la neutralité du Net
Nous sommes en 2017. À la suite d’une valse de fusions, l’accès à Internet, au Québec, est offert par seulement deux fournisseurs : Cogeco/Telus et Vidéotron/Rogers. Si vous choisissez le premier, vous disposez d’un accès ultra-rapide au réseau TQS, ainsi qu’au Itunes Media Store, grâce à un partenariat avec Apple. L’autre option vous permet d’accéder à l’ensemble des produits culturels de la nébuleuse Quebecor, ainsi qu’aux services de YouTube et de Google. Réfléchissez bien à votre choix, parce que la connexion sera d’une lenteur incommensurable si vous voulez explorer les sites web du compétiteur. Et les créations des amateurEs, les blogues citoyens, baladodiffusions et autres innovations ? De l’histoire ancienne. Scénario-catastrophe émanant d’un conspirationniste délirant et paranoïaque ? Espérons-le.
- Les élites responsables du déficit d’empathie
Dans une lettre d’opinion publié sur Pivot, l’historienne Catherine Larochelle [6] m’a ouvert une nouvelle voie qui permet d’intégrer plus clairement la responsabilité des élites politiques et médiatiques à ma réflexion sur l’empathie et sur son déclin dénoncé à grands cris par tant de nos contemporain·es.
- Le blanchiment du mouvement #MoiAussi
Le mot-clic #MeToo est devenu un mouvement international ayant transcendé les frontières des États-Unis et du Web. Après des millions de partages et des poursuites en diffamation contre les dénonciatrices, il y a lieu de se questionner sur l’invisibilisation de femmes noires et racisées qui sont à l’origine de ce mouvement.
- Les amazones
L’archétype de la femme noire forte – soit celle qui n’a besoin ni de protection, ni d’affection ni de bienveillance de la part de son entourage et de la société – a fait l’objet de diverses études aux États-Unis. La chanteuse Beyoncé en a même fait un emblème qui est souvent repris comme un compliment, voire un hymne à la force des femmes noires. Or, cet archétype n’est pas anodin.
- Effondrement. Un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout
Les personnes préoccupées par l’environnement ne peuvent pas s’empêcher de faire une équation très simple. Le GIEC nous avertit des catastrophes à venir si les gouvernements ne luttent pas efficacement contre le réchauffement climatique. Ceux-ci, justement, n’en font pas assez pour s’attaquer à ce problème. Notre avenir sera donc très orageux, si on se fie aux prédictions des scientifiques.
- Le monde magique d’Heather O’Neill
La littérature québécoise en anglais traverse actuellement une période particulièrement florissante. C’est du moins ce que prétend la revue Lettres québécoises qui lui consacre un dossier dans son dernier numéro, et qui tient Heather O’Neill comme une représentante flamboyante de ce renouveau.
- Le chemin de la révolte. Entretien avec Dominic Champagne
Dominic Champagne est un auteur et metteur en scène au parcours théâtral tumultueux, allant de l’underground, avec Cabaret Neiges Noires, jusqu’au Cirque du Soleil à Las Vegas. Il est aussi l’un des artistes québécois dont les engagements sont les plus visibles et les plus percutants, principalement ceux en faveur de la protection de l’environnement. Il nous explique les liens qu’il entretient entre son travail d’artiste et ses interventions militantes. Propos recueillis par Claude Vaillancourt.
- La mort au temps du coronavirus : un meurtre social ?
Au XIXe siècle, sous la poussée de l’industrialisation, les conditions de vie des familles ouvrières en Angleterre sont si misérables, et les inégalités si indécentes, que Friedrich Engels, alors en exil à Manchester, peine à nommer ce qu’il observe de ses propres yeux. Comment qualifier la situation d’enfants mutilés par les machines perceuses des usines ? Comment décrire la situation des familles nombreuses qui s’entassent dans des taudis étroits et insalubres, tandis que propriétaires et (…)
- La grande phobie de la violence
Choisir les actions non violentes, qui vont des grandes manifestations à la désobéissance civile, ou préférer l’action directe, qui ne craint pas toujours d’utiliser la violence pour se faire entendre. La première est jugée acceptable par l’opinion publique, alors que la seconde est sévèrement condamnée. Et si les choses n’étaient pas aussi simples ?
- Les commissaires scolaires, qu’ossa donne ?
Le célèbre numéro « Les unions qu’ossa donne ? » d’Yvon Deschamps mettait en scène un ouvrier aliéné au point de ne plus savoir distinguer entre les forces qui cherchent à l’écraser et celles qui peuvent l’aider à s’émanciper. Cette situation pourrait-elle malheureusement s’appliquer à la façon dont l’imaginaire collectif perçoit aujourd’hui les commissaires scolaires ?
- Adolescentes
Alors que Greta Thunberg est l’objet d’attaques de chroniqueurs conservateurs au Québec et dans le monde, nous publions sur notre site la chronique de Martine Delvaux de notre numéro estival (toujours en kiosque).
- Les coops d’habitation, pourquoi ?
Se loger est un besoin essentiel – qui le conteste ? Parmi les manières de le faire, la coop d’habitation est excellente pour favoriser un milieu de vie hospitalier, démocratique, solidaire et abordable.
- Quel rôle pour le syndicalisme ?
Dès la création des cégeps, les luttes syndicales ont influencé l’organisation du travail et contribué à maintenir la mission originale des collèges. Les syndicats d’enseignant·e·s jouissent d’une reconnaissance assez unique au Québec, qui leur a permis dans le temps d’exercer une influence importante, autant locale que nationale, dégrèvement pour les membres des exécutifs, enveloppe salariale fermée, accès à de multiples informations clés, etc. Pour discuter de l’influence du syndicalisme sur les cégeps et des luttes passées et celles à venir, nous avons joint Caroline Senneville, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), et Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ). Propos recueillis par Yannick Delbecque.
- Marre des zones grises
On m’a souvent demandé d’intervenir sur la question des agressions sexuelles, de la violence à caractère sexuel, autour d’#AgressionNonDénoncée et de #MoiAussi, sur la culture du viol, sur les rapports de pouvoir entre professeurs et étudiant·e·s en milieu universitaire… Tant de fois où j’ai parlé de ça, d’une manière ou d’une autre, je me rends compte que j’en suis fatiguée. Fatiguée d’en parler de la même façon, pour faire sérieux, professionnel. En parler de l’extérieur.
- Les stages rémunérés, c’est CUTE !
D’abord parue en une version courte publiée dans le numéro 73, voici la version plus élaborée de la rencontre avec ces militantes. Nous la publions aujourd’hui puisque les Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) profiteront de la journée des droits des femmes pour appeler à l’action et diffuser les perspectives féministes de cette campagne, intrinsèquement liée à la reconnaissance et la valorisation du travail invisible des femmes.
- Que révèlent les débats sur l’altérité musulmane ?
Les représentations négatives autour de l’islam remontent à loin. Tout un imaginaire s’est créé autour de l’islam et de l’Orient, et cela était déjà observable chez des auteurs des Lumières. L’Orient y était représenté comme l’antithèse de la modernité et du progrès. Ces représentations contribueront à mettre en scène la syntaxe sur laquelle prendra forme l’islamophobie contemporaine.
- Atmosphères de fin du monde
Parvenues à la maturité littéraire et comptant à leur crédit une œuvre consistante, Catherine Mavrikakis et Ying Chen, évoquent, dans leurs romans récents, la fin d’un monde, le nôtre, qui court à sa perte, victime paradoxale de ses conquêtes et de ses exploits apparents qui masquent une vision du monde profondément mortifère.
- À nous la ville !
Les gouvernements municipaux sont à l’image de la politique à plus grande échelle. Ils en sont même parfois la caricature tristement grossie : faible participation électorale, assemblées dysfonctionnelles, recours au huis clos, budgets d’austérité, privatisation des services, tarification, discours anti-impôts, ligne dure envers les employé·e·s syndiqué·e·s, collusion, corruption, malversation, etc. La bonne foi voudrait que nous présentions les municipalités comme ces essentiels « gouvernements de proximité ». Mais de quelle « proximité » s’agit-il ? Celle des leviers les plus directs pour affirmer et concrétiser nos volontés démocratiques ou bien celle des effets les plus immédiats quant aux décisions prises ailleurs et sur lesquelles nous n’aurions plus aucun contrôle ?
- Mobiliser le précariat
Il n’est plus exceptionnel aujourd’hui d’avoir un emploi au salaire minimum, très précaire et sans avantages sociaux ni régime de retraite. C’est au contraire devenu la norme, et les travailleurs et travailleuses migrant·e·s sont une composante essentielle de la stratégie néolibérale de « délocalisation intérieure ». C’est en se tournant vers ceux-ci et celles-ci que l’on peut voir les effets les plus visibles de la crise actuelle.
- L’État, les moeurs et la morale
La philosophie morale de Ruwen Ogien, complexe et pleine de subtilités, ne m’a pas laissé indifférent. Au contraire, provocante, elle m’a profondément questionné. Vous ne trouverez pas toutefois ici une synthèse analytique de sa pensée développée dans de multiples ouvrages. J’utilise trois de ses livres (L’éthique aujourd’hui, La guerre aux pauvres commence à l’école et L’État nous rend-il meilleurs ?) pour clarifier et préciser les rapports que j’entrevois entre État, mœurs et morale.
- Vers un point de bascule ?
L’automne 2014 fut riche en mobilisations sur le front de la lutte à l’austérité, et le mouvement syndical fut l’un des principaux acteurs de cette lutte, sinon le principal. Batailles contre la réforme des régimes de retraite des employés municipaux, contre la réforme des Centres à la Petite Enfance (CPE), contre les coupures à Radio-Canada, contre le projet de loi 10 en santé, bref, contre le projet général de liquidation du volet social de l’État. Semaine après semaine, l’opposition syndicale et populaire s’est fait entendre. Les centrales syndicales l’ont bien souligné lors de leurs sorties publiques de début d’année [7] : l’année 2015 sera elle aussi chargée, d’autant plus que les négociations du secteur public viendront s’ajouter à cette campagne plus générale.
Sur le plan de la mobilisation, le mouvement syndical semble prêt à être à nouveau de la partie en 2015. Qu’en est-il de l’analyse politique de la situation ? C’est sur ce terrain que j’aimerais m’interroger dans ce billet. Le mouvement syndical a-t-il pris la mesure de la radicalité des attaques que nous vivons, et de la radicalité nécessaire pour leur répondre ?
- Les famines dans la Corne de l’Afrique
La famine, la malnutrition, le déplacement de personnes et la sécheresse… telles sont les expressions qui inondent périodiquement les premières pages des journaux et des écrans de télévision tant dans les pays du Nord que ceux du Sud en provenance des pays de la Corne de l’Afrique (Djibouti, Éthiopie, Érythrée, Somalie) ; une corne du sang suivant l’expression de l’écrivain djiboutien Abdourahman Waberi. C’est une région africaine soumise à la violence et aux affrontements entre États ; tous les pays ont connu et traversent actuellement des crises politiques et des conflits armés.
- L’illusion démocratique
La grande force des dominants aujourd’hui est de s’appuyer sur le système politique le plus légitime qui soit, la démocratie, et de le vider de tout son sens. Les citoyens et les citoyennes ont parfois l’impression de pouvoir agir sur leur sort, en allant voter principalement, alors qu’en vérité ils sont bâillonnés. Ce détournement de la démocratie a comme principal effet de bloquer les solutions pour résoudre les crises qui s’accumulent.
- L’assujettissement à la finance
La crise financière de 2008 aura permis de mettre en lumière la formidable puissance du secteur financier dans les économies occidentales. Cette sphère financière qui pouvait sembler totalement décrochée du réel avec ses produits dérivés exotiques, comme les hedge funds ou des fonds spéculatifs sur la météo, a montré à quel point elle était en mesure de dévaster l’économie réelle.
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- Dossier : Le sport en ville - une appropriation citoyenne
- No 016 - oct. / nov. 2006
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- Dossier : Après-crise ou crise permanente - Où en sommes-nous ?
- Dossier : La réingénierie de Charest, une entreprise de démolition sociale
- No 017 - déc. 2006 / jan. 2007
- Mini-dossier : Nommer pour mieux exister
- No 095 - Printemps 2023
- No 090 - décembre 2021
- Dossier : Gaspésie - Forces vives