Mélancolies identitaires

No 083 - mars 2020

Mark Fortier

Mélancolies identitaires

Eve-Marie Lacasse

Mark Fortier, Mélancolies identitaires. Une année à lire Mathieu Bock-Côté, Montréal, Lux Éditeur, 2019, 176 pages.

Ce petit livre qu’a pondu Mark Fortier, en s’astreignant à consulter l’oracle de Mathieu Bock-Côté (MBC) à tous les jours sur une période d’un an, critique la pauvreté intellectuelle du penseur fétiche et tonitruant de Québecor.

On se serait attendus, en lisant le titre de ce petit essai, à une analyse en profondeur des thèses de Mathieu Bock-Côté ainsi qu’à une réfutation de celles-ci. Or, ce n’est pas exactement à cela que nous convie Mark Fortier. L’auteur a plutôt voulu voir comment son intellect pourrait être affecté par une lecture quotidienne des propos de MBC, le « Schtroumpf à lunettes » du paysage médiatique québécois. Et pour ne pas que l’effet soit trop brutal, Fortier use abondamment de la digression, qui nous accroche bien souvent un sourire, malgré la pesanteur du propos à certains moments.

En nous amenant avec lui à la Foire du livre de Francfort, dans la maison de son grand-oncle à Sainte-Foy, à Sarajevo sur les pas de Pierre Vallières, à la patinoire de son quartier, Fortier nous entretient de MBC et du Québec d’aujourd’hui et d’hier. Il le fait habilement, en traçant un chemin d’analyses et d’anecdotes diverses, mais toujours en nous démontrant que ce que MBC propose, eh bien, c’est peu, c’est pauvre et c’est déprimant.

Heureusement, tout en étant cohérent et sérieux dans ses critiques, le livre de Fortier ne se prive pas de nous faire rire et de nous amener parfois la larme à l’œil, le tout pour compenser les fadaises bockcôtiennes. Surtout pour contrebalancer la dépression quasi automatique qui accompagne la lecture quotidienne de MBC : alors que ce dernier nous souhaite petit·e·s, Mark Fortier nous souhaite grand·e·s.

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