Éditorial du numéro 83
La valeur et le prix de l’information indépendante
À bâbord ! ne mettra pas la clé dans la porte au cours des prochains mois. Mais il est clair que sans votre aide, notre survie est menacée.
La crise des médias n’épargne personne, tant les grandes entreprises de presse que les publications indépendantes. Cette crise est notamment provoquée par un déplacement des revenus de la publicité des médias écrits vers les plateformes des médias sociaux. Elle est aussi aggravée par l’abondance d’informations gratuites disponibles sur Internet. Bien que positive, cette situation pose la question du financement. En ne soutenant pas la valeur de l’information indépendante à son juste prix, nous nous appauvrissons collectivement.
Cette crise globale, largement commentée, a un effet qu’on n’a pas fini de ressentir. Les médias les plus renommés, bien intégrés au système capitaliste, cherchent la meilleure solution pour assurer leur survie, que ce soit The Guardian à Londres, Le Monde à Paris ou le New York Times. Personne ne semble pour le moment avoir trouvé la formule idéale.
Au Québec, la crise a provoqué de fortes réactions et a changé le paysage médiatique. La Presse est devenue une « fiducie d’utilité sociale », les quotidiens régionaux de Capitales Médias se transformeront en coopérative. Les gouvernements ont réagi en offrant leur appui et du financement, principalement sous la forme de crédits d’impôt sur la masse salariale.
Il faut le dire franchement : la grande crise qui affecte les médias touche aussi À bâbord ! Le résultat concret de ce phénomène : une baisse marquée de nos abonnements, entre autres, qui rend notre situation financière périlleuse. Pendant que les problèmes des médias les plus en vue attirent l’attention, peu de regards se portent sur les difficultés des médias alternatifs. Le hic, c’est que les solutions entrevues pour les grands ne conviennent pas pour les médias plus marginaux. Comment profiter de crédits d’impôt alors que les salariés sont très rares dans ce milieu ? Comment compter sur la publicité alors que nous avons toujours refusé celles des grandes entreprises capitalistes ?
Les médias comme À bâbord ! ont tout à fait leur place dans une société qui croit vraiment en la diversité des sources d’information, en la liberté d’expression et en l’importance d’une réflexion critique. Nous sommes convaincu·e·s que notre revue a une place à part dans le paysage médiatique québécois. Non seulement par notre point de vue résolument de gauche, mais aussi parce que nous donnons la parole à celles et ceux qui ont accès à peu de tribunes, aux personnes en provenance des syndicats, des groupes communautaires, des voix de la diversité. À bâbord ! crée un espace de débats, de critique, de réflexion pouvant accueillir des voix autres face aux discours dominants (celui des corporations, du pouvoir, de la novlangue, etc.) qui colonisent trop souvent l’espace médiatique actuel.
Nous sommes aussi attentifs à ouvrir nos pages aux gens de tous les lieux du Québec, en consacrant, entre autres, un numéro par année à une région. Nos textes sont souvent repris, diffusés, cités, tout cela gratuitement. Ils s’intègrent dans la vie intellectuelle d’aujourd’hui, sans que nous en retirions des revenus en conséquence, comme bien d’autres médias d’ailleurs.
À bâbord ! est une revue qui reste cohérente envers elle-même en choisissant un mode de production particulier, qui correspond à ses valeurs. Notre fonctionnement est non hiérarchique et notre revue est autogérée. Toutes les décisions sont prises par un collectif ouvert, engagé et composé d’individus attachés à diverses tendances de la gauche. C’est ce modèle unique qui se trouve aujourd’hui en jeu.
Nous avons fait nos devoirs pour réagir à la crise que nous avons bien vu venir. Nous avons présenté une nouvelle maquette, plus belle, plus dynamique. Nous avons transformé notre site, tenu des lancements bien fréquentés, assuré notre présence sur les réseaux sociaux, rendu nos articles accessibles.
À bâbord ! ne mettra pas la clé dans la porte au cours des prochains mois. Mais il est clair que sans votre aide, notre survie est menacée. Nous entreprenons donc une campagne de financement, auprès de nos lecteurs et lectrices, auprès de celles et ceux qui nous découvriront. Cette campagne vise surtout à hausser de façon significative nos abonnements qui sont notre plus précieuse source de revenus et de rayonnement à long terme.
Vous voulez nous soutenir, montrer que la diversité de l’information vous tient à cœur ? Abonnez-vous, abonnez un·e ami·e ! Les dons sont aussi très bienvenus. Ils nous permettent d’avoir un bon coussin financier nécessaire à la production de plusieurs numéros à l’avance. Votre aide est d’autant plus indispensable que nos gouvernements, qui se targuent de soutenir publiquement les médias, n’ont strictement rien prévu pour les médias alternatifs.
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