Un futur renouvelable

No 083 - mars 2020

Richard Heinberg et David Fridley

Un futur renouvelable

Claude Vaillancourt

Richard Heinberg et David Fridley, Un futur renouvelable. Tracer les contours de la transition énergétique, Montréal, Écosociété, 2019, 264 pages.

Dans ce livre, Richard Heinberg et David Fridley entreprennent une mission fondamentale : essayer d’imaginer le monde sans énergies fossiles. Ils le font avec compétence, sans mettre des lunettes roses, sans être catastrophistes non plus, procédant avec une grande rigueur scientifique. Ils examinent, l’une après l’autre, les technologies qui seront alors à notre disposition (biomasse, hydrogène, géothermie, etc.)

Cet exercice est important puisque la survie de notre planète demande une pareille transition et que les limites d’exploitation des énergies fossiles l’exigeront, qu’on le veuille ou non, et plus rapidement qu’on pourrait le croire. Le résultat n’est peut-être pas celui attendu. Non, nous ne pourrons pas continuer à vivre comme nous le faisons aujourd’hui : « un avenir fondé sur le solaire et l’éolien fournira probablement moins d’énergie dans l’ensemble, moins de mobilité et moins de capacité de fabrication. » Tout ce qui demande une forte densité énergétique sera particulièrement touché : il ne sera plus possible d’entretenir des flottes commerciales d’avions, et les bateaux devront à nouveau utiliser la voile.

La transition vers un monde sans émission de CO2 est coûteuse, elle demande des investissements considérables. Les auteurs rappellent à plusieurs reprises qu’elle doit aussi se faire à un moment où les énergies fossiles sont encore facilement disponibles. La mise en place des nouvelles infrastructures – une transformation gigantesque – doit pouvoir profiter de ces ressources précieuses qui accéléreront le processus et vaincront des difficultés qui deviendront considérables si l’on tarde trop. Il s’agit là, sans doute, d’un des principaux messages de ce livre.

Nous perdrons donc de notre confort matériel lorsque les énergies fossiles n’existeront plus. Nous passerons d’une économie de consommation à une économie de conservation. Mais nous gagnerons aussi, à vivre dans un monde avec une pollution réduite, un air bien meilleur et des villes plus conviviales. Tout ne sera pas parfait cependant : les problèmes de l’extinction des espèces et de la raréfaction des terres persisteront. L’essai de Heinberg et Fridley, lucide et rigoureux, ne dit pas des vérités agréables à entendre. Mais il demeure essentiel pour mieux comprendre les changements qui nous attendent.

Thèmes de recherche Ecologie et environnement, Energie, Livres
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