Fermer les rideaux sur les médias sociaux

No 075 - été 2018

Sécurité numérique

Fermer les rideaux sur les médias sociaux

Anne-Sophie Letellier

Aujourd’hui, il est pratiquement impossible d’échapper au pistage des géants du numérique. Même une personne ne possédant pas de compte Facebook, Twitter, Google ou autre risque de se retrouver dans les bases de données de ces plateformes à travers les données récoltées sur les sites web visités ou les publications de ses connaissances. Outre la collecte de données opérée par ces entreprises, les médias sociaux sont une mine d’informations pour quiconque – un futur employeur, un stalker ou un adversaire politique – souhaite en savoir plus sur vous ou votre entourage. Heureusement, il existe plusieurs manières de tirer les rideaux sur les médias sociaux afin d’améliorer la protection de sa vie privée.

Le consentement, c’est la base

L’importance du consentement est une dimension de nos habitudes qui tend à s’effacer à une époque où l’on nous invite à nous exprimer de manière exhaustive en ligne. En comprenant le consentement comme étant le pouvoir d’accepter ou non une situation en connaissance de cause, il est facile de voir comment le principe tend à être problématique sur les médias sociaux. De par la collecte de données et de métadonnées par les plateformes, le contrôle qu’un individu peut exercer sur son identité numérique est limité.

Le problème du consentement peut également relever d’actions en apparence anodine : publier une photo où toutes les personnes n’ont pas explicitement donné leur accord préalable, télécharger une application ou répondre à un quiz qui demande un accès à l’ensemble des contacts d’un individu, etc. Pour toutes ces situations, il est important de penser à la manière de changer la culture autour du consentement sur les médias sociaux. L’objectif n’est pas de cesser de « taguer » des gens ni de publier des photos, mais plutôt de ne pas forcément tenir pour acquis qu’une personne accepte d’être identifiée en ligne ou qu’elle accepte que les informations accessibles sur son profil public soient remises à une compagnie afin que vous puissiez avoir accès à un quiz amusant. En cas doute, demandez-le à la personne… ou ne partagez pas l’information !

Des paramètres à régler

Si renforcer le principe du consentement est une base nécessaire pour une utilisation des médias sociaux plus respectueuse de la vie privée, un contrôle efficace des paramètres de confidentialité est une opération nécessaire pour fermer les rideaux d’une maison autrement entourée de fenêtres, donc offerte au regard de quiconque intéressé de voir ce qu’il se passe à l’intérieur.

Si les informations partagées régulièrement peuvent paraître inoffensives, il n’en reste pas moins que prises ensembles, hors contexte et enrichies de l’interprétation d’autrui, elles peuvent raconter une histoire qui n’est pas la vôtre. Par exemple, les groupes Facebook auxquels vous appartenez, les pages que vous avez aimées autant que vos photos de soirées un peu trop arrosées peuvent rebuter un futur employeur ou donner des indications à un adversaire pour vous discréditer. Dans le même ordre d’idées, indiquer votre lieu de travail, la ville où vous habitez et identifier les membres de votre famille peuvent en dire beaucoup à une personne malintentionnée qui pourra ensuite utiliser vos contacts comme source de vulnérabilité, pour casser un de vos mots de passe par exemple.

Pour cette raison, resserrer ses paramètres de confidentialité est généralement un choix judicieux dans la mesure où cela permet d’assurer une meilleure intégrité contextuelle de l’information.

Dans le contexte où la majorité des services que nous utilisons récoltent et mettent en relation une panoplie de données sur nos activités numériques et celles des personnes avec qui nous interagissons et où il est particulièrement difficile de prévoir les effets à long terme, la sécurité numérique et la protection de la vie privée deviennent réellement l’affaire de tous et toutes. Protéger ses arrières n’est pas suffisant, il faut aussi développer une meilleure considération pour les autres individus qui se trouvent dans nos cercles.

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème