Dossier : Bouger des montagnes. Les Laurentides engagées !
Santé mentale : cent fois sur le métier...
La santé mentale est influencée par des déterminants sociaux tels que le revenu, le statut social, les réseaux de soutien social, l’instruction, l’emploi et les conditions de travail, l’hygiène de vie, les habiletés d’adaptation, etc. Il est donc essentiel de développer une pensée critique face à la psychiatrie traditionnelle et à la vision biomédicale et pharmaceutique des problèmes de santé mentale.
Un des dossiers prioritaires de Droits et recours Laurentides (DRL) est celui de la transformation des services de psychiatrie du pavillon Jeanne-Mance de l’hôpital de Saint-Jérôme, relié au Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides (CISSSL). Cette transformation doit se faire selon un principe d’appropriation du pouvoir des personnes directement concernées. Elle doit aussi comprendre des approches diversifiées et le respect des droits doit guider la prestation de services.
À la suite du rapport d’enquête dévastateur du Collège des médecins du Québec (CMQ) et de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) [1], un comité de vigie ministériel a été mis sur pied en mars 2012 pour s’assurer de la mise en œuvre des 27 recommandations contenues dans ce rapport. Le rapport dénonçait notamment l’absence de services, un climat de travail malsain, le manque de ressources professionnelles et des lieux physiques vétustes, déprimants, non sécuritaires et insalubres. Il faisait également état de plusieurs préoccupations relatives au non-respect des droits des patient·e·s, de la confidentialité, de la qualité des soins médicaux. Parmi les recommandations formulées, plusieurs visent l’élaboration et la diffusion de politiques claires sur le respect des droits et sur les pratiques à omettre. Des formations sont recommandées afin de favoriser l’intégration de nouveaux apprentissages à la pratique en santé mentale, à partir du point de vue et des forces du patient.
Ce comité a été dissout en juin 2015 et remplacé par un « Comité des partenaires » qui devait assurer le suivi des recommandations et au sein duquel siégeaient plusieurs représentant·e·s d’organismes communautaires.
Plusieurs rencontres du comité ont eu lieu et, malgré l’existence d’une planification d’autres réunions, le CISSSL annonçait, en décembre 2015, sa dissolution. Il aurait été remplacé par des rencontres entre chefs d’unité de soins en psychiatrie. Le sort réservé à l’ensemble des recommandations demeure inconnu.
Le plan d’action en santé mentale
En avril 2016, le CISSSL organisait un forum sur la santé mentale pour adultes. Lors de ce forum, nous avons répété notre inquiétude au sujet de la décision du CISSSL de ne pas poursuivre les travaux du « Comité des partenaires ».
Tel que prévu dans le plan d’action, un comité stratégique sur la primauté de la personne et des comités tactiques régionaux ont été mis sur pied, dont un sur le respect des droits. Nous siégions au sein de ces deux comités, mais depuis juillet 2017, nous sommes sans nouvelles.
Devant le sentiment de chaos perpétuel engendré par sa structure, la réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux rend peu attrayante la participation citoyenne.
Le respect des droits fondamentaux, la prise de parole et l’appropriation collective du pouvoir sont des clés essentielles pour une réelle transformation des services et des pratiques en santé mentale. Des approches diversifiées et respectueuses de la dignité des personnes doivent guider la prestation des services. Malgré les bonnes intentions du ministère d’inclure les personnes responsables de la prestation, la planification et l’organisation des services, nous sommes encore bien loin de ce noble objectif.
[1] Rapport d’enquête sur la qualité des soins en santé mentale au CSSS de Saint-Jérôme, juin 2011