Coup d’oeil
Bâtiment 7
Le 5 mai dernier, nous avons coupé une chaîne plutôt que le ruban traditionnel des inaugurations. Symbolique exprimant autant les actes raisonnés que les émotions ressenties depuis mars 2009.
Chemin tracé à la dure, marqué de négociations, pressions et autres actions directes. Le plus frappant : nous avons sauvé et repris à un capitaliste immobilier un bâtiment voué à la démolition. Mais le plus crucial est sans doute cette nécessaire réappropriation de nos territoires si nous voulons sortir de notre dépendance collective et vivre autrement. Voilà où logeait la fierté des militant·e·s et artisan·e·s inaugurant cette première phase du Bâtiment 7.
Cette volonté rebelle d’appropriation du B7 sous notre slogan/rêve « Fabrique d’autonomie collective » s’est buté à un système organisé (subventions privées ou étatiques, industrie de la construction, normes bureaucratiques, etc.) fait pour dompter tout ce qui serait tenté d’échapper à son emprise.
Heureuses, heureux et fatigué·e·s, il nous faut reprendre notre souffle parce que, nous le savons, rien n’est acquis. La plupart croient les turbulences terminées. Nous appelons tout le monde à la vigilance. À partir de notre quartier Pointe-Saint-Charles, nous osons croire que nous inventons et partageons des « lieux communs » avec les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, les zapatistes du Chiapas ou l’ensemble des résistances qui voient l’autonomie comme un combat politique — l’art de s’organiser sans l’État.
Encore ébloui·e·s de ce que nous avons réalisé, nous poursuivons bien humblement cette lente et difficile appropriation de ce nouveau territoire de vie. Des B7 partout.