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Articles (2195)
- Comment la lutte aux paradis fiscaux a été récupérée
On apprenait récemment la publication d’un court essai intitulé Paradis fiscaux. Comment on a changé le cours de l’histoire, qui raconte les dernières tentatives de réformer la fiscalité internationale. Le titre témoigne de la confiance des privilégiés qui, aux commandes des grands chantiers de réforme, s’assurent que le vent du changement tourne toujours en leur faveur.
- Un enjeu capital
La question des paradis fiscaux et judicaires a été une fois de plus ramenée dans l’actualité par deux scandales récents. La crise financière que nous traversons a été causée en grande partie par la multiplication de produits financiers toxiques, dont de très nombreux transigent par les paradis fiscaux. En Allemagne, un réseau d’évasion fiscale via le Lichtenstein, au service de quelques richissimes privilégiés, a causé des pertes d’environ 4 milliards d’euros en revenus fiscaux. Plus que jamais, il semble urgent d’intervenir contre ces espaces de non-droit que sont les paradis fiscaux.
- Paradis fiscaux. Au-delà des belles intentions
Rarement les élites financières auront été aussi ébranlées que par les scandales qui se sont succédé concernant les paradis fiscaux. Les Offshore Leaks, Swiss Leaks, Lux Leaks et Panama Papers ont agi comme autant de coups de marteau sur un clou qu’on enfonce. Devant des injustices aussi flagrantes et des inégalités sociales qui ne cessent de s’accentuer, les gouvernements ne pouvaient plus rester inactifs. Mais peut-on vraiment se fier à eux pour prendre les importantes mesures qui s’imposent ?
- Paradis fiscaux : la filière canadienne – Barbarde, Caïmans, Bahamas, Nouvelle-Écosse, Ontario…
Paradis fiscaux : la filière canadienne – Barbarde, Caïmans, Bahamas, Nouvelle-Écosse, Ontario…, Alain Deneault, Montréal, Écosociété, 2014.
- Négos des secteurs public et parapublic : L’heure du bilan... et de la préparation
Quelles réflexions préliminaires peut-on tirer des négociations des secteurs public et parapublic menées en pleine crise sanitaire, en vue du prochain cycle de discussions qui viendra rapidement ?
- Le temps est venu de réclamer... leur dû
À lire certains éditorialistes ou chroniqueurs de la presse écrite, la présente conjoncture n’annonce a priori rien qui vaille la peine pour les salariées des secteurs public et parapublic au Québec. Les Sansfaçon, Dubuc et Girard, nous informent que les perspectives de récoltes sur le plan salarial, en cette période dite trouble pour les finances publiques, s’avèrent inexistantes. Des hausses faméliques, pour ne pas dire complètement et largement en deçà de l’inflation, sont à envisager selon ces mauvais oracles.
- Les vains espoirs du G20 à Londres
Rarement une rencontre internationale a été précédée d’une telle rumeur que lors du dernier G20 tenu à Londres les 1er et 2 mars 2009. Avant ce sommet, plusieurs chefs d’État s’étaient emportés dans des déclarations tonitruantes contre les banquiers, les paradis fiscaux, voire même le sacro-saint capitalisme. Certes, de la part d’individus élevés dans le giron du néolibéralisme, il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Mais un espoir demeurait : et si la crise que nous subissons était d’une ampleur telle qu’elle forcerait nos dirigeants à mettre en place les mesures progressistes qu’ils venaient d’annoncer ?
- Au sujet de certaines formes de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États
Voici une liste provisoire et non exhaustive de certains types de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États qui ont pris forme au sein de divers modes de production qui se sont succédé dans l’histoire (la commune primitive, le mode de production esclavagiste, le mode de production féodal, le mode de production capitaliste, le mode de production « socialiste » et le mode de production « communiste »). Les concepts énumérés ici sont définis, par ordre alphabétique, dans un lexique qui apparaît dans la deuxième partie du texte.
- Les pompiers pyromanes
Les citoyens et citoyennes de nombreux pays se serrent la ceinture parce que leur gouvernement a renfloué à coup de milliards des banques aux comportements irresponsables. Pendant ce temps, ces mêmes banques et des comptables « créatifs » accumulent les magouilles et les combines pour permettre aux plus riches d’échapper à l’impôt par le biais des paradis fiscaux. Cette situation n’est plus dénoncée uniquement par la gauche, mais par des représentants vénérables de l’ordre néolibéral. Faut-il les prendre au sérieux ?
- Un iceberg à éviter
Le 10 janvier 2013, la juge Claudine Roy de la Cour supérieure du Québec a rendu sa décision en lien avec la loi spéciale imposée autoritairement le 15 décembre 2005 par le gouvernement de Jean Charest. Rappelons que la Loi 43 avait pour effet de mettre un terme unilatéralement à la ronde de négociation des secteurs public et parapublic qui s’est échelonnée de 2003 à 2005 et d’interdire l’exercice de la grève dans ces deux secteurs jusqu’en mars 2010. À la lumière de ce jugement, on peut se poser les deux questions suivantes : à quoi correspond la protection constitutionnelle apparentée à la liberté d’association et à la liberté d’expression pour les salarié·e·s des secteurs public et parapublic ? Y a-t-il encore un avenir pour les négociations collectives dans ces secteurs ?
- Comment les paradis fiscaux ont ruiné mon petit-déjeuner
François Samson-Dunlop, Comment les paradis fiscaux ont ruiné mon petit-déjeuner, Montréal, Écosociété, 2019, 216 pages.
- Fraudeuses du fisc
En plus d’œuvrer au Canada, il faut savoir que les banques canadiennes sont également présentes dans de nombreux autres pays. Outre les États-Unis et le Royaume-Uni, elles se retrouvent au sein de plusieurs petits pays que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) considère… comme des paradis fiscaux ! C’est à cet aspect qu’une récente étude de la Chaire d’études socio-économiques (CESE) de l’UQAM [1] s’est attardée, c’est-à-dire aux répercussions que la présence des banques canadiennes dans ces endroits ont sur les recettes fiscales de nos gouvernements. Cette étude a donc quantifié les montants d’impôts sur le revenu des sociétés que les principales banques canadiennes ne versent pas aux fiscs canadien et québécois, puisqu’elles ont pignon sur rue dans des pays où l’imposition du profit est quasi inexistante.
- Négos du secteur public et parapublic. Résultats mitigés
Une ronde de négociations s’achève dans les secteurs public et parapublic, sans offrir de répit aux travailleur·euse·s, puisque la suivante s’apprête à débuter. Mise en contexte, faits saillants et éléments de perspective.
- Splendeur et misère des coalitions
Les causes se gagnent plus facilement quand l’union fait la force. Syndicats et organisations citoyennes jugent souvent nécessaire de former des coalitions afin de mettre en commun leur énergie pour une cause particulière et lutter plus efficacement. Mais ces réseaux n’ont pas la vie facile, le plus souvent à cause d’un manque d’argent.
- Offshore : Paradis fiscaux et souveraineté criminelle
Alain Deneault, Offshore : Paradis fiscaux et souveraineté criminelle, Montréal, Écosociété, 2010
- Bataille autour du Code du travail en 1964-1965
Les années 1960 marquent une grande période d’expansion pour le mouvement syndical québécois. Durant cette décennie, le taux de syndicalisation bondit de 30 à 40 %. Les effectifs passent de 375 000 à 700 000 syndiqué·e·s. Cette progression est imputable, pour l’essentiel, à l’implantation du syndicalisme dans les services public et parapublic. La force de frappe du mouvement syndical se manifeste en 1964-1965 par la conquête de nouvelles lois du travail qui ont pour effet de reconnaître aux salarié·e·s des secteurs public et parapublic le droit de négociation et le droit de grève. Retour sur un événement historique dont on célébrera le cinquantième anniversaire au cours des prochains mois.
- L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, tome 1 : L’illusion du provisoire
Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, tome 1 : l’illusion du provisoire, Paris, Raisons d’agir, 2006.
- Contre-réforme agraire et agrobusiness
On estime à 3,5 millions le nombre de déplacées internes en Colombie au cours des vingt dernières années. Toutefois, il ne s’agit pas d’une population déplacée pour cause de guerre, c’est plutôt une guerre menée exprès pour déplacer les populations. Le phénomène du déplacement forcé, bien qu’il soit parfois dû aux confrontations armées, est une stratégie étatique contre les populations rurales qui a pour but d’opérer une contre-réforme agraire et de mettre des territoires stratégiques au service des intérêts économiques nationaux et internationaux. Sur ces terres volées aux paysannes se déploie actuellement une vaste gamme de projets agro-industriels, d’élevage extensif, d’exploitation minière, pétrolière et forestière. La Colombie est l’un des pays ayant la plus grande concentration de terres en Amérique latine. Aujourd’hui, le gouvernement d’Uribe Velez prétend légaliser cette contre-réforme agraire par des nouvelles lois sur le « développement rural » et sur la « démobilisation » des paramilitaires.
- Ce que devrait refléter un bulletin scolaire
CLÉOPÂTRE — Que dis-tu ? Sors d’ici, horrible scélérat ! (Elle le frappe.) ou avec mon pied je repousserai tes yeux comme des billes ; j’arracherai tous les cheveux de ta tête. (Elle le maltraite.) Tu seras fouetté avec des verges de fer trempées dans de l’eau salée ; tes plaies, imprégnées de saumure, seront cuisantes.
LE MESSAGER — Gracieuse reine, je vous apporte ces nouvelles, mais je n’ai pas fait le mariage.
Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, Acte II, Scène 5.
- Paradis sous terre
Paradis sous terre, Alain Deneault et William Sacher, Écosociété, 2012, 188 pages.
- Paradis infernaux
Mike Davis et Daniel B. Monk (dir.), Paradis infernaux, Paris, Les prairies ordinaires, 2008, 318 p.
- Quel principe sous-tend l’imposition ?
Le fisc ne se réduit pas à un mécanisme technique de redistribution de la richesse. C’est pour donner corps à un principe civique supérieur qu’il remplit cet office. Pointe d’épine dans le gras du riche, il rappelle à ce dernier que l’enrichissement personnel est tributaire d’une organisation collective. Sans un contexte social structuré, il n’y aurait nul lieu d’engranger des profits à soi seul.
- La CAQ : le grand paradoxe
À la veille des élections, le collectif À Bâbord ! ne pouvait ignorer les quatre années du premier gouvernement de la CAQ. Le bilan de ces dernières nous confronte à un étrange paradoxe : comment un gouvernement aussi médiocre réussit-il à être si populaire ? Comment expliquer que les sondages demeurent toujours à son avantage alors que ses réalisations sont si restreintes et si contestables ?
- Chili. Rébellions populaires contre le néolibéralisme
Depuis le 18 octobre 2019, le Chili néolibéral du président Piñera est entré en crise, en proie à une vaste rébellion populaire touchant le pays entier. En ce début de novembre 2019, les blocages sont partout, laissant voir que se joue un véritable bras de fer politique entre forces sociales irréductiblement opposées.
Photos : Fabián Muñoz.
- Assauts répétés contre la fonction publique
Un débat fait rage en ce moment au Québec. Il s’agit de celui visant à cibler les mesures nécessaires en vue de rétablir, d’ici 2016, l’équilibre budgétaire. Selon les porte-parole gouvernementaux (Philippe Couillard, Martin Coiteux, etc.) et certains de leurs alliés dociles et serviles (André Pratte, Alain Dubuc, le Conseil du patronat), l’exercice entraîne forcément une stricte limitation des dépenses gouvernementales dont, nous répète-t-on à satiété, « 60 % du total est consacré à la rémunération des employés ». Ce débat n’est pas nouveau et comme nous le verrons, il repose sur une manipulation malhonnête de certaines données.
- L’équité et l’avenir des services publics
Le gouvernement du Québec et les associations syndicales ont rendez-vous afin de renouveler les conventions collectives de quelque 475 000 salariés de l’État québécois. Les organisations syndicales, regroupées au sein d’un Front commun, demandent des améliorations salariales totalisant 11,25 % sur trois ans. Le gouvernement réplique avec une offre globale de 7 % sur une période de cinq années. Alors que les uns justifient leurs demandes au nom de l’équité et de la capacité d’attirer et de retenir des ressources humaines de qualité, les ténors gouvernementaux font valoir que les salariés de l’État bénéficient d’une rémunération globale qui fait l’envie de plusieurs salariés du secteur privé. Qu’en est-il au juste ?
- Le culte de la charogne. Anarchisme, un état de révolution permanente (1897-1908)
Albert Libertad, Le culte de la charogne, Anarchisme, un état de révolution permanente (1897-1908), Marseille, Agone, coll. « Mémoires sociales », 2006, 508 p.
- Au-delà de la réforma agraire
Pour ceux et celles qui espéraient que l’élection du Parti des Travailleurs (PT), en 2003, mettrait fin à vingt ans de répression de la lutte pour le droit à la terre au Brésil, les espoirs ont vite été déçus. Depuis l’arrivée de Lula au pouvoir, la situation ne s’est pas améliorée, au contraire. En 2003 seulement, 73 travailleurs ruraux ont été assassinés et 35 292 familles ont été expulsées de leurs terres. Cette recrudescence de la violence s’explique par le fait que l’autorité du gouvernement fédéral est sévèrement limitée au niveau des États, et encore davantage au niveau local.
- Gratuité scolaire (2è partie) - Parachever le projet d’équité scolaire et sociale
En faisant adopter le projet de loi no 12 [2], le gouvernement Legault a confirmé qu’il ne tient pas à rendre l’école gratuite, mais à en perpétuer le caractère facturable et, conséquemment, inéquitable. Or, des avenues plus prometteuses et plus structurantes en matière de gratuité scolaire auraient pu être privilégiées.
La première partie de cette chronique est disponible ici.
- Projet de Déclaration universelle du bien commun de l’humanité
À l’initiative du Forum mondial des Alternatives, un projet de Déclaration universelle du bien commun de l’humanité a été présenté au Sommet des peuples, en marge du Sommet de Rio+20, en juin 2012. Il devait être présenté formellement au Forum social mondial de Tunis en mars dernier. Bien qu’aucune activité autour de ce projet de déclaration n’ait été inscrite formellement au FSM par le Forum mondial des Alternatives, les discussions autour du texte se poursuivent.
- Quelle stratégie pour la gauche ?
Pierre Mouterde vient de faire paraître un ouvrage consacré à La gauche en temps de crise. Nous lui avons demandé de préciser ses analyses et ses propositions face aux défis qui confrontent la gauche québécoise dans une conjoncture marquée par une nouvelle crise – ultime ? – du capitalisme.
- Pour une usine Vaudreuil durable
Conflit social à Saguenay : la multinationale Rio Tinto veut développer un site d’entreposage de résidus de bauxite en plein cœur de la ville. Le comité Citoyens pour un Vaudreuil durable clame cependant haut et fort que ce projet n’est pas acceptable et que d’autres solutions existent.
- Aux origines du FLQ : pour l’indépendance et le socialisme
Au début des années 1960, le Québec est en ébullition. La Révolution tranquille est en marche, mais pour plusieurs, elle est insuffisante. Dans ce contexte, de jeunes radicaux fondent en 1963 le Front de libération du Québec (FLQ), « pour l’indépendance et le socialisme ». Ce moment fondateur, moins connu que les coups d’éclat de la fin de la décennie, permet de comprendre les motivations de l’indépendantisme révolutionnaire au Québec et sa pérennité. Soixante ans plus tard, que reste-t-il du premier FLQ ?
- De vocation à profession
Durant un mois, d’octobre à novembre 1963, quelque 250 infirmières de Sainte-Justine se mettent en grève pour obtenir une véritable reconnaissance de leur travail. De vocation sous les auspices des bonnes sœurs, le travail infirmier deviendra une profession. Ces infirmières ont pavé la voie à la reconnaissance syndicale dans tout le secteur public. Retour sur une grève historique méconnue.
- Services publics : vers la grève !
La grève est un moyen d’action qui a laissé ses traces dans l’histoire des négociations des secteurs public et parapublic au Québec. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que les conventions collectives sont à renouveler, et ce, en pleine pandémie ?
- L’inquiétante étrangeté des univers parallèles
Dans leurs derniers romans, Pierre Samson et Jocelyne Saucier nous entraînent dans des mondes singuliers, logés au cœur de notre univers feutré, comme des réalités inversées, bousculant nos habitudes et nos représentations.
- Les mouvements pour un salaire étudiant
Nous publions ici la version intégrale d’un article d’Aurélien Casta paru en version abrégée dans le magazine des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE). L’auteur remercie les membres des CUTE et en particulier Annabelle Berthiaume pour leur proposition et leur relecture des différentes versions de ce texte, ainsi que Maud Simonet, Bernard Friot et Laura pour leurs suggestions.
- Déconstruire l’accouchement pour retrouver l’enfantement
En retraçant l’historique de l’apparition et de la popularisation des interventions obstétricales et de la sémantique utilisée pour parler d’accouchement, Stéphanie St-Amant met en évidence la construction des conceptions actuelles de l’accouchement en Occident.
- Le secteur minier au Chili
SANTIAGO. Le 13 octobre 2010, dans le nord du Chili, le monde entier assiste au sauvetage en direct de 33 mineurs séquestrés à 700 mètres sous terre depuis 2 mois. Le même jour, loin des caméras, le Congrès chilien, déserté par les journalistes, entérine la prolongation d’un régime d’invariabilité de l’impôt sur les entreprises minières. Le pays sud-américain est un enfer pour les mineurs, mais un paradis pour les compagnies minières.
- Croyez-le ou non, au Canada... Dieu est ton droit !
Au sortir du Moyen âge, en Occident, un nouveau monde voit le jour. Ce nouveau monde va donner lieu, petit à petit, à un effritement du pouvoir et de l’influence de la religion dans les différentes sphères de la vie publique [3]. C’est ainsi que certains constituants vont inscrire dans la loi fondamentale de leur pays une nette séparation de l’Église et de l’État [4]. La religion va devenir une affaire privée [5]. Trois petites questions toutes simples se posent ici : qu’en est-il au Canada ? Existe-t-il ici une franche séparation entre la religion et l’État ? Que prévoit la Charte canadienne des droits et libertés à ce sujet ? Croyez-le ou non, au Canada… Dieu est ton droit ! Voici pourquoi il en est ainsi.
- Le pari de la laïcité ouverte
Dans une société pluriconfessionnelle comme le Québec, autant la justice que la bonne entente sociale dépendent de ce qu’il y ait une séparation entre les institutions publiques et les convictions religieuses des citoyens (j’inclus parmi les convictions religieuses celles d’athées qui sont convaincus de la non-existence de Dieu). La justice en dépend, car des institutions publiques dont le fonctionnement refléterait les valeurs et les croyances religieuses d’un groupe, par exemple de la majorité, seraient forcément amenées à traiter les citoyens n’appartenant pas à ce groupe comme moins égaux. L’égalité entre citoyens étant, dans une société démocratique, une condition sine qua non de la justice des institutions publiques, la séparation des cultes et de l’État est un ingrédient non négociable de la justice sociale.
- Femmes invisibles - Leurs mots contre la violence
Pour le sociologue Smaïn Laacher du Centre d’étude des mouvements sociaux de l’École des Hautes Études en Sciences sociales (CEMS-EHESS) de Paris, la réalité des violences domestiques faites aux femmes issues de l’immigration est escamotée par les débats polémiques sur l’islam et la laïcité. Dans un livre innovant qui fera date, Smaïn Laacher se penche sur ces « femmes invisibles » qui ont osé exposer publiquement des affaires privées et tues. Le sociologue a finement analysé les courriers que des femmes en souffrance ont adressés à deux associations : Voix de femmes (spécialiste des mariages forcés) et la très médiatique Ni putes ni soumises. On en dégage, dans cet entretien, quelques intuitions que le regard intellectuel et les pouvoirs publics devront méditer avec sérieux.
- Russie - Les « miracles » de Poutine
Vue de loin, la popularité persistante de Poutine en Russie apparaît étonnante, sinon entièrement fabriquée. Le personnage est généralement réservé, peu sympathique et n’a aucun charisme ni dans ses discours ni dans son allure. Il a été le premier responsable de la guerre de Tchétchénie et de toutes les atrocités qui l’ont entourée, pour ne mentionner que ce dossier à son passif. Pourtant au cours des quatre dernières années ou plus, d’après tous les sondages y compris les plus crédibles, son taux d’approbation ou de popularité s’est maintenu aux alentours de 76 %. La majorité de la population aurait été d’accord pour qu’il fasse amender la constitution du pays afin de pouvoir briguer un troisième mandat présidentiel consécutif. On peut y voir la conséquence du contrôle direct ou indirect exercé par le Kremlin sur les grands médias électroniques. Mais il y a plus et le phénomène demande une explication. Un peu paradoxalement, il s’explique davantage par le bilan catastrophique de son prédécesseur que par les succès de Poutine lui-même.
- Les bonnes vieilles méthodes peuvent être progressistes
À un regard pressé, tout paraît très simple en éducation puisque les protagonistes se laissent commodément partager selon une frontière étanche qui permet de situer d’un côté des progressistes, de l’autre des traditionnalistes. Les premiers seraient les champions d’une pédagogie centrée sur l’enfant, aussi respectueuse de ses besoins, de son expérience et de ses intérêts que soucieuse de s’adresser à lui dans sa globalité : ici, l’élève construit ses savoirs en allant de stimulantes découvertes en passionnants projets. Sur le plan politique, ces progressistes se donnent volontiers pour la seule légitime incarnation de la gauche en éducation : porte-flambeaux de la démocratie, de l’égalité des chances, du respect de l’identité (notamment culturelle) de chacun, ils seraient les défenseurs d’une vision de l’éducation qui seule assurerait la préparation de citoyens critiques. Les deuxièmes défendraient au contraire une éducation vétuste, prônant une rebutante et inefficace pédagogie de l’instruction, de l’exercice et de la répétition, incapable de susciter l’intérêt et devant s’imposer d’autorité à l’enfant.
- Atmosphères de fin du monde
Parvenues à la maturité littéraire et comptant à leur crédit une œuvre consistante, Catherine Mavrikakis et Ying Chen, évoquent, dans leurs romans récents, la fin d’un monde, le nôtre, qui court à sa perte, victime paradoxale de ses conquêtes et de ses exploits apparents qui masquent une vision du monde profondément mortifère.
- Du rapport de force au rapport de faiblesse
Dans une série d’articles à venir, je me propose de vous faire part de mes observations critiques autour des négociations des rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec de 1964 à aujourd’hui.
- Croyez-le ou non, au Canada ... Dieu est ton droit !
Au sortir du Moyen Àge, en Occident, un nouveau monde voit le jour. Ce nouveau monde va donner lieu, petit à petit, à un effritement du pouvoir et de l’influence de la religion dans les différentes sphères de la vie publique. C’est ainsi que certains États constituants vont inscrire dans la loi fondamentale de leur pays une nette séparation de l’Église et de l’État. La religion va devenir une affaire privée. Trois petites questions toutes simples se posent ici : qu’en est-il au Canada ? Existe-t-il ici une franche séparation entre la religion et l’État ? Que prévoit la Charte canadienne des droits et libertés à ce sujet ? Croyez-le ou non, au Canada… Dieu est ton droit ! Voici pourquoi il en est ainsi.
- Parti pris (1963-1968)
« L’accomplissement de la révolution tranquille, c’est le moment de l’ouverture de la lutte révolutionnaire proprement dite. » Telle est la visée programmatique que défend le Manifeste conjoint de Parti pris et du Mouvement de libération populaire (MLP) en 1965. Aux yeux des fondateurs (André Brochu, Paul Chamberland, Pierre Maheu, André Major et Jean-Marc Piotte), la création d’une « nouvelle bourgeoisie-roi-nègre » par l’entremise du néocapitalisme d’État ne pouvait épuiser les (…)
- La force tranquille d’Oscar Peterson
Pour plusieurs amateurs de jazz, écouter la musique d’Oscar Peterson tenait du plaisir caché. Alors que le jazz se livrait à toutes les expériences, de la déconstruction radicale par les musiciens de free jazz à la fusion audacieuse avec les sonorités rock, Oscar Peterson continuait à reprendre des mélodies de Broadway, de vieux boogie-woogies ou des classiques du swing avec une obstination et une assurance qui déconcertaient. L’immense popularité du pianiste accentuait une certaine méfiance à son égard : son succès n’était-il pas engendré par un jeu largement consensuel, propulsé par une technique cherchant avant tout à éblouir ?
- Après la Françafrique, le Canadafric
François-Xavier Verschave a proposé à ce jour davantage qu’une critique pénétrante des réseaux franco-africains qui génèrent en Afrique une réelle sous-France. Ses œuvres sur la « Françafrique », qui sont au regard du continent noir notre Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, dispensent aussi une méthode heuristique à partir de laquelle penser plus généralement les rapports de domination Nord-Sud et comprendre l’entreprise de spoliation à travers laquelle se profile aussi une Canadafrique.
- Distribution d’électricité : Hydro-Québec doit respecter son obligation
Hydro-Québec, dans ses activités de distribution d’électricité, a la responsabilité d’assurer un approvisionnement suffisant et fiable en électricité pour répondre aux besoins prévus de la clientèle québécoise. Devrait-on s’inquiéter de l’apparent manque de préparation et de capacité de la société d’État pour assumer ses responsabilités et, à plus forte raison, faire face au défi de la décarbonation de l’économie québécoise ?
Cet article paraîtra dans notre numéro 96 (été 2023), bientôt disponible !
- Secteur public : premières négociations sous un gouvernement caquiste
En publiant sa mise à jour économique en novembre dernier, le gouvernement de François Legault a défini le terrain sur lequel il veut que se tiennent les négociations du secteur public. Avec ce décor qui se précise, comment analyser la posture dans laquelle se trouvent les organisations syndicales à la ligne de départ ? Les sombres années d’austérité libérale sont-elles terminées ? Le camp syndical pourra-t-il enfin sortir vainqueur d’un bras de fer avec l’État ?
- Le chemin de la révolte. Entretien avec Dominic Champagne
Dominic Champagne est un auteur et metteur en scène au parcours théâtral tumultueux, allant de l’underground, avec Cabaret Neiges Noires, jusqu’au Cirque du Soleil à Las Vegas. Il est aussi l’un des artistes québécois dont les engagements sont les plus visibles et les plus percutants, principalement ceux en faveur de la protection de l’environnement. Il nous explique les liens qu’il entretient entre son travail d’artiste et ses interventions militantes. Propos recueillis par Claude Vaillancourt.
- Pour une symbiose entre l’être et la nature
L’idée d’une transition écologique est un concept étranger aux nations autochtones puisque la prise en compte de la nature et de l’écologie y est inhérente et fait donc partie de leur culture. Le territoire, c’est ce qui nous identifie en tant que Nation, dit la représentante jeunesse pour Femmes autochtones du Québec. Il s’agit moins pour nous d’une « transition » que d’une transmission de ces valeurs.
- La paix n’est pas pour demain
Malgré la récente ratification des accords signés entre les FARC-EP et le gouvernement colombien pour mettre fin au conflit armé qui dure depuis un demi-siècle, l’opposition exercée par la droite radicale risque de faire sombrer le pays dans un nouveau génocide.
- Sauter une page de notre histoire
Au-delà de notre intérêt touristique pour le bucolisme de l’arrière-pays, que savons-nous réellement des enjeux propres à la Gaspésie, de l’actualité nord-côtière, de l’Abitibi ? Probablement pas grand-chose puisque les régions sont « presque éradiquées de la carte médiatique du Québec », nous révélait Influence communication en décembre dernier [6]
- Des conditions salariales sous pression depuis 35 ans
L’offre salariale du gouvernement du Québec à ses salarié.e.s syndiqué.e.s s’inscrit dans une trame historique peu édifiante, qui remonte à 1979. Elle correspond à rien de moins qu’un mauvais traitement salarial. Pourquoi en est-il ainsi ? Peut-être parce qu’il s’agit de secteurs – l’éducation, la santé, les services de garde – où les femmes comptent pour plus de 75% du personnel. Manifestement, les libéraux semblent habités par un biais sexiste… Mais ce travers n’est pas nouveau. Depuis 35 (…)
- Le programme biolinguistique
Les paragraphes suivants visent à souligner la contribution exceptionnelle de Noam Chomsky, ce grand intellectuel qui, au siècle dernier, a fait faire un changement de paradigme scientifique à la linguistique et qui ne cesse de faire avancer nos connaissances du langage, cet objet qui fait partie de la biologie humaine et qui sert à exprimer des pensées complexes.
- Perspectives douteuses à la lumière du droit récent
Il s’est passé des choses riches en contradictions, durant les mois de janvier et de février 2013, au sujet de la portée réelle des droits de négociation et de grève des salariéEs des secteurs public et parapublic et à propos de la reconnaissance, par le législateur, d’un éventuel droit de grève étudiant accompagné d’un régime de négociation. Dans l’ordre chronologique, il y a d’abord eu le jugement de l’honorable Claudine Roy, à propos de la requête syndicale portant sur le caractère inconstitutionnel de certaines dispositions de la Loi concernant les conditions de travail dans le secteur public (« loi 43 »). Ensuite, la publication par la clinique Juripop de l’étude de Guillaume Rousseau intitulée « La grève étudiante à la lumière du droit : de l’impasse judiciaire aux solutions politiques ». Enfin, l’analyse de l’Association des juristes progressistes dont le titre est « Grève étudiante : Perspectives juridiques et historiques ».
- Journalismes : institutionnel vs citoyen
Il m’est avis que le Web social marque la fin du monopole des journalistes institutionnels (formés aux écoles de journalistes, accrédités, etc.) sur l’information. Cela ne signifie pas qu’ils sont appelés à disparaître, mais plutôt à voir des transformations dans leur rôle, dans leurs pratiques et dans leur manière d’interagir avec les citoyennes, qu’on ne peut plus simplement appeler « public ».
- Résistance populaire face aux minières canadiennes
La demande pour les métaux et minéraux non métalliques a monté en flèche depuis 2000, sous l’effet conjugué de la croissance asiatique et de la crise financière occidentale, qui fait rechercher des valeurs sûres comme l’or. Dans leur dernier ouvrage [7], Alain Deneault et Wiliam Sacher soulignent comment le laxisme de la législation canadienne et les conditions particulièrement favorables de la Bourse de Toronto ont stimulé la croissance des entreprises minières au Canada, pour le plus grand bénéfice des spéculateurs. Non seulement le Canada est-il un paradis fiscal pour les entreprises minières, mais le gouvernement « couvre » les opérations de ces entreprises à l’étranger, rendant toute poursuite pratiquement impossible.
- L’ALÉNA et les droits humains ne font pas bon ménage
L’ALÉNA est un accord de commerce régional flanqué de deux accords parallèles de coopération : l’un dans le domaine du travail et l’autre concernant l’environnement.
- Une décennie de guerre
Le 1er janvier 1994 au petit matin, l’élite mexicaine s’est réveillée brutalement, tirée du lit par un cri venu des montagnes lointaines du Chiapas : ¡ ya basta ! (ça suffit !). La veille au soir, le gouvernement, les possédants et les intellectuels de marché se soûlaient de champagne et de discours triomphants : on célébrait l’entrée en vigueur de l’ALENA. Mais voilà, gueule de bois : là-bas, dans les montagnes du Sud-est mexicain, sous la bannière jusqu’alors inconnue de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), des milliers de paysans et d’Indiens en armes occupaient cinq villes, déclaraient la guerre à l’armée mexicaine et exigeaient la destitution immédiate du président usurpateur Carlos Salinas de Gortari.
- L’affaire valjalbert.ca
Qui se serait douté le 24 mars 2013 lors de la mise en ligne du site satirique www.valjalbert.ca que celui-ci finirait censuré quelques jours plus tard ? Le site dénonçait d’une façon élégante et caricaturale le projet de mini-centrale hydroélectrique à Val-Jalbert. Des huissiers de justice, de multiples mises en demeure et des injonctions allaient s’abattre sur l’hébergeur du site (le Réseau Koumbit), le registraire du nom de domaine (BareMetal.com), l’autorité responsable des noms de domaines .ca (l’ACEI) et finalement son auteur, Nicolás Andrade.
- Jean Laberge, un enseignant qui conteste le droit à l’éducation
Jean Laberge, enseignant en philosophie au cégep du Vieux-Montréal, n’a jamais caché, dans ses interventions publiques, son opposition au mouvement étudiant. Ne voyant pas dans la marchandisation de l’éducation et l’endettement étudiant un véritable problème, il est en faveur d’une hausse importante des frais de scolarité. Sur sa page Facebook, il répond à ceux qui critiquent le capitalisme que sans ce système économique, nous serions dans la misère.
- L’abolition des commissions scolaires
La Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, qui a un fort vent électoral dans ses voiles politiques, a commencé à divulguer des éléments de son éventuel programme. En éducation comme ailleurs, l’approche est résolument comptable : la CAQ préconise par exemple qu’on évalue les enseignantes et enseignants afin de les rémunérer selon leurs performances – tout en reconnaissant qu’une infime minorité (5 %, dira Legault) pose problème et en taisant les bien connus dangers et effets contre-productifs de cette approche. La CAQ propose également, dans le but cette fois d’alléger les structures scolaires et d’augmenter les services directs aux élèves, « l’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) et des directions régionales ».
- Sublimes ou ratés ?
Annoncé comme le grand roman de la génération X, Chez les sublimés [8] de Jean-Philippe Martel remplit-il sa promesse ? En quoi et comment témoigne-t-il de cette génération, souvent qualifiée de sacrifiée par comparaison avec celle des baby-boomers, qui la précède ?
- Comment la critique du « politically correct » nous enfonce dans le brouillard
Avec les récents livres de Mathieu Bock-Côté et de Pierre Mouterde consacrés au « politiquement correct », un certain confusionnisme idéologique s’étend du conservatisme au progressisme, au Québec comme en France. Une telle pente manichéenne ne nous fait-elle pas perdre en chemin la boussole de l’émancipation ?
- Le monde magique d’Heather O’Neill
La littérature québécoise en anglais traverse actuellement une période particulièrement florissante. C’est du moins ce que prétend la revue Lettres québécoises qui lui consacre un dossier dans son dernier numéro, et qui tient Heather O’Neill comme une représentante flamboyante de ce renouveau.
- Le travail invisible, angle mort des luttes sociales ?
Vous vous souvenez peut-être de la bande dessinée Fallait demander, publiée il y a un peu plus d’un an sur Facebook. La bédéiste Emma y abordait l’épineux sujet de la charge mentale, qui réfère au fardeau cognitif que portent beaucoup de femmes qui doivent « penser à » et s’assurer que « tout soit fait » à la maison. S’il ne s’agit pas d’un problème récent, il doit toutefois être élargi et examiné à nouveau par les mouvements féministes et progressistes.
- Les nouveaux seigneurs du territoire
La colonisation des terres agricoles au Québec s’est faite majoritairement sous le régime féodal. La terre était concédée à un seigneur, soit une personne importante de la colonie, qui concédait à son tour des portions de terre à des censitaires (qu’on appelait ici habitants) qui devaient payer des rentes ou des redevances au seigneur.
- Chroniques de la morosité
Bernard Émond, Camarade, ferme ton poste, Montréal, Lux, 2017.
Serge Bouchard, Les yeux tristes de mon camion, Montréal, Boréal, 2016.
L’époque est sombre, pour ne pas dire lugubre. Elle n’inspire plus guère que des passions tristes. Un philosophe à la mode en annonce même en termes apocalyptiques la décadence fatale, ce qui est peut-être exagéré mais révélateur de l’air du temps. Des recueils de chroniques publiés récemment en sont des échos, sur le mode nostalgique et mélancolique d’une quête du paradis perdu pour certains, sur celui davantage optimiste d’un pari sur l’avenir pour d’autres.
- Biopolitique de l’enfance
Si le mot paternalisme fait partie de l’artillerie critique du féminisme, évoquant l’infantilisation dont les femmes font l’objet, il paraît encore plus pertinent dans le cadre d’une critique de la condition des enfants. Ces derniers ne sont-ils pas, en régime patriarcal, les enfants du père ?
- L’urgence de réagir
Naomi Klein est sans contredit l’une des figures les plus connues de la gauche altermondialiste occidentale depuis trois lustres. Cette intellectuelle engagée a réussi à attirer l’attention des journalistes et d’un certain public en écrivant des essais percutants tels No Logo (1999), Fences and Windows (2002), The Shock Doctrine (2009) et This Changes Everything (2014). De plus, Klein a donné une forme de prolongement à ses œuvres littéraires en les adaptant pour le septième art.
- L’Europe et nous
Il est bien connu que les Québécois·es sont un peu Européen·ne·s par l’origine et la culture, et Américain·e·s par leur appartenance géographique. De ces deux identités, la seconde semble souvent l’emporter. Ce qui se déroule sur le continent européen paraît souvent lointain et peu relié à notre réalité. Dans notre désir de nous créer de nouvelles attaches, nos regards se tournent plutôt vers les pays émergents, en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud, plutôt que vers la vieille Europe.
- Le piège de l’ « autonomie »
Le 17 juin dernier, le gouvernement libéral annonçait une consultation pour le mois d’octobre dans le cadre du renouvellement de la Politique québécoise de la jeunesse. Ainsi, les acteurs et actrices désirant influencer le cadre qui coordonnera les programmes touchant à la jeunesse (15-29 ans) avaient jusqu’au 1er octobre pour consulter le document préparatoire et présenter leur mémoire au Secrétariat à la jeunesse.
- Redécouvrir la désobéissance
- La France sur le fil
Une atmosphère de fin de règne, voilà la France en cet automne. Les gouvernants sont dénigrés, rejetés, parfois avec dépit, parfois avec haine. Eux-mêmes apparaissent désemparés, mais bien décidés tout de même à approfondir la politique qui a produit ce climat. Drôle de situation, mais qui n’a rien de drôle en fait avec une extrême droite en pleine ascension.
- Un référendum historique
Le 9 novembre prochain, la Catalogne organisera un référendum sur son indépendance. Vues de l’extérieur et a fortiori pour ceux et celles qui ne se frottent pas à la culture catalane, les marques distinctives de celle-ci paraissent biffées au profit d’une prétendue homogénéité hispanique que Madrid a beau jeu de diffuser. Dans le reste de l’Europe, grands financiers et politiques, toujours friands de statu quo, font circuler un discours de catastrophe imminente et de rejet de l’Union européenne. Au Québec, on connaît ce refrain [9].
- Le Club Med : le miroir aux alouettes ?
Attiré.e.s par des lieux de travail magnifiques, voire paradisiaques, un peu partout à travers le monde, bon nombre de jeunes et de moins jeunes se lancent à corps perdu dans la profession de GO (gentils organisateurs) au service des GM (gentils membres). Mais dès que l’on s’intéresse un peu aux GO, que l’on soulève délicatement le voile et qu’on accède à quelques documents, la réalité apparaît beaucoup moins idyllique…
- Deux cultures démocratiques se rencontrent
Dans la première partie de cette réflexion, j’ai commencé une analyse montrant que des regroupements tels que Profs contre la hausse (PCLH) et les organisations syndicales s’étaient développées sur la base de fonctionnements démocratiques différents, en raison notamment de l’évolution du contexte historique dans lequel les mouvements sociaux se sont déployés dans les dernières décennies. J’aimerais maintenant démontrer que les moyens de communication à notre disposition depuis une quinzaine d’années encouragent également un renouveau des pratiques militantes.
- Utopies, liberté et négativité
Cet oxymoron, juxtaposant dans le même énoncé deux termes contradictoires, qu’on pouvait lire sur les murs de Mai 68, répond implicitement au dénigrement des utopies en tant que « pures spéculations », projections imaginaires dans des mondes impossibles. Plutôt que de renier le caractère imaginaire des utopies (« l’imagination au pouvoir ! »), il en exalte le plus haut degré de « réalisme ». De fait, les utopies ne sont rien d’autre que des projections imaginaires. Mais ces projections ne sont pas que des « vues de l’esprit ». Elles nous permettent de voir « sous les pavés, la plage » ; elles sont précisément ce par quoi le « réel » se dévoile tel qu’il « est » (contingent) plutôt que comme il « paraît » (apodictique). Et sans cette mise à distance de l’apparente naturalité, fatalité ou inéluctabilité des rapports sociaux « réellement existants », aucun dépassement de ceux-ci n’est possible.
- Travail et identités sous pression
Le travail a fait l’objet, ces 20 dernières années, de profondes transformations, tant dans son organisation que dans les identités professionnelles et collectives qui lui sont attachées. Ce constat a ceci de spécifique qu’il ne fait pas seulement état d’une nouvelle phase de transformation comparable à celles qui ont jalonné l’histoire du travail. Il va bien au-delà, tant les identités contemporaines du travail ont été déstructurées. Et pour cause.
- Antagonisme ou complémentarité ?
La violence entretient un lien paradoxal avec le politique. D’un côté, la fondation de l’État de droit se présente comme un acte de « pacification », mettant un terme à la « guerre de tous contre tous ». D’un autre côté, cette « pacification » n’est possible qu’à partir de l’imposition violente d’un hégémon sur les autres forces en présence. La nature violente de l’État de droit se dévoile à la vue de tous au moment des « états d’exception » ; au moment où, paradoxalement, l’État suspend les garanties constitutionnelles afin de préserver l’intégrité « menacée » de l’ordre constitutionnel. Mais l’état d’exception n’est que le révélateur du rapport inter-constitutif existant entre violence et politique.
- Le slam contre le commun
Le slam fait fi des conventions poétiques « figées » tout en participant d’une culture qui n’est pas sans affinités avec des genres chansonniers comme le rap ou le hip-hop. De ce fait, il est volontiers associé à une posture de résistance. Marc Smith avait d’ailleurs, dans les années 1980, inventé le genre en vue de redonner la parole à ceux qui en avaient été trop longtemps privés. Ce ne sont pas les poètes consacrés par l’institution qui viennent réciter leur slam, mais bien plutôt ceux qu’on appelle souvent trop rapidement les citoyens « ordinaires », fabricants probables de cette multitude dont nous parlent Hardt et Negri quand ils écrivent que la monstruosité de la chair de la multitude conduit à la production commune [10], qui apparaît être celle de la démocratie. Là où le bât blesse, c’est que sous le couvert apparent de la revendication, le slam reconduit en fait servilement les logiques de la société capitaliste qu’il cherche pourtant à dénoncer et que, ce faisant, il nie toute possibilité de production commune et démocratique.
- Le syndicalisme de combat est-il encore pertinent ?
Dans cette période de morosité syndicale, il me semble utile de revenir sur le syndicalisme de combat qui a animé les luttes des militants de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et de la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ, maintenant CSQ) durant les années 1970, pour en démêler ce qui est encore valable de ce qui est non seulement périmé, mais était déjà nuisible à l’époque.
- À l’encontre des mensonges et de l’intolérance
Depuis un certain temps, Atom Egoyan cherche à donner un nouveau souffle à ses créations cinématographiques d’envergure. Voilà pourquoi on a vu le cinéaste s’aventurer dans les domaines parallèles de l’art moderne (il a présenté l’installation Hors d’usage [2002] au musée d’Art contemporain de Montréal), de la télévision (Knapp’s Last Tape [2000]) et du court métrage (Diaspora [2001]). Il tente constamment de renouveler son style tout en demeurant fidèle à lui-même, voire au cinéma d’auteur. Mais l’impasse artistique dans laquelle il se trouve ne découlerait-elle pas surtout de sa dépendance plus prononcée que par le passé envers différentes compagnies de production qui lui imposent leurs propres objectifs commerciaux ?
- La Suède social-démocrate
À Stockholm, le visiteur étranger est saisi par la douce harmonie qui caractérise la ville. La capitale de la Suède conjugue admirablement une vie urbaine dynamique à la préservation de l’environnement. Les 14 îles sur lesquelles s’étend la ville sont ceinturées d’espaces verts où l’on a parfois l’illusion de se retrouver en pleine campagne. Stockholm semble avoir éliminé les irritants de la grande ville : les poches de pauvreté, la misère, la circulation automobile hors contrôle, la saleté.
- La justice au secours des Autochtones
Les nations autochtones de Colombie, qui sont plus d’une centaine dont plusieurs en situation de quasi-extinction, se tournent de plus en plus vers les tribunaux pour obtenir justice et réparation pour les torts qu’elles ont subis.
- Une mission dévoyée
Lorsque l’Organisation européenne de coopération économique, formée par les Américains après la guerre pour distribuer les 12 milliards d’aide du plan Marshall, eut terminé son travail, on convint chez les techniciens de la « modernisation » de prolonger l’effort de rattraper l’Amérique et d’élargir le mandat de l’organisation pour y inclure l’éducation, c’est-à-dire le capital humain, c’est-à-dire la main-d’œuvre, dont la notion apparaissait justement dans la charte. C’était en 1961. (…)
- Un autre modèle est-il possible ?
Des universités hors de l’université publique ? Des lieux alternatifs et libertaires de production et d’appropriation de savoirs critiques ? La réactivation des Universités populaires en France par le philosophe Michel Onfray à Caen en octobre 2002 a ouvert un champ de questionnements et de pratiques. Philippe Corcuff, cofondateur de l’Université populaire de Lyon (créée en janvier 2005), revient ici sur une série d’enjeux et de problèmes liés à ces expériences.
- Mai 1972. Insurrection ouvrière à Sept-Îles
En avril 1972, la plus grande grève ouvrière de l’histoire du Québec mobilise jusqu’à 200 000 syndiqué·es et paralyse la province. Après dix jours de débrayage, le gouvernement libéral de Robert Bourassa impose le retour au travail par une loi spéciale, tout en emprisonnant les chefs syndicaux. La réaction des travailleur·euses ne se fait pas attendre et les actions « illégales » se multiplient en mai, dont « l’insurrection ouvrière de Sept-Îles » reste un symbole à ce jour.
- Nourritures nordiques
Le Grenier boréal est une coopérative agricole et alimentaire située à Longue-Pointe-de-Mingan, un peu au nord du 50e parallèle. À bâbord ! est allé sur place en avril dernier pour discuter du projet, voir les installations et constater que les défis, tout comme la neige, abondent.
- Chávez, Uribe, Sarkozy et les otages colombiens
« On ne peut m’interdire de parler avec Hugo Chávez sous prétexte qu’il a un problème avec les États-Unis ! » Ainsi s’exprimait le président français Nicolas Sarkozy [11], quelques semaines avant de recevoir, le 20 novembre, son homologue vénézuélien, bête noire de l’administration Bush. Au cœur de leurs conversations figurera la libération d’Ingrid Betancourt, franco-colombienne (d’où l’intérêt du chef de l’État français) détenue par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) depuis 2002. Concernant cette affaire, et plutôt que de supputer à l’infini sur les possibilités de réussite, les faits qu’il convient de connaître sont relativement simples et peu nombreux.
- Travailler pour être sur le BS !
L’assistance sociale renvoie à l’idée d’un revenu minimal accordé aux individus dans le besoin. Le projet du gouvernement actuel de Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2003-2008 abolit cette référence au profit du rapport au travail.
- Les suites du tremblement de terre zapatiste
Le choc provoqué sur la société mexicaine par le soulèvement zapatiste du premier janvier 1994 est bien celui d’un tremblement de terre. Pas une « petite secousse » mais un de ces vrais tremblements de terre dont ce pays de volcans a une longue expérience. Ils ébranlent les fondations des édifices mêmes les plus solides. Souvent, les lézardes n’apparaîtront que progressivement : c’est des années plus tard qu’on réalisera qu’il faut démolir et reconstruire à neuf.
- Travailler pour être sur le BS !
L’assistance sociale renvoie à l’idée d’un revenu minimal accordé aux individus dans le besoin. Le projet du gouvernement actuel de Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2003-2008 abolit cette référence au profit du rapport au travail.
- Créateurs libres sur le web
Les nouvelles technologies de communication en général, et Internet en particulier, ouvrent la voie à un partage d’informations, de connaissances et de créations d’une portée inégalée dans l’histoire, à un point tel qu’on a parfois l’impression, dans le cas du partage de la musique par exemple, que les grandes industries culturelles sont prises de panique. Ainsi, paradoxalement, alors que la distribution de contenu est plus facile que jamais, les législations sur les droits d’auteur et sur la « propriété intellectuelle » se trouvent renforcées. Heureusement, des alternatives se mettent en place pour contourner ces difficultés : le logiciel libre, l’encyclopédie Wikipédia, etc. L’une de ces vigoureuses initiatives à contre-courant, qui gagne à être connue, est sans contredit le projet Creative Commons.
- L’effet de « serres » s’accentue
La signature du Protocole de Kyoto pour réduire les gaz à effet de serre (GES) et le réchauffement climatique marquait une victoire du bon sens pour la survie de l’humanité face à l’irresponsabilité du capital envers la préservation de l’environnement. Or, plus les détails se précisent, plus le Protocole de Kyoto apparaît comme un pacte avec le diable. À l’encontre du principe pollueur/payeur, concept discutable certes mais néanmoins juste, le Protocole de Kyoto octroie des quotas de polluer, applicables arbitrairement selon les pays. Par le revers des choses, on voit ainsi apparaître une nouvelle marchandise sale (GES), un nouveau marché (celui de la pollution par GES), une nouvelle bourse et une nouvelle monnaie d’échange. La duperie atteint son comble quand on apprend que les grands pollueurs canadiens seront exemptés en partie par un taux de réduction moindre, le reste étant financé par les contribuables à même les fonds publics. La question se pose : si l’air est si vicié, serait-ce parce que la politique serait aussi devenue vicieuse ?
- Vague d’espoir sur fond de crise
Elles ont failli ne pas avoir lieu ces élections, tenues en décembre 2005 alors qu’elles étaient prévues pour juin 2007. Rappelons qu’elles constituaient, à la suite de la paralysie du pays en juin dernier, la seule porte de sortie devant un parlement discrédité, un président démissionnaire et, surtout, en regard d’une polarisation croissante de la société bolivienne.
Rubriques (212)
- No 085 - automne 2020
- Mini-dossier : Droits des enfants
- Dossier : Le populisme de gauche. À tort ou à raison ?
- No 082 - janvier 2020
- Dossier : Violence et politique
- No 103 - Printemps 2025
- No 100 - Été 2024
- Dossier : Sortir du capitalisme
- No 046 - oct. / nov. 2012
- Dossier : Financiarisation du logement. Champ libre au privé