La police tue
par Claude Rioux
Mohamed Annas, 25 ans, a été descendu par un flic le 1er décembre 2005 à Montréal. Selon Radio-Canada, le type « sortait d’une mosquée du quartier Côte-des-Neiges lorsqu’il a croisé les policiers de la Ville de Montréal, qui se trouvaient dans le secteur pour une affaire de fraudeurs ». Il a été abattu de deux balles et a été déclaré mort au moment de son arrivée à l’Hôpital Général Juif. Quarante jours plus tard, la famille Bennis ne connaissait pas les circonstances de sa mort, ne croyant pas à la version des policiers qui prétendent que Mohamed « aurait poignardé un policier à deux reprises avec un couteau de cuisine ». Le Service de police de la Ville de Montréal a été dessaisi de l’affaire, qui est confiée à la Sûreté du Québec. Ni le ministère de la Sécurité publique, ni le chef du SPVM n’ont fait de déclaration publique, alors même que près de 500 personnes manifestaient, début janvier, pour dénoncer le manque d’information sur la mort de Mohamed. Denis Coderre, tête de noeud en campagne électorale et ex-ministre de l’Immigration ayant plusieurs coups tordus à son actif – dont le certificat de sécurité touchant Adil Charkaoui et l’enfer qu’a subi Mohamed Cherfi –, a eu le culot de se pointer à la manif, où il a été copieusement hué.
Profilage racial ? Peut-être. N’empêche, la police tue, et pas seulement des Arabes : Anthony Griffin (19 ans), tué d’une balle dans la tête le 11 novembre 1987 ; Marcellus François (24 ans), assassiné le 6 juillet 1991 ; Richard Barnabé (38 ans), battu à mort dans une cellule d’un poste de police le 14 décembre 1993 ; Martín Suazo (23 ans), tué d’une balle dans la tête, alors qu’il était immobilisé, le 31 mai 1995 ; Jean-Pierre Lizotte (45 ans), battu à mort le 5 septembre 1999 devant le Shed Café ; Michael Kibbe (19 ans), « tombé » de huit mètres de haut, le 8 février 2001, dans le stationnement d’un poste de police...