Jean-Philippe Warren
L’art vivant – autour de Paul-Émile Borduas
L’art vivant – autour de Paul-Émile Borduas Jean-Philippe Warren, Montréal, Boréal, 2011.
C’ est l’entrée progressive du Québec dans la modernité que nous raconte Jean-Philippe Warren à travers la pensée et l’esthétique de l’un des grands artistes et intellectuels québécois du XXe siècle.Toute la production de Paul-Émile Borduas, rappelle l’auteur, doit être interprétée en rapport avec le rejet des codes qui étaient dictés par une Église envahissante, bigote, sclérosée.
Au fil des années 1940, Borduas recherchait l’avènement d’une nouvelle ère picturale par une lutte fervente pour le primitif dans l’art, de l’enfance, de la vie, de l’originalité de la vérité, de l’abstraction, de la nature. Au tournant des années 1950, il se montre plus pressé, plus engagé socialement et politiquement, et lance son fameux appel au « risque total dans le refus global ».
Borduas, nous dit l’auteur, était déçu par l’impressionnisme, le fauvisme et même le cubisme, auxquels il reprochait de s’être accommodés de la société qui les avait vus naître. Le peintre reconnaissait dans le surréalisme et l’automatisme des canaux idéaux pour contester de façon radicale l’académisme qui prévalait à la fois en art et au sein de l’ordre établi québécois.
Peu enclin aux compromis, ne redoutant en rien de choquer les esprits bien-pensants de son temps, Borduas voulait provoquer « l’anarchie resplendissante » et revendiquait une volonté d’en finir « avec le goupillon et la tuque ».
L’art vivant – autour de Paul-Émile Borduas a le mérite de dresser le portrait de la société québécoise en pleine ébullition qui s’annonçait dès 1940 ; on y découvre ou redécouvre avec satisfaction comment cette société a suivi le mouvement de révolte que Borduas a mis en branle et continué à incarner, même après sa mort.