Dossier : femmes inspirées, femmes inspirantes
Francine Saïa
Une table de montage Steinbeck, je ne connais pas, c’est le cinéma. Devant moi Elsa la SS, pantalon d’équitation, bottes hautes, j’ai peur de cette inconnue du déjà vu. Je suis là pour traduire. Elle est si grande et moi si petite. Elle s’installe, les doigts agiles elle m’enseigne l’image et le son.
Dans l’autre salle, elle est là, je l’observe. Puis un matin, je la regarde affaiblie, on lui a manqué de respect, je lui offre une brosse à dents, elle n’a pas dormi.
Des jours plus tard, j’ai apaisé ma peur, elle a souffert, moi je souffre. Elle aime le cinéma telle une amoureuse aime sans condition.
Elle est l’amie dans mon sommeil, elle est l’amie dans ma vie. J’écoute une musique qui nous ressemble, j’écoute ma musique qu’elle écoute avec patience.
Je suis Indienne, elle est Italienne, on aime être des contraires, on aime être conteuses. On trouve notre amitié dans des synonymes qui nous racontent. Nous sommes conteuses.
Elle est cinéma, je suis poésie. Et certainement deux inconnues qui rêvent d’une Italie où nous serons deux amies qui se laissent ajouter à cette vie.