Chartrand, Vallières, Gagnon, Lemieux, Larue-Langlois
Le procès des Cinq
Chartrand, Vallières, Gagnon, Lemieux, Larue-Langlois, Le procès des Cinq, Montréal, Lux, 2010, 139 p.
La parution d’extraits du « procès des Cinq » ne pouvait pas mieux tomber, 40 ans après la Crise d’Octobre, et quelques mois après la mort de Michel Chartrand. En janvier et février 1971, après plusieurs mois de détention, Michel Chartrand, Pierre Vallières, Charles Gagnon, Robert Lemieux et Jacques Larue-Langlois se présentent en cour, d’abord pour demander la récusation du juge Roger Ouimet, qu’ils considèrent (non sans raison, serait-on tenté d’ajouter) partial à leur endroit. Puis, devant l’échec de cette requête, ils exigent le retrait de l’acte d’accusation, en soutenant notamment que la Loi sur les mesures de guerre était illégale et qu’il n’y avait pas d’insurrection appréhendée.
Cependant, cette description ne rend pas justice au procès des Cinq, qui constitue un véritable modèle de procès politique, celui où le politique n’est pas invité à la fête (en dépit des accusations de conspiration séditieuse), mais est néanmoins amené de force par les accusés. L’éditeur a raison, le Procès se lit comme une pièce de théâtre, avec ses répliques pleines de verve, ses retournements subits et ses moments de gloire. On croit presque assister en personne à l’irrévérence de Chartrand, à la ruse et à la finesse argumentative de Vallières, à la résolution de Gagnon et Lemieux. Le Procès des Cinq est un fait d’armes rare dans l’histoire du Québec, qu’on lit avec délectation.