Le peuple rieur
Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, Le peuple rieur, Montréal, Lux, 2017, 320 pages.
Serge Bouchard, en collaboration avec Marie-Christine Lévesque, livre une vibrante déclaration d’amour à la nation innue et à la communauté d’Essipit. L’anthropologue souhaite se faire le porte-voix des premiers habitants du pays. En effet, le Conseil de bande de la communauté d’Essipit a sollicité l’anthropologue afin qu’il rédige une synthèse de l’histoire du peuple innu dans son unité, avant l’Amérique et après l’Amérique. Bouchard rassemble les fruits de ses recherches académiques, mais aussi une multitude d’images et de réminiscences intimes. Les lecteurs et les lectrices accompagnent le jeune anthropologue à son arrivée et dans son intégration au sein de la communauté d’Ekuanitshit (Mingan) au début des années 1970.
À travers des souvenirs tirés de son quotidien auprès de ceux qu’il considère comme sa deuxième famille, Bouchard nous invite à relier les difficultés, les moments d’ataraxie et les espoirs du peuple innu à la vaste trame historique : « Était-il inévitable que l’amélioration de l’habitat indien, devenu nécessaire dans le nouveau contexte du sédentarisme passe par les tics de notre architecture et de notre urbanisme ? À leur façon, les Innus répondaient à la question : dans les réserves, surtout l’été, plusieurs retournaient vivre sous la tente, à côté de leur maison ». L’ouvrage de Bouchard n’est pas neutre. La trajectoire historique est relatée selon un point de vue situé, soit celui d’un individu ayant choisi de prendre le parti des Innus. À ce propos, Bouchard mentionne rapidement ne pas avoir la prétention de rédiger un traité historique objectif. L’auteur cherche plutôt à colmater la brèche mémorielle des plus jeunes Innus quant à leur récit identitaire collectif. Il tend aussi à créer une étude vulgarisée destinée aux Québécoises et aux Québécois.