Notre empreinte écologique

No 077 - déc. 2018 / janv. 2019

Notre empreinte écologique

Xavier P.-Laberge

William Rees et Mathis Wackernagel, Notre empreinte écologique, Écosociété, 2017, 264 pages.

Comment calculer scientifiquement la pression exercée par les humains sur la nature dans une région donnée ? Voilà la question à laquelle ont voulu répondre Mathis Wackernagel et William Rees en écrivant la première version de ce livre en 1996. Dans cette nouvelle version revue et augmentée, nous apprenons comment calculer la capacité écologique d’un environnement ainsi que les fondements de ce calcul. En clair, l’empreinte écologique est calculée en hectare ayant une productivité égale à la productivité moyenne mondiale. Depuis la première version, le concept d’empreinte écologique a fait son chemin chez les écologistes et les universitaires en permettant une certaine dépolitisation de la crise environnementale que nous vivons. La notion de durabilité est rétablie en son sens originel par les auteurs et, au-delà du « développement durable », nous en retenons que la durabilité est ce qui permettrait à la nature, à la biodiversité et à leurs interrelations de perdurer dans le temps.

Selon les auteurs, nous vivons le syndrome de la grenouille qui bout. En effet, une grenouille placée dans un chaudron d’eau qui tranquillement se réchauffe ne se rendra pas compte de la situation et finira par mourir. La majorité de la population de la planète ne se rend pas compte qu’elle court lentement, mais inévitablement à sa perte. Ainsi, le concept d’empreinte écologique devrait permettre de sortir de la « tyrannie des décisions à courte vue ». Du livre, nous retenons le rôle supraéconomique du capital naturel. Les ressources et leur accès influencent l’économie mondiale, mais leur rareté et leur décroissance sont négligées par le système actuel. Il apparaît aussi difficile à la fin du livre de ne pas faire un lien avec le concept de décroissance, car après maints calculs les auteurs démontrent que les populations des pays les plus riches utilisent 80 % des ressources tout en ne représentant que 20 % de la population mondiale. De plus, il est montré que nous utilisons 130 % de ce que la planète peut nous donner. Par conséquent, les 20 % les plus riches utilisent à eux seuls 104 % des capacités de la Terre.

En publiant ce livre en 1996, les auteurs espéraient provoquer une conscientisation des pays industrialisés quant à leur empreinte écologique et à la capacité de régénération de la nature. L’empreinte écologique est maintenant bien connue du public et est assez utilisée par les organismes environnementaux et universitaires. Malheureusement, les décideuses et décideurs tardent encore à reconnaître l’importance de cet indicateur à grande valeur scientifique. Ce classique de la littérature écologiste est un excellent livre pour toute personne désireuse de fortifier son argumentaire sur l’environnement, mais aussi pour le corps enseignant.

Thèmes de recherche Ecologie et environnement, Livres
Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème