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Articles (1904)
- Les attractions passionnées de Charles Fourier
Parmi les socialistes utopistes, Fourier se distingue à plusieurs égards. Loin de l’ascétisme monastique qui inspire L’Utopie de Thomas More ou, plus près de lui, L’Icarie de Cabet, il se propose de fonder Le nouveau monde industriel et sociétaire [1] sur la base des attractions passionnées. Ainsi son phalanstère s’occupe autant de trouver une façon harmonieuse d’organiser la production économique que de construire une forme de communauté amoureuse, fondée sur les passions, les goûts et les instincts. Plaisirs et travail non seulement ne sont pas la négation l’un de l’autre, mais peuvent être à l’origine d’un monde véritablement harmonieux parce qu’ils font tous deux appel à des dimensions fondamentales de l’être humain.
- Comment organiser la gauche syndicale ?
Dans le cadre du Forum social mondial 2016, Lutte commune a tenu trois ateliers intimement liés aux enjeux contemporains du syndicalisme québécois. L’un de ces ateliers cherchait à s’inspirer d’expériences enrichissantes, à l’échelle occidentale, en matière de rénovation par le bas de la vie syndicale et d’un épanouissement du courant « syndicalisme de combat » en son sein. Cet atelier, animé par Philippe de Grosbois, donnait la parole à deux invités : Natasha Carlsen (syndicaliste de Chicago) et Bruno-Pierre Guillette (syndicaliste du Québec). La première nous a expliqué l’origine, le fonctionnement et l’effet des Caucus of Rank and File Educators (CORE) dans le monde syndical américain ; le second a offert le même type d’explications à propos du National Shop Stewards Network (NSSN) au Royaume-Uni.
- « Vous, les pétrolières, n’êtes pas les bienvenues au Québec »
Fin novembre 2014, l’ancien leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois annonce sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle qu’il reverse à la campagne « Coule pas chez nous » le montant de la bourse de 25 000 $ qu’il a reçu avec le Prix littéraire du Gouverneur général pour son essai Tenir tête. Il va même plus loin en lançant le site « Doublons la mise », par lequel il invite la population québécoise à faire un don pour doubler le montant de 25 000 $.
- Les nouveaux gatekeepers
Jusqu’à récemment, la question « faut-il publier ou pas ? » relevait du groupe relativement circonscrit des professionnel·le·s de l’univers de la diffusion médiatique. La donne s’est grandement complexifiée ces dernières années puisque la parole publique est accessible à un nombre beaucoup plus grand de gens, alors même qu’elle est encadrée, filtrée et exploitée avec une intensité inégalée par les plateformes corporatives que sont Facebook, Google, Amazon et Apple. Cette bouleversante irruption de nouveaux « gatekeepers » (ou « portiers des médias ») dans l’écosystème médiatique est un phénomène d’une portée politique déterminante. Parce que publier, c’est justement rendre public ce qui relevait jusqu’alors du privé.
- Deux cultures démocratiques se rencontrent
Dans la première partie de cette réflexion, j’ai commencé une analyse montrant que des regroupements tels que Profs contre la hausse (PCLH) et les organisations syndicales s’étaient développées sur la base de fonctionnements démocratiques différents, en raison notamment de l’évolution du contexte historique dans lequel les mouvements sociaux se sont déployés dans les dernières décennies. J’aimerais maintenant démontrer que les moyens de communication à notre disposition depuis une quinzaine d’années encouragent également un renouveau des pratiques militantes.
- Fin de parti(e) ?
Assistons-nous à l’agonie des formations politiques, le Parti québécois et le Bloc québécois, qui ont porté le flambeau du mouvement souverainiste depuis les années 1960 ? Plus encore, l’heure a-t-elle sonné de la marginalisation définitive et de l’échec ultime de ce mouvement qui, à partir de la Révolution tranquille, a redéfini le nationalisme canadien-français et porté le projet de l’indépendance du Québec ? Bref, assistons-nous à la fin de cette partie qui a opposé si longtemps fédéralistes et souverainistes, en même temps que celle des partis politiques qui furent les porte-étendard de la question du Québec ? Et ultimement, risquons-nous l’effacement lent mais inéluctable de la question nationale, de cette intention ferme et inconditionnelle de préserver et de promouvoir l’existence d’une communauté et d’une culture francophones en ce coin de terre d’Amérique ?
- Prolétaires de tous les jeux, unissez-vous !
Games Workers Unite Montréal est une organisation locale s’inscrivant dans le mouvement mondial Games Workers Unite (GWU). À bâbord ! s’est entretenu avec eux pour discuter de la situation au Québec. Propos recueillis par Yannick Delbecque.
- « Nous sommes prêts ! »
Le 9 mars dernier, Gabriel Nadeau-Dubois annonçait qu’il faisait le saut en politique au sein de Québec solidaire. Moins de trois mois plus tard, l’ancien leader étudiant était élu co-porte-parole du parti et député de Gouin. Dans son sillage, plus de 6 000 personnes ont manifesté leur enthousiasme en joignant les rangs de la formation de gauche. Au-delà d’un indéniable « effet GND », comment l’arrivée de cette icône du Printemps érable affectera-t-elle les stratégies et le fonctionnement de QS ?
- Lettre à Chantal Guy
Bonjour madame Guy,
Vous permettez que je vous vouvoie ? Je sais que vous employez le « tu » dans votre Lettre à la génération pirate, mais quelque chose me retient de faire de même. Déjà que je trouve un peu étrange d’employer le « tu » quand on s’adresse à une génération au complet ; ça me rappelle les profs du primaire qui disent « Les ami.e.s, tu vas maintenant prendre ton cahier de mathématiques ». Pourquoi cet infantilisant « tu » de groupe ? Je ne comprends pas. Mais je m’égare.
- Le voyou, le barbare et le philistin
L’affaire Péladeau-Lafrance a suscité bien des gloses dans les médias ces derniers mois. Par-delà les lieux communs et la satire – tentante au demeurant –, cette affaire de gros mots pourrait-elle nous révéler quelque chose sur ce qu’on appelle la culture, aujourd’hui envahie à un tel point par le divertissement et la marchandisation des diverses formes d’expression artistique que la culture de masse d’il y a cinquante ou soixante ans peut paraître comme un âge d’or de la culture ?!
- Le nouveau poupon de l’Assemblée nationale a un an !
Ces lignes me viennent d’une invitation faite par Jean-Marc, Luciano et les autres amis de la revue À bâbord ! d’écrire un billet d’humour sur mon année passée à l’Assemblée nationale. Mais la gauche, vous le savez, n’a pas le sens de l’humour. Moi en tout cas, c’est pas ma tasse de thé. Aucun talent naturel. Puis de toute façon, je trouve que les choses à l’Assemblée sont déjà assez drôles comme ça, pas besoin d’en rajouter.
Tenez, je pense par exemple, aux répliques savoureuses de Serge (…) - Les bombes flottantes du projet Rabaska
Penser établir un port méthanier sur un fleuve difficile à naviguer, englacé cinq mois par année et situé à Lévis à plus de 1 200 km de l’Atlantique, s’avère un projet des plus téméraires. Cette éventualité de voir circuler des méthaniers suscite craintes et inquiétudes, notamment sur le plan de la coexistence de ce transporteur avec les autres trafics et pour l’avenir économique de la voie fluviale.
- Documentation à perte de vue ou documentation humanisée
À l’échelle planétaire, on reconnaîtra aisément l’existence d’une situation de fraction documentaire et informatique qui met hors circuit une très forte majorité d’humains. Pour notre part, l’avalanche d’informations et notre branchement perpétuel tendent à nous rapprocher de ce paradoxe que chantait Jacques Dutronc : « on nous dit tout, on nous dit rien ». Le tout et n’importe quoi à l’information mène à une forme de marécage de l’esprit qui, pour dégager un minimum de signification, exige une compréhension de l’information, un triage de base. Il faut discriminer et, ultimement, tirer du sens à partir du fatras documentaire qui, plus souvent qu’autrement, distrait, déconcerte, quand on ne va pas carrément jusqu’à faire l’impasse pour éviter toute préoccupation.
- Carlos Liscano, l’écrivain et l’autre
J’écris pour cesser d’être celui que je suis. Carlos Liscano
L’ écrivain et l’autre est le sixième livre traduit en français de Carlos Liscano, auteur uruguayen considéré comme un des écrivains latino-américains les plus importants de sa génération. Le livre se présente sous la forme de réflexions fragmentaires en marge d’un roman impossible à écrire. « J’ai commencé mon roman en visant très haut, beaucoup d’ironie. […] L’histoire habituelle : un individu ordinaire qui veut juste avoir (…) - Mondialisation, villes et violence
Yves Pedrazzini est chercheur au Laboratoire de sociologie urbaine de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse, où il coordonne des travaux sur la violence et la sécurité urbaine. En 2005, il publié en 2005 le livre La violence des villes aux éditions Écosociété. Il a vécu dans les bidonvilles d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et même d’Amérique du Nord, puisqu’il a côtoyé les gangs de Caracas, Dakar, Bogota, Marseille ou encore Philadelphie. Qui de mieux alors que ce chercheur pour nous parler des formes que prend le contrôle social des populations appauvries dans le cadre du développement urbain mondial ?
- Conflits d’intérêts
Professeure au département de Science politique de l’Université Laval, Anne-Marie Gingras est l’auteure de Médias et démocratie, Le grand malentendu, publié aux Presses de l’Université du Québec (Québec, 2006). Ce livre s’attache à analyser le rôle politique des médias privés et publics, ainsi que des sondages et des technologies médiatiques et jette un regard à la fois critique et nuancé sur le métier de journaliste. L’entretien qu’elle a accordé à À bâbord ! porte sur les liens entre les médias et les pouvoirs économiques.
- Que faire pour contrer la montée de la droite ?
Françoise David est connue de nous tous. Depuis la marche des femmes de 1995 jusqu’à celle du 12 octobre de l’an 2000, en passant par son rôle à la tête de la FFQ ou au sein de l’organisme Au bas de l’Échelle, elle n’a cessé d’apparaître comme l’une des figures de proue de la gauche féministe et sociale du Québec. Sa décision de fonder D’abord Solidaires et de ne pas opter de participer à la construction de l’UFP en a étonné et fait réfléchir plus d’un-e. Nous l’avons rencontrée. Voici quelques-uns des moments les plus forts de cet échange mutuellement fructueux.
- Les stages rémunérés, c’est CUTE !
D’abord parue en une version courte publiée dans le numéro 73, voici la version plus élaborée de la rencontre avec ces militantes. Nous la publions aujourd’hui puisque les Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) profiteront de la journée des droits des femmes pour appeler à l’action et diffuser les perspectives féministes de cette campagne, intrinsèquement liée à la reconnaissance et la valorisation du travail invisible des femmes.
- Vers un point de bascule ?
L’automne 2014 fut riche en mobilisations sur le front de la lutte à l’austérité, et le mouvement syndical fut l’un des principaux acteurs de cette lutte, sinon le principal. Batailles contre la réforme des régimes de retraite des employés municipaux, contre la réforme des Centres à la Petite Enfance (CPE), contre les coupures à Radio-Canada, contre le projet de loi 10 en santé, bref, contre le projet général de liquidation du volet social de l’État. Semaine après semaine, l’opposition syndicale et populaire s’est fait entendre. Les centrales syndicales l’ont bien souligné lors de leurs sorties publiques de début d’année [2] : l’année 2015 sera elle aussi chargée, d’autant plus que les négociations du secteur public viendront s’ajouter à cette campagne plus générale.
Sur le plan de la mobilisation, le mouvement syndical semble prêt à être à nouveau de la partie en 2015. Qu’en est-il de l’analyse politique de la situation ? C’est sur ce terrain que j’aimerais m’interroger dans ce billet. Le mouvement syndical a-t-il pris la mesure de la radicalité des attaques que nous vivons, et de la radicalité nécessaire pour leur répondre ?
- La vaine chasse aux signes religieux
À bâbord ! a reçu cette contribution au débat sur le projet de charte du gouvernement québécois. Il nous fait plaisir de la diffuser.
- Un mur n’est pas une frontière
Célèbre militant et intellectuel de la gauche israélienne, Michel Warschawski est membre du Groupe de solidarité pour les droits humains en Palestine. Citoyen israélien, engagé depuis plus de 30 ans dans la lutte pour la reconnaissance des droits des Palestiniens, il était invité aux Journées d’études d’Alternatives au mois d’août 2004. À bâbord ! l’a rencontré.
- La pensée politique de gauche
François Cyr, est avocat et professeur de politique. Militant syndical et de la gauche politique québécoise depuis nombre d’années, il fut l’un des fondateurs et animateurs du Rassemblement pour l’alternative progressiste puis de l’Union des forces progressistes. Il est mainteant membre du Comité de coordination national de Québec solidaire à titre de responsable aux orientations. À bâbord ! s’est entretenu avec lui sur la vision et la pensée politique du nouveau parti de gauche sur la scène politique québécoise. Il s’exprime ici à titre personnel.
- L’archivage culturel, une responsabilité collective
Même si elle n’a plus la cote depuis l’ère numérique, la télé est toujours parmi nous et demeure très influente. Depuis 70 ans, elle marque notre imaginaire collectif et notre discours politique. Pourtant, on ne l’archive pas de manière systématique. Ce travail dépend en grande partie de passionné·es et de militant·es. Regard sur deux documentaires qui soulignent cette tâche essentielle, ainsi que l’état inquiétant de l’archivage culturel à l’ère numérique.
- Nouveau fétichisme
Le terme de gouvernance jouit présentement d’une grande popularité, particulièrement dans les sciences de la gestion qui produisent et diffusent un ensemble de prescriptions sur la manière de gérer les institutions publiques. Si le lien entre gouvernance et Nouvelle gestion publique (NGP) se cristallise dès les années 1970, la « nécessaire flexibilisation » invoquée par ses promoteurs est, depuis deux décennies, le maître-mot dans les instances gestionnaires des universités. L’idée d’une (…)
- C’était don beau
Comme toutes les commémorations, celle qui est en cours ces jours-ci risque fort de servir une certaine forme d’oubli : de tout ce qu’il y a eu d’exigeant, de conflictuel dans la grève d’il y a dix ans – et qui demeure actuel.
- Négociations du secteur public. Une société à reconstruire, une planète à sauver
C’est avec appréhension que plusieurs salarié·e·s du secteur public envisagent le prochain duel que sera la négociation des conventions collectives. Le gouvernement caquiste demeure foncièrement attaché au même credo néolibéral que son prédécesseur. Face à lui, des organisations syndicales extrêmement prudentes, malmenées par la droite depuis des décennies, se présentent en rangs dispersés.
- Au sujet de certaines formes de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États
Voici une liste provisoire et non exhaustive de certains types de regroupements humains, de lieux d’activités économiques et d’États qui ont pris forme au sein de divers modes de production qui se sont succédé dans l’histoire (la commune primitive, le mode de production esclavagiste, le mode de production féodal, le mode de production capitaliste, le mode de production « socialiste » et le mode de production « communiste »). Les concepts énumérés ici sont définis, par ordre alphabétique, dans un lexique qui apparaît dans la deuxième partie du texte.
- Missionnaires et insurgés
Le but de cet article est de faire apparaître les éléments fondamentaux sous-jacents au discours journalistique sur la guerre en Afghanistan. Pour ce faire, en octobre et en décembre 2007, j’ai sélectionné deux séries d’articles parus dans La Presse (et ses filiales) et Le Devoir contenant le mot Afghanistan.
- La rencontre du féminisme et de l’antiracisme
Sociologue et féministe française de renom, la théoricienne et militante Christine Delphy est venue à Montréal à l’automne 2007 pour prononcer deux conférences : « Le mythe de l’égalité-déjà-là : un poison » et « L’Afghanistan : une guerre pour les femmes ? » Christine Delphy s’est d’abord fait connaître au Québec dans les années 1970 pour son article « L’ennemi principal », puis par l’œuvre du même nom, publiée en deux volumes. En 1977, elle fonde, avec entre autres Simone de Beauvoir, la revue Questions féministes, puis Nouvelles questions féministes en 1980. Elle a récemment pris position contre la loi française interdisant le port du foulard musulman dans les écoles. Sa lutte antiraciste l’a menée à s’engager dans le Mouvement des indigènes de la république [3].
- Les suites du tremblement de terre zapatiste
Le choc provoqué sur la société mexicaine par le soulèvement zapatiste du premier janvier 1994 est bien celui d’un tremblement de terre. Pas une « petite secousse » mais un de ces vrais tremblements de terre dont ce pays de volcans a une longue expérience. Ils ébranlent les fondations des édifices mêmes les plus solides. Souvent, les lézardes n’apparaîtront que progressivement : c’est des années plus tard qu’on réalisera qu’il faut démolir et reconstruire à neuf.
- Penser le journalisme dans un monde en crise
Il faut prendre au sérieux la prétention des journalistes à se voir comme « chiens de garde de la démocratie » pour saisir l’ampleur des dérives actuelles de l’idéal moderne d’autonomie collective, classiquement entendu comme la capacité de la société de prendre en main son histoire. Appréhender le journalisme en le confrontant à sa doxa permet alors de resituer la crise contemporaine du journalisme dans le miroir de la crise du politique. Cela ne fait bien sûr pas disparaître le problème (…)
- L’Association des travailleurs grecs du Québec. Un demi-siècle de lutte
L’Association des travailleurs grecs (ATGQ) souligne ses 50 ans d’activités ! C’est chez elle que nous a reçu·es madame Irène Fournaris, une femme fière et forte de 76 ans. La militante de l’ATGQ nous raconte l’histoire de cette association, entremêlée à la sienne.
- Amazon ou le capitalisme mégalomane
On critique souvent les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft –, ces grandes entreprises ayant atteint un haut niveau de fortune et d’influence grâce à Internet. Au-delà de la grande diversité de critiques formulées à leur endroit, quel portrait général peut-on se faire de ces géants du Web ? Premier article d’une série exposant les problèmes que pose chacune de ces grandes entreprises.
- Les amazones
L’archétype de la femme noire forte – soit celle qui n’a besoin ni de protection, ni d’affection ni de bienveillance de la part de son entourage et de la société – a fait l’objet de diverses études aux États-Unis. La chanteuse Beyoncé en a même fait un emblème qui est souvent repris comme un compliment, voire un hymne à la force des femmes noires. Or, cet archétype n’est pas anodin.
- Mémoires, décès et pandémie. Réflexions sur la journée de commémoration du 11 mars
« Bientôt, ça fera un an que nous luttons, tous ensemble, contre la COVID-19. C’est pourquoi j’ai demandé que l’on tienne une journée de commémoration le 11 mars prochain. Nous prendrons le temps de penser à nos proches disparus, mais aussi à tous ceux et celles qui ont souffert en raison de la pandémie. »
François Legault, Premier ministre du Québec, point de presse du 28 janvier 2020
- Le Nous est un Autre
L’histoire des frontières est une histoire relativement récente. Sous les empires, le principe des frontières était plutôt flou, certaines populations n’ayant même pas conscience d’y appartenir. Les lignes entre empires étaient mouvantes, souvent même indéterminées.
- Anges ou démons ?
Le 15 mars 2020, le gouvernement Legault tient son premier point de presse « pandémique ». Rapidement, des arcs-en-ciel apparaissent aux fenêtres et les travailleur.ses (trop souvent précaires) de la santé deviennent des anges, « nos anges ». Puis, le temps passe et la crise perdure. « Nos anges » tombent dans un oubli relatif et l’on est désormais plus préoccupé par les paresseux et les profiteurs de la crise, qui refuseraient de travailler pour recevoir la Prestation canadienne d’urgence (PCU), freinant ainsi la reprise économique et, pourquoi pas, le bien commun. Mais comment en est-on arrivé là ?
- François Saillant en cinq temps
François Saillant est un militant important et influent de l’histoire du Québec. Alors qu’il est à l’aube de sa retraite en tant que coordonnateur du FRAPRU (depuis 1979 !), la revue À bâbord ! a souhaité revenir sur son parcours extrêmement riche. Nous lui avons demandé de présenter, à partir de photos qu’il a lui-même choisies, cinq moments charnières de sa propre histoire.
Propos recueillis par Isabelle Bouchard.
- Grèce. Syriza à l’heure des choix
La victoire de Syriza en Grèce a suscité beaucoup d’espoir : pour la première fois, en Europe, on élisait un gouvernement nettement opposé aux politiques d’austérité. Mais les premières semaines au pouvoir ont montré à quel point le parti fait face à une opposition impitoyable des institutions européennes. Nous avons demandé à Stathis Kouvelakis, professeur au King’s College de Londres et membre du comité central de Syriza, de faire « le point sur la situation.
- Nos corps sont toujours un champ de bataille
Le récent sommet du G8 a servi de plateforme de diffusion internationale pour les politiques anti-choix du gouvernement Harper, fouettant du même coup les ardeurs des groupes qui les appuient au Canada. Cette attaque sur deux fronts s’inspire principalement du mouvement anti-choix aux États-Unis. Elle nous permet d’entrevoir les conséquences possibles d’une reprise de l’approche états-unienne au nord du 49e parallèle.
- Retour sur Octobre
Figure incontournable du Front de libération du Québec, Paul Rose a à la fois pratiqué, sous toutes ses formes, la résistance politique et affronté la violence du système qu’il dénonçait. Docteur en sociologie, il est conseiller syndical depuis plusieurs années. Dans cette entrevue exclusive, il revient sur Octobre 1970, sur les réflexions qu’il en a tirées et sur son parcours de militant.
- Le dossier nucléaire iranien et le Conseil de sécurité
Siddharth Varadarajan, journaliste indien de premier plan, est l’éditeur-adjoint du journal de gauche The Hindu. En novembre 2005, l’Association des correspondants auprès de l’ONU lui a décerné le prix Elizabeth Neuffer pour sa série d’articles intitulée « Le casse-tête iranien », traitant des relations entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Reconnu comme l’un des principaux experts sur la question du programme nucléaire iranien, amplement consulté et cité dans le monde entier, M. Varadarajan est cependant méconnu dans le monde francophone. À bâbord ! offre ici à ses lecteurs et lectrices son analyse en profondeur de cette question cruciale.
- Roulodrôme et Skatepark
L’aventure du TAZ débute en 1994, à même la rue. Ses deux fondateurs, Janet McNulty et Michel Comeau, adeptes de patin, de skateboard et artistes de la scène, veulent monter des spectacles sur patins, skateboard et BMX. Aucun lieu ne veut les accueillir puisque ces sports sont alors très alternatifs et associés à la délinquance. Ils s’entraînent donc sur la rue avec les jeunes qui cherchent un lieu où l’on respectera leur style de vie.
- Les limites de l’hagiographie
Même s’il n’a jamais pu accéder au grand rôle politique auquel il était en droit d’aspirer, Gérald Godin a su s’affirmer comme un député et un ministre importants durant les deux premiers mandats gouvernementaux du Parti québécois à l’Assemblée nationale. Après la défaite électorale de sa formation politique en 1985, malgré une tumeur cancéreuse au cerveau qui ralentissait considérablement le rythme de ses activités, Godin a exercé, dans l’opposition officielle, ses fonctions de député avec dignité et professionnalisme jusqu’à la fin du dernier mandat qu’on lui a confié.
- Un ordre professionnel pour les enseignants ?
Est-il opportun de créer un ordre professionnel des enseignantes et enseignants du primaire et du secondaire ? La question est périodiquement soulevée au Québec et elle l’est encore ces temps-ci avec, cette fois, en musique de fond, le chant des sirènes de l’évaluation et de la rémunération au mérite.
- Harper, le nouveau premier ministre d’Israël
Lors de son intervention à la deuxième conférence annuelle de la Coalition interparlementaire de lutte contre l’antisémitisme en novembre dernier, M. Harper a revêtu les habits de M. Nétanyahou au point de quasi lui voler son poste de premier ministre ! Qu’on en juge : « Quand Israël, le seul pays au monde dont l’existence même est attaquée, fait l’objet d’une condamnation constante et ouverte, je crois que nous sommes moralement tenus de prendre position. Il est de notre devoir à nous tous (…)
- Deux roues, un avenir
Claire Morissette, Deux roues, un avenir - Le vélo en ville, Montréal, Écosociété, 2009, 253 p.
- Quelques réflexions stratégiques
L’action en faveur de la justice et de la paix au Proche-Orient fait face à des défis importants dans le contexte actuel. Le texte qui suit se veut une réflexion sur l’approche stratégique qu’on pourrait adopter dans les milieux militants. Il ne prétend aucunement être une réponse définitive aux questions posées, mais plutôt une invitation à une réflexion et à un dialogue sur ces questions.
- Briser le monopole de l’UPA
Le monopole syndical exercé par l’Union des producteurs agricoles (UPA) prend racine dans la Loi sur les producteurs agricoles [4]. Cette loi autorise la reconnaissance d’une seule association syndicale dans le domaine de l’agriculture au Québec. Cette façon de faire n’existe nulle part ailleurs sur la planète
- Les aveugles et l’éléphant
Alors que la santé constitue la priorité de la population, à l’heure où le moindre dérèglement biologique (SRAS, vache folle, grippe aviaire, etc.) risque d’entraîner des pandémies mondiales dévastatrices, les apprentis-sorciers favorables aux OGM continuent intensément leur lobby pour faire reconnaître la légitimité et la légalité de leurs produits modifiés. Et cela, sans qu’on en connaisse les impacts négatifs à moyen et à long termes sur la santé publique. Voici deux cas qui illustrent bien l’irresponsabilité de nos dirigeants pour faciliter l’intrusion à grande échelle des OGM dans notre mode de vie. Comment expliquer cette attitude complaisante et négligente de la part de nos autorités chargées de veiller au bien-être collectif, sinon par les profits exhorbitants que peut générer cette industrie du tripotage génétique ?
- Les lucides et la dette
Le manifeste Pour un Québec lucide a brandi la dette publique du Québec par habitant comme un épouvantail en la présentant comme la plus élevée du continent. Sans nier l’importance de cette dette, quel est son niveau relatif, non seulement à l’échelle du continent, mais à l’échelle mondiale ?
- La communauté sourde québécoise
En avril 2013, lorsqu’on discutait sur toutes les tribunes du projet de loi 14 portant sur l’avenir du français, un animateur de la radio de Radio-Canada a eu une réaction de surprise lorsqu’une collaboratrice de l’émission, Eve-Lyne Couturier, lui a mentionné qu’une coalition d’organismes représentant la communauté sourde du Québec demandait un amendement à la Charte de la langue française pour y inclure une reconnaissance officielle de la langue des signes québécoise (LSQ).
- Vers l’engluement bitumineux
À Cacouna, dans le Bas-du-Fleuve, la société TransCanada ambitionne de bâtir un terminal pétrolier, tête de pont au Québec de son projet Énergie Est. Un port qui serait alimenté par le plus gros pipeline d’Amérique du Nord, capable de transporter 1,1 million de barils de pétrole par jour. Au Québec, depuis plusieurs mois, citoyen·ne·s, défenseur·e·s de l’environnement et scientifiques se mobilisent et dénoncent les risques environnementaux considérables qu’un tel plan fait peser sur la région de Cacouna, sa « pouponnière » de bélugas et, plus largement, sur le bassin versant du Saint-Laurent. Face à l’offensive des compagnies pétrolières, le gouvernement du Québec tarde à réagir.
- La grande phobie de la violence
Choisir les actions non violentes, qui vont des grandes manifestations à la désobéissance civile, ou préférer l’action directe, qui ne craint pas toujours d’utiliser la violence pour se faire entendre. La première est jugée acceptable par l’opinion publique, alors que la seconde est sévèrement condamnée. Et si les choses n’étaient pas aussi simples ?
- « Notre relation à l’autre est indissociable de notre rapport au territoire »
Élue depuis moins d’un an, la jeune députée de Québec solidaire (27 ans) a pris la mesure de sa fonction. « J’arrive à bien marcher avec ces grands souliers, dit-elle. J’ai progressivement découvert le travail de députée au quotidien, en région et à l’Assemblée nationale à Québec. » Mines, environnement, agriculture, services publics, culture, relations avec les Autochtones… nous avons passé en revue avec elle les grands dossiers qui l’occupent à l’occasion de la parution d’un numéro d’À bâbord ! consacré à l’Abitibi-Témiscamingue.
Propos recueillis par Rémi Leroux.
- Les mouvements pour un salaire étudiant
Nous publions ici la version intégrale d’un article d’Aurélien Casta paru en version abrégée dans le magazine des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE). L’auteur remercie les membres des CUTE et en particulier Annabelle Berthiaume pour leur proposition et leur relecture des différentes versions de ce texte, ainsi que Maud Simonet, Bernard Friot et Laura pour leurs suggestions.
- Figures de l’identité arabe au Canada
Houda Asal est titulaire d’un doctorat en histoire soutenu en 2011 à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris. Depuis, elle travaille sur le racisme, l’islamophobie et les discriminations. Dans la foulée de son numéro 67 sur le racisme au Québec, À bâbord ! a souhaité approfondir cette réflexion avec elle à l’occasion de la parution de son ouvrage Se dire arabe au Canada aux Presses de l’Université de Montréal.
- YouTube, l’archivage en folie
À l’image de notre monde déréglementé, YouTube est en même temps un immense refuge du n’importe quoi, une accumulation étourdissante du meilleur et du pire. Et qui laisse perplexes quelques-uns des milliards de visiteurs et visiteuses qui s’y aventurent.
- L’intérêt public ou l’enveloppe ?
Posez-vous la question : si vous étiez absolument certain de pouvoir accepter une grosse enveloppe brune pleine de billets de cent dollars sans que personne ne le sache jamais, l’accepteriez-vous en échange d’un service contraire aux règles ? J’ai posé la question en classe à mes étudiantEs du niveau collégial et la très grande majorité a avoué qu’elle serait prête à se laisser corrompre sans hésiter. C’est là un triste constat, mais c’est peut-être un signe que la croyance en la capacité de l’être humain d’être désintéressé relève de la chimère.
- Le bien-être animal
Commençons par définir ce qu’on entend par bien-être animal. Selon l’Organisation mondiale de la santé animale, « le bien-être animal fait référence aux conditions de vie auxquelles un animal doit faire face. Un animal a un bon niveau de bien-être s’il est en santé, s’il est à son aise, s’il est bien nourri, s’il est en sécurité, s’il est capable d’exprimer ses comportements innés, et s’il ne doit pas éprouver d’états négatifs tels que la souffrance, la peur et la détresse. La qualité du bien-être d’un animal implique la prévention de la maladie et les traitements d’un vétérinaire, un abri adéquat, une saine nutrition, de même que la manipulation, le transport et l’abattage sans cruauté. » Qu’en est-il chez nous ? Le portrait, on va le voir, est loin d’être rose.
- Dissocier indépendance et nationalisme
La question de l’indépendance représente une contradiction irrésolue dans l’histoire de la communauté politique du Québec. Elle est intimement mêlée aux autres formes de domination, dont l’oppression capitaliste. Si elle a, jusqu’ici, fait partie de l’arsenal idéologique des classes dominantes et des élites nationalistes, cela ne veut pas pour autant dire que la gauche peut se permettre de l’escamoter. Peut-être faudrait-il en revenir à dissocier indépendance et nationalisme. Cela ne veut pas dire nier la réalité nationale, mais plutôt penser l’appartenance à une communauté politique concrète comme condition nécessaire de tout projet d’émancipation et d’autonomie politique [5].
- Repenser la rupture avec le capitalisme
L’émergence du courant socialisme et indépendance fut intimement liée à l’apogée puis à la crise de l’État providence durant les années 1960 et 1970. Le contexte, caractérisé par le développement des nouvelles classes moyennes et l’affirmation politique du mouvement ouvrier, favorisa la résurgence des mouvements nationaux dans les États du centre (Québec, Catalogne, Écosse, Irlande du Nord). Le projet de joindre l’avènement du socialisme à la réalisation de l’indépendance peut ainsi être pensé comme une radicalisation de l’imaginaire d’émancipation politique du welfare state. Le succès relatif de cette mouvance dans les milieux intellectuels, les syndicats et les groupes communautaires fit cependant long feu lors du passage au néolibéralisme et devant l’échec des socialismes réels.
- Un parti de gauche hybride
Benoit Renaud est, depuis le 1er mars 2008, le secrétaire général de Québec solidaire. À ce titre, il est en quelque sorte le coordonnateur de la vie interne du parti. L’itinéraire de ce militant vaut la peine d’être rappelé, car Benoit Renaud cumule une longue expérience dans divers mouvements et associations (du mouvement étudiant au mouvement contre la guerre en passant par le collectif d’À bâbord !) de même qu’un engagement dans des organisations politiques qu’on pourrait qualifier de « marxistes révolutionnaires » ou de « trotskistes ». Il est donc bien placé pour analyser, dans une perspective engagée et « intéressée », l’évolution de la gauche au Québec depuis une vingtaine d’années et le phénomène de convergence politique qui s’exprime maintenant dans Québec solidaire.
- Facebook, un ami qui vous veut du bien
Dans le dernier numéro d’À bâbord !, mon article présentait le marketing viral, une technique pernicieuse de vente qui s’appuie sur des réseaux sociaux déjà existants. Je décrivais cette forme de marketing comme un passager clandestin dans des relations basées sur la confiance et l’affectivité. On ne pourrait trouver meilleur exemple de ce phénomène qu’en étudiant Facebook, le site de l’heure, le site de l’année, le site de votre vie...
- Un cas d’eau offert au privé
Les journalistes ont le don de nous étonner. Après trois années de gouvernement Charest, ils nous claironnent que, malgré ses promesses, ce gouvernement n’a accouché que de petites souris inoffensives. Comment ça, pas de PPP ? La 25, le CHUM, les CHSLD, les haltes routières, une partie du parc national du Mont Orford, ce n’est quand même pas que de la théorie !
- Souvenirs de prison
Jules Fournier, Souvenirs de prison, Lux, 2021 (nouvelle édition), 110p.
- « C’est le Québec qui est né dans mon pays ! »
Emmanuelle Dufour, « C’est le Québec qui est né dans mon pays ! », Écosociété, 2021, 208 pages.
- 25 ans des États généraux sur l’éducation. Le « virage du succès » ou celui de l a performite ?
En 1995-1996, à l’occasion d’États généraux sur l’éducation , le Québec était convié à un important examen de son système éducatif et à sa refondation. Vingt-cinq ans plus tard, les promesses et objectifs formulés ont-ils finalement été respectés ? Second article d’une brève série pour faire le point, alors que circulent des appels à une Commission Parent 2.0.
- Le journalisme à l’ère Snowden
Les documents fournis par Edward Snowden sur les activités de surveillance de la National Security Agency (NSA) américaine et de son allié britannique, le Government Communications Headquarters (GCHQ), ont suscité de nombreux questionnements sur les activités de nos États comme sur notre usage du réseau Internet. On a beaucoup souligné, à juste titre, le courage de Snowden devant les sacrifices qu’il a dû accomplir. Or, le tumulte provoqué par ces divulgations a aussi gagné le milieu journalistique, particulièrement aux États-Unis et en Grande-Bretagne. C’est ici qu’il faut saluer le travail des journalistes à qui Snowden a, non sans raison, choisi de faire confiance.
- Le Café de la Maison ronde. Un carrefour social pour les Autochtones
Situé au square Cabot, à quelques minutes à pieds du métro Atwater, le Café de la Maison ronde cherche à favoriser la mixité sociale et l’autonomisation des Autochtones. Le projet d’économie sociale est porté par le Groupe communautaire L’Itinéraire (qui publie le magazine du même nom), avec la collaboration de l’arrondissement Ville-Marie.
- Fin de la vie privée au Canada ?
Il y a présentement un mouvement très fort au sein du gouvernement conservateur, appuyé par « l’opposition » libérale, pour grandement resserrer les lois sur la surveillance téléphonique et informatique. Vous allez être surveillés par votre police locale, provinciale, fédérale ou étrangère, sans mandat et sans en être avertis. On embarque dans le bateau de la surveillance globale, style 1984.
- Au coeur d’une crise excentrée
Actuellement, le Québec traverse une crise du logement très particulière : alors qu’historiquement, ce problème était un phénomène urbain, ses effets semblent maintenant encore plus graves à mesure que l’on s’éloigne des grands centres.
- Mouvements queers et féministes : l’intersectionnalité est une exigence stratégique
La communauté queer naît d’abord d’une identité politique radicale. Elle entretient l’ambition d’un mouvement de libération qui puise dans l’anti-autoritarisme et qui pose l’intersectionnalité comme une composante essentielle de son discours. Pourtant, il existe peu de réflexions stratégiques pour s’assurer que ces exigences survivent au test de la lutte.
- Épistémologies militantes. Se réapproprier la science
Pour l’organisme d’origine états-unienne Science for the People (SftP), qui publie un magazine du même nom, l’objectivité et la neutralité de la science ne forment qu’un autre grand mythe permettant à la classe dominante d’instrumentaliser le savoir scientifique à son profit. En réponse, SftP veut mettre le savoir scientifique au service des gens et du changement social.
Traduit de l’anglais par Miriam Hatabi
- Services publics : vers la grève !
La grève est un moyen d’action qui a laissé ses traces dans l’histoire des négociations des secteurs public et parapublic au Québec. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que les conventions collectives sont à renouveler, et ce, en pleine pandémie ?
- « Qu’est-ce qui vous amène en Abitibi-Témiscamingue ? »
C’est la question qu’on se fait le plus souvent poser quand on fait partie des vagues récentes de l’immigration. Et bien que l’on se considère, après quelques années, comme faisant partie de la communauté d’accueil, on se fait encore poser cette même question.
- Black Mirror. Technos vampiriques
Mêlant habilement une anticipation scientifique réaliste et des scénarios d’horreur cauchemardesques, Black Mirror marque l’imaginaire de son vaste public, y compris à gauche, depuis ses débuts. Lancée en 2011 par Charlie Brooker, la série britanno-américaine revient en 2019 pour une cinquième saison.
- « Contact tracing » et capitalisme de surveillance
En suspendant notre conception de la normalité, la pandémie actuelle ouvre la porte à toutes sortes d’opportunités politiques. Certaines sont enthousiasmantes dans une perspective de droits sociaux et de redistribution de la richesse ; hélas, plusieurs opportunités politiques sont aussi franchement inquiétantes. L’accroissement de la surveillance numérique en est une.
- Les innombrables contradictions de la convergence
Québec solidaire n’a pas fini d’entendre parler de son refus d’une convergence avec le Parti québécois lors des prochaines élections. En plus des reproches de dogmatisme, de fermeture et de favoriser la réélection des libéraux, les solidaires doivent aussi jongler avec le scandale entourant la non-divulgation de la feuille de route de OUI Québec sur une démarche commune d’accession à l’indépendance.
- Le mirage du discours
Le 12 août dernier, Martine Delvaux proposait une réflexion sur le film Le Mirage de Ricardo Trogi dans La Presse+. Dès le lendemain, un chroniqueur du Journal de Montréal réagissait de façon outrancière en personnalisant indûment l’enjeu social qui était soulevé. Dans ce nouvel article, l’auteure revient sur Le Mirage et aborde ce à quoi s’exposent les femmes lorsqu’elles prennent la parole dans l’espace public.
- L’exploitation des travailleuses et travailleurs temporaires
Le néolibéralisme a de lourdes conséquences sur le marché du travail, notamment parce qu’il prône la flexibilité du travail et de la main-d’œuvre. Le recours au travail temporaire via les agences de placement de personnel constitue un exemple emblématique de cette tendance. Les travailleuses et travailleurs temporaires sont exploités en même temps que le « précariat » se développe de plus en plus. Le législateur, jusqu’à aujourd’hui, fait fi des dénonciations de ce mode d’emploi alors que la régulation du travail temporaire n’aurait rien de bien compliquée.
- Deux cultures démocratiques se rencontrent
Les conventions collectives de centaines de milliers d’employé.e.s des secteurs public et parapublic viennent à échéance au printemps 2015. C’est encore loin, mais des réflexions et des débats sont déjà amorcés dans le mouvement syndical. J’ai l’intention de profiter de l’espace qui m’est accordé sur ce blogue pour y contribuer de temps à autre.
- Quelques remarques sur la fuite de documents de la National Security Agency (NSA)
If you’re doing nothing wrong, you have nothing to hide from the giant surveillance apparatus the government’s been hiding.
Stephen Colbert [6]
- Pour le Sommet de l’enseignement supérieur
Il semble acquis que, conformément à sa promesse électorale, le Parti québécois réunira sous peu un Sommet de l’enseignement supérieur. Ce sera une occasion unique de tenir sur les cégeps et les universités québécoises cette réflexion en profondeur et sereine devenue nécessaire afin de prendre collectivement des décisions qui pourraient bien être de la plus haute importance pour l’avenir de ces institutions et pour celui du Québec tout entier.
- Vers la liberté animale
Certaines discriminations sont-elles légitimes ? Oui, mais à condition d’être moralement justifiées. Depuis Aristote, en effet, nous croyons que la justice exige que les cas similaires soient traités de manière similaire et que les cas différents soient traités de manière différente. Discriminer entre deux êtres sur la seule base de leur race ou de leur sexe serait raciste ou sexiste. Le faire sur la seule base de leur espèce serait spéciste.
- Utopies, liberté et négativité
Cet oxymoron, juxtaposant dans le même énoncé deux termes contradictoires, qu’on pouvait lire sur les murs de Mai 68, répond implicitement au dénigrement des utopies en tant que « pures spéculations », projections imaginaires dans des mondes impossibles. Plutôt que de renier le caractère imaginaire des utopies (« l’imagination au pouvoir ! »), il en exalte le plus haut degré de « réalisme ». De fait, les utopies ne sont rien d’autre que des projections imaginaires. Mais ces projections ne sont pas que des « vues de l’esprit ». Elles nous permettent de voir « sous les pavés, la plage » ; elles sont précisément ce par quoi le « réel » se dévoile tel qu’il « est » (contingent) plutôt que comme il « paraît » (apodictique). Et sans cette mise à distance de l’apparente naturalité, fatalité ou inéluctabilité des rapports sociaux « réellement existants », aucun dépassement de ceux-ci n’est possible.
- Le forum social des Amériques
Le Forum social des Amériques (FSA) a tenu sa troisième édition au Guatemala du 7 au 12 octobre 2008. Bien que chaque édition reprenne le discours général des Forums sociaux, elles ajoutent leur couleur particulière. Des éléments fortement récurrents aident à dresser un portrait des questions traversant les différentes tendances qui y participent.
- Prélude aux luttes urbaines
Le mouvement des squatters d’après-guerre est un des plus importants mouvements de revendication ouvrière et d’action directe organisés à Montréal autour de la question du logement. Largement couvert par la presse de l’époque, cet épisode est pourtant tombé dans l’oubli, même chez les squatters contemporains de la rue Saint-Norbert ou de la rue Overdale [7]. Cette lutte mérite d’être plus connue, non seulement pour la qualité de son organisation, mais aussi pour son impact sur les conditions de logement des familles ouvrières.
- La gauche et l’islamisme
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et l’état d’urgence planétaire décrété par les États-Unis sous prétexte de « guerre au terrorisme », dans les pays occidentaux, les personnes issues des pays arabo-musulmans sont en butte à toutes les discriminations, tant ethno-raciales que socio-économiques. De plus, les pays arabo-musulmans sont également victimes de l’impérialisme occidental et de l’incurie de leurs propres dirigeants. Au nord comme au sud, des courants politiques « musulmans » prétendent mener des luttes pour contrer ces injustices. Ce constat soulève des défis pour la gauche, qui doit d’une part comprendre les phénomènes politiques se réclamant de l’islam et trouver la meilleure stratégie pour y répondre et, d’autre part, prendre ses responsabilités dans la lutte contre les injustices subies par des nations à majorité musulmane et par les minorités arabo-musulmanes d’Occident. La relation entre la gauche et l’islamisme politique soulève plusieurs questions : comment mener la lutte contre l’islamophobie et le racisme tout en maintenant une vigilance constante à l’égard du fondamentalisme religieux ? L’islamisme peut-il apporter une contribution positive à la lutte anti-impérialiste ? Une action politique inspirée par l’islam peut-elle être également progressiste et compatible avec la gauche ? Les enjeux ne sont pas les mêmes dans les sociétés occidentales où les personnes de confession islamique, minoritaires, sont victimes de racisme et dans les pays arabo-musulmans où la gauche et l’extrême-gauche laïques sont également victimes de l’islamisme politique. Nous avons demandé à deux membres de la rédaction, Benoît Renaud et Mabrouk Rabahi, de lancer le débat.
- Les patrons ont toujours aimé l’État-nation
Philosophe et militant de gauche, Antonio Negri développe depuis plusieurs années une pensée politique qui ouvre de nouvelles perspectives sur le travail, les classes sociales, les formes d’oppression biopolitique et les nouveaux lieux de résistance. En travaillant à partir du concept de « multitude » plutôt qu’avec celui de « peuple », Negri déplace le paradigme de l’État-nation vers un réseau de singularités, de sujets engagés, qui propose un vivre en commun, une communauté dans l’action. Antonio Negri a écrit, en collaboration avec Michael Hardt, Empire (2000) et Multitude (2004). Il a aussi publié récemment Job, la force de l’esclave (2002), Fabrique de porcelaine : pour une nouvelle grammaire du politique (2006) et Lent Genêt : essai sur l’ontologie de Giacomo Leopardi (2006). Dans le présent entretien accordé à À bâbord ! lors de son passage à Montréal en avril 2006, Negri revient sur les dernières élections italiennes, sur le Contrat de première embauche (CPE) en France et sur sa prise de position en faveur de l’Union européenne.
- La rhétorique comme méthodologie
L’Institut économique de Montréal propose régulièrement des opinions et des « notes économiques » destinées au commun des lecteurs. On cherche en vain une méthodologie dans ces documents qui affirment leur scientificité sans jamais en faire la démonstration. On peut alors dire que la rhétorique remplace la rigueur et que les résultats sont des pamphlets politiques destinés à promouvoir une certaine vision de la société. L’analyse de la méthodologie que je me proposais de faire doit donc se transformer en analyse du discours.
- Le Canada, un État militariste comme les autres
En dépit des déclarations officielles du gouvernement libéral de l’époque, le Canada a participé militairement à la guerre d’Irak en 2003 en fournissant des planificateurs militaires, en prenant la tête d’une force navale dans le Golfe persique, en consacrant d’importants moyens logistiques en Afghanistan – relevant ainsi les forces états-uniennes qui ont pu être redéployées en Irak – et en fournissant les pistes d’aviation de Terre-Neuve aux bombardiers états-uniens en route pour l’Irak…
- 40 ans après la Révolution tranquille, pourquoi sommes-nous encore plus dépendants que jamais ?
Paul Rose a consacré sa vie à la lutte pour l’émancipation nationale et sociale du peuple québécois. Projeté à l’avant-scène lors des évènements d’Octobre 1970, prisonnier politique incarcéré pendant douze ans, docteur en sociologie et syndicaliste actif, il partage avec nous son analyse de l’évolution de la société québécoise au cours des quarante dernières années. Bilan historique et perspectives d’avenir d’un militant de la gauche politique québécoise.
- Une gauche en commun. Dialogue sur l’anarchisme et le socialisme
Marcos Ancelovici, Pierre Mouterde, Stéphane Chalifour et Judith Trudeau, Une gauche en commun. Dialogue sur l’anarchisme et le socialisme, Montréal, Écosociété, 2019, 264 pages.
- Prendre... le temps d’une soupe
Depuis sa première intervention La banque à bas en 1997, l’ATSA crée tous les ans un événement artistique et solidaire qui sensibilise le grand public à la réalité des gens de la rue. Intitulé État d’urgence entre 1998 et 2010, puis Fin novembre de 2011 à 2013, il s’agit cette année de la 18e édition de cet effort créatif et citoyen unique avec les personnes de la rue. L’événement a lieu du 15 au 18 octobre prochains à la place Émilie-Gamelin à Montréal.
- La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspectives
S. Lefèvre, G. Boismenu et P. Dufour, La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspectives, Montréal, PUM, 2011, 209p.
- Illusion et supercherie
En novembre 2004, le ministre de l’Environnement déposait l’avant-projet de loi sur le développement durable. Enfin du « développement durable », dira-t-on ? Ce paravent vert ne saurait masquer les actions entreprises par le gouvernement néolibéral de Jean Charest depuis son élection.
- Reprendre parole. Entrevue avec la maison d’édition Diverses Syllabes
Nouvelle maison d’édition fondée à l’été 2020, Diverses Syllabes a soulevé un grand intérêt dans le milieu littéraire et au-delà. À bâbord ! a rencontré trois des co-fondatrices.
Version intégrale de l’entrevue parue dans le numéro 86 de la revue.
Avec Sayaka Araniva-Yanez, Brintha Koneshachandra et Paola Ouedraogo
Propos recueillis par Alexis Ross
- Direct Action. Une expérience radicale
Les années 1980 marquent un ressac de la gauche, notamment révolutionnaire, partout en Occident. Le déclin du prestige des pays socialistes, la restructuration des milieux de travail et surtout la répression étatique ont peu à peu raison des organisations militantes. Dans ce contexte, des groupes travaillent au renouvellement de leur stratégie comme de leurs pratiques. C’est le cas de Direct Action, un collectif canadien anarchiste, écologiste, féministe et anti-impérialiste qui mène une série d’attaques contre l’État et l’industrie de 1980 à 1983.
- Démocratie syndicale : une exigeante nécessité
Les débats sur la démocratie syndicale sont aussi vieux que le syndicalisme lui-même. Nous proposons ici un rapide tour d’horizon pour aborder la démocratie tant dans ses dimensions délégatrices que délibératives, et proposer quelques pistes de réflexion pour poursuivre, mais certainement pas clore la discussion.