Dossier : Le sport en ville - une appropriation citoyenne
Roulodrôme et Skatepark
Le TAZ à Montréal
L’aventure du TAZ débute en 1994, à même la rue. Ses deux fondateurs, Janet McNulty et Michel Comeau, adeptes de patin, de skateboard et artistes de la scène, veulent monter des spectacles sur patins, skateboard et BMX. Aucun lieu ne veut les accueillir puisque ces sports sont alors très alternatifs et associés à la délinquance. Ils s’entraînent donc sur la rue avec les jeunes qui cherchent un lieu où l’on respectera leur style de vie.
La pratique extérieure du Skate
La problématique de la pratique du skateboard en milieu urbain est liée au fait qu’elle est interdite là où le mobilier urbain s’y prête le mieux. En effet, les places publiques et privées, les trottoirs et la chaussée proprement dite figurent souvent parmi les meilleurs spots en ville (disposant de marches, de mains courantes, de parapets…) pour les jeunes skaters avides de sensations fortes.
Cet interdit force les pouvoirs publics et les services de sécurité privés à expulser les skaters de leurs spots favoris, ce qui se conclue souvent en altercations de toutes sortes. Étant donné que certains jeunes réagissent parfois fortement face à l’autorité, cela peut malheureusement contribuer à renforcer l’image de « rebelle » associée à ce sport qui, à la source, vient effectivement de la rue. Sans oublier le fait que les skaters pratiquent dans des endroits assez hot de la ville, par exemple la Place de la Paix avec ses fameuses curbs en marbre, malheureusement bordées de seringues et qui est le lieu de rencontre des prostitués, pimps et junkies du centre-ville.
D’où l’importance d’avoir un lieu intérieur sécuritaire qui recrée les spots urbains et qui donne un espace de liberté à ces jeunes qui, parfois, cherchent simplement un lieu où ils ont la chance d’expérimenter, de s’exprimer, de découvrir, de se dépasser et de vivre leurs passions par la pratique du skateboard.
La création du TAZ et sa relocalisation
En 1995, les premiers modules sont construits et débute alors une négociation afin d’investir un immeuble public inoccupé, en plein c ?ur de Montréal et directement branché sur la station de métro Berri-UQAM. Un site exceptionnel et ultra accessible.
Le TAZMAHAL, Roulodôme et Skatepark, organisme à but non lucratif, ouvre à l’automne 1996 et rencontre très rapidement un énorme succès auprès des « riders », des jeunes et des familles. Il est rapidement reconnu par la Ville de Montréal, les milieux scolaires et communautaires. Le projet n’aurait jamais vu le jour si la société propriétaire de l’immeuble n’avait consenti un loyer symbolique à ce projet jeunesse. Elle en aura été le premier commanditaire majeur et discret. Sans commandites ou supports financiers de mécènes ou des municipalités, il est impossible de générer les revenus nécessaires pour couvrir les frais d’un immeuble suffisamment grand pour ces pratiques sportives.
Deux ans après son ouverture, Le TAZ apprend qu’il devra se trouver une nouvelle demeure. Une résistance se développe et regroupe la grande majorité des « riders » du TAZ, parents, jeunes, milieux sociaux, médias. Plus de 10 000 personnes signent une pétition, des milliers de courriels sont envoyés au maire de Montréal. Des représentations sont mises en marche au niveau politique. Les trois paliers de gouvernement s’engagent à accompagner Le TAZ dans sa relocalisation. Ainsi s’amorce la recherche d’un nouveau site. En 2001, le TAZMAHAL ferme ses portes… temporairement.
En 2005, la Ville de Montréal et les gouvernements du Québec et du Canada annoncent la construction d’un édifice spécialisé pour les sports sur roues. Le TAZ devient maître d’ ?uvre d’un projet de construction de 83 000 pieds carrés sur l’avenue Papineau. Il faudra encore 3 ans avant que les travaux ne débutent. En tout, il aura donc fallu 10 ans de lobbying pour que ce projet aboutisse.
Le TAZ construit un immeuble respectant les principes du développement durable, respecte ses budgets de construction et les échéanciers et ouvre en mars 2009, un an après le début des travaux.
Malgré les controverses, Le TAZ franchit toutes les barrières parce qu’il a acquis la reconnaissance des différents milieux concernés et parce qu’il s’adresse à un large public. Le TAZ vise à être un des meilleurs Skatepark dans le monde et il intervient sur les nombreuses problématiques qui affectent familles et plus particulièrement les jeunes, en misant notamment sur les saines habitudes de vie et la persévérance scolaire. Pas simple de vouloir ?uvrer pour la jeunesse et de créer des espaces atypiques, mais quel beau défi !
Lieu d’apprentissage et de pratique unique, le TAZ, avec ses installations intérieures et extérieures de haute qualité, est en passe de devenir un point de ralliement majeur pour la jeunesse de Montréal et se veut un lieu d’exercice de sports d’action pour des jeunes ayant besoin de défis dans un contexte sécuritaire et supervisé, où ils acceptent des règles et apprennent la prévention.
De nos jours, toute métropole qui se respecte a, ou, devrait avoir un Skatepark intérieur afin d’offrir un lieu pour pratiquer ces sports d’actions qu’on dit marginaux, mais qui présentent une forte croissance en terme de popularité auprès de notre jeunesse.