Petite bibliographie sélective sur 1968
Baynac, Jacques, Mai retrouvé, Paris, Robert Laffont, 1978, 301 p. Baynac, tout en cernant le climat d’ensemble de ce printemps chaud, se concentre essentiellement sur l’action du Comité d’action travailleurs-étudiants de la faculté de Censier. Un avant-goût de ce que pouvait – ou pourrait – être l’autogestion généralisée de la société.
Bensaïd, Daniel, 1968. Fins et suites, Paris, Éditions Lignes, 2008. Recueil des textes parus à l’occasion des trois derniers anniversaires de Mai 68 (1978, 1988, 1998), augmenté des quelques « tribunes » écrites au cours de la dernière année. Ces textes restituent la portée politique de Mai 68 et soulignent ce qui, aujourd’hui encore, fait sa force symbolique comme événement global.
Collectif, Mai 68 par eux-mêmes, Paris, Éditions du Monde libertaire, 1989, 239 p. Ensemble de témoignages, à partir d’un point de vue libertaire, avec d’anciens étudiants, des artistes, des ouvriers ou des femmes.
Daum, Nicolas, Mai 68 : des révolutionnaires dans un village parisien, Paris, Londreys, 1988, 281 p. Par-delà le fla-fla spectaculaire et la personnalisation du mouvement de Mai, l’auteur a décidé de donner la parole à ses anciens camarades du comité d’action du 3e arrondissement parisien. Une tranche de vie racontée par 18 personnes qui ont tenté de vivre au quotidien la révolution.
Delale, Alain et Gilles Ragache, La France de 1968, Paris, Seuil, 1978, 236 p. Un ouvrage de référence sur le Mai français avec, cependant, une omission de taille : aucune mention de l’action des Enragés de Nanterre, des situationnistes ou du Conseil pour le maintien des occupations…
Gitlin, Todd, The Sixties : Years of Hope, Days of Rage, New York, Bantam, 1987, 513 p. Le « mouvement » américain des années 1960, de la Beat generation aux grandes manifestations d’août 1968 à la convention démocrate de Chicago, en passant par la lutte pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam, le tout raconté avec force détails par un militant de l’époque.
Hamon, Hervé et Patrick Rotman, Génération (tome I : Les années de rêves [615 p.] ; tome II : Les années de poudre [700 p.]), Paris, Seuil, 1987. Ce livre cumule bien des défauts : traitement biographique et personalisé consacrant une lecture générationelle de Mai 68, une approche très « fin des utopies ». C’est néanmoins une chronique détaillée des événements ayant le mérite de remonter jusqu’à la résistance à la guerre d’Algérie et de prolonger le récit dans les différentes ramifications et bifurcations de la « génération 68 » dans les années 1970.
Katsiaficas, George, The Imagination of the New Left. A Global Analysis of 1968, Boston, South End Press, 1987, 323 p. Comme son titre l’indique, cet ouvrage brosse un tableau d’ensemble des mouvements qui ont agité la planète en 1968. L’auteur y développe une analyse de « l’imaginaire » de la nouvelle gauche où il reprend, entre autres, certains concepts développés par Marcuse dont l’Éros comme composante de tout mouvement de transformation sociale.
Lavabre, M.-C. et H. Rey, Les mouvements de 1968, Paris, Casterman-Giunti, 1998, 127 p. Petit ouvrage qui donne un survol global et mondial des mouvements qui ont ébranlé l’année 1968 avec, en prime, pas mal d’illustrations et de photos intéressantes.
Lefebvre, Henri, L’irruption : de Nanterre au sommet, Paris, Syllepse, 1998, 224 p. Une analyse « philosophique » à chaud (écrite en 1968), un peu déroutante, car on y trouve peu de références chronologiques, mais très stimulante sur les possibles que le mouvement avait ouverts : autogestion, critique de la vie quotidienne et éducation.
Michel, Natacha, Ô Jeunesse ! Ô Vieillesse ! Mai 68, mai mao, Paris, Les Conférences du Rouge-Gorge, 2002, 32 p. Cette plaquette (hélas introuvable) propose, en insistant sur l’apport des maoïstes, quelques traits marquants du soulèvement populaire, dont la crise des catégories marxistes traditionnelles, le refus de la division travail manuel/travail intellectuel et l’absence de peur devant l’affrontement. Une version énergique et électrisante du Mai français qui n’a rien à voir avec la maturité désenchantée des ex-maoïstes repentis.
Montier, Pascal, Les situationnistes et Mai 68, Paris, Éditions Ivrea, 1995, 307 p. Ce livre resitue Mai 68 dans l’ensemble de la pratique de l’Internationale situationniste de 1959 à 1972.
Ross, Kristin, Mai 68 et ses vies ultérieures, trad. Anne-Laure Vignaux, Paris, Éditions Complexe, 2005, 251 p. Ouvrage brillant consacré autant au Mai 68 français qu’au large con-texte dans lequel s’inscrit l’événement (les décennies 1960-1970) et aux différentes manières dont les retours sur l’événement, au fil des premières décennies de l’après-1968, en ont fait oublier la dimension politique. Solide sur tous les plans.
Viénet, René, Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations, Paris, Gallimard, 1968, 320 p. Cet ouvrage comble la lacune du livre de Delale et Ragache en exposant en détail les positions et la lutte d’une aile la plus radicale du mouvement. Le livre comprend nombre de textes et de tracts inédits dont le pamphlet publié à Strasbourg en 1966, De la misère en milieu étudiant.