Dossier : L’indépendance - Laquelle

L’indépendance - Laquelle ? Pour qui ?

Les Premières nations

Le Québec de la diversité et l’indépendance

Qu’est-ce qu’une nation ?

Groupe d’humains assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unicité et la volonté de vivre en commun. Source : Dictionnaire Le Robert méthodique.

Cette définition du Robert décrit bien la réalité de la province du Québec, car les nations autochtones et la nation québécoise veulent être reconnues comme des sociétés distinctes et désirent développer des relations de partenariat entre elles dans un respect mutuel des différences. Somme toute, c’est ce que les politiciens au pouvoir disent, mais malheureusement, leurs actions ne suivent pas toujours leurs discours.

Il faut savoir que la Proclamation royale de 1763, appelée aussi « la grande charte amérindienne », reconnaît depuis très longtemps les peuples autochtones comme nations alors que le Québec recherche encore cette reconnaissance. Plus récemment, l’Assemblée nationale du Québec a reconnu les 11 nations se trouvant sur son territoire par une résolution sur la reconnaissance des droits autochtones le 20 mars 1985, tandis que le gouvernement canadien a adopté une motion reconnaissant le Québec comme nation au sein du Canada uni le 27 novembre 2007. Selon moi, ces deux reconnaissances représentent simplement des gestes symboliques pour calmer les aspirations à l’indépendance du Québec et les aspirations à la reconnaissance des droits des nations autochtones au sein d’un même espace territorial.

Un territoire plurinational

Au point de vue sociologique, le concept de nation s’applique à la nation québécoise. Mais ce n’est pas le cas au plan juridique puisque, constitutionnellement, le Québec n’est pas un État indépendant. Les Premières nations et le Québec revendiquent tous deux la reconnaissance de leur société unique et distincte. Du fait de leurs parcours politiques qui se révèlent assez semblables, leurs visions de leur avenir en tant que nation sont fortement apparentées.

Les Premières nations ont un projet de société qui se fonde sur deux notions : le rapport au territoire ancestral et la persistance d’une culture particulière. Malgré la modernité, la référence au territoire ancestral demeure centrale : celui-ci incarne un espace identitaire auquel se rattachent notre histoire, nos légendes, notre façon d’appréhender la vie, notre conception de l’éducation ainsi que notre perception du rôle de nos aînés dans la vie communautaire.

Mais la menace d’une intégration assimilatrice demeure toujours omniprésente. Dans un futur Québec indépendant, et dans un contexte contemporain, pouvons-nous espérer nous épanouir pleinement ? Depuis des générations, nous luttons contre le génocide pacifique et insidieux de l’assimilation. Nous craignons l’extinction de nos droits, bien que nous étions là lors des Premiers Contacts, que nous y sommes encore et que nous serons toujours là. Malgré l’accentuation de notre dépossession, très visible dans les véritables ghettos que constituent les « réserves indiennes », nous désirons toujours harmoniser nos relations avec nos voisins, les Québécoises, mais jamais au prix de notre identité autochtone.

Dans sa démarche vers l’indépendance, j’ose espérer que le Québec fera preuve d’esprit de sagesse et d’ouverture face aux Premières nations en reconnaissant sans rechigner leurs droits collectifs historiques. Les Québécoises ne devraient pas oublier que ce sont ces mêmes Premières nations qui ont sauvé leurs ancêtres lors de leur arrivée en territoire inconnu. Ce pays était alors occupé par un peuple distinct, réparti en plusieurs nations interdépendantes possédant leurs propres institutions et leurs propres lois. Il est inconcevable que la découverte d’un peuple par un autre ait eu pour effet de dépouiller ce peuple originaire de tous ses droits. C’est pourtant le cas.

Un rêve

Je rêve que le Québec indépendant témoigne d’une telle ouverture d’esprit concernant les revendications autochtones. Il devrait d’autant mieux comprendre cette minorité que son propre rêve est de se sortir de la domination anglaise. Le Québec saisira-t-il cette chance de réécrire l’histoire en reconnaissant la place des Autochtones dans un nouveau contrat social entre les Autochtones et la nouvelle nation indépendante ? Ce Québec souverain va-t-il réaménager les pouvoirs des uns et des autres en précisant des modalités de coexistence territoriale profitables à tous ?

J’ose espérer enfin que les Premières nations du Québec n’auront pas besoin de contester légitimement cette accession du Québec à l’indépendance, soit sur le plan juridique, soit sur le plan politique, dans l’arène internationale.

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