Obama, le Tea Party et les Républicains
L’élection de 2012 est en marche
Les élections de mi-mandat aux États-Unis ont, sans surprise, confirmé la mauvaise posture du président Obama. En effet, la population comprend mal les décisions prises par la Maison-Blanche, d’autant plus qu’elle ne bénéficie absolument pas des mesures colossales mises en œuvre pour relancer l’économie. Paradoxalement, plusieurs des mécontents ont voté pour le Tea Party, qui promet d’en faire encore moins sur le plan économique.
Au-delà des chiffres, le retour des Républicains au Congrès – et l’arrivée fracassante des Tea Partiers – a trois effets importants pour la politique états-unienne et pour l’élection présidentielle de 2012.
La première conséquence notable des résultats de novembre 2010 est l’impossibilité pour Obama de présenter les réformes annoncées dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et de l’immigration. En fait, le président avait déjà commencé à diluer son programme politique pour l’année à venir avant même l’élection de mi-mandat, convaincu que les Républicains reprendraient le contrôle de la Chambre des représentants et, par le fait même, tenteraient de bloquer systématiquement ses projets de loi.
Ainsi, les réformes visant à légaliser le statut de milliers de réfugiés et à mettre sur pied une Bourse du carbone ne seront même pas présentées au Congrès, alors que la réforme sur l’énergie sera fortement amendée pour ne pas déplaire aux Républicains. Obama semble donc déjà donner raison aux analystes qui soutiennent qu’il devra gouverner plus au centre au cours de la prochaine année. Le problème, c’est que c’est justement parce qu’il gouverne au centre depuis son arrivée à la Maison-Blanche qu’il a perdu une bonne partie de son électorat de 2008 (les femmes, les jeunes, les Noirs et les indépendants).
Des Républicains divisés
Malgré le succès des Républicains, ceux-ci se retrouvent plus divisés que jamais au lendemain des élections de mi-mandat. Les dirigeants du Tea Party ont rapidement laissé entendre qu’ils avaient l’intention de changer le Parti républicain et de créer des caucus du Tea Party à l’intérieur du GOP, en particulier au Sénat. Cette division est accentuée, d’une part, par l’absence d’un leader national, capable de rallier à la fois les ultraconservateurs du Tea Party et les Républicains plus modérés, qui constituent tout de même la majorité des partisans.
D’autre part, les Républicains n’ont pas reçu de mandat clair de la part de la population pour 2010-2012 : ils ont surtout bénéficié d’un vote de protestation et, en ce sens, ils devront choisir avec soin leurs combats législatifs pour éviter de se faire accuser d’obstructionnisme par les Démo-crates. En réalité, de nombreux Républicains ont été élus parce qu’ils étaient anti-Obama, mais cela sera loin d’être suffisant pour reprendre la Maison-Blanche en 2012.
La dernière conséquence issue du résultat des élections de mi-mandat est, évidemment, la présence du Tea Party, venu brouiller les cartes. Pour arriver à transformer le Parti républicain et l’amener plus à droite, les leaders du Tea Party pourraient décider de présenter un candidat (en tant qu’indépendant) lors des élections présidentielles de 2012, vraisemblablement Sarah Palin.
Les ambitions du Tea Party
N’ayant pas de réelles chances contre Obama, Palin ne risque pas de se retrouver présidente en janvier 2013, mais elle pourrait gruger suffisamment de votes aux Républicains pour que ceux-ci s’écroulent lors du scrutin, obligeant ainsi une remise en question profonde du GOP et, alors, faciliter sa prise en charge par les bonzes du Tea Party (dont ce bon vieux Karl Rove). Le Tea Party vise donc surtout 2016 et mettra tout en œuvre pour prendre le contrôle du Parti républicain.
On peut donc craindre pour la politique états-unienne des prochaines années, particulièrement si le Tea Party arrive à ses fins. La plupart des candidats de ce mouvement qui ont été élus en novembre sont des loose cannons, peu préparés à la vie politique, sans programme particulier et obstinément décidés à ne faire aucun compromis avec les Démocrates.
Ce mouvement marque également le retour en force de la politique partisane, fortement idéologique et populiste, et laisse penser que de rudes combats sont à venir entre les deux principaux partis politiques des États-Unis. Barack Obama a moins d’un an pour retrouver son aplomb mais, en attendant, il est rassurant de savoir que les Républicains ne sont pas assez nombreux au Congrès pour renverser toutes les décisions prises par le président depuis 2009 – en particulier la réforme de la santé – ou celles à venir puisqu’ils ne disposent pas du nombre suffisant de députés pour renverser le veto présidentiel. Mince consolation pour les Démocrates, qui espèrent qu’Obama ne soit pas simplement – et malheureusement – un autre Carter.