Changement de garde à la tête d’ONU-Femmes

No 053 - février / mars 2014

International

Changement de garde à la tête d’ONU-Femmes

Ghislaine Sathoud

Le 10 juillet 2012, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, annonçait la nomination de Phumzile Mlambo-Ngcuka au poste de directrice générale de l’Entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, aussi appelée ONU-Femmes. Politicienne aguerrie originaire d’Afrique du Sud, Phumzile Mlambo-Ngcuka est dotée d’une riche expertise dans la promotion des droits des femmes.

Titulaire d’une maîtrise en philosophie de la planification et de la politique, Mlambo-Ngcuka est une militante de longue date. De 1984 à 1986, elle a été coordinatrice des jeunes femmes au sein de l’Alliance mondiale des Unions chrétiennes féminines (YWCA) à Genève. Elle fut également la première présidente de l’Organisation natale des femmes. Enfin, soulignons qu’elle est la présidente de la Fondation Umlambo qui intervient au Malawi et en Afrique du Sud dans les écoles des milieux défavorisés, une fondation qu’elle a elle-même fondée.

À partir du milieu des années 1990, elle se lance dans l’arène politique de l’Afrique du Sud. Au fil des ans, elle a occupé plusieurs fonctions ministérielles, dont ministre des Ressources minières et de l’Énergie, puis ministre des Arts, de la Culture, des Sciences et de la Technologie. En outre, de 2005 à 2008, Phumzile Mlambo-Ngcuka assure un rôle de vice-présidente au sein du gouvernement de Thabo Mbeki ; elle est, encore une fois, la première femme en Afrique du Sud à occuper cette fonction.

Le XXIe siècle, le siècle des femmes

Ainsi, tout au long de son parcours, Mlambo-Ngcuka a placé la condition féminine et le respect des droits des femmes au centre de ses préoccupations. En octobre 2013, deux mois après avoir officiellement pris ses fonctions à la tête d’ONU-Femmes, elle affirmait dans le cadre des échanges à l’Assemblée générale de l’ONU au sujet de la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles qu’« en agissant ensemble pour l’autonomisation, nous pouvons faire du XXIe siècle le siècle des femmes ».

C’est exactement dans ce but qu’était créé ONU-Femmes en juillet 2010, à la suite d’une fusion de différents organes de l’ONU œuvrant dans le domaine de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’Argentine Michelle Bachelet avait alors pris les rênes de l’agence pendant un peu plus de deux ans, avant de quitter celle-ci pour se lancer à nouveau dans la course à la présidence de son pays [1]. Un processus de sélection avait alors été lancé pour pourvoir le poste vacant au sein de l’instance onusienne.

À ce propos, signalons que l’Association pour les droits des la femme et le développement (AWID) s’est interrogée sur le manque de transparence dans le cadre de cette procédure. Ladite organisation réalisa des entrevues avec quelques candidates pour permettre au public de mieux les connaître [2].

Force est d’admettre que depuis sa création, ONU-Femmes fait appel à des dirigeantes compétentes et sait attirer les candidatures crédibles. Soulignons que le poste de directrice générale adjointe est occupé par une femme originaire de l’Inde, Lakshmi Puri ; c’est elle qui a assumé les fonctions de directrice générale le temps de trouver une successeure à Michelle Bachelet.

On peut dire que le combat des femmes se conjugue dans la diversité. Et dans le cas précis d’ONU-Femmes, celle-ci est bel et bien prise en compte, ce qui assure alors que les spécificités régionales de cette lutte collective sont considérées. Ne l’oublions pas : quand vient le temps de porter un regard sur la condition féminine, les gains varient d’une région à l’autre du globe.

Quant à la nouvelle directrice, il va sans dire que son riche parcours lui donne les atouts nécessaires pour servir de locomotive afin de promouvoir les revendications de ses congénères. Par exemple, les Africaines souffrent énormément des violences sexuelles pendant les conflits armés. À tort ou à raison, beaucoup pensent que la présence d’une personne originaire du continent africain dans les hautes sphères décisionnelles permettra de mieux combattre cette réalité trop souvent méconnue.


[1Michelle Bachelet fut présidente de l’Argentine de 2006 à 2010. Elle fut réélue à ce poste en décembre 2013

[2Parmi elles, on retrouve Rebecca Grynspan ; celle-ci occupa le poste de vice-présidente au Costa Rica ainsi que celui de secrétaire générale adjointe du PNUD. L’ancienne première ministre du Canada, Kim Campbell, sollicitait également un mandat à la tête de cette organisation. Alcinda António De Abreu, ministre de la Coordination de l’action environnementale en République du Mozambique souhaitait mettre son expertise à profit pour défendre les droits des femmes et des filles. Nyaradzayi Gumbonzvanda, du Zimbabwe, secrétaire générale de l’organisme YWCA, était également en lice

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