Anthologie de Fermaille
Fermaille, Anthologie, Montréal, Moult Éditions, 2013.
Alors que Printemps québécois – Une anthologie brille par sa luxuriance et ses couleurs, l’Anthologie de Fermaille, regroupant des écrits littéraires démaillant le cours de la grève, est intimiste et introspective. On y lit, bien sûr, les espoirs et les cris guerriers des grévistes, mais surtout leurs doutes, leurs angoisses, leur épuisement et même leur solitude, que sous-estiment souvent celles et ceux qui ont côtoyé le mouvement d’un peu moins près. Là où l’anthologie du Printemps québécois tend, bien malgré elle probablement, à fossiliser le mouvement des carrés rouges, celle de Fermaille nous amène à nous demander ce que pensent, ressentent et écrivent aujourd’hui celles et ceux – surtout celles – qui y ont collaboré, et quel combat fait aujourd’hui vibrer leurs mots. Quelques perles parmi d’autres :
« Vos chiffres ont mangé la vie et nos idées ont famine. »
– Catherine-Alexandre Briand, « Ça sent la poussière », 13 février.
« bonjour gros printemps !
bonjour mon grand égorgé !
rouge bonjour mon rouge !
t’as du jouràlèvres dans face mon grand fou
t’as du feutre entre les dents mon beau
printemps »
– Noémie Brassard, « Bonjour là », 13 mars.
« tends l’oreille
nos pas t’appellent du possible
d’une même insomnie »
– Zéa Beaulieu-April, « Entre l’amorce et la suite », 13 mars
« quand Ste-Catherine ne sera plus piétonne
mais marchande et détresse »
– Sara Dignard, « Quand », 24 avril.
« Élevons-nous, comme tu m’as élevée, vers
le debout, vers le marcher, vers le plus haut,
le plus loin et le MIEUX. »
– Noémie Brassard, « À ma mère », 1er mai