Présentation du dossier du no 53
Après-crise ou crise permanente - Où en sommes-nous ?
En kiosque le 14 février
Depuis la crise économique de 2007-2008, nous vivons une période difficile qui semble se maintenir. Les plans d’austérité appliqués partout dans le monde ont donné de piètres résultats et ne font qu’accentuer le mal. Les populations, qui doivent payer pour les excès des banquiers, voient la qualité des services publics se détériorer et leurs gouvernements se détacher de leurs responsabilités. L’économie mondiale s’enfonce dans une grande stagnation qui crée un climat morose.
Les partis politiques au pouvoir sont incapables de proposer des solutions audacieuses pour sortir de ces difficultés. Ils ne parviennent pas à concevoir l’économie autrement qu’à travers les principes néolibéraux, malgré leur inefficacité. La classe financière, quant à elle, profite à plein de la situation : ses profits sont considérables et elle accapare une portion toujours plus grande de la richesse. Comme le souligne Éric Pineault dans l’entrevue qu’il nous a accordée, elle n’a plus besoin de se préoccuper de la croissance pour s’enrichir, ce qui est beaucoup moins exigeant pour elle.
Si bien qu’il devient particulièrement difficile de comprendre où nous en sommes. Vivons-nous une période d’après-crise, qui a résolu certains problèmes, comme l’emballement fou de la finance déréglementée, et qui attend une relance ne pouvant que survenir ? Où sommes-nous dans une situation de crise permanente, un enlisement perpétuel, qui profite au 1 % des plus fortunés ? Comment pouvons-nous concevoir une véritable après-crise, qui relancerait l’économie sur de nouveaux principes, plus favorables à la majorité de la population et à l’environnement ?
Il existe aujourd’hui un important décalage entre les solutions multiples proposées par le mouvement social et l’absence totale de volonté politique de les mettre en application. À la stagnation de l’économie s’ajoute une stagnation intellectuelle du pouvoir, qui tue dans l’œuf toute réforme qui n’agirait pas dans l’intérêt immédiat du grand capital. Ce qui donne cette impression de crise permanente. Les pauvres n’arrivent plus à sortir de la pauvreté, alors qu’ils sont en plus étouffés par une tarification toujours plus élevée des services. La classe moyenne peine à préserver son niveau de vie, et elle le fait souvent au prix d’une dépolitisation qui contribue à accentuer son aliénation.
La classe dominante, quant à elle, refuse de perdre le moindre de ses privilèges. Avec arrogance et détermination, dépensant des fortunes pour s’assurer de conserver un ordre social outrageusement en sa faveur, elle se maintient en entretenant la peur qu’entraîne tout changement. Ce qui est beaucoup plus envisageable lorsqu’un état de crise soigneusement soutenu vient fragiliser les populations.
Dans ce dossier, nous nous proposons de faire un diagnostic de ces temps difficiles. Nous avons cherché à la fois à bien cerner les causes des difficultés économiques que nous traversons et à envisager des solutions, mais sans négliger les obstacles qui se dressent devant elles. En espérant une fois de plus que mieux comprendre l’air du temps nous guide vers les changements à adopter.