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- Victoire de l’opposition, de l’abstention ou de la démocratie ?
La victoire du « non » lors du référendum du 2 décembre 2007 portant sur les réformes constitutionnelles proposées par le président vénézuélien Hugo Chávez constitue le premier succès électoral de l’opposition depuis l’arrivée au pouvoir du mouvement bolivarien en 1998. Pourtant, en chiffres absolus, le camp de l’opposition n’a pratiquement pas connu d’augmentation. Le facteur déterminant de ce référendum est surtout l’abstention de près de trois millions d’électeurs qui, après avoir voté pour Chávez lors des présidentielles de décembre 2006, n’ont pas accouru aux urnes pour soutenir ses réformes constitutionnelles. Plus qu’un désaveu vis-à-vis de Chávez, cette abstention peut être interprétée comme un signe de l’autonomie et de la maturité de l’électorat chaviste refusant de se faire imposer un chantage plébiscitaire au nom de leur appui à un chef ou à un processus révolutionnaire.
- Une abstention coupable : Enjeux politiques du manifeste Refus global
Une abstention coupable : Enjeux politiques du manifeste Refus global, Marcel Saint-Pierre, Montréal, M éditeur, 2013, 122 p.
- Un regard sociologique sur la révolte des banlieues françaises
Smaïn Laacher est chercheur au Centre d’études des mouvements sociaux de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, Paris.
- L’histoire méconnue des grèves d’élèves du secondaire
Les récentes mobilisations des élèves du secondaire pour la défense du climat sont historiques à l’échelle planétaire. À Montréal, la marche pour le climat du 27 septembre 2019 aurait été l’une des plus grandes manifestations de l’histoire du Canada. Des jeunes se mobilisent également dans leur école pour exiger la mise en place d’un service de compost ou pour l’utilisation d’ustensiles biodégradables à la cafétéria. D’autres rejoignent le réseau Extinction Rebellion pour mener des actions de désobéissance civile.
- Le cégep, une parenthèse ?
Les cégeps existent depuis 50 ans. On en oublie ce que cette institution a d’original et de généreux.
- Femmes invisibles - Leurs mots contre la violence
Pour le sociologue Smaïn Laacher du Centre d’étude des mouvements sociaux de l’École des Hautes Études en Sciences sociales (CEMS-EHESS) de Paris, la réalité des violences domestiques faites aux femmes issues de l’immigration est escamotée par les débats polémiques sur l’islam et la laïcité. Dans un livre innovant qui fera date, Smaïn Laacher se penche sur ces « femmes invisibles » qui ont osé exposer publiquement des affaires privées et tues. Le sociologue a finement analysé les courriers que des femmes en souffrance ont adressés à deux associations : Voix de femmes (spécialiste des mariages forcés) et la très médiatique Ni putes ni soumises. On en dégage, dans cet entretien, quelques intuitions que le regard intellectuel et les pouvoirs publics devront méditer avec sérieux.
- La sorcellerie capitaliste : pratiques de désenvoûtement
Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste : pratiques de désenvoûtement, Paris, La Découverte, 2007
- Municipales 2021 : abstention et déficit de démocratie
Dans Le Devoir du 9 novembre, l’éditorialiste, madame Marie-Andrée Chouinard, soulignait que le taux de participation à l’élection municipale « avoisinerait à peine les 30 % ». Elle note aussi que « la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, martèle que le Québec est mûr pour le vote électronique. C’est une piste qui permettrait de renforcer la démocratie ». En d’autres termes, la solution à la faible participation trouverait une réponse, selon la ministre, dans la technologie. J’en doute. La recherche de solution à ce problème profond se trouve plutôt ailleurs.
- Nouveau Parlement, vieilles options
Avec l’appui du quart de l’électorat éligible, la Coalition avenir Québec (CAQ) se retrouve au pouvoir pour les quatre prochaines années. Si l’Assemblée nationale a renouvelé ses visages, les vieilles options et les vieux dilemmes se sont néanmoins réinstallés à demeure. Le gouvernement Legault souscrit en effet à la même logique d’austérité que ses prédécesseurs et, pour le combattre et le remplacer, Québec solidaire (QS) devra continuer à éviter les sentiers qui ont tenu la gauche en échec durant toute l’ère péquiste.
- « Y’a qu’à » - La CAQ et l’éducation
Peut-être y a-t-il, médiatiquement et politiquement, de salutaires insignifiances, une stratégie visant à ne rien dire de trop marqué, pleine de sous-entendus, qui permettrait d’éviter les vagues et les critiques, tout en fédérant peurs, espoirs et ressentiments de tous poils, par-delà les contradictions. Ainsi en irait-il de la Coalition avenir Québec (CAQ). L’inexistence de ce parti dans la vie des idées au Québec et l’insipidité de son discours ont pour effet que l’intellectuel·le lambda, quel que soit son penchant idéologique, n’a sans doute pas consacré plus de quinze minutes de sa vie à réfléchir à la CAQ, à cette possibilité jadis improbable : un gouvernement Legault.
- Cégeps - 50 ans d’existence
Le rapport Parent, qui a été publié en cinq volumes entre 1963 et 1966, est le fruit de la commission Parent, laquelle avait été mise en place en 1961. Son travail est unanimement reconnu comme un moment capital de la Révolution tranquille, un moment qui signe l’entrée dans la modernité de notre système d’éducation.
- Le saccage du Grand Nord
Ottawa s’apprête à donner le feu vert à un projet colossal qui transformera l’Arctique en un chantier géant et en profite pour faire des gâteries aux richissimes pétrolières. État des lieux d’une catastrophe sociale et environnementale en préparation.
- Reprendre parole. Entrevue avec la maison d’édition Diverses Syllabes
Nouvelle maison d’édition fondée à l’été 2020, Diverses Syllabes a soulevé un grand intérêt dans le milieu littéraire et au-delà. À bâbord ! a rencontré trois des co-fondatrices.
Version intégrale de l’entrevue parue dans le numéro 86 de la revue.
Avec Sayaka Araniva-Yanez, Brintha Koneshachandra et Paola Ouedraogo
Propos recueillis par Alexis Ross
- Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère
Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère, sous la dir. de Giacomo d’Alisa, Frederico Demaria et Giorgios Kallis, Montréal, Écosociété, 2015, 376 p.
- Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme
Kristen Ghodsee, Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme, Montréal, Lux Éditeur, 2020, 288 pages.
Traduit de l’anglais par Charlotte Nordmann et Laura Raim.
- L’urbanisme au service de la résilience climatique
Le concept de « résilience urbaine » génère un intérêt croissant (ainsi que de nombreuses critiques), ne serait-ce que parce que les catastrophes naturelles entraînent des conséquences majeures sur les villes en raison de la forte concentration de personnes, de services et d’infrastructures qui s’y trouvent. De plus, la majorité de la population mondiale vit déjà en milieu urbain et cette proportion continue d’augmenter [1].
- Inégalités sociales et environnementales. Portrait géographique à fine échelle
La distribution géographique des inégalités, qu’elles soient sociales, liées à la qualité de l’environnement ou encore à l’accessibilité aux services, n’est pas un phénomène qui relève du hasard.
- Chili. Rébellions populaires contre le néolibéralisme
Depuis le 18 octobre 2019, le Chili néolibéral du président Piñera est entré en crise, en proie à une vaste rébellion populaire touchant le pays entier. En ce début de novembre 2019, les blocages sont partout, laissant voir que se joue un véritable bras de fer politique entre forces sociales irréductiblement opposées.
Photos : Fabián Muñoz.
- Changements climatiques. Danser au-dessus d’un volcan
La semaine dernière, j’ai marché jusqu’à une petite boutique de vêtements de mon quartier où j’ai acheté deux chandails dont j’avais vraiment besoin. La vendeuse m’a dit qu’ils étaient faits de fibres en provenance de bouteilles de plastique recyclées et de coton biologique (mais ils ont été fabriqués en Chine, rien n’est parfait). Elle a glissé les vêtements dans mon sac à dos, non pas dans un gros sac de plastique, et m’a envoyé la facture par courriel, « parce que c’est mieux pour l’environnement ».
- Vers une réappropriation de notre action politique
Dans un contexte d’épuisement et de sous-financement, il est plus que jamais important de rappeler que l’action communautaire autonome est un mouvement social et politique qui doit être proactif dans la construction d’un contre-discours fort.
- Extractivisme et criminalisation
La criminalisation de la protestation sociale est un mécanisme de répression parmi d’autres, telles les pratiques de surveillance ou les interventions musclées. La criminalisation de l’opposition à l’extractivisme fait référence au fait que, très souvent, les personnes et mouvements qui protestent contre l’exploitation de ressources naturelles et pour défendre leur économie, leur mode de vie, leur culture, leur existence sont poursuivies devant les tribunaux, voire amenées en prison à la suite d’accusations criminelles. En outre, dans le contexte de conflits armés, les personnes visées par des accusations criminelles sont plus susceptibles d’être victimes d’autres violations des droits humains qui peuvent aller jusqu’à leur assassinat, et ce, en toute impunité.
- Quand les cités deviennent mobiles
On nous dit parfois que la mondialisation fait de nous des citoyen·ne·s du monde. Qui dit citoyen·ne, dit cité. Lorsque migrent les citoyens du monde, avec eux migrent les cités et alors les bureaucraties tremblent.
- Le corps de la lettre
Les narratrices de Karine Rosso, de Catherine Mavrikakis et de Lucille Ryckebusch sont contraintes dans leur corps (par les injonctions à la beauté, par l’enfermement, par la maladie). Elles cherchent cependant à reprendre possession d’elles-mêmes en dialoguant chacune avec des autrices libératrices (Nelly Arcan, Anne Frank, Virginia Woolf). Il en résulte des œuvres capables d’exprimer une vulnérabilité émancipatrice.
- Droit au logement au Québec. Le temps de faire des choix politiques conséquents
En septembre dernier, des militantes et militants pour le droit au logement ont marché les 560 km reliant Ottawa et Québec pendant 28 jours. Événement le plus ambitieux des 40 ans d’histoire du FRAPRU, De villes en villages pour le droit au logement visait à mettre en lumière les graves dénis du droit au logement et à réclamer des engagements ambitieux de la part des gouvernements afin d’y mettre un terme.
- La formation technique. L’ascenseur social
La formation technique est certainement l’une des plus belles réussites dont les cégeps puissent s’enorgueillir.
- Les filles ont le goût du cégep
La création des cégeps a été favorable aux filles, lesquelles s’y sont engagées de façon rapide et déterminante : alors qu’au début des années 1960, elles ne constituaient que 14% des effectifs des collèges classiques, elles représentent déjà 25% de la population étudiante au début des cégeps, 49,4% dix ans plus tard et 57,7% à la rentrée d’août2016 [2]. Cela a pu se faire, entre autres, parce que le taux de réussite au secondaire est plus élevé chez les filles que chez les garçons.
- Au cœur du cégep, l’autonomie
L’autonomie, cette capacité à se donner ses propres normes, se trouve au cœur du niveau collégial québécois et en constitue l’un de ses plus beaux joyaux.
- Lancement du numéro 69
20 avril 2017, 18h, au Cégep du Vieux-Montréal (255 Ontario est), à la bibliothèque (7e étage).
Bienvenue à toutes et à tous !
- Entre la grandeur et la servitude humaines
Depuis une quinzaine d’années, Bernard Émond écrit et met en scène des films de fiction intimistes dans lesquels ses protagonistes se posent des questions fondamentales au sujet du sens de leur existence. Ainsi, à travers des drames psychologiques comme La femme qui boit (2001), 20 h 17 rue Darling (2003), La neuvaine (2005), Contre toute espérance (2007) et La donation [3] (2009), Émond dépeint avec finesse et rigueur des personnages qui ont atteint un tournant de leur vie : ceux-ci cherchent avec ardeur à saisir, à surmonter les problèmes auxquels ils sont confrontés.
- La condition migrante. Élargir les frontières de la démocratie
Sous le thème « Migrer, résister, construire, transformer », le Forum social mondial sur la migration (FSMM) s’est tenu en novembre dernier à Mexico. Dans l’invitation à y participer, il était clairement dit que la 8e édition serait axée sur les enjeux sociaux, géopolitiques et environnementaux liés aux migrations et qu’elle voulait tabler sur une véritable approche d’« ouverture des frontières ».
- Le discours du trône
Le gouvernement Harper vient de proposer son menu législatif pour l’année qui vient. Cette proposition se fait sur fond de provocation puisqu’il annonce, du même souffle, que chaque vote sera un vote de confiance. Il défie ainsi les autres partis d’oser lancer le pays dans des élections sur des questions où l’opposition n’est pas sûre de rapporter la faveur populaire, d’autant que les médias font largement le travail des conservateurs. À Bâbord !, la revue qui accepte (tant bien que mal) de ne pas recevoir de subventions, se devait de lever le voile (ou le jupon, accommodement raisonnable oblige) sur les dessous du discours du trône — à ne pas confondre avec ceux de Michaëlle Jean.
- S’en laver les mains
Malgré les règlements sur le respect de l’environnement qui existent au Québec, les problèmes persistent à plusieurs endroits. Avons-nous les moyens de nos ambitions ? Les municipalités doivent faire appliquer des règlements et des politiques que leur largue le gouvernement sans les doter des moyens et des outils nécessaires. Ce sont les cours d’eau qui en souffrent.
- La tempête
Les temps présents sont parmi les plus délicieux que le monde ait vécus. C’est du moins ce dont on nous assure. Loin de nous promettre simplement monts et merveilles, ils actualisent enfin le plein potentiel de l’humanité, voire même de la posthumanité. Les sceptiques sont à chaque jour davantage confondus devant les avancées de la science, de la finance et de la démocratie. S’en trouvent-ils pour formuler quelques doutes sur ce diagnostic aussi ultrapositif que l’ultra-libéralisme ? Les voilà aussitôt renvoyés aux limbes de l’ignorance et du passéisme. Non ! Nous ne coulerons pas ! Jamais plus ! Le naufrage du Titanic ne fut qu’un mauvais rêve.
- Pour une fonction publique vraiment neutre
Soulignant l’attachement de la majorité de la population au principe de laïcité, le Conseil du statut de la femme a recommandé au gouvernement d’affirmer la neutralité de l’État en interdisant au personnel de la fonction publique d’arborer des signes religieux ostentatoires dans l’exercice de ses fonctions.
- L’établissement d’un impôt-monde onusien !
Ce texte promeut une révision importante du mode de financement de l’ONU. Après plus de soixante ans d’existence, le temps est venu de sortir cette institution vénérable de ses ornières du passé, d’envisager un élargissement de son mandat et de lui fournir des outils du XXIe siècle. L’hypothèse que nous soutenons vise à transformer l’ONU en une institution mondiale mieux argentée, plus responsable et plus solidaire ayant, au total, des attributs qui ressemblent davantage à une organisation « gouvernementale » que diplomatique. Nous suggérons ainsi un nouveau pacte social mondial fondé sur l’établissement d’un impôt-monde en vue de soutenir une ONU plus autonome et plus responsable. Cet impôt-monde prendrait la forme d’une taxe de vente onusienne (TVO) de 0,7 % applicable à des dépenses de consommation ciblées des pays du G20.
- Quand le temps devient fou
L’expression « temps fou » désigne d’abord une revue culturelle et politique ayant connu deux moments : une première existence couvrant les années 1978-1983, suivie d’une seconde, un rebondissement dix ans plus tard de 1993 à 1998. Véronique Dassas, auteure de Chronique d’un temps fou [4], a participé aux deux périodes de cette aventure, dirigeant la deuxième mouture de la revue avec enthousiasme et brio.
- Suicide chez France Télécom. Le symbole de la souffrance au travail
Depuis quelques années, plusieurs grandes entreprises françaises sont le théâtre de trop nombreux suicides parmi leurs salarié·e·s. Les travailleuses et travailleurs de France Télécom (devenue Orange) souffrent par exemple de conditions de travail des plus anxiogènes liées notamment aux pratiques de harcèlement de l’entreprise. Une décision du Tribunal correctionnel de Paris reconnaît pour la première fois l’existence du « harcèlement managérial ».
- Dématérialisation des lieux de travail
La dématérialisation des lieux de travail ne date nullement d’aujourd’hui. Par le passé, plusieurs préoccupations ont été soulevées quant au télétravail, soit l’exécution du travail à domicile, tel que l’effectuaient les couturières ou encore les pigistes. Avec l’avènement des ordinateurs portables, des téléphones intelligents ou des tablettes numériques, il devient de plus en plus aisé pour certaines travailleuses et certains travailleurs d’effectuer leurs tâches en dehors des murs de l’établissement de l’employeur. Pour autant, est-ce que les salarié·e·s y trouvent réellement un avantage ?
- Au coeur de la prison. Le Front de libération des femmes du Québec
En mars et avril 1971, à la prison Tanguay, les militantes du Front de libération des femmes (FLF) ont vécu avec les prisonnières de droit commun une expérience de solidarité féministe unique dans nos annales. En plus de réaliser un travail de conscientisation féministe et de défense des droits des prisonnières, elles ont tissé avec elles de profonds liens de confiance et de sororité sociale et politique. Retour sur une lutte peu ordinaire tombée dans les limbes de l’Histoire.
- Les luttes antiracistes, des luttes contre l’effacement
« Encore aujourd’hui, on continue à associer les luttes antiracistes à l’immigration récente, comme si ces dernières étaient condamnées à un éternel recommencement. Plusieurs événements restent mal documentés et ne sont quasiment jamais évoqués dans les livres d’histoire. »
Alexander Grant
- Gaspésie : La Biennale Barachois In Situ
À Barachois, un village situé entre Gaspé et Percé qui ne s’inscrit généralement pas dans les circuits touristiques habituels, la dévitalisation régionale est perceptible depuis des décennies. L’école du village a fermé ses portes en 1996, par manque d’élèves. Les services de train et d’autocar ne sont plus offerts depuis 2013 et 2015 respectivement. La population, majoritairement anglophone, est vieillissante et les familles avec jeunes enfants sont rares. Néanmoins, un nouvel évènement artistique attire les curieux et curieuses, et mobilise la population : la Biennale Barachois In Situ.
- L’échec commercial d’un bien public
L’imputabilité des élites dépend en grande partie de la qualité, de la pluralité et de la disponibilité des journalistes professionnels, qui sont les yeux et les oreilles des citoyen·ne·s autrement exclu·e·s des lieux de pouvoir. Pourtant, les médias d’information, particulièrement la presse écrite, traversent une crise économique sans précédent et sans fin qui met son existence en péril. Et si la solution consistait à admettre l’échec commercial de l’information et à confirmer son statut de bien public ?
- Aide internationale féministe. Trop d’armes et pas assez de développement
L’hiver dernier, l’organisation One, cofondée par le chanteur Bono du groupe U2, invitait le premier ministre Justin Trudeau à passer de la parole aux actes en ce qui a trait à la place des femmes dans sa politique de développement international. Près d’un an plus tard, force est de constater que les progrès restent très minces.
- Un demi-siècle de réformes
Le 29 juin 1967, la Loi sur les collèges d’enseignement général et professionnel était sanctionnée, mettant ainsi en œuvre l’une des propositions les plus originales du rapport Parent. L’idée semble assez consensuelle pour se concrétiser sous un gouvernement dirigé par l’Union nationale, qui vient de prendre la place des libéraux de Jean Lesage. Cinquante ans plus tard, on peut cependant constater que l’institution n’a pas cessé d’être remise en cause au fil des décennies.
- Harmoniser le système aux valeurs néolibérales
Les politiques publiques sont des programmes d’action inspirées de valeurs et de normes. Elles mettent de l’ordre dans la société et dans chacun de ses espaces. Un référentiel est un paradigme sociétal qui rend légitime cet ordre global et sectoriel. Le référentiel néolibéral se traduit sur le plan administratif par la nouvelle gestion publique (NGP) et il se décline en éducation grâce à l’assurance qualité et à l’approche par compétences.
- Un territoire, un cégep
Poser la question des cégeps en région, c’est poser toute la question de l’occupation du territoire québécois. Maintenir en vie l’Abitibi-Témiscamingue, la Gaspésie, la Côte-Nord est un choix de société qui a un prix.
- Sexe, handicap et éducation. Les mots qui changent tout
Lorsque j’étais étudiant au cégep, les élèves devaient s’ajuster aux particularités de l’enseignement, alors que le contraire était rarement vrai. Quelques professeurs avaient des idylles, parfois connues, avec des étudiantes, et celles-ci devaient se méfier d’enseignants qui contrôlaient mal certaines pulsions.
- Prof, une job de gras dur ?
En 2014-2015, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec rapportait que pas moins de 46% des professeur·e·s du réseau collégial possédaient un statut précaire.
- La grève et ses soirs vaporeux
Mon passage au cégep a été marqué par la grève étudiante de 2012 et par mon implication comme président de l’association étudiante du Collège d’Alma. Le cégep était déjà une expérience riche en apprentissages pour moi et mes collègues étudiant·e·s. Nous formions une véritable communauté d’apprenants provenant de disciplines scolaires totalement différentes : sciences naturelles, sciences humaines, littérature, musique, arts, ébénisterie, métallurgie, informatique, agriculture, etc. Comme nous étudiions alors dans un petit milieu et que nous nous connaissions déjà pour la plupart avant notre entrée au cégep, nous ne vivions pas notre parcours scolaire en vase clos comme aurait pu faire en sorte le découpage en programme d’études. Le soir venu – et parfois sous influence de lubrifiants sociaux – nous rêvions de changer le monde, nous discutions d’œuvres d’art et de morceaux musicaux, nous développions des projets de toutes sortes, mais surtout, nous essayions de trouver ce qui faisait ou devait faire sens pour nous.
- L’éducation des adultes. Une réforme inachevée
La création des cégeps visait à sortir l’éducation de la domination des établissements privés et à démocratiser la participation à l’enseignement postsecondaire. En effet, les objectifs du rapport Parent ne concernaient pas seulement les jeunes, ils visaient aussi à offrir aux adultes un projet en « éducation permanente ». De toute évidence, on est loin du compte !
- Quel rôle pour le syndicalisme ?
Dès la création des cégeps, les luttes syndicales ont influencé l’organisation du travail et contribué à maintenir la mission originale des collèges. Les syndicats d’enseignant·e·s jouissent d’une reconnaissance assez unique au Québec, qui leur a permis dans le temps d’exercer une influence importante, autant locale que nationale, dégrèvement pour les membres des exécutifs, enveloppe salariale fermée, accès à de multiples informations clés, etc. Pour discuter de l’influence du syndicalisme sur les cégeps et des luttes passées et celles à venir, nous avons joint Caroline Senneville, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), et Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ). Propos recueillis par Yannick Delbecque.
- L’Union européenne ou l’impensé démocratique
L’Union européenne est une machine à fabriquer du droit. C’est par le droit que les politiques néolibérales s’imposent. Le droit de la concurrence, inscrit au cœur des traités, devient le droit à partir duquel les élites néolibérales, hégémoniques au sein des institutions nationales et européennes, façonnent l’Union.
- Blue Jasmine
À la mémoire de ma mère, Éléna
Au cours des dernières années, Woody Allen a fréquemment donné à de nombreux cinéphiles la déplorable impression d’errer intellectuellement en réalisant des films qui, s’ils comportaient d’indéniables qualités formelles, n’étaient pas à la hauteur de son remarquable talent. Peut-être la volonté du cinéaste de tourner des longs métrages à un rythme effréné, alliée à celle de traduire une philosophie de vie bon enfant, lui a-t-elle été préjudiciable compte tenu du temps que tout artiste doit prendre pour renouveler son esthétique et sa thématique, voire pour se remettre en question.
- L’univers de Chomsky
Pourquoi Noam Chomsky est-il aujourd’hui une figure aussi imposante dans le monde de la linguistique ? Au début des années 1950, il a posé une question très simple qui n’avait jamais été posée auparavant et a découvert que la réponse était fort complexe et tout sauf évidente : Quelle capacité le locuteur d’une langue doit-il posséder pour apprendre à s’exprimer adéquatement sur le plan grammatical dans celle-ci ou dans toute autre langue ?
- D’une passion prépolitique
Parmi les positions qui se sont mariées, pour le meilleur et pour le pire, dans ce débat chargé de positions de principe, quatre ont particulièrement contribué à enflammer les discussions et à les faire dévier vers des zones troubles : 1. l’approche policière, selon laquelle il serait nécessaire que l’État intervienne pour mettre fin au désordre que les multiples demandes d’ordre religieux, émanant d’un excès de « droits démocratiques », contribueraient à semer dans la cité ; 2. l’approche antireligieuse, qui postule qu’il faudrait limiter, sinon éliminer de l’environnement public ou semi public, toute trace visible des religions [5] ; 3. l’approche identitaire, considérant lesdites demandes et la prétendue transformation de l’environnement social comme le symptôme de l’amenuisement de l’identité et des valeurs collectives, menacées par la multiculturalisation de la société ; et 4. l’approche xénophobe, pour laquelle l’immigration serait la principale cause de cette menace. Ces positions ont convergé dans le discours entourant l’établissement, ici et là en région, de « normes de vie » destinées à accueillir les immigré·es de demain. Ces approches méritent d’être sérieusement examinées. Nous nous penchons ici sur les deux dernières.
- L’impunité de l’homme Blanc en Haïti
Le 17 juin 2005, lors de la Conférence internationale de Montréal sur Haïti, un militant a renversé de la gouache rouge sur les mains du ministre des Affaires internationales Pierre Pettigrew en lui assénant cette vérité bien sentie : « Vous mentez, le peuple haïtien se meurt et vous avez du sang sur les mains ! ». Un incident similaire est survenu le 1er juillet alors que le même ministre tentait de parader dans les rues de Parc Extension.
- La politique selon Jacques Rancière
Les textes rassemblés par Martin Jalbert dans Moments politiques de Jacques Rancière portent sur plusieurs épisodes de la vie politique et intellectuelle de l’auteur : de son attitude face aux nouveaux philosophes (largement à l’origine de la pensée néoconservatrice de l’Hexagone) à la guerre du Golfe de 1991 en passant par les lois inhospitalières faisant de la figure des immigrés des boucs émissaires. Le livre nous donne à lire la mise à l’épreuve d’une pensée affinée au crible d’enjeux sociopolitiques d’actualité pour lesquels la pensée critique et émancipatrice n’est pas toujours d’un grand secours.
- Quitter le Portugal pour la Grèce
Tant le Portugal que la Grèce ont subi depuis les dernières années des crises destructrices qui ont sapé leur économie. Pour qu’ils résolvent leurs difficultés, on leur a imposé l’intervention de la troïka, qui a appliqué des mesures néolibérales drastiques : privatisations, compressions, remboursement prioritaire de la dette publique. Tout cela pour enfoncer davantage ces pays dans la crise. Agápios, Grec insulaire, Amílcar et Marcos, immigrés portugais, ont chacun vécu ce drame à leur façon. Récit.
- Le philanthro-capitalisme : l’extension du ruissellement
La théorie du trickle-down effect, ou ruissellement économique, prônée dans les années 1980 aux États-Unis puis dans de nombreux pays acquis au tournant néolibéral, soutient qu’un système économique et fiscal qui profite aux plus riches serait bénéfique pour tou·te·s, via la consommation et les investissements des premier·ère·s : les bons effets « ruisselleraient » jusqu’aux catégories sociales inférieures. Cette théorie a été largement battue en brèche, avec une hausse des inégalités (…)
- Un bilan des plus honteux
Il y a environ trente-cinq ans, Richard Desjardins et Robert Monderie ont entamé une singulière collaboration cinématographique qui leur a permis de coréaliser cinq documentaires engagés [6] dont plusieurs observateurs avertis ont souligné la pertinence. Certes, leur œuvre – de Comme des chiens en pacage (1977) à Trou story (2011), en passant par Mouche à feu (1982) – ne s’avère pas aussi abondante qu’elle aurait pu l’être. Ce phénomène s’explique surtout parce que les deux hommes ont longtemps eu de la difficulté à trouver des fonds publics pour réaliser les films militants qu’ils souhaitaient faire.
- Définancer la police, financer les services
Les critiques envers la police ne datent pas d’hier, mais elles se font entendre de plus en plus fortement. Petite introduction aux problèmes que pose l’institution policière, ainsi qu’aux solutions imaginées par celles et ceux qui la contestent.
- Protéger et transmettre l’innu-aimun
Yvette Mollen est née dans la communauté innue d’Ekuanitshit. Elle consacre sa carrière à la sauvegarde et la transmission de la langue innue, l’innu-aimun. À bâbord ! a échangé avec elle à propos des enjeux entourant la protection de cette langue et, par le fait même, de la culture innue. Propos recueillis par Adèle Clapperton-Richard, Isabelle Bouchard et Myriam Boivin-Comtois.
- Cauchemar républicain. Guerres culturelles et culture de l’annulation
Le 6 janvier 2021, devant le spectacle de l’assaut du Capitole par les partisans radicalisés du président défait Donald Trump, on pouvait espérer un « recentrage » du Parti républicain. Le trumpisme a toutefois laissé une marque profonde sur le parti.
- Une science pluriverselle au service du bien commun
L’Association science et bien commun (ASBC) fête ses dix ans d’existence. Elle est issue d’une réflexion commune portant sur la participation citoyenne dans la sphère scientifique et sur le « dialogue science-société », soit l’articulation entre la science et l’espace public.
- La restitution des terres, clé de la vitalité des systèmes alimentaires autochtones
Les peuples autochtones [7] sont à la tête d’un mouvement pour la souveraineté alimentaire qui repose sur la restauration des systèmes agroalimentaires ancestraux. Bien que nous nous efforcions de restaurer ce que le colonialisme a confisqué de nos tables, il demeure que sans réparation ni restitution de nos territoires, aucune justice n’est possible. La souveraineté alimentaire passe par la restitution des terres.
- Nos corps de jeunes vieilles, ils en pensent quoi du féminisme ?
Comment se définir comme femmes et féministes vieillissantes dans nos sociétés contemporaines plurielles ? Quels dialogues se forment entre le corps et l’idéation de son contrôle ? Voilà des questions que nous nous proposons d’élucider à travers la socioanalyse d’une discussion entre neuf femmes âgées entre 35 et 45 ans [8].
- Radios d’opinion à Québec. Le prêt-à-penser n’est pas de gauche
Les techniques populistes des radios d’opinion sont efficaces. Il n’est pas toujours facile de mesurer leur influence parce qu’il n’y a pas de méthode qui permette d’éliminer les autres influences pour cerner seulement celle de la radio. Mais ces techniques, qui sont les fondements de la rhétorique de la propagande, existent depuis longtemps et leurs effets ont été bien répertoriés.
- L’indépendance des médias et la liberté d’expression
Les médias d’information sont en crise. Tous, peu importe leur taille et leur modèle d’affaires. Mais c’est parfois en temps de crise qu’émergent des manières différentes de concevoir les choses. Et c’est notamment dans cette conjoncture que se révèle toute l’importance des médias indépendants.
- La grande phobie de la violence
Choisir les actions non violentes, qui vont des grandes manifestations à la désobéissance civile, ou préférer l’action directe, qui ne craint pas toujours d’utiliser la violence pour se faire entendre. La première est jugée acceptable par l’opinion publique, alors que la seconde est sévèrement condamnée. Et si les choses n’étaient pas aussi simples ?
- Changements climatiques. Échec des négociations et nouvelles rébellions
Chaque mois de novembre, nous espérons beaucoup de la préparation de la Conférence des parties (COP) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et puis, à la déception générale, la nouvelle tombe : nous poursuivons notre inéluctable course vers l’extinction.
- Les mouvements pour un salaire étudiant
Nous publions ici la version intégrale d’un article d’Aurélien Casta paru en version abrégée dans le magazine des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE). L’auteur remercie les membres des CUTE et en particulier Annabelle Berthiaume pour leur proposition et leur relecture des différentes versions de ce texte, ainsi que Maud Simonet, Bernard Friot et Laura pour leurs suggestions.
- Les archives : des alternatives à l’exclusion officielle
Les bibliothèques et les archives ont des fonctions et des missions très différentes. À la différence des premières, les archives sont des lieux de légitimation et de conservation de la mémoire collective. Avoir des archives, c’est avoir une existence sociale reconnue, c’est sortir de la marge pour entrer dans la norme.
- Blockchain : vers une utopie cypherpunk ?
Si la cryptomonnaie bitcoin est maintenant relativement bien connue, la « blockchain » (littéralement « chaîne de blocs ») est la technologie qui en permet l’existence. Prouesse technique anonyme, la blockchain sera-t-elle révolutionnaire ?
- Pour une usine Vaudreuil durable
Conflit social à Saguenay : la multinationale Rio Tinto veut développer un site d’entreposage de résidus de bauxite en plein cœur de la ville. Le comité Citoyens pour un Vaudreuil durable clame cependant haut et fort que ce projet n’est pas acceptable et que d’autres solutions existent.
- Hors les murs
Les groupes de soutien aux détenu·e·s tissent des liens entre l’intérieur et l’extérieur de la prison, accompagnent les personnes judiciarisées dans leur transition vers la liberté et, pour certains, remettent en cause l’existence même du système carcéral.
- Waseskun. Voyage intime au coeur du pays indien
Le film de Steve Patry nous fait pénétrer à l’intérieur des murs de Waseskun, l’un des neuf centres de guérison autochtones affiliés aux Services correctionnels du Canada et aux Services correctionnels du Québec et voués à la réinsertion sociale des « délinquants autochtones ». Il nous donne ainsi à voir le sentier de la guérison sur lequel s’engagent ces hommes à la fois souffrants et entiers.
- Que révèlent les débats sur l’altérité musulmane ?
Les représentations négatives autour de l’islam remontent à loin. Tout un imaginaire s’est créé autour de l’islam et de l’Orient, et cela était déjà observable chez des auteurs des Lumières. L’Orient y était représenté comme l’antithèse de la modernité et du progrès. Ces représentations contribueront à mettre en scène la syntaxe sur laquelle prendra forme l’islamophobie contemporaine.
- Une démocratie municipale favorisant l’apathie citoyenne
À une époque où les villes voient leur champ de responsabilités s’élargir, où la Commission Charbonneau révèle l’existence d’une culture de corruption dans la gouvernance municipale et où l’UPAC étend ses activités, l’intérêt pour la politique municipale continue de piétiner à moins de 50 % de participation lors des élections de 2013.
- Lutter dans un État rentier
Depuis janvier 2015, une communauté du sud de l’Algérie lutte pour obtenir un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste. Par la nature de ses revendications, sa composition, sa cohésion et les répertoires d’action qu’il investit, le mouvement citoyen d’In Salah est inédit dans l’histoire récente du pays.
- Repenser l’alimentation
La nourriture occupe une place centrale dans nos vies, et pas seulement parce qu’il nous faut nous alimenter pour vivre. Manger rythme littéralement nos existences et nos divers repas sont autant de rituels avec leurs codes, leurs lieux, leurs usages ; on marque par eux chacun des jours, mais on souligne aussi des fêtes et des évènements, tristes ou heureux.
- Privatisation de l’amitié et placement de produit
Pourquoi écrire sur Facebook aujourd’hui ? L’entreprise est si solidement implantée qu’elle s’impose comme une évidence, un poids lourd incontournable de la communication, un réseau aimé ou détesté, mais qui dépasse de loin tous ses concurrents. Un tel empire a nécessairement subi sa part de critiques. Pourtant il se maintient et se renforce, obtient un appui systématique même de ceux et celles qui s’y opposent, parce qu’ils n’ont pas le choix d’y adhérer, disent-ils. En ce sens, Facebook ressemble à bien des multinationales qui occupent presque une position de monopole.
- Fêter à l’ère du capitalisme mondialisé
Écho de formes de célébrations collectives anciennes, réminiscence de rassemblements rituels cycliques à caractère agraire et religieux, congrégation des arts, rencontre des peuples et des cultures, propagande étatique, fête militante ou corporation millionnaire, le festival est une pratique collective syncrétique dont les formes contemporaines témoignent de l’évolution et de l’état de l’art de la fête publique dans la culture occidentale. Qu’avons-nous donc en commun qui nous donne envie de nous rencontrer et de célébrer ?
- L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, tome 1 : L’illusion du provisoire
Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, tome 1 : l’illusion du provisoire, Paris, Raisons d’agir, 2006.
- Le droit de défendre nos droits
Depuis un peu plus d’un an, les groupes de défense collective des droits font l’objet d’une campagne de dénigrement et de remise en question du financement que leur verse l’État québécois pour accomplir leur mission. S’il semble acceptable que des groupes communautaires soient subventionnés pour accomplir à un coût moindre la mission de l’État auprès des plus démuniEs, il n’en va pas de même pour les groupes dont la mission principale est de défendre nos droits.
- Dans une usine chinoise
Malgré les apparences, la logique de la réforme chinoise de 1978 semble identique à celle de l’industrialisation socialiste qui l’a précédée. Nonobstant ce qu’ont pu affirmer certains socialistes occidentaux soudain fascinés par le socialisme de marché, comme d’autres l’avaient été par le grand bond en avant, il n’a pas été difficile de concilier socialisme et marché. Force est de constater le simple passage de l’optimisme du tout-planifié à celui du tout-marché, et le socialisme de marché n’était qu’une pirouette de Deng Xiaoping pour affirmer son pouvoir. Nous souhaitons mettre en lumière la face cachée de cette réforme tant admirée : un régime spécifique d’organisation du travail.
- Utopies, liberté et négativité
Cet oxymoron, juxtaposant dans le même énoncé deux termes contradictoires, qu’on pouvait lire sur les murs de Mai 68, répond implicitement au dénigrement des utopies en tant que « pures spéculations », projections imaginaires dans des mondes impossibles. Plutôt que de renier le caractère imaginaire des utopies (« l’imagination au pouvoir ! »), il en exalte le plus haut degré de « réalisme ». De fait, les utopies ne sont rien d’autre que des projections imaginaires. Mais ces projections ne sont pas que des « vues de l’esprit ». Elles nous permettent de voir « sous les pavés, la plage » ; elles sont précisément ce par quoi le « réel » se dévoile tel qu’il « est » (contingent) plutôt que comme il « paraît » (apodictique). Et sans cette mise à distance de l’apparente naturalité, fatalité ou inéluctabilité des rapports sociaux « réellement existants », aucun dépassement de ceux-ci n’est possible.
- Une voix plurielle à la première personne
Dans cette entreprise collective, je suis inspirée par ces femmes tenaces et persévérantes qui défient l’autorité et les savoirs officiels, et quand bien même on chercherait à les dénigrer ou à les discréditer.
- Esclavage en Libye : l’occultation des questions importantes
En octobre 2017, la diffusion de photos par la chaîne étatsunienne CNN montrant des migrant·e·s d’Afrique noire vendu·e·s en Libye a soulevé une question jamais résolue par les États et les organisations internationales : l’esclavage. S’il y a eu des lois mettant fin à l’esclavage en Europe à la fin du 18e siècle et au début du 19e, l’exploitation de certains peuples, qui sont devenus des minorités dans leurs propres terres, a continué sous d’autres formes.
- À bâbord ! rencontre La Conspiration dépressionniste
Réfractaire à tout enfermement théorique allant au-delà du besoin de crier sa révolte devant l’ineptie de l’ordre social actuel, La Conspiration dépressionniste, sur fond de sac d’épicerie en papier brun, s’offre à l’existence comme lieu de l’insistance impertinente et du diagnostic social à-la-volée. Flairant la concurrence déloyale, À bâbord ! sort ses griffes pour tuer dans l’œuf ce prurit indécent de la jeunesse culturée. On est tous le censeur de quelqu’un.
- Chronologie des événements
États-Unis
1965
4 janvier – L’université de Berkeley autorise la liberté d’expression et d’association et instaure une plus grande liberté académique. Victoire partielle du Free Speech Movement, qui a mobilisé les étudiants de Californie durant 4 mois et provoqué l’arrestation de 800 d’entre eux.
21 février – New York : Assassinat du militant noir Malcolm X.
7 mars – Répression policière lors de la Marche pour les droits civiques dans l’état de l’Alabama.
Juin – Fondation de la (…) - Guatemala : promesses bafouées
Entre le 4 et le 9 octobre 2005, le Guatemala fut frappé de plein fouet par l’ouragan Stan. Selon la Coordination nationale pour la prévention des catastrophes (CONRED), l’ouragan causa la mort de 669 personnes, la disparition de 884 individus et détruit 9 136 habitations. Cette catastrophe mit en évidence la situation précaire des populations autochtones et le manque d’attention portée à leur égard par un État qui les a systématiquement négligées, en dépit des Accords de paix signés en 1996 [9]. En fait, les communautés rurales où vivent la majorité de la population autochtone sont les plus marginalisées du pays.
- Empire sur l’édition
À l’heure où l’empire Quebecor met la main sur Sogides, le plus gros groupe d’édition et de distribution de livres au Québec, les puissants continuent d’opérer une véritable révolution conservatrice dans ce secteur. En effet, avec l’achat successif de la plupart des maisons d’édition bien établies depuis dix ans, des entreprises comme Bertelsman, Editis, Vivendi, Privat et désormais Quebecor contrôlent, dans une très large mesure, le processus de publication, c’est-à-dire l’ensemble des étapes permettant au texte d’un auteur d’accéder, de la meilleure façon possible, à une existence publique.
- Prélude aux luttes urbaines
Le mouvement des squatters d’après-guerre est un des plus importants mouvements de revendication ouvrière et d’action directe organisés à Montréal autour de la question du logement. Largement couvert par la presse de l’époque, cet épisode est pourtant tombé dans l’oubli, même chez les squatters contemporains de la rue Saint-Norbert ou de la rue Overdale [10]. Cette lutte mérite d’être plus connue, non seulement pour la qualité de son organisation, mais aussi pour son impact sur les conditions de logement des familles ouvrières.
- Quand la marge encaisse
Triste sort que celui du sans-abri au moment où les canicules et les festivals viennent meubler les quartiers centraux de notre chère métropole. Cet été, encore trop fréquenteront des prisons qu’on dirait destinées à tout ce qu’il y a de pauvre dans notre société. D’autres subiront les frasques d’une intimidation policière quotidienne. D’autres encore feront face au regard haineux de résidentEs qui connaissaient à peine l’existence de ces personnes itinérantes quand ils ont atterri récemment dans leur condo du centre-ville. Chronique d’un autre été chaud annoncé.
- La rencontre du féminisme et de l’antiracisme
Sociologue et féministe française de renom, la théoricienne et militante Christine Delphy est venue à Montréal à l’automne 2007 pour prononcer deux conférences : « Le mythe de l’égalité-déjà-là : un poison » et « L’Afghanistan : une guerre pour les femmes ? » Christine Delphy s’est d’abord fait connaître au Québec dans les années 1970 pour son article « L’ennemi principal », puis par l’œuvre du même nom, publiée en deux volumes. En 1977, elle fonde, avec entre autres Simone de Beauvoir, la revue Questions féministes, puis Nouvelles questions féministes en 1980. Elle a récemment pris position contre la loi française interdisant le port du foulard musulman dans les écoles. Sa lutte antiraciste l’a menée à s’engager dans le Mouvement des indigènes de la république [11].
- Le « savoir se taire »
Au Québec, on n’a jamais autant parlé de l’importance de la critique, de l’économie du savoir et de la liberté de choix des étudiants-investisseurs. Ceux-ci sont appelés à choisir leur cursus avec flair pour augmenter leur marge de manoeuvre lorsque viendra le temps de s’intégrer dans la hiérachie économique. Or, même s’il semble accroître l’autonomie des individus, ce discours sur la « liberté » masque, dans les faits, une considérable réduction de celle-ci sous l’emprise de la pensée stratégique permettant de s’adapter aux injonctions des flux d’information et de capitaux.
- Soins palliatifs du capitalisme
Le système libéral est sensé répartir les revenus en fonction de l’apport individuel, dans un contexte de négociations permanentes où chacun a l’information parfaite et connaît les alternatives qui existent. Effectivement, toutes les transactions se concluent au prix d’équilibre. Quel monde magnifique ! Cependant, pour la réalité, il y a l’impôt.
- Le pari de la laïcité ouverte
Dans une société pluriconfessionnelle comme le Québec, autant la justice que la bonne entente sociale dépendent de ce qu’il y ait une séparation entre les institutions publiques et les convictions religieuses des citoyens (j’inclus parmi les convictions religieuses celles d’athées qui sont convaincus de la non-existence de Dieu). La justice en dépend, car des institutions publiques dont le fonctionnement refléterait les valeurs et les croyances religieuses d’un groupe, par exemple de la majorité, seraient forcément amenées à traiter les citoyens n’appartenant pas à ce groupe comme moins égaux. L’égalité entre citoyens étant, dans une société démocratique, une condition sine qua non de la justice des institutions publiques, la séparation des cultes et de l’État est un ingrédient non négociable de la justice sociale.
- Le faux débat sur l’interculturalisme et la question identitaire
Par le biais de lettres aux journaux, des universitaires québécois débattent présentement de l’identité québécoise et des valeurs communes qui devraient être partagées dans le contexte d’une société moderne. Trois grandes orientations cadrent ce débat. D’une part, les signataires du « Manifeste pour un Québec pluraliste » [12] prônent une vision ouverte et pluraliste de la société québécoise. D’autre part, les tenants d’une conception nationaliste conservatrice (les « néo-traditionnalistes ») remettent en question les pratiques d’accommodements raisonnables qui auraient pour effet de nier la mémoire de la majorité historique. Enfin, un troisième groupe propose une « vision stricte de la laïcité », qui « récuse les manifestations religieuses ostentatoires dans la sphère publique [13] ».
- Fin de parti(e) ?
Assistons-nous à l’agonie des formations politiques, le Parti québécois et le Bloc québécois, qui ont porté le flambeau du mouvement souverainiste depuis les années 1960 ? Plus encore, l’heure a-t-elle sonné de la marginalisation définitive et de l’échec ultime de ce mouvement qui, à partir de la Révolution tranquille, a redéfini le nationalisme canadien-français et porté le projet de l’indépendance du Québec ? Bref, assistons-nous à la fin de cette partie qui a opposé si longtemps fédéralistes et souverainistes, en même temps que celle des partis politiques qui furent les porte-étendard de la question du Québec ? Et ultimement, risquons-nous l’effacement lent mais inéluctable de la question nationale, de cette intention ferme et inconditionnelle de préserver et de promouvoir l’existence d’une communauté et d’une culture francophones en ce coin de terre d’Amérique ?
Rubriques (95)
- No 053 - février / mars 2014
- Dossier : Cégeps – 50 ans d’existence
- No 030 - été 2009
- Mini-dossier : Droits des enfants
- Dossier : Syndicalisme, l’heure des choix
- Mini-dossier : Jean-Marc Piotte à 80 ans
- Dossier : L’utopie a-t-elle un avenir ?
- No 041 - oct. / nov. 2011
- Dossier : Résistances autochtones
- Dossier : Résilience écologique. Résistance ou résignation ?