Saint-Camille, le pari de la convivialité

No 040 - été 2011

Jocelyne Béĩque

Saint-Camille, le pari de la convivialité

Jean-Marc Piotte

Jocelyne Béïque, Saint-Camille, le pari de la convivialité, Montréal, Écosociété, 2011, 190 p.

Saint-Camille, petit village de l’Estrie situé à 35 km au nord-est de Sherbrooke, a vu sa population passer de 1 290 personnes en 1914 à 450, 70 ans plus tard. Au début de la première Grande Guerre, chaque village créait avec les producteurs agricoles et forestiers environnants un univers économique de proximité relativement autarcique. Mais l’extension du marché fit peu à peu disparaître des localités les scieries, les meuneries, les beurreries, la forge, le magasin général, le garage, la coopérative agricole, etc. Les manufactures se multipliant dans les villes, les ruraux y émigrèrent afin d’y trouver des emplois mieux rémunérés et des services plus diversifiés.

Les citoyens de Saint-Camille se sont donnés comme objectif de contrer ce processus d’urbanisation, en revitalisant la communauté et en accueillant de nouveaux arrivants. Et grâce aux efforts de plusieurs, ils ont réussi leur pari, en augmentant la population de plus de 10 % en moins de 10 ans.

Il est impossible de résumer ici toutes les initiatives qui ont requis l’engagement enthousiaste de dizaines et de dizaines de bénévoles provenant des anciens, qui forment les 3/4 de la population, et des nouveaux arrivants. Les leaders communautaires ont œuvré à répandre parmi ceux-ci le respect de ceux qui ont créé le village et, parmi les natifs, l’ouverture aux «  étrangers  ».

L’une des initiatives les plus enrichissantes consista à acquérir de vieux bâtiments et à les rénover pour qu’ils satisfassent de nouveaux besoins. Dès 1977, 11 citoyens acceptent de débourser 2 000 $ chacun pour acheter l’édifice de la Coopérative agricole en voie de dissolution. Grâce au travail gratuit de plus de 80 personnes, la nouvelle bâtisse abritera la Caisse populaire, qui remboursera les donateurs, le bureau de poste, la caserne de pompiers et d’autres services locaux. En 1986, quelques personnes forment Le Groupe du coin en vue de financer l’achat de l’ancien magasin général qui deviendra la bâtisse Le P’tit bonheur, centre culturel et communautaire, lieu de rencontres intergénérationnel autour de repas, de conférences, de colloques, de spectacles, d‘expositions, etc. Le même groupe achètera en 1998 le presbytère qui sera transformé en hébergement pour les plus âgés. En 2003, il fera de même avec le «  garage à Roméo  » qui servira de local aux artisans locaux. Le Groupe du coin, formé présentement de neuf citoyens, joue le rôle de financier, en recouvrant les sommes investies, sans espérer en tirer de profits.

Si vous pouvez faire abstraction de mots qui se répètent comme une litanie («  bien commun  » ; « apprenante, innovante et solidaire  »), vous trouverez un plaisir à cette lecture qui décrit un projet progressiste et écologique qui a réussi. Ce livre peut être complétée par un film sur le même sujet paru cette année  : Les irréductibles d’Isaac Isitan.

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème