Travail
Offensive syndicale
Un réseau militant et combattif
En gestation depuis plusieurs mois déjà, un nouveau rassemblement est apparu sur le radar des réseaux militants cet hiver : Offensive syndicale. Il ne s’agit pas d’une plateforme, mais d’un réseau organisé par des militantes et des militants syndicaux de toute allégeance, un espace d’échanges entre des travailleurs et des travailleuses, des syndicalistes engagé·e·s ou encore des citoyen·ne·s. Offensive syndicale affirme ainsi clairement son projet de valorisation des pratiques syndicales combatives, démocratiques et progressistes.
Le projet Offensive syndicale (OS) est né de la conjoncture de la grève du Printemps érable, en 2012, et de la frustration des étudiant·e·s à l’égard des centrales syndicales. Ceux-ci estiment avoir eu peu d’appuis syndicaux pendant la grève, mais aussi lors de l’application de la loi spéciale, que les syndicats n’auraient pas défiée, notamment lors de la manifestation du 22 mai 2012. Plus encore, les étudiant·e·s sont déçus que l’idée de grève sociale débattue dans certaines instances n’ait abouti à rien.
Malgré l’insatisfaction, ils et elles ont continué à se concerter de manière plus ou moins formelle, parfois dans le cadre de leurs instances associatives, et se sont interrogés sur leurs actions possibles dans le milieu syndical afin de le transformer, de lui donner une nouvelle impulsion, un nouveau souffle.
Inspirés en partie par le texte de Philippe Boudreau et René Charest « Renouer avec le syndicalisme de combat » paru dans le no 49 d’À bâbord !, ces militant·e·s viennent de différents horizons et se croisent parfois au sein du Front d’action socialiste ou encore d’Alternative socialiste. Ils ont en commun le fait d’être, pour la plupart, des militantes et militants syndicaux et de vouloir agir.
But premier
Alternative socialiste a lancé un appel auquel OS a répondu pour la création d’un réseau organisé dans lequel les personnes de gauche pourraient se connaître, se reconnaître, se parler – réseau sans lequel il serait impossible de monter des plans d’action intéressants.
Il s’agit de rassembler une masse critique capable de discuter de différents enjeux liés aux travailleuses et travailleurs et aux syndicats, de favoriser un débat sain autour du syndicalisme, tout en envisageant et développant des solutions viables.
La première assemblée ouverte au public a eu lieu le 5 mars dernier, au Centre St-Pierre à Montréal, rassemblant près de 100 personnes de couleurs syndicales, politiques, idéologiques très variées. Pour l’occasion, OS avait invité deux conférenciers : Charles Ste-Marie, vice-président à l’éducation et mobilisation et information pour le Syndicat des employé·e·s du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (SECHUM-CSN), et Ghislaine Raymond, militante de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Le premier en a profité pour dénoncer les partenariats public-privé, notamment, tandis que la seconde a remis en cause le partenariat social, mouture « années 1990 ». Ces conférences ont donné lieu à un long débat qui a été suivi d’un grand déballage, une grande lessive en famille recomposée – politiquement et syndicalement. De manière générale, cependant, un même constat : il est indispensable que les syndicats soient plus combatifs si l’on souhaite une amélioration significative des conditions de travail.
OS voulait que cette première assemblée soit un partage de constats. L’organisation avoue que, pour le moment, il n’existe pas de ligne directrice clairement établie, mais qu’elle sera initiée par ses militantes et ses militants au fil des rencontres. OS souhaite que les assemblées deviennent des lieux de réseautage, mais aussi des lieux de réflexion.
La deuxième assemblée publique a eu lieu le 14 mai dernier et était consacrée aux Fronts communs dans le secteur public. Elle a donné lieu à deux conférences : celle de Mona-Josée Gagnon et celle de René Charest. Celles-ci ont permis de mettre la table. Un débat s’en est suivi. En comparaison à la première réunion, les discussions étaient plus orientées sur le thème des conférences. Toutefois, l’assemblée n’était pas encore prête à formuler des propositions de résolution précises et à les adopter ; ce n’est que partie remise. Les organisateurs demeurent très à l’écoute des sympathisant·e·s, ce qui est crucial pour lancer le projet Offensive syndicale. Cela mûrit progressivement et il faut voir cela de manière très positive.
Demain ?
D’emblée, il faut se réjouir du fait que le Printemps érable survive, sous une forme ou sous une autre. Comme l’explique Offensive syndicale, c’est grâce aux plateformes matérielles ou virtuelles que le mouvement étudiant a résisté au temps, contrairement à celui des « casseroles » qui n’avait pas de lieu d’échanges et de création… OS est un projet en démarrage, dont les responsables sont conscients que cela prendra beaucoup d’épaules à la roue et pas mal de conviction et d’endurance pour que le projet ne se contente pas d’en rester là. L’idée d’un syndicalisme plus radical, sans homogénéité de pensée, sera sans doute salvatrice.
Pour en savoir plus, visitez http://offensivesyndicale.net/.