Les sables bitumineux : la honte du Canada

No 041 - oct. / nov. 2011

Andrew Nikiforuk

Les sables bitumineux : la honte du Canada

Jean-Pierre Larche

Andrew Nikiforuk, Les sables bitumineux : la honte du Canada, Montréal, Écosociété, 2010, 321p.

Détruire la planète, ça coûte cher : il y a vraiment de quoi être fiers ! La lecture de Les sables bitumineux : la honte du Canada donne froid dans le dos. Dans cette nouvelle mouture, traduite d’un ouvrage majeur paru en 2009, Andrew Nikiforuk en profite pour intégrer les dernières données publiques quant aux nombreux dommages causés par l’exploitation des sales, très sales, sables bitumineux. À l’heure où, au Québec, le débat s’enflamme devant la possible exploitation d’une autre source non traditionnelle d’hydrocarbures, les gaz de schiste, il est impossible de ne pas faire de parallèles.

Il ressort de l’analyse fouillée et percutante de Nikiforuk que l’ensemble des Canadiens paient le prix d’une façon ou d’une autre de l’exploitation des sables bitumineux qui profitent, au final, à une poignée de richissimes individus. Subventions publiques de plusieurs milliards de dollars, destruction permanente de l’environnement et pollution, bouleversement radical de l’économie canadienne, multiplication de problèmes sociaux liés à une industrie qui roule à toute vapeur, affaiblissement de la démocratie, etc. La liste des griefs contre cette industrie est phénoménale. Or, Nikiforuk croit que l’avenir sera encore pire, alors qu’on entrevoit de nouveaux développements qui feront de l’Alberta la première réserve mondiale en hydrocarbures.
Il faut lire Nikiforuk pour constater à quel point les gouvernements québécois et canadien et l’industrie du gaz de schiste sont en train de reproduire, au Québec, le modèle qui leur a permis de transformer des écosystèmes entiers de l’Alberta en vastes mers boueuses, dans lesquelles on peut rouler sans vergogne les quelques valeureuses et valeureux qui osent élever la voix. Si au moins cette richesse était partagée et que les citoyennes et les citoyens y avaient droit… Mais non ! Nikiforuk montre que, bien au contraire, cette industrie a déjà coûté beaucoup plus cher aux Albertains – et à tous les Canadiens – que ce qu’elle nous aura rapporté le jour où les entreprises abandonneront ces contrées désormais des plus inhospitalières, dans une cinquantaine d’années, au maximum.

Bref, un livre solidement documenté pour défaire, un peu, les mythes créés par la propagande soutenue d’une industrie transnationale qui se distingue par sa capacité à s’imposer aux populations locales, envers et contre tous.

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