Dossier : Transition écologique, le grand virage
Puisqu’il faut bien résister, résistons !
Lorsque les gouvernements font fi de la science et des faits, lorsqu’ils méprisent l’opposition citoyenne qui s’exprime sans relâche, avec rigueur et générosité, lorsqu’ils servent les lobbys financiers et industriels et non le bien commun, la population a le devoir de s’interposer.
12 août 2017. Au moment d’écrire ces lignes, des manifestant·e·s cagoulé·e·s bloquent l’accès au site Galt de Junex, entre Gaspé et Murdochville, afin d’y empêcher la reprise des travaux d’exploration. Le gouvernement Couillard vient d’investir 8,4 millions $ dans ces travaux, préludes à des opérations de fracturation hydraulique dans le bassin versant de la légendaire rivière à saumon York.
On attend d’un jour à l’autre les règlements de la Loi sur les hydrocarbures que ce même gouvernement a adoptée sous le bâillon dans la nuit du 9 décembre 2016. Cette loi, qui déroule le tapis rouge devant les compagnies pétrolières et gazières, est le pendant législatif du pactole financier que M. Couillard leur a réservé en affectant 1 milliard $ d’argent public au fonds Capital Mines Hydrocarbures. Elle s’appuie sur le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP). Contesté par 300 municipalités, le RPEP permet les forages pétroliers et gaziers à 500 mètres des sources d’eau potable, faisant ainsi abstraction du risque de remontée des contaminants vers les sources d’eau potable à partir des forages horizontaux qui courent normalement sous la terre sur 2 à 3 kilomètres.
Au cours des dernières semaines, sous le prétexte de protéger l’île d’Anticosti, ce gouvernement a accordé 91 millions $ en « dédommagement » à des compagnies pour leur racheter des permis sans valeur et leur rembourser des dépenses qu’elles n’ont pas faites. Il a aussi annoncé dans l’euphorie le financement par le Fonds Vert de trois projets d’expansion du réseau de Gaz Métro.
Au palier fédéral, la ministre de l’Environnement réforme à fond de train : évaluations environnementales, Office national de l’énergie, Loi sur les pêches, Loi sur la protection de la navigation… Rien n’échappe à l’œil vigilant de Mme McKenna. Le seul hic : s’il n’en tient qu’à son patron, les grands projets climaticides canadiens seront tous approuvés avant que ces réformes prennent effet.
Dans l’Ouest, c’est au marché et non au premier ministre du Canada que nous devons la déconfiture du mégaprojet de gaz naturel liquéfié Pacific Northwest LNG, qui aurait été le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au Canada. De même, si les deux projets de pipelines auxquels M. Trudeau a donné le feu vert se réalisent, ils provoqueront à eux seuls une hausse des émissions de GES dépassant les baisses promises par le Canada en vertu de l’Accord de Paris. N’oublions pas non plus que Justin Trudeau a maintenu les subventions pour les combustibles fossiles et applaudi le « Plan climat » (sic) de Rachel Notley, même s’il permet que la production albertaine de pétrole bitumineux augmente de 40 % d’ici 2025. Il a même déclaré ceci aux pétrolières réunies à Houston : « Aucun pays ne trouverait 173 milliards de barils de pétrole pour simplement les laisser enfouis dans le sol ».
Le constat est irréfutable. D’une part, il y a les intentions, les discours, les mesures qui ne dérangent pas. D’autre part, il y a « les vraies affaires » : l’argent sonnant et trébuchant donné à l’industrie gazière et pétrolière, le cadre politique et réglementaire douillet qu’on lui offre. Nos gouvernements ne se contentent pas de se traîner honteusement les pieds en matière de transition énergétique. Contre vents et marées, ils soutiennent férocement des activités qui annulent les effets positifs de cette transition avant même qu’ils aient commencé à se manifester.
Puisqu’il faut bien résister, résistons ! Pour contribuer à la mobilisation, rendez-vous sur Vous ne passerez pas.