Collectif dirigé par Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri
Le mouvement masculiniste au Québec. L’antiféminisme démasqué
Lu par Mélanie Landreville
Collectif dir. par Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri, Le mouvement masculiniste au Québec. L’antiféminisme démasqué, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2008, 258 p.
Ce recueil de textes pour le moins troublant aborde et dénonce sous différents angles le mouvement masculiniste, qui prend de plus en plus de place dans la société et les médias, en l’abordant dans ses dimensions historique, politique, sociologique et psychologique. Le masculinisme se présente comme un ensemble théorique visant à rétablir les droits des hommes dans une société où les femmes auraient pris le pouvoir. C’est aussi un discours souvent d’une violence déconcertante envers les féministes que les tenants de cette doctrine tiennent pour responsables de tous leurs maux. À cet égard, le livre montre bien la présence, dans le discours social, de la mysogynie ordinaire sous ses nouvelles formes, encore plus insidieuses que les anciennes. Nous sommes en présence d’un discours pseudo-intellectuel du mépris à l’égard des femmes – prises individuellement et collectivement. Le discours des masculinistes est un charabia fallacieux, contradictoire et inquiétant. Malgré ce peu de rigueur, il s’en trouve pour adhérer à cette rhétorique haineuse.
Au fil des différentes contributions, on voit se dessiner la façon dont le discours des masculinistes se met en place et s’articule dans le tissu social avec une lucidité douloureuse, statistiques à l’appui. Il serait peut-être temps que les masculinistes regardent aussi du côté du patriarcat pour comprendre et articuler leur souffrance. En effet, dans un système patriarcal, la violence d’une hiérarchie basée sur la subordination d’une majorité devant une minorité de « tout-puissants » affecte aussi les hommes qui doivent tenter de sauver leur ego en dominant ce qu’ils peuvent. Quand cette domination semble menacée par des femmes qui réclament le respect avec véhémence et justesse, il est possible que certains hommes se sentent en danger. Toutefois, il serait important que ces derniers regardent dans la même direction que les femmes, c’est-à-dire vers le patriarcat, afin de travailler en collaboration pour mettre à mal ce système de violence institutionnalisée. Si nous ne saurions passer sous silence la blessure des hommes dans un monde patriarcal qui ne reconnaît pas beaucoup de souplesse dans l’expression des identités de genre, nous ne devrions jamais accepter les discours haineux et violents des masculinistes, qui s’appuient sur une vase douteuse d’arguments spécieux. L’ouvrage a le mérite de mettre ce fait incontournable bien en évidence.