Extraits des audiences publiques sur le Projet Mackenzie

No 025 - été 2008

Extraits des audiences publiques sur le Projet Mackenzie

tenues dans différentes communautés des Territoires du Nord-Ouest entre novembre 2005 et octobre 2007

Caroline Yukon de la communauté de Tulita.

« Même si on nous offre des millions de dollars, l’argent ne résoudra pas tous nos problèmes, ça ne fera pas de nous de meilleures personnes. Quand nous aurons perdu notre territoire, nous ne pourrons plus le remplacer. […] Si le pipeline est construit, il peut y avoir des accidents. Et ça causera des dommages à l’environnement qui affecteront les animaux, dont le caribou qu’on mange et le poisson qu’on mange. Nous allons tout perdre. »

Dolphus Tutcho, résidant de Déline, craint qu’une affluence trop rapide de capitaux dans sa communauté entraîne une augmentation des abus de drogues et d’alcool.

« Déline n’est pas prête du tout. Nous n’avons pas de services. Nous avons bien quelques travailleurs sociaux, mais je pense qu’ils seront surchargés de travail avec tout cet argent qui s’en vient. »

Stephen Kakfwi, ex-premier ministre des TNO et militant autochtone.

« Le vieux paradigme du développement d’abord et du damage control ensuite ne profite pas aux gens de la place, ni au territoire, ni aux générations futures. Mais jusqu’à présent, cela a été la façon de faire de toutes les compagnies qui sont venues dans le Nord et qui sont parties ensuite. Cette époque est révolue. Nous ne voulons plus de ça à l’avenir. Jamais plus. »

James Ahnassay, chef de la nation Déné Tha du Nord de l’Alberta dont le territoire sera traversé par le gazoduc Mackenzie.

« Le développement [pétrolier] a eu un impact négatif sur nos activités de chasse, de pêche, de piégeage et de cueillette. Même si nous avons tenté de nous adapter, à un moment donné on atteint le point de non-retour. Et je dirais que ce point a déjà été atteint dans certaines portions de notre territoire. Voilà pourquoi nous sommes préoccupés par la possibilité que le Projet Mackenzie promeuve un acroissement du développement. »

Bobby Clements de la communauté de Tulita, déplorant la difficulté à obtenir de l’information claire sur le projet notamment pour les personnes ne s’exprimant que dans les langues autochtones.

« Ce sont des tonnes de matériel et de documents à lire. En plus, c’est un jargon technique et tous ses volumes sont trop compliqués pour nous. Même moi qui ai une bonne éducation, je n’arrive pas à comprendre tout ce qu’il y a là-dedans. Nous ne pouvons pas lire les documents. Nous n’avons pas non plus l’occasion de suivre les assemblées. Tout ce que nous savons, c’est ce qu’on raconte aux nouvelles. »

Leroy André de Déline, expliquant que tous les programmes d’aide à l’emploi destinés aux jeunes de sa région sont désormais axés sur l’industrie gazière.

« C’est comme si, en fonction des initiatives gouvernementales, on nous obligeait à choisir l’économie salariée. C’est troublant parce qu’il y a des jeunes comme mon fils qui préféreraient trapper et vivre de ça. »

Anke Tuininga, une interprète de langue dénée de la Commission qui après plusieurs mois de délibérations se demandait si son travail allait servir à quelque chose.

« Le 18 août, j’ai entendu Stephen Harper et [le premier ministre] Joe Handley parler. J’ai eu l’impression que le pipeline était un fait accompli. »

Rita Allen d’Inuvik, accusant les travaux d’exploration des compagnies gazières de faire fuir le gibier. Elle travaille elle-même pour une compagnie d’exploration gazière.

« Il n’y a plus de lièvres, il n’y a plus de lagopèdes, il n’y a plus d’oies. Ils sont tous partis dans les collines. […] Il n’y a plus de caribous de ce côté-ci. On ne les retrouve plus qu’à Aklavik et à Fort McPherson. C’est là que les compagnies gazières ne font pas de coupes sismiques et c’est là que les caribous ont déménagé. »

James Pokiak de Tuktoyaktuk.

« En tant que chasseur-trappeur, aucune somme d’argent ne pourra jamais compenser la perte de ma viande de caribou, d’ours polaire ou de grizzly. Il n’y a rien qui peut compenser ça. »

Elaine Alexie, étudiante à la maîtrise en droit international originaire de Fort McPherson dans le delta du Mackenzie.

« Nos sociétés doivent s’engager dans la voie de l’abandon des énergies fossiles polluantes et destructives et les remplacer par des formes d’énergie propres et durables. Pour mon peuple, les Tetl’it Gwich’in, notre vitalité, notre nourriture, notre spiritualité et les fondements même de notre existence proviennent de notre environnement. Alors quand notre environnement et nos ressources naturelles changent, nous sommes les premiers affectés. »

Transcription intégrale des audiences sur le site du Northern Gas Project

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