Claude Vaillancourt
Réversibilité
lu par Gaétan Breton
Claude Vaillancourt, Réversibilité [roman], Triptyque, Montréal, 2005
Les jeux de miroirs ont toujours fasciné les écrivains et même les critiques, car le miroir est représentation. Le titre seul de ce roman nous suggère déjà une série de références et nous jette d’emblée dans une inter-textualité qui peut même constituer un défi pour le livre lui-même.
L’image des histoires parallèles que le lecteur a dès le début de la lecture se résout dans une syntagmatique manipulée par le jeu des analepses et des prolepses qui, bien qu’internes à la diégèse, prennent un certain temps avant de reprendre leur suite chronologique.
Paradoxalement, la grande leçon de ce jeu avec le temps, avec les temps, pourrait être qu’on ne peut pas revenir en arrière et que la réversibilité est impossible.
Le livre est traversé par les références musicales si chères à Claude Vaillancourt. Cependant, la musique n’y joue pas un rôle festif mais agit comme une contrainte. On y frôle le monde des pianistes de concert dans lequel bien peu peuvent espérer réussir et où, comme dans bien d’autres mondes, le talent ne suffit pas toujours. Encore là, il devient aussi bien difficile de revenir en arrière sur les chemins de la musique.
Finalement, il s’agit de l’histoire de personnages qui n’ont pas l’étoffe des héros dont l’abnégation indéfectible mène forcément aux plus hauts sommets. Les héros (si on peut dire) de Claude Vaillancourt ne sont pas très héroïques et continuent leur chemin malgré les déceptions et les échecs.
Bref, il s’agit de la vie qu’il est très difficile de remonter mais qui n’est souvent que le reflet de ce qu’elle aurait pu être.