Transports, écologie et changement social
Marques de voitures, modèles de chaînes
par Claude Rioux
« Le communisme, c’est l’uniformisation de tout ». Qui ne serait découragé devant ce triste constat ? Et pourtant. Évaluation non scientifique, quoique logique : admettons qu’il existe une vingtaine de grands constructeurs automobiles (Fiat, Peugeot, Renault, Volvo, Saab, Jaguar, les Allemands – Audi, BMW, Mercedes, Volkswagen –, les Coréens, les géants japonais, les majors étatsuniennes, etc.). Admettons ensuite que chacun de ces constructeurs offre au minimum une trentaine de modèles (et que des compagnies comme GM et Ford en offrent plus de 200 chacune), il doit exister au moins un millier de modèles de voiture différents, chacun desquels est modifié (modèle de l’année oblige) à tous les deux ou trois ans et est disponible en version deux portes ou quatre portes, sedan ou hatchback, etc. Quel gaspillage ! Des milliards de dollars de pub, uniquement pour se différencier ; impossible de recycler ou de récupérer quoi que ce soit, avec tous ces modèles différents ; pas moyen de produire des pièces de rechange pouvant aller sur plus d’une dizaine de marques, etc.
Ne serait-il pas plus logique, plus écologique d’admettre que, oui, pour être cool, on veut bien qu’il y ait différentes tailles (disons cinq ?), des modèles différents (une soixantaine ?). Oui, ça on veut bien. Mais des milliers ? You-hou ! Il ne s’agit pas ici de vêtements ou de chaussures, mais d’une bagnole, d’un moyen de transport. La bêtise qui consiste à croire qu’un modèle en particulier, offert par une multinationale qui n’existe que pour le fric, « me va parfaitement », qu’il « me représente bien », qu’il « sied à ma personnalité », est une névrose collective, une pathologie qu’il faudra bien guérir un jour.