Présentation du dossier
Transports, écologie et changement social
Un dossier coordonné par Antoine Casgrain et Claude Rioux, illustré par Shrü
On reste affligé, sans être surpris, devant l’inconscience des gouvernements et des entreprises face à la catastrophe permanente que constitue la détérioration des écosystèmes. Les hausses récentes du prix du pétrole et le réchauffement planétaire annoncent une crise énergétique et écologique profonde que l’on ne fait que repousser à plus tard. Cela ne semble pas perturber nos élites qui – à la veille de la tenue à Montréal de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (du 28 novembre au 9 décembre 2005) – nous répètent, sans rire, leur engagement en faveur du « développement durable ». Ce concept fourre-tout perd cependant de son vernis à la lumière des absurdités commises en son nom et se révèle de plus en plus pour ce qu’il est : une ineptie ou pire, une abomination.
La crise écologique contemporaine est due en large partie à l’inflation des transports des personnes et des marchandises, tant au niveau local que régional ou international. Parmi les 10 mandats actuels du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), la moitié concerne la construction ou l’élargissement de voies de transport automobile, alors que le pétrole est unanimement (ou presque) reconnu comme un enjeu de conflits majeurs (Irak, Afghanistan) ou en voie de le devenir (Soudan, Tchétchénie et, bientôt, le Venezuela ?).
Dans ce dossier, qui ne prétend pas faire le tour du sujet, la question des transports, en plus d’être analysée sous l’angle écologique, est intégrée à une critique plus large du capitalisme (voir le texte de Christian Brouillard). En effet, les transports recèlent de nombreux enjeux culturels et sociaux : la question de la soumission de l’humain à l’automobile et à sa propagande (voir le texte de Debora Pinheiro) et les nombreuses luttes socio-économiques menées autour de la question des transports (voir les textes d’Antoine Casgrain, de François l’Écuyer et de Ricardo Peñafiel). Enfin, on conviendra avec Serge Latouche que toute réforme de nos modes de transport doit nécessairement s’appuyer sur une refondation de nos modes de vie, sur une restructuration de nos façons de produire et d’échanger.