Mégantic

No 82 - janvier 2020

Anne-Marie Saint-Cerny

Mégantic

Myriam Boivin-Comtois

Anne-Marie Saint-Cerny, Mégantic, Montréal, Écosociété, 2018, 344 p.

À 1 h du matin, le 6 juillet 2013, un train débridé tirant 72 wagons-citernes du Canadian Pacific et de la Montreal Maine & Atlantic (MMA) a fait voler en éclat le centre-ville de Lac-Mégantic. Le pétrole explosif, en provenance du Dakota du Nord (World Fuel Services Inc.), a détruit des dizaines d’édifices et a instantanément carbonisé quarante-sept victimes. Environ 20 000 résident·e·s ont dû être évacué·e·s. Le funeste incident a également provoqué des dommages environnementaux irréversibles.

Trois ex-employés de la MMA, dont le conducteur du train-bloc mortel, Thomas Harding, ont été accusés de négligence criminelle ayant causé la mort. Finalement, après quatre mois de procès, le verdict est tombé. Le jury les a finalement déclarés non coupables.

« Le jury s’est-il trompé ? Ou a-t-il simplement conclu que les mauvaises personnes se trouvaient sur le banc des accusés ? Qui a laissé un homme seul conduire un train chargé de 8 millions d’explosifs dans les montagnes ? Qui sont les vrais coupables de la tragédie ? Quelles en sont les véritables causes ?  », se demande Anne-Marie Saint-Cerny, tout au long de son essai.

Selon l’autrice, l’enquête dirigée par le Bureau de la sécurité des transports (BST) n’a pas permis de mettre en lumière toutes les causes de la tragédie du 6 juillet 2013. Saint-Cerny entraîne les lecteurs et les lectrices dans sa quête devérité. Elle récapitule, avec moult détails, le récit de la catastrophe.

Nous comprenons que pour la militante de terrain, les vrais criminels (l’industrie ferroviaire, l’industrie pétrolière, Transport Canada, le système de réglementation, etc.) restent invisibles et jouissent, encore à ce jour, d’une impunité.

L’histoire fait frissonner des pieds à la tête. En effet, dans son livre, Anne-Marie Saint-Cerny démontre que, sans commission d’enquête publique, il est très difficile de tirer des leçons significatives sur le sinistre, et par ricochet, de faire en sorte que «  nulle part au Canada, on ne meure plus jamais d’avoir été simplement au mauvais endroit, au mauvais moment ».

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