Claude Vaillancourt
Mainmise sur les services. Privatisation, déréglementation et autres stratagèmes
lu par Claude Rioux
Claude Vaillancourt, Mainmise sur les services. Privatisation, déréglementation et autres stratagèmes, Écosociété, Montréal, 2006
Services publics à vendre
Le commerce international des services est évidemment immense : 1 350 milliards $ en 1999 soit environ 20 % du commerce mondial. Mais ce chiffre n’est qu’une infime fraction de l’argent dépensé en services de toutes sortes chaque année. Dans les secteurs de la santé et de l’éducation uniquement, les dépenses annuelles mondiales sont de l’ordre de 5,5 millions de milliards $ (5 500 000 000 000 $) !
Or ce secteur de l’activité humaine – de l’économie diront certains – est l’objet de toutes les convoitises. Plusieurs instruments internationaux et nationaux sont actuellement mis en œuvre pour permettre aux multinationales (des pays du Nord, cela va sans dire) de les accaparer à leur profit et au plus grand malheur des peuples. L’OMC parraine l’Accord général sur le commerce des services et l’Accord sur les marchés publics, tandis que le FMI et la Banque mondiale forcent les pays du Sud à entériner des plans d’ajustement structurels incluant la privatisation et l’ouverture des services aux « marchés ». Des centaines d’accords bilatéraux et régionaux engagent les pays vers l’ouverture de leurs services aux investisseurs, tandis qu’au niveau national, on assiste à la multiplication des partenariats public-privé – quand il ne s’agit pas de privatisation pure et simple.
Claude Vaillancourt poursuit dans Mainmise sur les services l’œuvre salutaire qu’il a entreprise dans À bâbord ! et au sein d’Attac-Québec, celle d’expliquer et d’analyser, dans un langage clair et limpide, les multiples facettes de la privatisation et de la marchandisation de nos services publics. Les intentions des multinationales et de leurs valets au pouvoir, leur propagande, les mécanismes de négociation des accords et, surtout, leurs conséquences : rien n’échappe à son œil scrutateur. Les chapitres sur la santé, l’éducation et la culture sont particulièrement éclairants et l’auteur ne manque pas de proposer des pistes de solution et de mobilisation afin de contrer cette « valorisation d’un individualisme effréné qui ne laisse aucune chance aux plus faibles ».